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    1. LIBÉRALISME CATHOLIQUE##


LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LAMENNAIS ET L’AVENIR

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l’Avenir du 7 décembre 1830, t. i, p. 385. La séparation supposait évidemment cette rupture.

Mais l’Avenir voit, dans le concordat de 1801, le principal obstacle à l’affranchissement de l’Église en France et se déclare hostile à tous les concordats. Dans une lettre du 27 juillet 1859 à Falloux qui, dans sa Vie de Mme Schwetchine, avait parlé sévèrement de l’Avenir, Lacordaire dii.ait : « L’Avenir au fond ne renfermait que l’acceptation de certains principes généraux en vigueur dans la société française et qui avaient été consacrés par deux actes solennels : le concordat de 1801 et la Charte de Louis XVIII. Pour nous, 1789 n’était que le préambule ; c’était 1801 et 1814, l’œuvre d’un grand pape et d’un roi Bourbon qui faisaient notre point de départ. Nous regrettions que la charte de 1814 eût été brisée par Charles X, et nous estimions le concordat de 1801 comme la base des rapports de l’Église et de l’État, sauf la nomination des évêques par le pouvoir civil et certaines servitudes qu’on y avait odieusement rattachées. Le concordat de 1801, comme la charte de 1814, c’était pour nous toute la société moderne. » Correspondant, 10 juin 1911, p. 858. Or, au n. 40 de l’Avenir, 3 décembre 1830, Réponse au Courrier français, on lit : « Nous pensons, nous, que les deux liens qui nous empêchaient d’être en France ce qu’est le clergé aux États-Unis » sont « la charte de 1814 et le concordat. Si le Courrier français tient à savoir notre nom secret, nous le lui disons franchement : Nous sommes anticoncordataires. » T. i, p. 3(57. Quelques jours plus tard, l’Avenir faisait remarquer que ce n’était pas au même sens que les anticoncordataires de 1801, schismatiques par gallicanisme, t. i, p. 458. Seulement ses rédacteurs se demandaient si ces traités conclus par l’Eglise avec des États catholiques, avec l’ancienne Europe, pouvaient subsister encore quand des États avaient cessé d’être catholiques et l’Europe d’être elle-même. Si ces traités pouvaient être stables avec des monarchies « où le pouvoir se renouvelait sans changer, le seraient-il avec des démocraties toujours mouvantes 1 < Puis ils reprochaient aux concordats « leur caractère de sacrifice », car s’ils furent de la part de l’Église un grand acte de sagesse », ce fut « de cette sagesse qui cède à regret à la tyrannie des temps ». La période des concordats fut pour l’Église « une période de concessions prudentes et tristes » et aussi d’asservissement universel ; ils permettent, en effet, l’oppression de l’Église et parce que la liberté religieuse est la liberté la plus haute, toutes les autres franchises ne tardent pas a succomber. Contre la liberté de l’Église les concordats fournissent aux gouvernements la combinaison de deux moyens terribles ». D’une part, incorporant, sous certains rapports, l’Église à l’Étal. Ils permettent « d’administrer le catholicisme comme une portion de l’État même », De la ces articles organiques, pragmatiques, ordonnances de prospections et d’inspections, qui transforment les concordats en une pleine servitude et qui sont si bien entres dans les habitudes des gouvernement ! qu il est impossible de les en faire sortir. D’autre part, le droit de nommer les évêques met à la disposition des gouvernements d’effroyables ressources de schisme. Enfin, pour prix de ses souffrances et de sa servitude, l’Église ne recueille que l’antipathie

du peuple. Cl 28 d bre 1830, et 17 Janvier 1831.

De l’abolition des concordats, t. ii, p. 13 17, 235-241,

De toutes les tervitudes imposées à rivalise de

France par le concordat et même par les articles i niques, la plus lourde, aux yeux de l’Avenfr, était certainement la nomination des évêques par le gouverne* ment L’Avenir la dénoncera souvent mais jamais avec plus de véhémence que le 25 novembre 1830, dans un article de Lacordaire, Intitulé Aiu iniques <lr France,

t. l, p. 311-315. A propOl des nominal ions éplscopales

que venait de faire le ministère Laffitte, successeur depuis le 2 novembre du ministère du Il août, il s’écriait : « La nomination de vos collègues dans l’épiscopat est désormais dénuée de toute garantie législative et morale, désormais livrée en proie aux ministères rapides qui vont se succéder et saisir, en passant, l’occasion d’emporter votre hiérarchie avec la leur… Depuis que la religion catholique n’est plus la religion de la patrie, les ministres de l’État sont et doivent être dans une indifférence légale à notre égard. Est-ce leur indifférence qui sera notre garantie’? Ils sont laïcs ; ils peuvent être protestants, juifs ou athées. Est-ce leur conscience qui sera notre garantie ? Ils sont choisis dans les rangs d’une société imbue d’un préjugé opiniâtre contre nous… Est-ce leur passé… ? Ils n’ont ouvert la bouche que pour nous menacer, ils n’ont étendu la main que pour abattre nos croix… Voilà les hommes de qui vous consentiriez à recevoir vos collègues dans la charge de premiers pasteurs 1 L’épiscopat qui sortira d’eux est un épiscopat jugé… » Et il suppliait les évêques d’agir. L’article fut arrêté à la poste mais publié dans le Journal des Flandres. Un procès fut intenté à Lacordaire. Voir dans l’Avenir, 29 mars 1831, De la nomination des évêques par le gouvernement ; Ibid., t. iii, p. 393-396 ; les articles relatifs à la nomination de l’abbé Guillon à l’évêché de Beauvais, etc.

P) La suppression du budget des cultes. — « Quiconque est payé dépend de qui le paie », disait Lamennais dans l’Avenir du 18 octobre 1830, t. i, p. 28. « Nulle liberté possible pour l’Église qu’à une condition, la suppression du salaire que l’État accorde annuellement au clergé. » Si l’on objecte : Il faut que le prêtre vive, Lamennais répond : « Avant tout, il faut que l’Église vive, et sa vie est attachée au sacrifice qui lui rendra la liberté. » Et pourquoi s’inquiéter ? « La Providence ne délaisse point ceux qui se confient eu elle. Le zèle créera des ressources immenses. » L’Irlande le prouve bien. — Quatre articles intitulés : De la suppression du budget des cultes, des 27 et 30 octobre, 3 et 5 novembre 1830, ibid., t. i. p. 121-127. 155-158, 179-183, 197-200, examineront la question plus à fond. Le 15 novembre, Lacordaire, répondant à cette question qu’avait posée et négativement résolue le journal légitimiste La Quotidienne : « Le clergé doit-il renoncer à sa dotation ? le peut-il’? » affirmera, t. i. p. 250-254 : Il le peut, car « quoiqu’il soit comptable envers ses successeursde ce dernier débris de leur patrimoine, il est une chose plus précieuse encore dont il est comptable envers eux, un dépôt plus ancien dont il est écrit qu’on vendra tout pour l’acheter. » Ceux qui ont fondé le patrimoine de l’Église l’ont fondé pour son bien et non pour la perdre. D’ailleurs Pie VII, quand i il consacra la spoliation de nos biens en échange d’une modique indemnité… n’attendit pas la procuration de

L’avenir, i il le doit : > Catholiques asservis », pour être

libres une force nous manque : ce n’est ni le nombre, ni les lois, ni la foi. c’est li dignité. Nous acceptons d’être payés par nos ennemis, par ceux qui nous regardent comme des hypocrites ou des Imbéciles. Notre dotation nous ôte toute dignité, tout honneur,

toute force morale, elle nous fait des orurs d’eSClfl

ves. i.e 30 novembre 1830, nouvel article sur le Salaire dis prêtres pour répondre a cette objection : Le budget du clergéest une indemnité : le clergé n’a donc pas

a y renoncer ; il lui Serait dû même sous le régime de la

séparation. L’Avenir ne discute la question ni au point de ue juridique, ni au point d<’vue historique.

S’appuyant sur les fuit s et sur un art icle du Journal dr finis, il montre que l’Étal entend bien tain de cett<

Indemnité un salaire et du clergé un mips de fonction iuiirr. Enfin, li ndanf ayant écrit, à propos de

cette question : t.’est aux évêques seuls, réunis en

assemblée du clergétle France, de décider avec l’appro-