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LIBÉRALISME CATHOLIQUE. CONCLUSION

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lisation d’un désir des libéraux catholiques : la reconnaissance des associations diocésaines qui s’efforcent de concilier les droits de l’Église et la loi de séparation, eccyclique du 18 janvier 1924. D’ailleurs ces circonstances ne permettent pas aux catholiques de revendiquer les libertés de l’Église au nom d’un autre droit que le droit commun.

Conclusion. — Ainsi, depuis bientôt un siècle, des catholiques ont prétendu concilier, sinon théoriquement, du moins dans la pratique, leurs croyances religieuses avec les principes dits de 89, principes de liberté dans l’ordre politique, civil, intellectuel et religieux, principe d’égalité politique, civile et même sociale. Ils acceptaient donc dans la pratique, la souveraineté du peuple manifestée par la forme parlementaire du gouvernement et finalement par la démocratie ; la liberté de la pensée et de la conscience ; la liberté et l’égalité de tous les cultes et donc l’Église dans le droit commun et finalement séparée de l’État. Ils y mettaient cette condition, c’est que l’Église serait vraiment libre, émancipée de l’État et jouissant de toutes les libertés à elle nécessaires : liberté d’action, d’association et d’enseignement, à côté de la liberté de culte proprement dite.

Ce n’était là, à leurs yeux, qu’une étape vers la reconstitution de la chrétienté ; ils voyaient tous les peuples affranchis des tyrannies humaines se grouper sous l’hégémonie normale du pape, et ils attendaient du pape qu’il se fît le protagoniste de la liberté.

Cette conception eut toute son ampleur en France. En Belgique, où elle se réalisait dès 1830, elle n’eut qu’une portée nationale. En France, dans la pensée d’un Lamennais, et d’une manière bien conforme au génie français, elle prit toute de suite un aspect rationnel et systématique, une portée universelle et fut une promesse de progrès indéfini. Dans les autres pays où il existera, le même mouvement se présentera comme un contre-coup du mouvement français.

Important par la valeur personnelle de ses adhérents les plus en vue, le libéralisme catholique ne fut jamais populaire en France. Conciliation entre des principes opposés, il n’est pas exempt d’une certaine subtilité qui n’attire pas les masses. D’autre part, catholique, il eut contre lui ceux qui tenaient aux principes de 89 pour eux-mêmes et qui s’en faisaient une arme contre l’Église ; libéral, il fut combattu d’un côté par les tenants de l’Ancien Régime et de la tradition monarchique, de l’autre par des catholiques qui lui reprochaient de sacrifier les droits de Dieu et de l’Église. Enfin à trois reprises, en 1832, en 1864 et 1870, de 1905 à 1910, de solennelles condamnations venues de Rome l’atteignirent, ou le frappèrent indirectement.

Professé d’abord par Lamennais et par V Avenir en 1830, le libéralisme catholique, s’afïlrmant ultramontain Intransigeant et libéral enthousiaste, heurta des royalistes gallicans, en particulier les évêques d’Ancien Régime qui le poursuivaient. Puis, dès 1832. Grégoire XVI condamnait les principes du libéralisme. Lamennais ne résista pas à l’épreuve. Ses disciples linrent bon, grâce -i la fameuse distinction de la thèse et de l’hypothèse. Où l’idéal est Irréalisable, dirent-ils, il faut se contenter de la solution transitoire la meilleure. El dans le. monde moderne, façonné par la liberté, et où le catholicisme n’esi plus, loin de là, lu religion de tous, le régime de la liberté est pour l’Église le meilleur régime transitoire, La vtel ire sembla justifier leur attitude : ils conquirent la libelle d’en saignement. Mais, en face d’eux, ils trouvèrent cette lois l’opposition de catholiquei Intransl nue

dés qu’aucune né<e dté ne peut justifier l’abandon « i. principes. El parfois, dans l’ardeur de la lutte, i.. libéraux semblèrent tenir a l’hypothèse, plus qu’à

la thèse. Pie IX, que la Révolution avait meurtri et menaçait, sévit donc obligé de renouveler, dans l’encyclique Quanta cura et le Syllabus, la condamnation de ces principes, 1864. Les libéraux se défendirent d’être atteints. Mais, pour éviter que l’Église prît figure d’absolutisme, dans un monde qui repoussait tout absolutisme, ils voulurent écarter comme inopportune la définition de l’infaillibilité : le concile du Vatican leur donna tort : cette fois, ce fut un véritable échec, 1870.

Léon XIII cependant parut faire sien leur programme d’adapter l’Église au monde moderne. Mais ce monde se hâtait vers une pleine démocratie et une refonte sociale. Certains catholiques libéraux se lancèrent dans cette voie, tandis que des intellectuels catholiques, d’esprit moderne, se proposaient de faire évoluer les dogmes en subordination à l’incessant mouvement de la science. Les catholiques intransigeants dénoncèrent les -exagérations et les erreurs où s’aventuraient les libéraux. Cette fois encore, la papauté, représentée par Pie X, intervint pour fixer des limites à certaines de ces tendances et pour condamner les autres.

Le libéralisme catholique d’autre part n’amena nullement le pouvoir politique en France à s’entendre avec l’Église et n’empêcha pas la démocratie triomphante d’être anticléricale. — Fut-il donc inutile ? Loin de là.

Il conquit à l’Église et il donna à la France la liberté de l’enseignement. Puis, il habitua l’Église à ne pas se défier des peuples et d’une sage liberté, les peuples à ne plus voir dans l’Église l’ennemie de la liberté. Il n’est plus permis de poser en principe, dans les milieux qui repoussent l’idée monarchique, qu’un catholique est nécessairement un partisan de l’Ancien Régime, ni, dans les milieux catholiques, qu’on ne saurait sincèrement aimer la liberté et être catholique.

Est-il condamné ? D’après l’exposé qui précède et les actes pontificaux indiqués, ceci est clair :

1° Rome a condamné dans l’absolu et dans l’abstrait, comme bases du droit public idéal, les principes que le libéralisme entend accepter transitoirement et dans des conditions déterminées. Pris abstraitement et dans leur sens absolu, ces principes ne sont pas des hérésies, mais ils constituent de réelles erreurs ihéologiques, puisqu’ils aboutissent à nier des vérités théologiques. Proclamer, par exemple, le peuple son maître absolu, et sa volonté loi suprême, n’est-ce pas nier le souverain domaine de Dieu sur la société et la loi éternelle de justice ? Vouloir faire de la séparation de l’Église et de l’État l’idéal social, n’est-ce pas nier les obligations de l’État envers l’Église et sa mission divine ? Xe vouloir pour l’Église que le droit commun, n’est-ce pas sacrifier son droit de religion divine ? Enfin proclamer dans les lois, comme idéal encore, la liberté de la pensée, de la conscience et des cultes, autrement dit, la neutralité morale et religieuse de l’État, n’est-ce point de l’indifférentisme ? — On trouvera l’exposé positif de la doctrine ecclésiastique sur lois ces points, tant à l’art. ETAT, t. v, col. 897 sq. l’art. Liberté, ci-dessous.

2°Mais un catholique ne peut être I axé d’erreurthéo logique s’il préconise l’adaptation de l’Église à une

société organisé ces principes : 1. comme une

ité transitoire ; — 2. dans la mesure ou l’exige

vraiment la nécessité ; 3. dans des conditions où

le dogme, ne saurait être atteint et où la thèH ne saurait être oubliée. Voir, Comme exemple, l’em yclique

nom gravtBsimumque de Pie XI, ixj mier 1924, a l’éplscopat ii tnçals, autorisant la constitution d’aï

socialions diocésaines et impliquant une eertai e

ptatlon de la loi de sepai.ilion : 1. enfin, s il

subordonne son jugement au jugement de l’Église,