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    1. LIBÉRALISME CATHOLIQUE##


LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LAMENNAIS ET L’AVENIR

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vembre 1830. Mais heureusement, et l’Avenir signale la chose avec joie, car c’est encore la confirmation de l’une de ses idées, une élite intellectuelle, semblable à celle qui le dirige, a ressuscité la science catholique à Vienne, à Munich surtout, quoique à Munich le roi Louis n’ait pas compris tout le rôle puissant que le catholicisme lui permettait ; par la science, cette élite rendra à l’Église son influence sur les gouvernements et sur les peuples et la rattachera à Rome. A Vienne, c’est Frédéric Schlegel, qui vient de mourir, 1820, Gunther, et Pabst son disciple ; à Munich c’est Baader, le contradicteur de Hegel, Gœrres, Dcellinger. Mœhler, et autour d’eux, ici ou là, Sengler, Klee, de Kerg… T. iv, p. 466-474. Ils admirent Lamennais et partagent les idées philosophiques et politiques de l’Avenir, et ils les soutiennent dans le Catholique de Spire. L’un d’eux, Baader, publie à Munich uneLettre à M. le vicomte Ch. de Montalemberi sur les doctrines de l’Avenir que le journal fait traduire et publie, Il mai 1831, t. iv, p. 240-240. Cf. Goyau, L’Allemagne religieuse, Le catholicisme, 1840-1848, t. ii, passim.

I) L’Avenir s’occupe également de VEspagne et du Portugal : « La Péninsule, dit-il, ne peut être régénérée que dans un sens catholique, et c’est du clergé lui-même, lorsqu’il cessera d’avoir peur du faux libéralisme, que nous attendons ces réformes qui donneront à l’Espagne et au Portugal les libertés qui lui manquent, » t. v, p. 75-81 ; de la Hongrie où vivent « des sentiments de liberté favorisés par un clergé qui jamais n’accueillit les doctrines serviles du gallicanisme », ibid., p. 213-215 ; de la Suède, t. iv, p. 208-306 ; de la Hollande, où « quelques jeunes prêtres commencent à comprendre que le catholicisme n’a d’autre avenir que Dieu et la liberté ». T. vi, p. 414-418.

5. Le libéralisme catholique international. L’Acte d’Union. — Ce n’est donc pas seulement la France, mais toutes les nations que l’Avenir convie à réaliser son programme : Dieu et la liberté ; c’est logique.

L’idéal, ainsi résumé, fruit du catholicisme, est universel comme lui. Non seulement chaque nation doit trouver par lui l’unité mais « il constituera les nations elles-mêmes dans une seule et grande société. Et ait unum oifile. Lamennais, Avenir de la société. De là, à conclure que tous les amis de Dieu et de la liberté sont solidaires et qu’ils doivent unir leurs elîorts pour le résultat commun, il n’y avait qu’un pas. Dès le 18 novembre 183U. un mois après l’apparition de l’Avenir, le journal hollandais De Ultramontaan, qui allait devenir De Morgrn Star, proposait à l’Avenir une entente entre les journaux cal holiques de tous les pays

pour coopérer avec plus d’ensemble au triomphe de la liberté cal hollque T. i. p. 27’. ». Et c’est bien dans le sentiment de cette solidarité quc [’Avenir avait appelé

tous les amis de I >ieu et de l.i libellé au secours des

peuples opprimés, que ses rédacteurs entraient en relal ion avec hs cal boliques éminent s de l’étranger et que, dans le second scnicst rc de 1831, l’Igence générale étendail son action a d’autres pays. Enfin, avant de partir pour Rome, le comité de rédaction de l’Avenir voulu ! organiser cette solidarité Internationale ci

fonder la fédéra lion de Ions les rais ; imis de la liberté,

leur donner un programme commun et les orienter vers

une action commune. Dans le dernier numéro de V Avenir parut donc un manifeste Intitulé Acte d’union, proposé u’""* ceua’/"’malgré le meurtre <>< la Pologne, le démembrement <ic lu Belgique ci lu <<m dmir des gouvernements qui sidisent libéraux, espirent encore en lu liberté du monde et veulent g travailler. Ce préambule adresse d’abord aux catholiques irlandais ci anglais, belg<, allemands ci français. c’est a dire des pays constitutionnels « où le développement

de la liberté dépend du COnCOUrS actif de Ions les

citoyenii. ci les invite a un vaste concert d’efforts

pour défendre, avec la liberté religieuse, toutes ces hautes et nobles franchises qui sont la patrie commune des peuples libres ». A eux ce rôle tout d’abord : « Le catholicisme constitue déjà une grande fédération morale des peuples, » puis l’Église a besoin des libertés politiques inséparables de la liberté religieuse et la liberté a besoin du catholicisme, éternel principe d’ordre et de vie. Qu’un immense cri de liberté retentisse donc à travers tous ces pays : la liberté effective vaut mieux que toutes les chartes et, entre les nations, se formera une fraternité infiniment supérieure à tous les liens de la diplomatie.

De même qu’il a tenté de rallier en France « tous les honnêtes gens » à son programme, l’Avenir invite « tous les partisans de la liberté égale pour tous », tout honnête homme, quelles que soient ses opinions religieuses, tous les gens de bien à signer cet acte. Il est conçu dans des termes tels qu’ils le peuvent. — La Grande Charte du siècle ou l’Acte d’Union, proclamait : a) les libertés de conscience et de culte, de presse, d’enseignement et d’association. « Le pouvoir constitutionnel a seulement le droit et le devoir de réprimer les crimes et les délits, qui attenteraient matériellement à ces libertés ou à quelque autre droit civil et politique des citoyens. » — b) Le pouvoir constitutionnel ne peut exercer son action « que dans l’ordre des intérêts matériels », et, dans cet ordre il doit tendre à remettre les affaires aux intéressés ; l’État n’ayant ici d’autre fonction que de maintenir l’unité et l’harmonie.

— c) « En application de la loi de justice et de charité, l’on doit tendre incessamment à élever l’intelligence et améliorer la condition matérielle des classes inférieures pour les faire participer de plus en plus aux avantages sociaux. » Les membres de l’Union s’engageaient à défendre ces principes et ces libertés, « à user de leurs droits civils et politiques dans ce but, se promettant réciproquement, à cet égard, aide et secours par tous les moyens légaux. » Ce n’était là que le programme déjà développé par l’Avenir. A la Sainte-Alliance des rois, l’Avenir opposait la Sainte-Alliance des peuples.

On a reproché à l’Avenir d’avoir fait l’apologie des révolutions et d’avoir « approuvé toutes les révolutions faites, applaudi d’avance à foutes les révolutions à faire ». Lettre de Ventura. Ce reproche s’explique par le rôle providentiel que l’Avenir prête aux révolutions, à l’appui qu’il donne aux insurgés d’Irlande, de Belgique et de Pologne, à ses appels aux catholiques de briser leurs fers, à la souveraineté du peuple qu’il proclame, à ses déclamations contre les rois, à propos des affaires de Pologne surtout. D’autre part. l’on ne pouvait guère alors parler de liberté sans rappeler les souvenirs de 1703 et les journaux légitimistes exploitèrent habilement des expressions peu mesurées. L’Avenir admet l’amissibilité du pouvoir <> et le droit des peuples à l’insurrection ; « le catholicisme réprouve en elîel le dogme, que d’aucuns

proclament, de la résistance passive au despotisme. qui livrerait les nations à un seul homme pourvu qu’il trouvai quelques bourreaux. 19 décembre 1830,

I.r droit divin des luis exclut il la sniincraincte des

peuples f 1. 1, p. 123. 130 et Variétés, p. 131.

Mais l’Avenir n’admet aucun droit qui ne soii subordonné au droit ci a la Justice. Nous n’admettons disent ses rédacteurs, dans le peuple le droit d’insurrection ou plutdt de défense eonl re un pouvoir oppres seurque dans le seul cas d’une violation fondamentale. suit de la loi immuable et Universelle de juslice. s. ni du contrat qui lie le souverain a la nation. T. vi.

i. i.t ii s’appuie sur ie passage connu <e saint i bornas : Le régime tyrannlque est Injuste, i a des traction de ce régime n’a pas le caractère di lion. lhui.et Déclaration au Saint-Siège, t. ii, p