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LÉONCE DE BYZANCE. CHRISTOLOGIE


ce qui pouvait paraître exagéré dans la conception christologique de Léonce : c’est que la communauté d’être, la subsistence commune ne vient point d’une source commune, mais que la source unique en est la propre subsistence du Verbe.

c) Les formules christologiqu.es. — a. La formule ex Sûo cpûascov. — Léonce ne repousse pas cette expression, mais il ne veut pas qu’elle signifie l’exclusion de l’autre formule èv Sûo (pûasaiv. Au contraire puisque les sévériens reconnaissent la permanence et la distinction de la divinité et de l’humanité après l’union, il en tire argument pour appuyer l’affirmation chalcédonienne des deux natures. Trig. capita, iii, iv, v, vi, col. 1901, 1904. Cette formule èx Sûo çûaecov, il faut l’entendre ou des principes du Christ ou de ses parties. Si on l’entend des principes, il vaut mieux dire Ix Sûo ÔTtoaTàaeov, car ces principes sont pour sa divinité, son père, et pour son humanité, sa mère ; et alors il est clair qu’il n’est pas les principes dont il est, bien qu’il soit ce qu’ils sont. Si on l’entend des parties, comment les parties ne sont-elles pas dans le tout ? ou le tout dans les parties ? Si les parties ne sont pas dans le tout et le tout dans les parties, il reste que ou bien rien n’existe de tout cela, ou bien que la divinité et l’humanité du Christ sont dans un autre que dans le Christ et que le Christ est ailleurs que dans sa divinité et son humanité : ce qui détruit non seulement la substance de son humanité, mais encore celle de la divinité du Verbe. Trig. capita, xxviii, col. 1912.

b. La formule Sûo cpûcreiç xaT’È7t : voiav. — Les monophysites voulaient bien accepter les deux natures, mais seulement par la pensée, et non en fait, dans la réalité. Dans la réalité, ils n’en admettaient qu’une seule. Léonce explique en quel sens les Pères se sont servis de cette È7t[voi.a. Selon eux, ce n’est pas les natures, mais la division des natures, qui est dans la pensée ; car, dès que les natures se présentent à la pensée, aussitôt les noms les divisent. Cette expression tfl èmvota se dit par opposition à T7J èvepyeîqc, en acte, dans la réalité. Les Pères, repoussant au loin la division des natures xa-r’èvspyeiav affirment, d’une part, l’existence des deux natures xaT’èvepyeiav, et acceptent d’autre part leur division xxx’E7tîvotav, en ce sens que ce qui n’est pas divisé dans la réalité, la raison le divise, à cause de la permanence sans changement des éléments unis après l’union, de leur différence et de leur îSiôtï]< ; -Col. 1932 C. On peut accepter la division des natures XOCt’è- ;.vo’.av, car elle n’entraîne aucunement le nombre « les hypostases, tandis que la division xoct’èvépyeiav signifie la pluralité des hypostases. Col. 1933 B.

c. La formule : p.îa çûaiç toù 0eoO Aôyo’j oeoap-XO )(jiv7). — Cette formule a trois sens : un premier sens, dit xaxà àvTiaxpo^ïjv, qui comporte une interversion des termes : plot çûaiç toù 0eoù Aûyou aeo-apxcojiivv ; aeaapxwjxévi, to’j ©eoû Aûyou (pûariç (èa-p.) (jûoe, c’est-à-dire la çûaiç toù 0eoô Aûyou demeure toujours, même aeaocpxwpiév/), une seule nature, sans corps, yuu.vi] (To’j|jt.aTOÇ, comme demeure une seule nature l’airain travaillé d’une statue : un second sens, qui entraînerait un changement de substance, XflCTà Tpo ::r, v ooolotç, a savoir, la cpûai ; du Verbe.serait devenue de chair, restant une en changeant d’essence, comme il n’y a toujours

qu’une nature quand, par exemple, l’eau passe à l’étal de pierre : un dernier sens enfin qui oblige a ne plus regardeT le Verbe connue existant à part soi

seulement, mais < le voir désormais avec la chair

qu’il a prise. Les deux premiers sens Contiennent l’erreur d’Apollinaire et d’I.nl chès. le troisième est orthodoxe, mais alors Obligl < i onlesser les deux na tures. Trig. capita, xvii, col. 1905. On sent bien que la formule en question ne plaît point à Léonce : elle heurte trop son dyophysisme. La |xta (pûaiç du Verbe est pûa çûaiç avec le Père, non avec la chair. Et si le Verbe n’est pas une même nature avec la chair, ni la chair une même nature avec le Verbe, il est clair que cette négation d’unité entraîne la dualité des natures. Ibid., xxiv, col. 1909. Affirmer une seule nature, en maintenant la permanence et la distinction de la divinité et de l’humanité après l’union, c’est faire une confusion en niant qu’on fait une confusion, tout comme les nestoriens, en disant que les hypostases sont unies, font une division en niant qu’ils font une division. Col. 1933 D-1936 A. Il n’y a que trois cas où l’on puisse parler de [iia <pûaiç : s’il s’agit d’une espèce ; s’il s’agit d’un individu qui participe à une espèce ; si de plusieurs espèces diverses, il s’est formé par confusion une seule espèce différente des premières. Or aucun de ces trois cas ne convient au Christ. Col. 1922 B.

d. Une dernière formulechèreauxmonophysitesétait fxioc çûaiç XpiaTOÛ aûvŒxoç. Comment cette nature composée, demande Léonce, sera-t-elle distincte de la nature simple du Verbe, si elle ne signifie qu’une seule nature ? Trig. capita, xiv, col. 1904-1905. D’ailleurs, si aûvŒxoç ne désigne qu’une nature, celle du Verbe, ce terme est superflu, ulu. cpûaiç suffit bien. S’il en désigne deux, pourquoi donc combattre les « deux natures » ? Et s’il ne désigne ni l’une nature, ni les deux natures, on obtient alors une nature confuse semblable à celles des hybrides ou des monstres. Ibid., xv, col. 1905 ; cf. xix, col. 1908. L’expression uXa. cpûa’.ç XpiaTOÛ aûvŒxoç désigne ou la nature de la composition, ou celle des composants, ou ce qui résulte de la composition et des composants. Dans le premier cas, on rend compte de l’union, non des termes unis. Dans le second, comme il y a deux composants du tout qui est le Christ, et qu’ils demeurent sans changement, il y a donc deux natures, et non pas une seule. Dans le troisième, ce n’est pas le nom de « nature » qui convient au résultat de la composition, c’est celui d’hypostase. Car la nature du Christ selon qu’il est semblable à sa mère ne peut être consubstanticlle au Père, et réciproquement. On ne peut donc parler ni de y.i<x cpûaiç Xpia-roû, ni de çûaiç XpiOToù CTÛv0eToç, et le nom même de « Christ » indique non pas nature, mais hypostase. Col. 1925 D-1928 A. Ce que Léonce critique, ce n’est pas le terme et l’idée de oûvSstoç, c’est son emploi avec cpûoiç. Au contraire, lui qui aime à concevoir le Christ comme un tout dont les deux natures sont les parties, ne peut qu’accepter volontiers des expressions comme ÛTrôo-Taatç o-ûv0stoç. Xptaxô ; oûvŒtoç.

d) Comparaison de l’âme et du corps. La conception qu’a Léonce de l’union christologique est calquée de très près sur celle qu’il a de la composition de lame et du corps dans l’homme. Notons tout de suite et une fois pour toutes que cette comparaison anthropologique se tire du composé humain considéré, non pas comme espèce, car alors elle aurait lieu entre hypostase et nature, mais considéré comme subsistant. L’homme auquel est comparé le Christ est non pas celui qu’est le Christ. seulement nature, mais celui que nous sommes.’> xot0’r J |x.5ç <5[v6pc>7 : ’/ :. comme dit Léonce, la ressemblance, entre Cet homme, l’homnic-hypnsl ase. el le Christ, va très loin clic/ notre auteur. L’homme est un composé de deux substances tout a fait différentes, indépendantes quant a leur essence l’une de l’autre, capables d’être hypO stases l’une et l’autre. Complètes et distinctes, qui

demeurent distinctes et complètes, et qui,

par leur union, ne constituent point une seule SUD I tance, mais seulement une seule hypostase. Dans