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LÉON 1er. SAINT LÉON ET L’ORIENT


des puissances séculières à quitter la voie de la vérité. » Allusion à la faction eutychienne et à la prépotence passée de Chrysaphios. La miséricorde de Dieu est plus grande que les fautes des pécheurs ! Embrassons donc le dessein du très religieux empereur, qui vous réunit pour restaurer la paix ecclésiastique. Il a voulu, pour honorer le droit du bienheureux apôtre Pierre, nous inviter nous aussi par ses lettres à être présent à ce vénérable concile, quod quidem nec nécessitas temporis nec ulla polsrat consuetudo permittere. Les légats seront là, Paschasinus, Lucentius, Boniface, Basile, en la personne de qui vous estimerez que je préside le concile : In his… me synodo vestra fraternilas œstimet prœsiderc. Repoussons l’audace de disputer contre la foi divinement inspirée, et qu’il ne soit pas permis de défendre ce qu’il n’est pas permis de croire : conformément à l’autorité de l’Évangile, des prophètes, des apôtres, dans la lettre que nous avons adressée à Flavien de bienheureuse mémoire, on a exposé quelle est l’expression authentiques de la foi sur le mystère de l’incarnation. Pour saint Léon, la tâche du concile sera de rétablir l’ordre : des évêques qui ne voulaient pas pactiser avec l’hérésie ont été chassés de leurs sièges, on devra les rétablir. Les successeurs qui leur avaient été donnés, et que nous supposons avoir rétracté toute erreur, ne seront pas privés de l’honneur de l’épiscopat. Du premier concile d’Éphèse, que présida Cyrille de sainte mémoire, les décisions demeurent qui condamnèrent Nestorius : que l’impiété frappée alors ne croie pas devoir triompher, si Eutychès est frappé maintenant. La pureté de la foi, que nous professons dans le même esprit que nos saints Pères, condamne et poursuit également la perversion nestorienne et la perversion eutychienne.

Nestorius, cependant, dont la vie touchait à son terme, écrivait à des amis : « J’ai appris les choses qui ont été faites auparavant par Flavien, le pieux évêque de Constantinople, contre Eutychès… Quant à ce qui a été fait maintenant par le fidèle Léon, chef des prêtres, qui a combattu pour la piété et s’est opposé à ce qu’on a appelé concile, j’en ai loué Dieu avec grande allégresse, et je passe tous les jours dans l’action de grâces… Priez pour qu’il y ait un concile général, afin que mes doctrines, c’est-à-dire celles de tous les orthodoxes, soient confirmées. » Lettre de Nestorius publiée par Nau, en appendice à Héraclide, p. 373-375.

Le 20 juillet 451, nouvelle lettre de saint Léon à Marcien. Jaffé, n. 474. Il ne peut se défendre de rappeler qu’il avait demandé un concile qui se serait tenu intra llaliam, et qu’il avait souhaité qu’on attendît un temps plus favorable, quo scilicet plurimi possent episcopi eliam de longinquioribus provinciis evocari. Mais il s’est empressé de se rendre aux desseins du prince. Le concile qui va se tenir ne comporte pas de discussion sur la foi. Le pape en terminant recommande ses légats à l’empereur. Plus importante est la lettre du même jour à l’impératrice Pulchérie. Jaffé, n. 475. Le pape rend grâces à Dieu quod tantam universalis Ecclesise curam habere vos video. Une fois de plus, il rappelle qu’il aurait préféré voir le concile se tenir en Italie, pour que les évêques d’Occident pussent y prendre part, si securitas temporis suppeteret Mais il accepte la décision de l’empereur, il envoie ses légats au concile convoqué à Nicée, il vient d’écrire au concile même. Ne pas toucher à la foi, accorder la paix à ceux qui reviennent de leurs erreurs. Le pape s’élève avec force contre ce qui s’est fait à Éphèse, et il prononce le mot qui restera pour qualifier quidquid in Mo Ephesino non judicio sed latrocinio potuit perpetrari, ubi primates synodi nec resistentibus sibi fratribus nec consenlientibus pepercerunl. Il faut mnotrer une indulgence sans réticence à ceux qui détesteront leur faiblesse.

La parole était maintenant au concile, qui, convoqué

pour le 1 er septembre à Nicée, s’ouvrira le 8 octobre à Chalcédoine.

Le concile de Chalcédoine et saint Léon.

Dans

toutes les tractations préliminaires au concile, Dioscore est à peine nommé. Espère-t-on que, l’union étant assurée de Constantinople et de l’Orient avec Rome, l’Egypte ne pourra que se rallier, et que Dioscore apportera au concile sa soumission ? C’eût été bien mal connaître le caractère de Dioscore. Il vint à Nicée, et, comme on y attendait l’ouverture du concile, il risqua un coup d’audace : il prononça de son chef, et dix évêques égyptiens avec lui, l’excommunication du pape Léon. On a supposé que ce coup avait été commis, l’an d’avant, c’est-à-dire, en 450, du temps de Théodose II vivant encore, , et l’on imagine un voyage de Dioscore, à la cour l’emmenant à Nicée avec dix évêques égyptiens ! Tillemont, Mémoires, t. xv, p. 603. Comment expliquer que saint Léon se soit tu de ce défi de Dioscore ? L’incident se produisit sûrement à Nicée, et on ne voit pas que Dioscore ait eu occasion de se trouver en cette ville, sinon en septembre 451.

Le pape avait stipulé que la présidence du concile appartiendrait à ses légats. L’empereur imposa au concile un bureau composé de dix-huit laïques pris parmi les fonctionnaires les plus élevés de l’État, qui recevaient mandat de diriger les débats, par-dessus la tête des légats. Comme ceux-ci ne protestèrent pas, on peut inférer qu’ils avaient consenti à ce compromis, sachant combien ils auraient eu de peine à conduire une assemblée de quelque cinq cents évêques, au milieu d’incidents parfois très violents.

Dès l’ouverture du concile, le 8 octobre, les légats réclamèrent et obtinrent que Dioscore ne fut reçu que comme accusé. On procéda ensuite à la lecture du dossier, c’est-à-dire des actes du brigandage d’Éphèse. Le 10 octobre, on continua, et lecture fut donnée du symbole de Nicée, du symbole dit de Constantinople 381, des deux lettres de Cyrille à Nestorius, de la lettre de Léon à Flavien, et cette dernière fut acclamée. Le 13 octobre, Dioscore fut condamné, le premier à opiner étant le légat Paschasinus au nom du pape. Le 17 octobre, le bureau fit connaître que, l’empereur voulait un formulaire de foi, mais le concile estimait que la lettre à Flavien devait suffire. Le 22, le bureau présenta un formulaire qui avait été concerté la veille entre évêques de connivence avec Anatolios : les légats protestèrent, déclarant qu’ils allaient abandonner le concile, si on ne se tenait pas à la lettre à Flavien. On en référa à l’empereur, qui fit accepter de tous que le formulaire serait conforme à la lettre à Flavien. Le 25, l’empereur vint en personne assister au concile. Il y eut séances encore du 26 au 31, au cours desquelles notamment furent arrêtés les canons, dont le fameux 28 e. A la séance du 1 er novembre, les légats refusèrent d’accepter le 28e canon et le concile se termina sur ce désaccord.

Les premiers jours de novembre, le concile écrivit au pape Léon. 7n/er S. Léon. Epist., xcvm. Les évêques sentaient la gravité du désaccord survenu entre eux et les légats au sujet du 28e canon, désaccord qui pouvait mettre en échec toute l’œuvre du concile. Les évêques donc expriment au pape les sentiments les plus déférents. « Tu es venu jusqu’à nous, lui disent-ils, tu as été pour tous l’interprète de la voix du bienheureux Pierre, et à tous tu as procuré la bénédiction de sa foi. » Nous avons pu manifester la vérité aux enfants de l’Église, dans la communauté d’un même esprit et participant comme à un banquet royal aux délices que le Christ nous avait préparées par tes lettres. Nous étions là quelque cinq cents évêques, t que tu conduisais comme la tête conduit les membres. » Dioscore a porté la peine de ses violences. N’avait-il