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LEON (LOUIS DE)


Salomon et Habacuc, traduits, en règle générale, directement sur l’hébreu. La plus grande partie de ces poésies fut écrite durant sa jeunesse ainsi que dans les prisons de l’Inquisition ; tels le psaume xxvi, et la célèbre ode à la Vierge, dans laquelle il la supplie de lui rendre la liberté.

Il donne le titre de canciones sagradas, à celles où « il s’efforça, écrit-il, d’imiter selon son pouvoir la simplicité de l’original et cette saveur d’antiquité, pleine de douceur et de majesté, qu’elles renferment en elles. » Il désire que ces vers résonnent souvent aux oreilles des jeunes filles et des artisans, et qu’on les trouve sur la langue des enfants et des vieillards, afin d’y prendre la place des chansons profanes qui sont souvent un poison pour les âmes, « car, ajoute-t-il, notre christianisme est descendu si bas que nous mettons en musique nos vices eux-mêmes et que nous chantons d’une voix allègre ce qui devrait être notre confusion. » T. iv, p. 531.

Les strophes par lesquelles il traduisit le Ps. xxi, Deus, Deus, respice in me, selon l’hébreu et la Vulgate, sont au-dessus de tout éloge, appliquées aux souffrances de Jésus-Christ. La langue espagnole ne connaît rien de mieux sous le rapport de la précision théologique, de la sobriété, de l’élégance et de la souplesse des vers. L’auteur eût été très surpris si on lui avait dit qu’il serait beaucoup plus étudié en tant que poète original que comme traducteur, car il se rendait parfaitement compte combien il est difficile « de traduire avec élégance des poésies de langues étrangères, sans ajouter ni retrancher à l’original, et en gardant, autant que possible, les figures de l’original, » t. iv, p. 293. Il traduisit également en « Octaves royales » le Cantique des cantiques, outre sa version littérale en prose que, par ordre de l’Inquisition, il dut mettre en latin. Cette dernière poésie que Fr. Louis traduisit de l’hébreu en suivant le sens et la lettre de l’épithalame original avec une grande richesse d’expression, semble la plus mystique de toutes. Ce petit poème aurait suffi à lui seul à immortaliser son auteur.

Quelques-unes de ces poésies, furent imprimées dès l’abord en diverses anthologies, sans nom d’auteur. En 1574, en publiant celles de Garcilao de la Vega, Brocense introduisit diverses traductions d’Horace, faites par Louis de Léon, mais sans donner son nom, sans doute pour ne pas le compromettre, vu qu’il était alors en prison. Sorti de sa prison préventive, celui-ci voulut, ainsi qu’il s’exprime « recueillir son enfant perdu et le ramener à la maison paternelle afin de l’éloigner’les mauvaises compagnies. » En 1583, il en prépara une édition avec prologue dédié à son ami Dom Pedro Portocarrero ; mais on ignore pourquoi elle ne parvint pas alors à être publiée. C’est seulement en 1631 que Quevedo la donna, mais en se servant d’un texte défectueux et incorrect qui venait d’être public la même année à Milan par Philippe Golfi. Pellicer, de son côté, avait préparé un texte meilleur pour l’imprimer à Madrid en 1631, mais il fut supplante par Quevedo. I H siècle plus tard, en 1707, Mayans prépara l’édition de Valence, reproduite en 1785 et 1790 par l’imprimerie royale. Kn 1804-1816, le P. Mérino donna l’édition complète des œuvres de Fr. Louis en six tomes, m ; iis en lui attribuant à son tour plusieurs poésies empruntées à d’autres auteurs. Depuis cette époque |usqu’à nos jours, il ne S’imprime aucun recueil

ni aucune histoire de la littérature espagnole où l’on

ne ilonne à Fr. Louis de Léon la première place eu huit que prince de la poésie et modèle du parler espagnol. 2. Les principales n livres de Fr. Louis en ;

espagnole sont : a) La traduction littérale du Cantique

drs cantique », puis celle (lu Llvtt dr Job, selon le texte

original, suivies de commentaires appropriés ; b) » * per/eeta casada et c) Los nombres dr Crtêtû,

a) Le Cantique des cantiques était distribué de la main à la main dix ans avant l’emprisonnement du traducteur en de nombreuses copies et même il fut imprimé sans la permission de Fr. Louis. Durant sa détention il eut à s’expliquer sur l’interprétation de quelques passages qu’à son avis saint Jérôme n’avait pas bien traduits. (Cf. Obr. Esp., t. iv, p. 171.) L’auteur soutient que, selon la lettre, le Cantique est un épithalame composé à l’occasion du mariage de Salomon avec la fille du Pharaon, mais que le sens mystique concerne l’union de Jésus-Christ avec l’Église, réalisée durant les trois âges du monde interprétés à sa manière.

b) La perfecta casada ou l’épouse parfaite est le livre le plus lu de tous ceux de l’auteur. Depuis 1583 jusqu’à nos jours, on en a fait d’innombrables éditions, dont plusieurs de grand luxe, en vue d’en faire cadeau aux jeunes mariées, à qui c’est la coutume en Espagne d’en offrir quelque exemplaire. En 1903 ce livre a été traduit en français par Mme Dieulafoy. C’est un commentaire du dernier chapitre des Proverbes où l’auteur, s’appuyant sur les conseils que lui donna sa mère, décrit l’excellence de la femme forte : Mulierem fortem quis inveniet ?

Ce petit livre, aussi substantiel que court, donne un tableau de la société espagnole au temps de Fr. Louis. Il exalte les vertus des femmes sérieuses et flagelle d’une main vibrante les vices et les passions des dépravées. C’est peut-être l’un des premiers livres du féminisme chrétien : sa lecture est toujours d’actualité. Il est agrémenté d’une belle érudition grécolatine, émaillé d’anecdotes et d’exemples vécus et écrit pour tous les temps. Son auteur voulant encore le rendre plus agréable y a joint, en tercets espagnols, la traduction du dernier chapitre des Proverbes.

c) Los nombres de Cristo. — Les « Noms du Christ » sont le chef-d’œuvre de Louis de Léon, plus lu néanmoins par les amateurs de littérature que par les théologiens. L’auteur commença à l’écrire en prison il pour ainsi dire sans consulter de livres. A l’opposé des théologiens scolastiques de son temps qui dédaignaient d’écrire en espagnol pour le peuple sur les mystères de la religion, dans l’idée que ceux-ci ne pouvaient être traités convenablement en langue vulgaire, Fr. Louis démontra théoriquement et pratiquement que la langue espagnole pouvait concourir avec le grec et le latin et même qu’elle surpassait ces dernières à l’occasion par la richesse de son lexique, à cause des langues indigènes qu’elle s’est assimilées. A ce sujet il fait une apologie de l’espagnol qui est devenue célèbre dans la littérature espagnole.

En outre Fr. Louis de Léon était persuadé qu’une des causes des malheurs de son temps était le peu de goût des théologiens pour l’Écriture sainte, dont on dédaignait l’étude et les spécialistes. « Ceux-ci, écrit il, en parlant des théologiens, gonflés par la connaissance superficielle de certaines questions, possèdent le titre de maîtres en théologie, mais ne possèdent pas la théologie : les éléments de cette dernière peuvent être constitués par les questions d’école et les citations des saints Pères, mais quant à la perfection et la profondeur, il n’y a que les Saintes Lettres qui puissent les fournir. II s’ensuit que ce manque de livres sérieux pour le peuple, écrits dans sa langue, est une des raisons pour lesquelles il s’est livré sans frein à la lecture de livres marnais et pernicieux. Sous ce rapport, il nous est arrivé Ce qui arrive à la terre non cultivée : quand elle ne produit pas de blé, elle produit des épines. >

Void l’argument du livre. Trois rellgh n BUgUStlns,

fuyant les chaleurs caniculaires « le Salamanque, se

ret irent à une maison de campagne que la communauté

possède sur le charmant rivage du Tonnes i i lourde

prenant occasion du nom imposé par