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LÉON I". LA DOCTRINE DE SAINT LÉON


oublier son principatus et consentir aux concupiscences de la chair. Serin., ni, 4. Dieu neminem fraudât mercede meritorum. Serm., vin.

Pareil langage semblerait laisser peu de jeu à la grâce actuelle. La voici, au contraire, décrite en ternies augustiniens. Que l’homme reconnaisse la dignité de l’humanité, qu’il comprenne la similitutude et la ressemblance de Dieu qu’il porte en lui, et que les misères qu’il tient du péché commun à tous ne le découragent pas de compter sur la miséricorde du Réparateur. Dieu l’a dit : Soyez saints parce que je suis saint, c’est-à-dire, Me eligite, et ab iis quæ mihi displicent abstinete. Facile quod amo, amate quod facio. Et cum videtur esse difficile quod jubeo, ad jubentem accurite, ut unde datur preeceptum prsestetur auxilium : non negabo opem qui tribui voluntatem. .. Nemo quæ. mea sunt inefficaciter concupiscit : qui enim ad me tendit ex mei participatione me quærit. Serm., xciv, 2. Si nous sommes d’accord avec Dieu, si nous voulons ce qu’il veut, si nous détestons ce qu’il déteste, ipse jam pro nobis omnia bella conficiet, ipse qui dédit velle donabit et posse, ut simus cooperatores operum ejus. Serm., xxvi, 4. Le Seigneur a dit à ses disciples que sans lui ils ne peuvent rien faire : il suit de là que l’homme qui fait le bien tient de Dieu le commencement du vouloir et l’achèvement du faire, ex Deo habere et effectum operis et initium voluntatis. Serm., xxxviii, 3. Tout le morceau est remarquable. Rapprocher Serm., xii, 1 : Dat (misericordia Dei) unde ipsi quoque quod operatur operemur, accendens scilicet mentium nostrarum lucernas et igné nos suse caritaiis inflammans. Et encore, Serm. m, 1 : Non de nobis, sed de illo prsesumimus qui operatur in nobis. Dans le Serm., lxxix, 2, voir le commentaire du texte Rom., xiv, 23 : Omne quod non est ex fide peccatum est.

L’homme intérieur a beau être régénéré dans le Christ, in Christo regeneratus, et arraché aux liens de la captivité, il demeure aux prises avec les révoltes de la chair, et tandis qu’il contient sa concupiscence il en connaît les révoltés. Serm., xc, 1. Notre nature changeante et mortelle, par suite du péché originel, renaît dans le saint baptême, mais reste encline au mal : elle serait corrompue par le désir charnel, si elle n’était fortifiée par un secours spirituel, quia sicut illi nunquam deest unde corruat, ita semper prsesto est unde subsistât. Serm., xvra, 1. Le temple que nous sommes ne peut être ni commencé ni achevé sans son auteur. Serm., xlviii, 1.

On serait heureux de posséder dans le sacramentaire que nous a conservé un ms. du viie siècle de Vérone, et que l’on désigne communément sous le nom de Sacramentaire léonien, un sacramentaire romain contemporain de saint Léon et peut-être pour une part son œuvre. Plusieurs prières de ce sacramentaire, en particulier pour les jours de jeûne, ont avec les sermons de saint Léon des rencontres qui ne sont pas fortuites. Ces rencontres n’ont pas échappé aux Ballerini. Voir leur note sur Serm., Lxxxii, 3 In natali apostolorum Pétri et Pauli. Il s’en faut que le sacramentaire dit léonien soit d’un seul jet, d’un seul auteur, d’un seul temps, et ces rencontres textuelles n’impliquent pas nécessairement la collaboration de saint Léon. La matière du sacramentaire léonien est sûrement romaine, sans que le recueil ait rien d’un livre officiel. Edm. Bishop, Liturgica historica, 1918, p. 40 et 56.

En étudiant les sermons de saint Léon, nous avons eu l’occasion de signaler sa dévotion aux saints apôtres Pierre et Paul, à saint Laurent. Il croit à la protection des saints et que Rome leur a dû sa délivrance au temps de l’invasion de Genséric. Les saints sont pour nous des modèles et des protections : Horum

divilias concupiscite et per bonam œmululionem ipse rum ambite suffragia. Serm., xxxv, 4. Dieu nous donne en eux un exemple et un secours, in quibus nobis et præsidium constituit et exemplum. Serm., lxxxv, 4. Que l’on ne compare pas pour autant la mort des martyrs à celle du Sauveur : la mort des saints est précieuse au regard de Dieu, mais aucune ne saurait être rédemptrice : Acceperunt justi, non dederunt coronas, et de fidelium fortitudine exempta nata sunt patientise, non dona justitise. Serm., lxiv, 3. Dans les saints, nous honorons Dieu, nous aimons Dieu : In sanctis suis ipse honoratur, ipse diligitur. Serm., lxx, 5. On remarquera la sobriété de cette doctrine, qui est si différente de la bonhomie populaire du pape saint Grégoire.

Sur le baptême, noustrouvons des allusions aux rites qui le constituent dans le Sermo, xxi, G : Demeurez stables dans la foi que vous avez professée devant de nombreux témoins, et in qua renati per aquam et spiritum sanctum accepistis chrisma salutis et signaculum vitse œternæ. Rapprocher Epist., cxxiv, 8. On reconnaît la cérémonie de la redditio symboli, si bien décrite pour Rome même chez saint Augustin, Conf., viii, 5, puis le baptême proprement dit per aquam, enfin l’onction du saint chrême, faite par l’évêque, en forme de croix sur le front de chaque baptisé, des exorcismes et des instructions. Epist. xvi, 6. Il est parlé ailleurs de la renonciation au démon, Serm., lvii, 5 ; lxiv, 6 ; lxvi, 3 ; de la trina demersio, lxx, 4 ; Epist., xvi, 3. Le baptême solennel est administré à Pâques, à la Pentecôte aussi. Serm., lxxvi, 1 ; Epist., xvi, 3. En cas de péril de mort, on baptise en n’importe quel temps. Epist., xvi, 5.

L’effet du baptême est de donner au baptisé l’innocence de l’homme avant la chute. Omni homini renascenti aqua baptismatis instar est uleri virginalis, eodem Spiritu Sancto replente fontem, qui replevit et virginem, ut peccatum quod ibi vacuavit sacra conceptio, hic mystica tollat ablutio. Serm., xxiv, 3. Même thème, Serm., xxv, 5, xxvi, 2. Parlant de la solennité de Pâques qui approche, où seront baptisés de l’un et de l’autre sexe des milliers de vieillards, des milliers de juvenes, des milliers de pueri, dans l’univers, saint Léon enseigne qu’à tous ces baptisés seront remis soit le péché originel, soit les péchés personnels. Nec obesse cuiquam vel proprium vel originale peccatum, ubi justificatio non meritis retribuitur, sed sola gratise largitate donatur. Serm., xlix,

3. Rapprocher Epist., ltx, 4 : In baptismate… contagio damnatæ vetustatis exiiitur, ut efficiatur homo corpus Christi, quia et Christus corpus est hominis.

Il n’est pas de péché ou d’erreur qui ne puisse se réparer en cette vie : Dum in hoc corpore vivitur, nullius desperanda reparatio, sed omnium est oplenda correctio.Serm., xxxiv, 5. Le pécheur qui perd le temps où il pourrait se repentir, ne peut compter sur le pardon : qu’il recourre donc, quand il est temps encore, à la miséricorde divine : Dabit quod pelitur, qui dédit unde peteretur. Serm., xxxvi, 4. Le carême est un temps de pénitence pour les chrétiens qui, sans avoir de fautes graves à expier, sont cependant toujours imparfaits et pécheurs : l’image de Dieu que nous devons être, est un miroir qu’il faut constamment nettoyer de la poussière terrestre qui le salit constamment. Serm., xliii, 3. Pareille exhortation, Serm., xiiv, 1 ; xlv, 4 ; xlix, 1 et 4.

L’aumône est un moyen d’effacer les péchés. Serm. xlix, 6. Les larmes sont un baptême. Serm., lx,

4. Cependant le carême est spécialement le temps de la pénitence prescrite aux pécheurs coupables de fautes mortelles et en instance de réconciliation (Illa pars populi) quæ lethalium conscia peccatorum per reconciliationis auxilium festinat ad veniam. Serm.,