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LÉON 1er. LES DERNIÈRES ANNÉES DE SAINT LÉON


détourner saint Léon d’intervenir, du moins on n’entend plus parler de l’affaire.

Le Il juin 453, saint Léon écrit à l’évêque d’Antioche, Maxime, Jaffé, n. 495, ou plus exactement il répond à une lettre que celui-ci lui a adressée et dans laquelle il manifestait sa joie du rétablissement de l’unité de la foi et de la paix ecclésiastique. Le pape est heureux de pouvoir s’entretenir avec l’évêque d’Antioche. Sans doute tout n’est pas au mieux encore en Orient : il s’y trouve des gens fidèles à Nestorius, d’autres à Eutychès, qui se combattent les uns les autres, sans vouloir reconnaître que le jugement des catholiques condamne aussi bien Nestorius qu’Eutychès. Que Maxime considère de quelle Église il est évêque ; qu’il considère la doctrine que le prince des apôtres, Pierre, a prêchée dans le monde entier, mais spécialement à Antioche et à Rome. Qu’il ne souffre pas que in orientalibus Ecclesiis, surtout dans celles que les canons de Nicée ont attribuées au siège d’Antioche, personne défende l’hérésie, soit de Nestorius, soit d’Eutychès. Qu’il résiste à Vhærelica pravitas avec son autorité sacerdotale, et qu’il ait à cœur d’informer Rome du progrès des Églises, nosque sœpius de profectu Ecclesiarum tuis relationibus quid agatur instruere. Qu’il comprenne que son devoir est de s’associer à la sollicitude du Siège apostolique. On voit combien saint Léon est attaché à sa théorie de la préséance des sièges ! Maxime avait dû se plaindre que l’on en voulait aux droits de son siège, allusion aux droits reconnus par le concile de Chalcédoine au siège de Jérusalem, et il avait dû insinuer au pape qu’il comptait sur son appui. Saint Léon lui confirme qu’il sera intransigeant sur le maintien des canons de Nicée. Il lui envoie des exemplaires de la lettre qu’il a écrite sur cet article à l’évêque de Constantinople, Anatolios, dans le dessein de décourager son ambition, et il prie Maxime de la faire connaître aux évêques qui relèvent d’Antioche.

Du même Il juin 453, Jaffé, n. 496, il y a la lettre que saint Léon écrit à l’évêque de Cyr, Théodoret, qui a fait porter à Rome l’hommage de son attachement par les légats revenant de Chalcédoine. Cette lettre à Théodoret révèle bien la conscience que saint Léon a de la victoire que le Siège apostolique vient de remporter à Chalcédoine, et aussi bien de la mission perpétuelle de cette sedes Pétri dans l’Église Nous ne pouvons y insister ici. Notons que le pape rend à nouveau pleine justice à la pureté de la foi de Théodoret. En retour, que Théodoretcollaborc à l’action de Rome : Sedi apostolicie collabores. Qu’il écrive à Rome, qu’il instruise le Siège apostolique des progrès que fait autour de lui la saine doctrine, afin, dit le pape, que « nous aidions les évêques de cette région en tout ce qui sera nécessaire. »

Ces diverses lettres de saint Léon ne sont pas rassurantes. L’épiscopat est bien unanime dans la foi de Chalcédoine, mais le monophysisme n’a pas désarmé : il a d’innombrables partisans dans les couvents, et, s’il ne provoque en Palestine qu’une jacquerie, il va en Egypte préparer un schisme.

Dioscore a été exilé à Gnngres, où il mourra le 1 septembre 454 ; on lui a donné pour successeur sur le siège d’Alexandrie, novembre 451, Protérios. mais l’élection a été pénible. Marcien a dû Intervenir par un édit (28 juillet 452) pour menacer ceux qui ne veulent pai reconnaître l’rotérios. sous prétexte de rester

fidèles à Dioacoreel en haine du concile de Chalcédoine. tussitôt élu. Protérios ; i écrit au pape Léon, et, en même tempi que Protérios, ont écrit tant hs évêques

(|iii l’ont ordonné, que le clergé d’Alexandrie qui le soutient. A Rome, on se délie : le pape exige <le I assu rances, il les obtient, < t 1rs ayant reçues nous le voyons se féliciter de ne pouvoir douter de la loyauté de la toi

du nouvel évêque. Lettre de Léon A Protérios du

10 mars 454, Jaffé, n. 505. « Il fallait que de telles lettres fussent adressées par l’évêque de l’Église d’Alexandrie au Siège apostolique, qui témoigneraient que du magistère du bienheureux apôtre Pierre fut dès le commencement enseigné aux Égyptiens par le bienheureux Marc son disciple cela même que nous savons que crurent les Romains. » Louable est Protérios dont la doctrine n’est pas autre que celle « qui a coulé jusqu’à nous (de la source) des bienheureux apôtres et des saints pères. » Qu’en tout, soit qu’il s’agisse de la règle de foi, soit qu’il s’agisse de la discipline, on s’en tienne à ce qui est ancien, velustatis norma servetur.

L’évêque d’Alexandrie a dû s’ouvrir à saint Léon des difficultés que lui donnent quelques évêques d’Egypte restés attachés à Dioscore. En réponse à cette ouverture, le pape confirme l’autorité plénière d’Alexandrie sur l’Egypte : tous les évêques égyptiens sont des subjecti. Ils doivent, soit à dates fixes, soit sur convocation, s’assembler autour de Protérios pour délibérer des intérêts de l’Église : aucune exception ne vaut contre cette obéissance, et Léon veut que cette autorité de l’évêque d’Alexandrie ne soit diminuée en rien par personne.

La protection de saint Léon ne sauvera pas Protérios. Sitôt Marcien mort, l’opposition anti-chalcédonienne éclatera en Egypte, son chef Timothée yElure (le chat) s’emparera du siège d’Alexandrie, Protérios sera massacré (28 mars 457), et le pape ne pourra que gémir de ce « parricide », heureux encore d’en être informé de Constantinople, car d’Alexandrie personne cette fois ne s’est tourné vers Rome, personne n’a été dépêché A Rome : c’est à Constantinople que les persécutés se sont réfugiés. Pour le détail de la révolution alexandrine, voir Duchesne, Hist. anc., t. iii, p. 474-480.

2° Saint I.e’on et l’empereur Léon le Thrace. — L’impératrice Pulchérie était morte en 453 (18 février), Marcien mourut au début de 457. Tandis que l’Empire d’Occident était au pouvoir de Ricimer, l’Empire d’Orient était au pouvoir d’Aspar, tous deux officiers, barbares et ariens, qui ne pouvaient ceindre la couronne, mais qui en disposaient. Aspar choisit un officier qui avait sa confiance, Léon le Thrace (7 février 457), et, pour lui créer une légitimité, le fit couronner par le patriarche Anatolios. C’était une innovation qui ne pouvait que relever le prestige de l’évêque de Constantinople. Siège apostolique, p. 586.

Nous ignorons dans quelles conditions le nouvel empereur se fit connaître à Rome : la correspondance de saint Léon a une grosse lacune entre le 13 mars 455 et le 1 er juin 457. A cette dernière date, le pape écrit. JafTé, n. 520, à Julien de Kos qui continue d’être son agent à Constantinople. Le pape a reçu d’inquiétantes nouvelles : les eutychiens s’agitent depuis la mort de Marcien, mais, grvce à Julien et grvce surtout au nouvel empereur, on peut espérer que la paix de l’Église sera maintenue. Le pape pense A des troubles qui se sont produits A Alexandrie et qu’il ne connaît que par de vagues rumeurs. Ainsi, le 1 er juin, saint Léon ne connaissait pas l’assassinat de l’évêque d’Alexandrie l’rotérios, qui était du 28 marsl

Le Il juillet 457, le pape écrit à l’empereur. Jaffé, n. 521. Il parle des devoirs qu’il lui a rendus pour le féliciter de son avènement, allusion a des lettres de félidtation qu’il n adressées au nouvel empereur et que nous ne possédons pas. Dans celle ci.il réclame le secours du prince pour sauver l’Église d’Alexandrie, dont il a connu les malheurs par une lettre d’Anatolios. Le pape attend de l’empereur que la foi catholique, qui, jusqu’à Dioscore, a régnée Alexandrie, y soit restau* rée pour la paix de toute l’I gllse n ne tant pas per

mettre que la foi consacrée pal le concile de Chalcé-