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LAVEMENT DES PIEDS. EST-IL UN SACREMENT ?


rium hora competenti facto signo cum tabula conveniunt fratres ad faciendum mandalum : majores abluunt pedes et osculantur et intérim hœc subscripla canlantur vel omnia vel in parte pro dispositione canloris.

Suivent dix-huit antiennes où l’on retrouve les neuf de notre missel actuel avec quelques variantes.

Après la première antienne, cette rubrique : El sic alite anliphonæ cum psalmis vel versus repetuntur. Et nota quod de quoli bel psalmo non dicitur nisi unus versus. Après les antiennes, il n’y a aucune rubrique. Rien non plus des versets et oraisons qui aujourd’hui terminent la fonction.

b. Ces derniers éléments apparaissent cent ans après dans l’édition de Plantin, Anvers, 1574 ; cf. Lippe, t. ii, p. 75, qui sert à Lippe d’étalon pour l’édition réformée de Pie V (1570).

c. On les trouve la même année dans l’édition de Paris (chez Jacques Kerner, via Jacobsea, sub signo Unicornis, avec privilège de Pie V, de Grégoire XIII et de Charles IX, Bibliothèque des Bollandistes, Fol. Lib. lit. 55). Cependant, dans ce dernier exemplaire, la rubrique est plus courte qu’aujourd’hui.

Post lotionem qui aliis Post lotionem Superior abluit pedes capite detecto vel qui aliis abluit pedes dicit : Pater noster, etc… lavât manus et abstergit alio linteo : deinde rediens

ad locum ubi prius luerat,

accipit pluviale et stans

capite detecto dicit : Pater

noster, etc.

Ces mots se trouvent dans Lippe. Dans l’oraison finale sont ajoutés ces mots : ut ubi hic nobis et a nobis exteriora abluenles.

d. Missale romanum, édition de Venise, apud Andream et Jacobum Spinellos… 1556 : Post nudationem altarium, hora competenti, … (utsupra). Majores abluant pedes minoribus et lerganl et osculentur. Et intérim, etc.

A cette étude sur l’histoire du Mandatum dans le rite romain on pourrait ajouter quelques spécimens de missels non romains, choisis à peu près au hasard de nos rencontres et dans le seul but, de faire entrevoir à quelle infinie complication de détails secondaires se heurterait quiconque voudrait faire une histoire complète de cette fonction liturgique. Le théologien peut d’ailleurs ignorer ces menues variantes.

III. Question théologique : le lavement des pieds est-il un sacrement ? — 1° Sens large du mot sacramentvm. — Cette question nous paraît aujourd’hui presque saugrenue. D’une part, beaucoup de personnes ignorent que ce rite a fait autrefois partie de l’Orde Baplismi ; d’autre part nous sommes tellement habitués à l’énumération des sept sacrements, classique depuis Pierre Lombard, et dogmatique déparies conciles de Florence et de Trente, que nous sommes toujours choqués de voir d’anciens auteurs appliquer la dénomination de sacramentum à des rites qui sont tout au plus ce que nous appelons aujourd’hui des sacramentaux. Pour peu cependant qu’on ait feuilleté les théologiens du xiie siècle, on sait combien était fréquent cet usage d’un mot qui, depuis la Bible latine, a une histoire très complexe ! Cette histoire, que nous ne pourrions retracer ici même sommairement, vient d’être écrite avec toute l’ampleur et la précision nécessaires pour la période anténicéenne par le R. P. J. de Ghellinck, S. J. Pour l’histoire du mot SACRAMESTum, Louvain, 1924.

De cette histoire du mot Sacramentum, il résulte clairement qu’au xiie siècle encore il avait deux sens principaux :

1. Celui de mystère de la foi, et on l’appliquait par exemple à l’Incarnation, dans le sens où on lisait en saint Paul : sacramentum absconditum a sœculis in Deo. Maître Roland Bandinelli, qui devait devenir pape

sous le nom d’Alexandre III, énumère dans sa Summa sententiarum sept « sacrements » et le premier des sept est l’Incarnation. Cf. A. Gietl, Die Sentenzen Rolands, Fribourg-en-B., 1891, p. 157 : De sacramentis ilaque tractaluri ab illo præcipue sacramento, Verbi videlicet incarnalione exordiamur. Les six autres sacrements sont les nôtres, l’ordre seul est omis dans l’énumération, mais traité dans la suite du développement sous ce titre : De clavibus sacerdotalibus.

2. Celui de rite symbolique, et en ce sens on l’appliquait aussi bien aux sept rites sanctificateurs que le siècle suivant devait mettre à part comme causes instrumentales de la grâce qu’aux innombrables rites que nous appelons aujourd’hui sacramentaux : bénédiction de l’eau, imposition des cendres, etc.

2° Application du sens large de SACRaîientuh au lavement des pieds. — Or, à ce double titre, le lavement des pieds mériterait la qualification de sacramentum.

Tel qu’on le pratiquait dans la liturgie du jeudi saint, ce rite méritait d’être comparé aux autres rites symboliques de la liturgie, comme l’imposition des cendres. Mais de plus, tel qu’on le voyait dans l’Évangile, il apparaissait comme une leçon du Sauveur pleine de sens profond, comme un « mystère » de sa vie, analogue à la multiplication des pains, à la guérison de l’aveugle-né et à tels autres récits qui, particulièrement dans saint Jean, peuvent paraître encore plus destinés à nourrir la contemplation du chrétien qu’à enregistrer des souvenirs du passé. C’est ce sens principalement que nous trouverons dans un sermon de saint Bernard qui fait ordinairement les frais de la discussion, et dont nous reproduisons l’essentiel : « Voici les jours que nous devons révérer, observare, jours pleins de pitié et de grâce, qui provoquent au repentir jusqu’aux âmes des criminels. Si grande, en effet, est la force des mystères, sacramentorum, rappelés en ces jours, qu’ils seraient capables de briser jusqu’à des cœurs de pierre et à amollir des poitrines d’airain. Nous voyons qu’aujourd’hui encore la passion du Christ émeut non seulement le ciel, mais la terre : les pierres encore se fendent et les tombeaux s’ouvrent par la confession des péchés. Mais, comme il arrive pour les nourritures du corps, parmi les aliments de l’âme, les uns sont facilement savoureux, les autres demandent pour être goûtés quelque labeur : les choses évidentes n’ont pas besoin que nous travaillions à les expliquer, il n’en est pas de même pour les choses cachées, elles demandent à être méditées avec soin. La mère ne donne pas à l’enfant une noix entière, elle la casse et donne l’amande. Ainsi, mes frères, aurais-je dû, si je le pouvais, vous ouvrir les mystères cachés. Mais comme mes forces ne vont pas loin, demandons à notre mère commune, la Sagesse, de nous rompre ces noix, les noix spirituelles, veux-je dire, produites par la verge d’Aaron, que Dieu a fait pousser en Sion. Il y a beaucoup de mystères, sa : ramenta, et une heure ne suffit pas pour les scruter tous… De trois d’entre eux qui conviennent assez bien à ce temps, il faudra dire ce que Dieu nous inspirera. « On appelle sacramentum un signe sacré ou une chose à la fois sacrée et secrète. Beaucoup de choses n’ont d’autre but qu’elles-mêmes ; mais quelques-unes ne se font que pour en faire connaître d’autres, ce sont les signes… Ainsi l’anneau que l’on donne, non pour lui-même, mais pour investir quelqu’un d’un héritage. Ainsi le Seigneur, approchant de sa passion, a voulu nous investir de sa grâce en cachant le don invisible sous un signe visible. C’est dans ce but qu’ont été institués tous les sacramenta, la réception de l’eucharistie, le lavement des pieds, le baptême lui-même, principe de tous les sacrements, qui nous assimile à la mort du Christ. De là la triple immersion, à l’image des trois jours que nous allons maintenant célébrer. De