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LIBERE. LE PONTIFICAT


convainquit Libère de la nature exacte du procès indéfiniment repris par les ennemis d’Athanase. Le pape comprit que, sous les questions de personne et les misérables griefs, se cachait une aflaire doctrinale de première importance, que l’avenir du formulaire nicéen et de la foi qu’il représentait était en jeu, et qu’il fallait opposer aux entreprises des eusébiens toutes les forces dont il disposait.

Ces résolutions durent être arrêtées en un synode romain qui eut lieu vraisemblablement au début de 353. L’empereur se trouvait pour lors dans le midi de la Gaule, où il poursuivait JNIagnence dans ses derniers retranchements. Il s’agissait d’obtenir de lui la convocation à Aquilée d’un grand concile, qui, réunissant les deux épiscopats d’Orient et d’Occident, tirerait au clair la question d’Athanase et le problème théologique devant lequel on se débattait depuis plus de vingt ans. Les légats pontificaux, Vincent, évêque de Capoue et.Marcel, un autre évêque de Campanie, rencontrèrent le souverain à Arles (après octobre 353). .Mais ils trouvèrent aussi au quartier général les deux évêques illyriens, Valens de Mursa et Ursace de Singidunum, qui, depuis le passage de Constance à Sirmium en 351, ne quittaient guère l’empereur et dirigeaient toute sa politique religieuse dans le sens le plus favorable à l’arianisme. Une réunion d’évêques gaulois fut organisée à Arles. Ursace et Valens proposèrent immédiatement la condamnation d’Athanase. Vainement les légats romains demandèrent-ils qu’on réglât d’abord la question de doctrine, et qu’ensuite seulement on s’en prît aux affaires personnelles ; ils ne purent résister aux roueries des deux évêques de cour, et linirent par acquiescer à la condamnation d’Athanase, ainsi que tous les évêques présents, à l’exception de Paulin de Trêves qui fut exilé. Voir Sulpicc-Sévère, Hisl. sacra, II, xxxix, P. L., t. xx, col. 151. Dans une lettre à Osius de Cordoue, le pape Libère épanche sa douleur de la conduite de ses légats, .la fié, n. 209. Quelque temps après, ayant l’occasion d’écrire à Cécilien, évêque de Spolète, il le met en garde contre les agissements de Vincent de Capoue, qui pourrait bien l’entraîner par son exemple..lafTé, n. 210.

(/est qu’aussi bien, depuis qu’il avait triomphé définitivement de Magnence, l’empereur s’était mis en tête d’extorquer à tout l’épiscopat occidental la condamnation d’Athanase. Tous les fonctionnaires Impériaux avaient mission d’employer tous moyens en leur pouvoir pour arracher des signatures. Les défenseurs de l’orthodoxie suivaient avec effroi les progrès de cette campagne, tout spécialement en Italie. Vers le printemps de 351, on vit arriver à Rome Lucifer, évêque de Cagliari ; il venait mettre le pape

iu courant de ses angoisses et s’offrait pour aller tenter
i li cour Impériale une démarche nouvelle. Peut-être

réunis eu concile, les évêques occidentaux prendraient inscience de leur force et de leurs devoirs. Libère adjoignit à Lucifer le prêtre

Pancrace et le diacre Hilaire, Jaffé, n. 213. et les envoya a Arles ; en chemin ils s’arrêteraient à Verceil pour prendre avec eux l’évéque Kusèbe sur lequel le comptait beaucoup. Jaffé, n. 211. (.’est vraisemblablement ; i Cette légation que le pape remit la longue lettn à l’empereur, Jaffé, n. 212. laquelle

énonce au mieux les dispositions dans lesquelles se trou tant au point de vue de la question

dogmatique en général, qu’à relui de l’affaire d’Athairticulier. Le pape voit de plus en plus clair Orientaux : les meneurs ne sont-ils pas’n’ont-ils pas refusé, huit ans plus

Ile de Milan, de condamner la doctrine lmpl « H v novum quod nunc tubtiliter et

suh occanione nominit Athanaêl adtatantur ; et quelle

t.’il.lir si. Comme Cela arrive

maintenant dans toute l’Italie, des lettres officielles forcent les évêques à se ranger à de tels sentiments ? De grâce, que cette question soit traitée avec toute l’attention qu’elle mérite dans un concile vraiment libre, et que l’on commence par y professer sans ambages la sainte foi de Nicée.

L’empereur finit par consentir à la réunion d’un concile qui se tiendrait, non pas à Aquilée, comme le pape l’avait demandé, mais à Milan, au début de 355. On sait que cette assemblée aboutit juste au résultat opposé à celui que recherchait Libère. Énergiquement travaillés par la cour qui venait de s’installer à Milan, les évêques occidentaux Cils étaient près de trois cents) souscrivirent à tout ce que voulait l’empereur, à l’abandon d’Athanase, peut-être à un formulaire de foi non consubstantialiste. Il n’y eut guère d’opposition que de la part des légats romains, Eusèbe de Verceil, Lucifer de Cagliari et les deux clercs qui l’accompagnaient. Ils furent exilés, ainsi que l’évêque de Milan, Denys qui s’était joint à eux. Par contre, Fortunatien, évêque d’Aquilée, un ami du pape, se laissa entraîner comme tout le monde. Prévenu sommairement de ces douloureux incidents, Libère écrit aux évêques fidèles une lettre de consolation leur demandant de plus amples détails sur tout ce qui s’est passé. Il ne doute pas que l’épreuve ne vienne maintenant fondre sur lui. Puissent les prières des confesseurs de la foi lui obtenir de Dieu la grâce de s’y comporter avec un égal courage : vestris oralionibus me ad Dominum sublevate, ut supervenientes impetus… tolerabiliter ferre possim, ut inviolata fide salvo statu Ecclesiæ catholiav parem vobis dignetur me Dominus efjîcerc ! Jaffé. n. 216.

2° Libère à Bcrée el à Sirmium (355-358). — Les pressentiments de Libère ne le trompaient pas. Peu de temps après la clôture du concile de Milan, l’eunuque Eusèbe arrivait à Rome avec mission d’arracher au pape la condamnation d’Athanase. Il en fut pour ses présents et pour ses menaces. Athanase nous a conservé le récit de cette entrevue. Hisl. arian. ad monachos, xxxv, xxxvi, P. G., t. xxv, col. 73-4-735. Les instructions de l’eunuque lui prescrivaient de recourir à la violence s’il était nécessaire. Il n’hésita pas ; une nuit Libère fut enlevé de son palais du Latran pour être conduit sous bonne escorte à la cour Impériale, et Ammien Marccllin indique que la chose n’alla pas sans difficulté ; alerté, le peuple romain qui aimait Libère essaya de s’opposer à l’enlèvement. Liberius œgre populi metu qui cjus amorc (îagrabat cum magna di/Jirultate noctis medio poluit asportari. !.. W, c. vii, n. 9. Devant l’empereur, à Milan sans doute, le pape allait garder, la même attitude pleine de dignité. Théodoret a conservé le récit de la rencontre du pape et de l’empereur, H. E., II, xvi, P. G, t. LXXXn, col. 1033-1010 ; ses renseignements sont confirmés par le récit d’Athanase, Hist. ar., xxxix. col. 7 10. L’attitude de Libère lui fait le plus grand honneur : les idées qu’il exprime sont d’ailleurs les mêmes qu’il a jadis énoncées dans sa lettre à Constance. Eclairé sur les manœuvres des ennemis d’Athanase, il a bien compris que, sous lis ipiestions de personne, se cache tout un problème doctrinal, et ce problème il htranchera comme l’ont fait ses prédécesseurs. Désespérant de le fléchir, l’empereur exila Libère, qui lut relégué à

Bérée en Thrace, il semble bien qu’en route le pape aii rencontré < Vquilée son ami Fortunatien, lequel,

nous l’avons dit. avait subi à Milan l’entraînement général et condamné Athanase. Cette cnlrevue a u avoir quelque influence sur les décisions ultérieures (u pontife exile : nous ref rouverons d’ailleurs Fortunatien. Sur le Séjour de Libère en Thrace. nous sonmn fort mal i I font ce que l’on peut dire avec quelque

certitude c’est que, dans les derniers mois île :  ;.", 7. le