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LEON III — LÉON IV


les divers événements qui pouvaient avoir pour celui-ci quelque importance. Jaffé, n. 2524-2527.

Il faut donc insister avec d’autant plus de soin sur l’indépendance relative dont fait montre le pape dans les questions d’ordre strictement religieux. Léon III eût à prendre position dans la question de l’adoplianisme de Félix d’Urgel. Voir t. i, col. 406. Sur ce point, il n’avait nul besoin de contrainte pour approuver pleinement les conclusions d’Alcuin et condamner l’évêque espagnol. Mais la question du Filioque le mit en contradiction avec les vues exprimées par les théologiens francs au concile d’Aixla-Chapelle (809). Malgré les instances des envoyés de Charlemagne, Léon ne voulut pas accepter l’insertion dans le symbole de l’incise litigieuse et maintint très énergiquement son point de vue. Voir le détail t. v, col. 2315-2317. On notera seulement que la plainte des moines francs de Bethléem fut, sans doute, ce qui détermina le pape à rédiger la confession de foi qui figure sous son nom et qui donne une paraphrase du symbole baptismal, où est spécialement développée la doctrine relative à la Sainte Trinité. Le texte publié d’abord par E. Baluze, Miscellan., t. vii, p. 18-21, est passé de là dans Mansi, Concil., t. xiii, col. 978, puis dans P. L., t. en, col. 1030. On le trouvera également à l’état dispersé dans Cavallera, Thésaurus, voir p. 731.

On a peu de renseignements sur les rapports de Léon avec les diverses Églises de la chrétienté. Mentionnons son intervention en Angleterre pour maintenir les droits de Cantorbéry, menacés par la collation qui avait été faite du pallium à l’évêque de Lichfield, Jaffé, n. 2493, 2494, 2510 ; l’établissement d’Arn de Salzbourg comme archevêque de la région bavaroise, Jaffé, n. 2495, 2503 ; quelques démêlés avec Martin, archevêque de Bavenne. Agnelli, Lib. pontif., P. L., t. evi, col. 743. Avec Constantinople, les relations demeuraient assez incertaines ; la tyrannie de l’impératrice Irène avait bouleversé bien des choses dans l’Église byzantine ; elle disparue, il resta bien des causes de difficulté. Le moine Théodore Studite dut faire appel à Borne, qui, après avoir hésité quelque temps, finit par lui donner, à défaut d’une satisfaction explicite, des paroles d’encouragement. Voir les lettres de Théodore, i, 28, 33, 34, P. G., t. xcix, col. 1001, 1017-1021, et Vie de Théodore, c. 54, ibid., col. 165. En 812, débarrassé du basileus Nicéphore I er, le patriarche du même nom, élu depuis 806, se décide enfin à envoyer au pape sa synodique où, tout en s’excusant d’avoir trop tardé à cause des ordres du basileus, il fait acte de révérence envers l’Église romaine. Il ne se prive pas d’ailleurs de remarquer que, dans l’Église de Dieu, il convient de ne pas trop s’attacher aux questions de préséance, èv yàp’ExxX-rçata toû 0eoû oùx s’oti to jrpoapiGfxoù[xevov. Texte dans Mansi, Concil., t. xiv, col. 29 sq., voir surtout col. 40. Nous ignorons la réponse que fit le pape à cette lettre. Mais l’on sait que cette même année 812. il reçut avec honneur à Borne l’ambassade du nouveau basileus, Michel I er Bhangabès, à son retour d’Aix-la-Chapelle. C’est sans doute à ce moment que furent aplanis les différents relatifs à Théodore Studite.

Les dernières années de Léon furent troublées à Borne, par de nouvelles conspirations, qui durent commencer peu après la mort de Charlemagne. Un complot monté pour assassiner le pape échoua ; les conjurés furent arrêtés, condamnés à mort et exécutés pour crime de lèse-majesté. Bien qu’il ne faille pas ajouter foi au chiffre de trois cents exécutions dont parle une chronique, la répression dut être assez rude. La cour de Louis le Pieux s’émut ; le jeune roi d’Italie, Bernard, et le comte Gérold furent

envoyés à Borne pour enquêter, et Léon, de son côté, dut adresser une ambassade à Louis le Pieux pour présenter se justification. Tous ces actes supposent évidemment que l’empereur conserve la haute main sur l’administration romaine. La présence des missi impériaux ne ramena pas le calme ; une véritable jacquerie désola la campagne romaine et une intervention du roi Bernard fut encore nécessaire. Léon III mourut peu après, 12 juin 816. La mémoire de ce pape est célébrée à cette date par l’Église romaine. En 1673, un décret de la S. Congrégation des rites a décidé que l’on insérerait son ncm au Martyrologe romain ; il semble que depuis longtemps, il figurait déjà dans divers recueils hagiographiques. Le miracle par lequel le pape aurait recouvré la vue après l’attentat du 25 avril 799 n’a pas dû être étranger à la vénération qui fut ainsi rendue à la mémoire de Léon III. Voir Acla Sanct.. juin, t. ii, p. 572 sq.

Sources. — Liber Pontificalis, édit. Duchesne, t. n. p. 1-38 ; assez développée pour la première partie du pontificat, la notice tourne court après le couronnement de Charlemagne, et ne rapporte que les embellissements et les dons faits par Léon aux diverses églises. — JafTé, Regesla pontif. rom., t. i, p. 307-316 ; les lettres de Léon III sont très incomplètement rassemblées : en 1647, Hermann Conrigius avait publié à Helmestadt une dizaine de lettres, elles sont rééditées dans Mansi, Concil., t. xiii, col. 961978, cf. P. L., t. en, col. 1023 sq., et mieux dans Jaflé. Biblioth. rerum germanicarum, t. iv, Monumenta carolina. — Sur la valeur respective des diverses annales franques voir le travail de L. Halphen, Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, I" partie, Éludes sur les sources ; L. Halphen a présenté avec beaucoup de finesse la réhabilitation des Annales regii (Annales Laurissenses majores ) qu’il estime une source contemporaine et de bon aloi ; quant aux Annales Eginhardi, qui ont avec les précédentes un rapport très étroit, elles ne sont nullement l’œuvre d’Éginhard : celui-ci n’est responsable que de la Vita Caroli magni, dont la valeur a été bien surfaite. Il faut faire aussi une place à l’annaliste grec, Théophane, P. G., t. cviii, col. 952 sq. — La correspondance d’Alcuin est rassemblée soit dans P. L., t. c, col. 135-514, soit mieux dans JafTé, Biblioth. rerum germanicarum, t. vi, et dans Monum. Germ. hist., Epistol., t.i, p. 1-493. — Le Codex Carolinus qui contient la correspondance des rois francs avec les papes successifs s’arrête à l’année 791 ; les lettres postérieures, ’et donc celles relatives au pontificat de Léon III, sont très incomplètement rassemblées dans Mansi, Concil., t. xiii, col. 959-986, cf. P. L., t. xevra, col. 893, sq., dans Jaflé, loc. cit., t. iv, p. 306-334 ; 335436 et dans Monum. Germ. hist., Epistol., t. iv et v.

Travaux. — Baronius, Annales eccles., souvent à rectifier par les notes de Pagi ; et les diverses histoires qui traitent de Charlemagne. Il est impossible d’en donner ici une bibliographie même abrégée. Sur la question du couronnement, voir la recension des opinions anciennes dans un art. de Dœllinger du Mùnchner historisches Jahrbuch, 1865, p. 342, et les travaux français plus récents de C. Bayet, L’élection de Léon III, la révolte des Romains en 799 et ses conséquences dans Annuaire de la Fac. des lettres de Lyon, 1. 1, Paris, 1883, p. 175 sq., et de L. Halphen, dans le vol. déjà cité, p. 219-236. — Pour l’ensemble du pontificat : Gregorovius, Geschichle der Stadt Bom.5’édit., t. ii, p. 445 sq., t. iii, p. 1 sq. ; Langen, Geschichte der romischen Kirche, t. ii, p. 768-797 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. m b, p. 1113-1116, 1127-1134 ; L. Duchesne, Les premiers temps de l’état pontifical, Paris, 1898, p. 79-93.

E. Amann.

    1. LÉON IV (Saint)##


4. LÉON IV (Saint), élu pape en janvier 847, consacré le 10 avril, mort le 10 juillet 855. — Pieusement élevé au couvent de Saint-Martin, près de Saint-Pierre, Léon avait été distingué par le pape Grégoire IV qui l’avait appelé au Latran et l’avait fait sous-diacre ; Sergius II l’avait ordonné prêtre et lui avait donné le titre cardinalice des Quatre-Couronnés. Le pontificat lamentable de Sergius s’était terminé sur les horreurs d’une invasion sarrasine dont avaient particulièrement souffert les deux