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LÉON 1er. L ES DERNIÈRES ANNEES DE SAINT LEON


mais il les abandonnait à son jugement. Atticus n’a qu’à signer la foi de Chalcédoine.

Les deux légats Domitianus et Géminianus portèrent à l’empereur une grande lettre doctrinale, Jaffé, n. 542, datée du 17 août 458. « Je me souviens que je t’ai promis, vénérable empereur, écrit saint Léon, de t’adresser un discours de mon humble personne, qui puisse satisfaire in causa fidei ta clémence que je sais pieusement inquiète. » Le pape entend éclairer le prince, justifier pour lui la foi christologique qui est celle de l’Église. Certes cette foi est celle du prince, officii mei tamen est et patefacerc quod intelligis et prsedicare quod credis. Deux erreurs se sont produites, celle de Nestorius, celle d’Eutychès, deux hérésies contradictoires, qu’ils ont voulu imposera l’Église de Dieu et que les défenseurs de la vérité ont condannées justement. Anathème à Nestorius, qui faisait de la vierge Marie lamère, non de Dieu, mais seulement de l’homme, de telle sorte qu’il faisait de la chair une personne, de la divinité une personne, et ne reconnaissait pas un Christ dans le Verbe incarné. Anathème à Eutychès, pour qui dans le Christ il n’y a qu’une, seule nature, Christum unius (asseril) esse naturse, alors que nous ne pouvons pas ne pas admettre veritatem utriusque naturse. L’erreur propre d’Eutychès, en effet, est de n’affirmer qu’une nature : Verbi et carnis unam audet pronuntiare naturam. Nous reconnaissons deux natures dans le Verbe incarné, et que unius personæ fuerint totius temporis actiones, sans aucune permixtio de l’une et l’autre nature. Verse deitatis verseqne humanitatis in ipso una prorsus eademque persona. D : itatis et carnis una confitenda persona. Telle est la thèse de saint Léon. Quant aux arguments, ils sont en une forme plus ramassée ceux de la lettre à Flavien. Je ne vois pas bien comment Mgr Duchesne a pu y voir que saint Léon tempérait son style et que la formule monophysite n’était plus critiquée qu’avec réserve. Hist. anc, t. iii, p. 484.

La lettre à l’empereur s’accompagnait d’un recueil de textes des saints Pères à l’appui de la thèse du pape, Hilaire, Athanase, Ambroise, Augustin, Jean Chrysostome, Théophile d’Alexandrie, Grégoire de Nazianze, Basile, Cyrille d’Alexandrie, « Afin que ta piété connaisse que nous sommes d’accord avec l’enseignement des vénérables Pères, j’ai cru utile de joindre, à cette lettre quelques-unes de leurs sententiæ. Si tu daignes les parcourir, tu découvriras que nous ne professons pas autre chose que ce que nos saints Pères dans le monde entier ont enseigné, et que personne ne se sépare d’eux, sinon les seuls hérétiques impies. » Voir Revue d’hist. eccl., 1905, p. 301-302.

Dans le même temps, et sans avoir sollicité l’avis du pape, l’empereur Léon se décida à écrire aux métropolitains de toutes les provinces de ses États, et à poser ainsi à l’épiscopat oriental deux questions : Fallait-il maintenir le concile de Chalcédoine ? Fallait-il reconnaître Timothée jElurc comme évêque d’Alexandrie ? Les métropolitains assemblèrent leurs suffragants province par province. Les réponses fui cul réunies en un recueil appelé Encyclia, que Cassiodorc fera traduire par le moine Épiphane, et de cette version nous est parvenu un exemplaire incomplet (Cnd. Paristn. 12 098), car il manque les réponses de Vingt-deux provinces, sur cinquante-six que comptait (moins l’Egypte) l’empire d’Orient Duchesne. t. iii,

p. 482-483. On trouvera les textes. Codex encgcltus, dans Mansi, Concil., t. vii, col. 777-7.H.V

Cette sorte de plébiciste était une nouveauté bien dangereuse : l’empereur y fiiisait Qgure de président de l’Eglise, et quelle incorrection de faire voter l’i

eopal sur le maintien de la foi de Chalcédoine, on

aussi bien sur la légitimité de l’intrus d’AIeXBJldril’Du moins l’épiscopal fut unanime sur l’indlgnlti

Timothée yElure. et, à l’exception du métropolitain de Sidé et de ses comprovinciaux, sur le maintien de la foi de Chalcédoine.

Nous voudrions connaître les sentiments du pape et l’action de ses légats à Constantinople dans ces pénibles péripéties, mais nous n’avons pas de lettres de saint Léon pour l’Orient, après celle du 17 août 458, jusqu’au 17 juin 460. Entre temps, Anatolios était mort (3 juillet 458) : on l’avait remplacé par un chalcédonien plus sûr, Gennadius, dont le choix était de nature à satisfaire saint Léon. Puis, l’empereur, encouragé par le résultat de son plébiciste, se décida à intervenir à Alexandrie : il y eut des émeutes et des morts, mais Timothée ^Elure fut arrêté, conduit à Constantinople, et de là exilé, d’abord à Gangres, ensuite à Cherson, dont malheureusement il reviendra. On lui donna pour successeur à Alexandrie un chalcédonien que l’on croyait de tout repos, qui se nommait lui aussi Timothée et portait le surnom de Salofaciol (turban blanc). Nous avons du 17 juin 460, Jaffé, n. 546, une lettre du pape à l’empereur Léon, débordante d’actions de grâces. Que l’empereur ne se laisse pas duper par les déclarations que pourrait consentir Timothée /Elure, et qu’il ne songe à le rétablir à aucun prix.

Ce même 17 juin 460, Jaffé, n. 547, saint Léon écrit à Gennadius, évêque de Constantinople, Le pape a appris par les lettres de Gennadius et de ses deux légats Domitianus et Géminianus, que Timothée ^Elure, expulsé d’Alexandrie, a été autorisé à venir à Constantinople, grâce à l’appui de certains ennemis de la foi qui voudraient qu’on le rétablisse à Alexandrie, simplement au prix d’une profession de foi orthodoxe. Quand il s’avérerait catholique, peut-on oublier que, vivente episcopo, tantse sedis invasor est, et qu’il est responsable du meurtre de Protérios ? L’évêque de Constantinople ne doit pas échanger une parole avec lui ; il doit s’employer à déjouer tout espoir chez ceux qui le soutiennent ; et que, aux Alexandrins, quelque catholique tiré de leur clergé soit donné pour évêque et soit consacré par les évêques égyptiens, secundum morem veterem.

Le 18 août 460, Jaffé, n. 548, saint Léon a la consolation d’écrire au nouvel évêque d’Alexandrie. Il dit rescribo, il répond à la notification qu’il a reçue d’Alexandrie. Il se réjouit d’une élection faite par le clergé et tout le peuple. S’il reste des Alexandrins réfractaires encore à la vérité, le nouvel évêque les ramènera, Dieu aidant. On ne doit tolérer aucun vestige de l’erreur, soit nestorienne, soite eutychienne. Que l’évêque d’Alexandrie use de toutes les opportunités qu’il aura d’écrire à Rome, sicut necessarie et ex more fecisli, ut per filios nostros Danielem presbyterum et Timothcum diaconum ordinationis tuée ad nos scripta dirigeres. Envoyez souvent à notre sollicitude des nouvelles des progrès de la paix, autant que faire se pourra. A compléter par la lettre du même jour. Jaffé, n. 549, aux prêtres et diacres de l’Église d’Alexandrie, et par la lettre du même jour, Jaffé, n. 550, aux évêques égyptiens qui ont. comme les prêtres et diacres, écrit à Rome pour annoncer l’ordination.

Saint Léon et l’Occident.

Nous avons vu saint

Léon associer l’épiscopat d Occident à l’envol « le sa lettre à Flavien, et bous avons pu mesurer : i cette occa sion le prestige qui est le sien, particulièrement auprès des évêques gallo-romains. Le 24 Juin 151, Jaffé, n. 468,

il peut écrire à l’évêque de l.ilihéc. l’aschnsinus. en lui envoyant sa lettre à Flavien. que tonte l’Église

pte. On se rappelle que cet évêque sicilien est le que Léon envoie pour le représenter au concile Jcédolne,

Le 27 janvier 152..hiflé. n. 479, saint I.énn cent t