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LEON IX


Liber ad amicum, dans Jaffé, Bibliotheca rerum Germ., t. ii, p. 365, et qui prescrivait aux clercs et laïques de s’abstenir de la communion des prêtres et diacres fornicateurs, et aussi le décret dont il est question dans une lettre de Pierre Damien, P. L., t. cxlv, col. 4Il BC, suivant lequel « les femmes de mauvaise vie se prostituant aux prêtres, qui seraient trouvées dans Rome, seraient attribuées comme servantes au palais de Latran. » Cette décision n’a rien de surprenant si on la compare avec celle que prend Léon IX dans une lettre aux chanoines de Lucques, attribuant au chapitre, sous certaines conditions, les biens des prêtres mariés. Jafîé, n. 4254. Le concile de Rome s’occupa aussi des doctrines de Bérenger, lequel est excommunié et sommé de comparaître au synode qui doit se tenir durant l’automne à Verceil. Voir t. il, col. 724. Signalons enfin la canonisation de saint Gérard, l’un des prédécesseurs de Léon sur le siège de Toul et l’un des premiers promoteurs de la réforme lorraine. A l’été, Léon reprenait le chemin de l’Italie du Nord : en septembre, le concile de Verceil revient sur la question bérengarienne ; le livre de Jean Scot Érigène sur l’eucharistie est condamné, voir t. v, col. 405, et la doctrine de Bérenger anathématisée. Mais les grandes questions agitées sont toujours celles qui tiennent à la réforme de l’Église, et ce sont les mêmes préoccupations qui se manifestent dans tout le voyage qui remplit la fin de 1050 et le début de 1051 et qui ramène le pape en Bourgogne, en Lorraine, en Alsace, dans le pays rhénan et la Franconie.

A peine Léon est-il rentré à Rome, au printemps de 1051, qu’il tient un nouveau synode lequel fait de nouvelles exécutions. Au témoignage de Pierre Damien, on dut y discuter âprement le fameux problème des réordinations, sur lequel Léon n’arrivait pas à se faire une doctrine. Voir la préface du Liber gratissimus, dans P. L., t. cxlv, col. 99. Mais de nouvelles inquiétudes politiques obligent le pape à reprendre le chemin de la BasseItalie, où il séjournera une bonne partie de l’automne ; il doit y revenir au début de 1052 et c’est alors qu’il prend la décision d’entreprendre un troisième grand voyage au delà des Alpes. Il s’agit de joindre une fois de plusHenri III, lequel, à l’été de 1052, est entré en lutte avec le roi de Hongrie. Sous les murs de Presbourg, que l’empereur tient assiégée, le pape interpose sa méditation, qui amène la paix. Mais ce n’était pas pour cette unique raison que Léon était venu au quartier général. Il s’agissait surtout d’obtenir l’appui de l’empereur pour la politique que le Saint-Siège était obligé <ic suivre dans la liasseItalie. Cette politique, dont nous dirons quelques mots pour terminer, finissait par prendre le pas, dans l’esprit du pape, sur toute autre préoccupation. Il semble que, durant ce dernier voyage en Allemagne, la cause de la réforme ait été quelque peu oubliée. Mais sitôt qu’il repasse en Lombardie, Léon est ressaisi par elle ; il essaie de convoquer a Mantoue l’un de ces conciles si redoutés des évoques prévaricateurs. Cette fois il échoua ; des rixes sanglantes entres les gens des prélats accusés et les personnes de la suite pontificale lui montrèrent que la cause de la réforme avait encore du chemin à faire. Regagnant Rome, il y tient après Pâques un synode sur lequel nous avons peu de renseignements. Dès le mois île mai. il se met en route pour la BasseItalie ou l’attendait un si tragique destin.

C’est au cours de cette expédition, et alors qu’il avait déjà connu les revers de la Fortune, que Léon IX

se vit soudain aux prises avec la plus grave dei

questions. Une attaque brusquée du patriarche de Constantinople, Michel Cérulalre, contre l’Église latine allait amener la rupture définitive entre les

deux grandes moitiés de la chrétienté. Cette question sera étudiée dans le détail à l’art. Michel Cérulajre, contentons-nous de marquer ici le rôle joué par saint Léon qui d’ailleurs ne connaîtra pas l’issue du conflit et n’aura pas à y intervenir. Tellement quellement, depuis bien des siècles, Rome et Constantinople demeuraient en communion. Les frictions, les heurts, les ruptures passagères n’avaient jamais abouti à la séparation définitive. L’alerte causée, sous le pontificat de Jean XIX, par les prétentions d’Eustathe de Constantinople au titre de patriarche œcuménique s’était calmée comme les autres. Voir t. viii, col. 630. Brusquement, et sans que rien pût justifier son geste, le patriarche Michel Cérulaire prit l’offensive contre les religieux latins de Constantinople ; puis une lettre d’une violence inouïe rédigée par un comparse, Léon évêque d’Achrida en Bulgarie, et adressée à l’évêque de Trani, dans l’Italie du Sud, exposa les vieux griefs des Grecs contre les Latins, vingt fois ressassés depuis le temps de Photius : jeûne du samedi, suppression de l’alleluia en carême, violation du précepte apostolique sur l’usage du sang et des viandes étouffées, etc. Mais on en voulait particulièrement, cette fois, à la pratique latine de célébrer l’eucharistie avec du pain azyme. Voir art. Azyme, 1. 1, col. 2659. On demandait, on commandait, aux Latins d’abandonner ces errements, s’ils ne voulaient irrémédiablement compromettre la cause de l’unité. Texte grec dans Will, Acta et scripta quee de controversiis Ecclesise græcæ et latinse s. XI composita exstant, Leipzig, 1861, p. 51 ; texte latin dans P. L., t. cxliii, col. 929-932. Saisi de cette lettre par le cardinal Humbert, Léon y répondit à l’automne de 1053 par une lettre ou plutôt par un long mémoire. Jaffé, n. 4302 ; texte dans P. L., t. cxliii, col. 744-773. Le ton en est digne et triste ; le pape continue à appeler Michel et Léon ses frères, mais il marque, avec une netteté qui ne laisse rien à désirer, les prérogatives essentielles de l’Église romaine, rappelle les prétentions si contraires de Constantinople et stigmatise d’un mot « cet orgueil, péché originel des évêques de la Nouvelle-Rome. » Ce mémoire, en somme, plaçait la question sur son véritable terrain : Constantinople parlait chicanes théologiques (et quelles chicanes 1) ; Rome ripostait en arguant avant tout de son droit supérieur et traditionnel. C’est, pensons-nous, l’un des premiers traités en règle sur la primauté pontificale. Sans doute, tous les arguments avancés par Léon IX ne sont pas d’égale force ; l’apocryphe Donation de Constantin y est invoquée avec une naïve confiance pour démonter le droit du siège romain à n’être jugé par personne, n. 10 ; elle est longuement citée pour appuyer les titres du pape au respect de toutes les Églises, n. 12-14. Mais l’ensemble de l’argumentation que tire Léon des textes évangéliques vaut infiniment mieux que cela. On sent qu’elle est nourrie par une connaissance approfondie des « précédents ; somme toute on y découvre la même inspiration qui se fait jour dans le titre De primait* romans ecclestm de la collection canonique dite des Soixante-quatorze titres, certainement élaborée dans l’entourage de I.éon. Voir P. Fournie ! I.r premier manuel canonique de la réforme du XI* sieete. dans les Mélangea de l’Ecole française de Rome, t. nv, p. 17 i

223. Antérieurement déjà, en avril 1053, Léon s’était préoccupé de chercher des alliés dans l’épiscopat grec.

La politique du patriarche de Byzance était de se soumettre les autres grands sièges de l’Orient. i.éon i essaya de ranimer chez les autres patriarches

I Idée de leur indépendance. Voit la lettre au patriar < 1md’lioelie, .lai !.’-, n. 4297 ; P. /-. t < i m. COl

Il ne nous semble pat que le mémoire de i son ix