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LÉON XIII — LÉON (LOUIS DE


Mayence, 1912 ; MgrSinopoli diGiunta, // cardinale Mariant) Rampolla del Tindaro, Rome, 1923 ; G. Goyau, Le pape Léon XIII (dans Autour du catholicisme social, IIP série), Paris, 1907 ; Boyer d’Agen, La jeunesse de Léon XIII, Tours, 1896 ; du même, Un prélat italien sous l’ancien État pontifical, Paris, 1907 ; H. des Houx, Joachim Pecci, 1810-1878, Paris, 1900 ; Ralïaello de Cesare, // conclave di Leone XIII, Citta di Castello, 1887 ; Anonyme, Léon XIII devant ses contemporains, Paris, 1892 ; Julien de Narfon, Léon XIII intime, Paris, s.d. ; Viscount Halifax, Léo XIII and anglican orders, Londres, 1912 ; Lefebvre de Béhaine, Léon XIII cl Bismarck, Paris, 1898 ; G. Goyau, Bismarck et l’Église, t. m et iv, Paris, 1912 ; Jean d’Arros, Léon XIII d’après ses encycliques, Paris, 1894 ; Fiou, Le comte Albert de Mun, Paris, 192-1 ; Lecanuet, La France religieuse sous la troisième république, t. ii, Paris, 1907 ; Meester, Léo XIIIe la Chiesa greca, Rome, 1905 ; Léon Grégoire, Le pape, les catholiques et la question sociale, 5e édit., Paris, 1922 ; G. Goyau, Lendemain d’unité, Rome, royaume de Naples, Paris, 1900 ; Yves de la Brière, L’organisation internationale du monde contemporain et la papauté souveraine, Paris, 1924.

G. Goyau.

14. LÉON (Louis de) (1528-1591), religieux de l’ordre des ermites de Saint-Augustin, poète classique espagnol, théologien et l’un des principaux artisans de la renaissance des études scripturaires. — On étudiera sa vie, son œuvre, son influence.

I. Vie.

Il naquit à BelmOnte, province de Cuenca (Espagne), au mois de septembre 1528. A l’âge de quatorze ans, il se rendit à Salamanque comme étudiant et, quelques mois plus tard, il entrait au couvent de Saint-Augustin où il fit profession le 29 janvier 1544. C’était l’époque des grandes vocations religieuses, et le couvent en question gardait le prestige d’avoir hébergé tout récemment des savants et des saints comme saint Jean de Sahagun, appelé l’apôtre de Salamanque, saint Thomas de Villeneuve et le bienheureux Alphonse d’Orozco.

L’intelligence précoce de Fr. Louis lui permit, durant ses études théologiques, de se perfectionner dans les langues latine, grecque, hébraïque et chaldéenne, où il devint bientôt un maître consommé. Il obtint par concours la chaire de saint Thomas qu’il occupa pendant quatre ans, et ensuite celle de Durand. Il fut deux fois vice-recteur de l’université, député et commissaire du corps des docteurs.

Victime de la jalousie et des querelles scolastiques, sur la dénonciation du dominicain Fr. Barthélémy de Médina, interprète rigoureux du sens littéral de la Vulgate qu’il considérait comme une autorité intangible, et de l’helléniste Léon de Castro qui de son côté, respectait la version des Septante à l’égal d’un article de foi, il fut arrêté par le tribunal de l’Inquisition et transféré de Salamanque à Valladolid, où il entra en prison le 27 mars 1572.

II attendit avec grande tranquillité d’àme les accusalions portées contre lui et qu’il ignorait. Celles-ci, formulées en secret d’après les dires de quelques-uns de ses disciples et soutenues avec passion par Médina et Castro, se concrétisèrent en dix-sept propositions qui peuvent se ramener aujourd’hui à trois assertions principales qui furent considérées alors par quelques-uns comme hérétiques. 1° La traduction de la Vulgate, admise par l’Église, contient beaucoup d’erreurs, quoiqu’en dehors des points concernant la foi et les bonnes mœurs. 2° Les interprètes grecs appelés Septante n’ont pas bien compris certains passages du texte hébreu qui pourraient mieux s’expliquer, ainsi que le font les rabbins. 3° Le Cantique des cantiques fut à l’origine un épithalame de Salomon et de la fille du Pharaon : on peut le lire et le commenter en langue vulgaire.

En tenant compte du canon tout récent du concile de Trente sur la Vulgate et du fait que Fr. Louis de Léon avait traduit lui-même directement de l’hébreu

le Cantique des cantiques (manuscrit qui fut saisi dans sa cellule avec d’autres papiers), on ne s’étonnera pas que la discussion ait roulé sur ces trois points principaux. Le procès dura près de cinq ans au cours desquels Fr. Louis, toujours en prison discutait avec les inquisiteurs : c’est seulement le 7 décembre 1576, qu’il fut déclaré innocent du chef d’hérésie.

Le 29 décembre, il entra triomphant à Salamanque escorté des autorités de la ville, avec grand renfort de trompettes, cavaliers, docteurs et maîtres, comme l’écrit un témoin oculaire. Le lendemain devant le corps universitaire au grand complet, après lecture de la sentence de l’Inquisition sur la pureté de sa doctrine, il renonça à sa chaire en faveur de celui qui l’occupait accidentellement et qui était le maître Fr. Garcia del Castillo, abbé de Saint-Benoît, et à son droit de vote comme docteur en faveur de Fr. Barthélémy de Médina, ses deux adversaires durant le procès. Mais l’université pour récompenser ses mérites, lui octroya de suite une chaire d’Écriture sainte, et c’est en prenant possession de celle-ci, qu’il | prononça la phrase célèbre : Deciamos ayer… Hier nous disions, etc. Cette phrase conservée d’abord par tradition orale jusqu’en 1623, fut consignée par écrit par Crusénius dans son Monasticon augustinianum, p. 208. Elle se lit sur le piédestal de la statue qui fut érigée à Fr. Louis de Léon par souscription nationale en l’an 1869 et exprime à merveille le caractère du poète pardonnant à ses adversaires.

Après sa grande épreuve, l’on retrouve Fr. Louis, intervenant au nom de l’université dans la correction du calendrier grégorien en 1582. Par la parole et par la plume, il soutint laréforme du Carmel et se prononça en faveur de la liberté des religieuses dans le choix de leurs confesseurs. De l’agrément du Conseil royal et de celui des carmélites, il se chargea de publier les œuvres de sainte Thérèse, avec un prologue remarquable dans lequel il met en évidence le bon esprit de la sainte. Cf. Obras de la Madré Teresa de Jésus, Salamanca, 1589 ; par Guillermo Foquel. Ayant été nommé provincial en l’an 1591, il mourut neuf jours plus tard, à Madrigal, le 23 août, après avoir commencé une Vie de la même sainte Thérèse dédiée à l’impératrice d’Autriche, dont il ne laissa que quelques feuillets bien connus des historiens. La chaire du maître Louis de Léon se conserve encore dans l’état où il la laissa et son corps repose dans la chapelle de l’université, privilège que nul autre professeur de Salamanque n’a reçu en dehors de lui.

II. Œuvres. — Elles se divisent en deux classes : espagnoles et latines. Les premières remplissent quatre volumes de la dernière édition faite à Madrid en 1885 ; les autres forment sept tomes in-4°, dans l’édition de Salamanque de 1891-1895, qui contient une grande quantité d’opuscules jusqu’alors inédits.

1° Les œuvres espagnoles sont écrites en vers et en prose, mais même dans ses vers notre auteur se montre théologien.

1. Poésies.

Il décrit la poésie comme " une chose sainte et une participation du souffle céleste et divin destiné à élever les hommes jusqu’au ciel d’où il procède. » C’est sans doute pour ce motif que notre auteur est appelé « le chantre du ciel », comparable quant à la forme à saint Jean de la Croix, lequel, pour le fond, est plus divin qu’humain. Dans le court prologue que Fr. Louis écrivit pour le livre de ses poésies, dédié à son ami D. Pedro Portocarrero, mais qui ne fut pas publié alors, il les divise en trois parties : « L’une contient celles que j’ai composées de moi-même ; les deux autres, celles que j’ai traduites d’autres langues, provenant d’auteurs profanes et sacrés. » Les profanes sont Virgile, Horace, Pindare, Tibulle, Pétrarque et Bembo.etc. Les auteurs sacrés sont Moïse, Job, David