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LEONCE DE BYZANCE — LEONCE DE JERUSALEM


qui permette d’affirmer qu’il admet la préexistence des âmes. Quand on objecte à sa comparaison anthropologique que le Verbe préexiste à son humanité, tandis que l’âme ne préexiste pas à son corps, il se contente de répondre que l’exemple n’est pas pris de ce côté, et qu’il ne saurait y avoir d’exemple parfait. Col. 1280 Et ce qui est frappant, c’est qu’au même endroit il relève et met au point la qualification d’imparfaite adressée à l’âme, et ne se met point en peine de ce qu’on dit sur le temps de son existence par rapport au corps. De plus, ce que Léonce enseigne de l’état initial de l’humanité et du péché d’Adam, racine de nos maux, n’est pas compatible avec la théorie des origénistes sur l’état initial des âmes, leur chute et leur exil dans un corps. Il n’y a qu’un point qui, chez Léonce, soit favorable à l’origénisme, c’est sa théorie sur la possibilité de la préexistence de l’humanité du Christ avant son union au Verbe et, par suite aussi, de l’âme avant son union au corps, théorie fondée sur son concept de l’hypostase et de l’union hypostatique. Un autre trait à noter encore, c’est l’admiration que Léonce semble professer pour Origène, quand, parlant des nestoriens qui font valoir en faveur de Diodore une lettre qu’il avait reçue de saint Basile, et aussi d’autres témoignages, il réplique : « Pourtant, ils n’admirent point Origène à qui Grégoire le Thaumaturge a décerné des éloges sans fin. » Col. 1377 C. Et c’est tout l’origénisme qu’on trouve chez notre Léonce. Suffit-il pour que l’on puisse identifier notre Léonce avec celui de la Vita Sabæ ? Tout seul, non. Mais il faut y joindre les indications marginales du manuscrit mentionnées ci-dessus, se rappeler la charge à fond exécutée contre Théodore de Mopsueste, que les origénistes palestiniens avaient en spéciale haine, prendre garde à un certain grossissement d’optique et peut-être de partialité chez l’auteur de la Vita Sabæ trop mêlé personnellement aux événements qu’il raconte. Tout cela, uni aux circonstances très favorables de temps (Léonce l’origéniste mourut en 542 et Léonce l’écrivain composa ses ouvrages entre 529 et 543), tout cela crée une certaine présomption en faveur de l’identification des deux Léonce.

Conclusion. — On a dit que Léonce de Byzance a été le premier des scolastiqucs et qu’il a introduit l’aristotélisme dans l’explication du dogme. Cela lui assurerait une place de première importance parmi les théologiens. Ennoni, De Leontio byzantino, Paris, p. 2-3. Il y a quelque exagération dans ces appréciations. Il est vrai que Léonce a utilisé bien plus abondamment qu’on n’avait fait avant lui les concepts logiques et spécialement lis catégories d’Aristnte dans son exposition de la doctrine chrétienne : mais il faut remarquer que, dans les parties vitales de sa christologie, ce n’est point d’Aristote mais plutôt de Platon qu’il dépend. C’est à Platon qu’il emprunte son anthropologie sur le modèle de laquelle il construit sa christologie, Mais Platon non plus, ne suffit pas a rendre raison de la construction théologique de Léonce. Au vrai. Léonce déclare qu’il n’a pas appris la philosophie du dehors, c’dire celle des païens : il se proclame le disciple des Pères. C’est des Pères, en effet, surtout de saint Pasile

et de saint Grégoire de Nazianze, qu’il a tire ses principales notions de métaphysique théologique sur la nature et l’hypostase. C’e » 1 a travers les i

et ici on peut penser a NéméshlS d’Entêté, bien que

Léonce ne le nomme pas, qu’il a reçu l’anthropologie platonicienne. C’esl des pères anssl qu’il a reçu le

ternie (I l’idée dl tVU7c60TCITOV, si important dans la

solution du problème christologique Cl lunglas, ep, cit., p. 148 162. m l’expoae toutefois avec une

netteté particulière. Son grand, son très grand mérite est d’avoir analysé avec une profondeur, une finesse, une précision inconnue jusqu’alors les concepts de nature et d’hypostase et d’avoir mis en lumière leurs propriétés et leurs rapports mutuels. C’est Léonce qui a conduit le concept d’hypostase jusqu’à sa suprême explication philosophique en en marquant l’essence dans l’existence autonome, eTvou xaO’éaoT6. Il a ainsi donné la raison vraie et dernière pourquoi l’humanité du Christ n’est pas une personne. Bien que pour avoir rendu ce service à la christologie, il a droit à une place d’honneur dans le chœur brillant des théologiens de l’ère byzantine. Il a su de plus faire un tout cohérent et ordonné des matériaux légués par les Pères touchant le mystère du Christ et opérer une synthèse, très satisfaisante pour l’esprit, des apparentes oppositions de la théologie cyrillienne et de la doctrine chalcédonienne. Il est de plus, un polémiste de premier ordre dont le style sobre et plein ne laisse point d’issue à l’adversaire. Ses attaques contre Théodore de Mopsueste ont dû contribuer pour une bonne part à la condamnation de ce docteur au concile de 553. Sa lutte contre les aphthartodocètes est une merveille du genre polémique dialogué et lui a donné occasion d’exposer une sotériclogie remarquable pour l’époque par son caractère compréhensif. Le mérite de Léonce a été apprécié et son influence s’est exercée très sérieusement après sa mort. Plusieurs ouvrages composés dans le demisiècle qui le suivit, le De sectis, VAdversus nestorianos, le Contra monophysitas, monnayent l’or fin de sa doctrine. La Doctrina Patrum cite en entier ses Triginta capita contre Sévère, et jusque dans saint Jean Damascène, il n’est pas rare de retrouver trace des explications théologiques du savant moine de Byzance.

Pour les œuvres de Léonce, voir dans le corps de l’article, col. 401 sq. — Anciennes notices ou indications : voir dans Migne, P. G., t. lxxxvi a, col. 1185-1194, qui en indique un grand nombre et en reproduit quelques-unes. Ouvrages récents : Fr. Loofs, Leontius von Byzanz und die gleichnamigen Scliriftslcller der Criechischen Kirchr. I Teil : Dos Leben und die polemisrhen Werke des Leontius von Byzanz, Leipzig, 1887. dans Texte und Untersuchungen, t.m.fasc.l et 2 ; sur cet ouvrage, L. Duchesne, dans Bulletin critique, 1887, t. viii, p. 381-384 ; W. Riigamer, Leontius von Byzanz, cin Polemiker ans der Zeit Justinians, Wurzbourg, 1894 ; cf. sur ce livre Loofs, dans Byzanlinische Zeilschrift, t. v, p. 185-191 ; V. Ennoni, De Leontio byzantino et de ejus doctrina christologtca, Paris, 1895 ; cf. svr cet ouvTage, Loofs, Byzantinische Zeitschrift, t. vi, p. 417419 ; A. Ehrliard dans Gesehichte der byzantinischen Literatur de Krumbncher, 2’édlt., Munich, 1897, p. 54-56 ; Joseph Fessier, lnslitutiones Patrolagin-, édit. B..lungmann, 1892, t. n b, p. 495-506 ; Bardenhewcr, Patrolngie, Fribourg, 3’édit., 1911, p. 172 sq. ; trnd. française, Paris, 1899, t. ni. p. 16-20 ;.1. P. Junglas, Leontius non Byzanz, Studien zu scinen Schriften, Quellen und Anschauunqen, Paderborn, 1908, dans les Forschunyen zur cbristlichen I.itcratur und Dogmengeschlete de Ehrhard et Kirsch, t. vu. fac. 3 : F. Pieknmp, Die nrincnislisclwn Streitiqkeiten im VI Jahrhuntlert und dos /un/te allgemeine Concil, Munster. 1800 ; ’fixeront, Histoire des dogmes, t. iii, Paris, 1912, p. 151-159 et Mélanges de patralagir et d’Iiistoire des dogmes. Paris. 1921, p. 223-227 ; voir aussi l’article sur Léonce de Byzance dans Kircbenlexicon, t. vii, 1801, col. 1821-1824 (Bardenhewcr), et dans Realencvklopàdie fiir prntestantisrlir Théologie und Kirche, t. xi, 1902, p. 391-398 (Loofs i ; supplément, t. xxiv, 1913, p. 15 (par le même).

V. Grumi i

2. LÉONCE DE JÉRUSALEM théologien

grec du ir siècle. Né vers l’an llOOàStroumnltxæn Macédoine, il quitta sa patrie à la mort de son père pour le rendre a Constantlnople. chemin faisant, il prit l’habit au monastère de Ptélédlon, dans la ban lieue de la capitale ; il s’attacha ensuite A l’évoque di Tlbériade, qui avall pris logement bu m<