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LÉVITIQUE (LIVRE DU). DOCTRINE


ses offrandes le souverain domaine de Dieu, xix, 24. Mêmes remarques au sujet de la sainteté exigée des prêtres ; si bon nombre de prescriptions qui visent à l’assurer s’en tiennent aux conditions d’une sainteté toute physique, xxi, 1-4, 17-23, d’autres les dépassent certainement, xxi, 6, 8, 10, 12 ; xxii, 16…, et toutes, même celles qui ne semblent s’intéresser qu’à l’extérieur, s’inspirent évidemment d’un sentiment très vif du respect qu’impose la sainteté de Jahvé et de son sanctuaire à ceux qui les approchent de plus près.

Les sacrifices en général et en particulier les sacrifices expiatoires nous fournissent au sujet de l’idée de sainteté de précieuses indications, notamment par les raisons de leur institution et la nature de leur efficacité.

2° Les sacrifices — 1. En général. - — Comme dans toutes les religions anciennes, le sacrifice a sa place, et très importante, dans la religion d’Israël ; une partie considérable du Lévitique renferme les ordonnances relatives au sacrifice. C’est pourquoi il y a lieu d’en dégager ici la valeur religieuse en général et la valeur expiatoire en particulier.

Si le sacrifice est chez les Sémites « l’action sainte par excellence, celle qui met le mieux en mouvement l’action divine et exprime le mieux le désir de l’homme de rendre à la divinité ce qu’il lui doit », Lagrange, op. cit., p. 208, combien plus, chez les Hébreux, apparaît-il dans le développement de ses rites sous l’influence de la révélation divine comme la manifestation variée des sentiments de l’âme envers Dieu : sentiments d’adoration, de reconnaissance, de icgret, de supplication, qui s’expriment tour à tour d’une manière plus spéciale dans les différentes espèces de sacrifices. Ainsi, comme le dit saint Thomas, le sacrifice qui est extérieurement offert est le signe du sacrifice spirituel intérieur par lequel l’âme s’offre elle-même à Dieu comme au principe de sa créai ion et à la fin de sa béatitude. Aussi, ce qui compte dans le sacrifice, ce n’est pas le prix de la victime immolée, mais sa signification d’honneur rendu au Souverain Maître de tout l’univers. Snmma theol., D-IIse, q. lxxxv, a. 2. Le sacrifice ainsi compris devait être pour le peuple d’Israël un élément puissant de vie morale et religieuse ; s’il ne le fut pas toujours, s’il n’a exercé une influence réellement décisive que durant la période qui a suivi l’exil, la faute n’en est pas à l’institution elle-même, mais aux dispositions défectueuses avec lesquelles il était offert et que les prophètes stigmatisaient avec tant de véhémence dans leurs oracles. Am., v, 22 ; Os., viii, 13 ; 1er., vi, 20, etc. Ces textes et d’autres semblables, qu’on trouverait aussi bien dans Isaïe et Michée, ont laissé croire à quelques critiques que la religion des prophètes, toute de foi et de justice, était Incompatible avec les rites extérieurs et surtout les sacrifices : l’aime la piété et non les sacrifices. Os., vi, 6. Cf. Wellhausen, Driver. No yak, Marti et bien d’autres. Cette incompatibilité n’existe qu’avec la pratique d’un culte qui n’est p ; is l’expression sincère des sentiments d’une âme vraiment religieuse, ce n’est pas le sacrifice qui esi condamné, mais s.i profanation, et s’il a désormais perdu sa valeur, c’est précisément parce qu’il ne répond plus au but pour lequel il a été institue et que son rôle

moral et religieux est devenu Impossible avec une

conception toute formaliste de la religion.

La notion du lacriflce mosaïque, en effet, telle qu’elle se dégage de ses rites, est un élément essentiel de la r< Il Ion au si bien au temps d’Esdras que des prophètes et de Moïse, non seulement pour le culte extérieur, mais encore pour la vie de 1

Toute offrande, simple oblation ou sacrifice, esi la reconnaissance d fin domaine de Dieu sur

toute - i hi Idie se retrouve d’ailleurs à l’ori gine de toutes les lois cérémonielles du Lévitique. Tout appartient à Jahvé, aussi bien le sol que ceux qui l’habitent et que le temps lui-même ; c’est pourquoi Jahvé, poursignifierqu’il est maître du sol, s’est réservé pour lui un sanctuaire et pour ses ministres des cités sacerdotales et lévitiques. Num., xxxv, Jos., xxi. L’institution de l’année sabbatique et de l’année jubilaire procède de la même idée : « Les terres ne se vendront point à perpétuité, car le pays est à moi et vous êtes chez moi comme des étrangers. » Lev., xxv, 23. Dans le Code de l’Alliance, Exod., xxiii, 10, 11, dans le Deutéronome, xv, c’est le point de vue humanitaire et non théocratique qui apparaît dans des prescriptions semblables. Maître de la terre, Jahvé l’est aussi du temps ; s’il laisse à l’homme la jouissance de la plus grande partie de ce temps, il a des jours consacrés dont la célébration doit rappeler à l’Israélite que les semaines, les saisons, les années sont à Dieu.

Mais ce Dieu est encore et surtout maître des personnes. N’a-t-il pas sur Israël, pour l’avoir délivré de la servitude d’Egypte, des droits tout particuliers ? Lev., xxv, 42, 55. Aussi tout le peuple doit lui être consacré et par conséquent éviter toute souillure. De là les prescriptions touchant la pureté, Lev., xi-xv, de là les sacrifices expiatoires pour recouvrer cette pureté ; de là la consécration et le rachat des premiers-nés, l’impôt de la capitation, la défense de traiter l’hébreu en esclave ; de la enfin la consécration des prêtres et des lévites, représentants permanents du peuple qui ne saurait atteindre dans son ensemble et dans les conditions ordinaires de la vie la pureté requise pour le service divin. Prémices, dîmes, sacrifices sont également reconnaissance du droit de Dieu sur les produits de la terre et des troupeaux. Cf. Kautzsch, Religion of Israël dans Hastings, Dictionary oj the Bible, extra volume, p. 716. On voit dès lors comment cette idée fondamentale reçoit son application dans l’holocauste, par exemple, où la destruction totale de la victime exprime avec vigueur l’absolu domaine de Dieu sur toutes choses et sur la vie tout spécialement.

2. Sacrifices expiatoires.

a) Nature. — Mais le sacrifice n’est pas que cela, les aspersions sanglantes qui doivent l’accompagner surtout dans les sacrifices expiatoires ont une signification qu’il importe de déterminer.

Les nombreuses prescriptions relatives au sang, même en dehors du sacrifice, s’expliquent par cette croyance que le sang est la vie même. Deut., xii. 23. « L’âme de la chair est dans son sang », est-il dit au Lévitique à plusieurs reprises, xvii, 10, 13, 11. C’est pourquoi le sang, siège de la vie qui dépend et vient de Dieu, devra être l’objet du respect de l’homme ; même le sang de l’animal qu’il immole pour sa nourriture lui est interdit, il est réservé à Jahvé, soit qu’il faille le répandre sur son autel. Lev, , X VIT, 6, SOil qu’il faille le répandre à terre, Deut., xii, 24. Telle est la véritable raison de la prohibition du sang, que n’expliquent suffisamment ni la peur instinctive du sang, ni un motif d’hygiène, ni même le souci d’écarter tout danger d’idolâtrie ou de pratique superstitieuse. C’est pourquoi encore le sang joue un rôle si

considérable dans les sacrifices, où l’offrande du

faite à part, selon certains rites, est en somme l’offrande de la Vie, sans doute celle de la victime immolée, mais aussi l’existence de celui qui l’offre en vertu d’une substitution admise par Dieu. C’est ce que réalise spécialement le sacrifice expiatoire : L’âme

de la chair est dans le sang et je VOUS l’ai donné, dit

Jahvé, pour l’autel, afin qu’il serve d’expiation pour

ours, car c’est par l’Ame que le sanu fail expia

tion », ou plus clairement d’après la leçon la mieux

établie, celle des Septante : car son s ; mg expiera.i la