Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/280

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LAMENNAIS ET L’AVENIR

S46

hors de la foi et hors de la science, reviendront de toutes parts au catholicisme. » T. v, p. 182-190.

4. « L’Avenir », l’Europe et le monde. — L’Avenir s’occupait directement de la France, mais son libéralisme mystique aspirait à devenir universel.

Une Europe nouvelle, un monde nouveau se préparent. « Quelque chose nous dit que nous assistons au jugement dernier des gouvernements qui se crurent des dieux, écrit Gerbet ; notre âme porte le poids d’une grande époque. » T. ii, p. 43. L’œuvre du Congrès de Vienne ne saurait plus satisfaire « à la civilisation de l’époque ni aux besoins de l’équité », dit d’Eckstein. T. vi, p. 13. L’œuvre des rois de la Sainte-Alliance est impie. Sans doute : ils ont placé leur victoire sous la garde de la religion, en fondant l’alliance qu’ils ont appelée sainte. Mais ils n’y ont point convié « le vicaire visible de Dieu », et ils partagèrent « l’Europe catholique et protestante sans tenir compte des croyances des peuples et des souvenirs les plus sacrés ». S’ils « mirent en tête de cet acte sanglant le nom de Dieu », c’est « comme Voltaire l’avait mis au frontispice du temple où il participait aux mystères des chrétiens ». T. i, p. 393, 394. L’Avenir est particulièrement hostile aux puissances du Nord, gardiennes intéressées de cet ordre de choses.

Ce que Dieu veut, c’est restaurer, mais avec des nations, parvenues à l’âge de l’affranchissement, la chrétienté. L’instrument de Dieu dans cette œuvre c’est la France, « l’Europe étant gouvernée par la France et le monde par l’Europe. » « Libéraux catholiques, catholiques libéraux (de France), continue Rohrbacher, une vierge de Lorraine a sauvé la France, un ermite de Picardie, Pierre, a sauvé l’Europe, d’autres pécheurs de Galilée ont sauvé le monde. Si nous écoutons la voix de Dieu, il opérera par nous ces trois merveilles à la fois, i T. ii, p. 346. Et d’Eckstein attend de la France qu’elle fonde la nouvelle politique européenne, et qu’elle la fonde « sur la justice et non sur la conquête ». T. vi, p. 13.

.Mais l’Église surtout est l’émancipatrice prédestinée des nations. « I.a liberté des peuples a pour condition, pour base nécessaire la liberté de l’Église », dit Lamennais, t. ii, p. 155. Dieu donc brise les fers de son Église par la main des peuples, afin que l’Église affranchie rende aux peuples ce qu’elle aura reçu d’eux, » et les constitue dans la liberté, la fraternité et l’unité chrétienne. T. i, p. 117 ; t. ii, p. 155. Dès lors, l’Avenir applaudi ! aux efforts dis peuples catholiques opprimés, Irlande, Belgique, Pologne, et même Italie, pour recouvrer la liberté et l’indépendance, des populations catholiques en pays protestants, Allemagne, Angleterre, Suède, pour y rendre la liberté et la vie à l’Église. Au second semestre de 1831, en même temps que la France, les membres du conseil de l’Agence partagèrent l’Europe à leur action : de c.oux eut la Belgique ; Lacordaire, provisoirement remplacé par d’Ault-Dumesnil, la Suisse et l’Italie ; Mon talembert, remplacé de même par Combalot, la Pologne, la Suède

et l’Allemagne. Au moment nu se fondait l’Awnfr l’Irlande et la Belgiqui i oulevées, celle-ci déjà

presque victorieuse ; bientôl ce sers la Pologne, 20 novembre. L’Avenir les soutint toutes ii

a) L’Irlande. Ce fui Montalembeii surtout, l’admirateur passionné I un et d’O’Connell,

qui plaida dans l’ivenir la juste cause de l’Irlande. Il revenait de ce pi’, el M rêvait <’<'n écrire l’histoire, lorsque, le 5 novembre 1 >s.’îo, il devint le collaborateur de Lamennais, m. Lecanuet, Montalembert, i. i, c.. Sons l.i forme d’une lettre aux réd u U ors de l’i venir, Intitulée Du catholù en Irlande, il montre en Iroi.-. longs articles le lamentable état de l’Église irlandaise, a laquelle la soi-disant émancipation n’a apporté aucun soulagement et qui ne peut retrouver un peu de

DICT. r>F. THÉOL. I v i HOl.

bonheur que par le désétablissement de l’Église officielle. Mais quel modèle que « ce peuple de héros, toujours prêt à devenir un peuple de martyrs », que ce clergé national qui, en face du clergé anglican, parasite enrichi, a pris pour devise : Liberté, pauvreté ! T. ii, p. 72-81, 135-149, 243-254. Puis, les 26 janvier et 7 février 1831, il parle « de l’état politique passé et présent de l’Irlande ». Ibid., p. 311-317, 487-493.

En même temps, l’Avenir relève tout ce qui peut rendre odieuse la domination de l’Angleterre sur l’Irlande ; ainsi fait de Coux, le 25 juin 1831, De l’étal des pauvres en Irlande, t. v, p. 125-131. Quand une famine désole la province occidentale, l’Avenir ouvre en France et en Belgique une souscription qui atteint bientôt 70 000 francs. Aussi, réunis à Athone le 24 octobre 1831, les huit évêques de cette province faisaient transmettre, par l’archevêque de Dublin, « leurs remerciements aux rédacteurs du journal véritablement chrétien, l’Avenir… » T. vii, p. 90-93. Le 15 novembre, avant de se disperser, ses rédacteurs « abreuvés d’autant de regrets que si l’alliance de Dieu avec la Liberté, si catholique en Irlande, cessait de l’être en France, remerciaient à leur tour les évêques irlandais « de leur approbation ». L’Avenir suit également avec attention le mouvement de réformes en Angleterre, dont il attend plus de liberté pour l’Église. Il a des paroles très dures pour le régime fait aux ouvriers et aux pauvres dans la crise sociale et économique que traversait alors ce pays. T. i, p. 246-249, 284-288.

b) La Belgique. — L’Avenir suit pas à pas la Belgique naissante. La cause de la Belgique devient la sienne ; il aura pour collaborateurs ordinaires un Belge, Bartels, pour collaborateurs extraordinaires, le chef des libéraux, de Potter, et les chefs des catholiques, de Mérode, de Robiano de Borsbeck, Vilain XIII I, de Beaufort.

La Belgique lui est chère parce qu’elle réalise son programme presque entièrement. Non seulement l’Avenir l’applaudit de s’être soulevée, mais il la donne pour modèle à la France et au monde. Il soutient toutes ses revendications contre la diplomatie hésitante, contre la politique française qui manque de confiance en la liberté, contre la presse libérale hostile à l’influence catholique en Belgique. Ainsi, en janvier 1831, le Temps, qui cependant « s’intitulait encore Journal du Progrès », publiait un article hostile à l’indépendance de la Belgique. Ce pays, disait-il. n’a vu qu’une chose : les catholiques et leur triomphe ; n’a eu qu’un but : chasser lès Hollandais, uniquement parce que protestants. Il s’est laissé conduire par ses prêtres ; de là inexpérience, brusquerie, imprudence et présomption . El que va-t-il devenir’.' un royaume fabriqué à l’usage du système catholique, une résurrection du Moyen Age, quelque chose comme « serait l’Irlande émancipée et libre de l’Angleterre, Le vieux libéralisme français oppose à la liberté de la Belgique, t. ii, p. 2u 1-207. L’Avenir se hâte de réfuter cet article. Lu. p. 217-220. Il pousse aussi la Belgique vers les solutions intransigeantes, par exemple, sur la question

territoriale, el 111a presse de s’ériger en république, puis

qu’elle ne trouve pas de roi et que sou ancienne situation est contraire à son intérêt. T. iv. p. 329-334. ( » La Pologne. Ses sympathies vont plus encore a la Pologne. Sa révolte est sainte. La Pologne a pour clic la justice : La force ne peut prescrire en trente ans contre une nal ion dix fois séculaire. < ette nation est

Catholique ; peut-elle rester la proie d’un barbare

Bchismatique ?T. ii, p, 19-21. L’Avenir publie une analyse fidèle, dans laquelle aucun point de quelque Importance n’a été omis, du manifeste extrêmement long du peuple polonais. lbid n p ouvre sur

la demande du Comité central forme i Luis en faveur

de ii Pologne, une souscription, et proteste contre le

iv - 18