Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée
237
238
LEON 1er. SAINT LEON ET L’OCCIDENT


demandera à l’empereur Léon de se donner un collègue occidental, ce sera Anthémius, inauguré à Rome le 12 avril 467. Duchesne, Histoire ancienne, t. ii, p. 648651 ; Martroye, p. 167 sq.

Saint Léon a donc été le témoin de ces événements, de l’assassinat de l’empereur Maximus à Rome en 455, du sac de Rome par les Vandales en 455, de la perte de l’Afrique romaine, de l’inauguration de l’empereur Avitus.en 455, de la fortune de l’arien Ricimer, de la déposition d’Avitus, de l’avènement de Majorien. Ces événements n’ont laissé aucune trace dans les écrits de saint Léon, à l’exception du sac de Rome par les Vandales, au sujet duquel nous l’avons vu reprocher à ses auditeurs romains leur ingratitude envers les saints apôtres qui les ont libérés. « On ne trouve point qu’il ait pris d’autre part à ces malheurs, » écrit Tillemont, t. xv, p. 779.

III. Saint Léon et l’Occident. — 1° Saint Léon et les Gallo-Romains. — La Gaule romaine est bien réduite maintenant. Les Francs sont à Trêves depuis 413, les Burgondes à Worms, les Goths se sont fait céder en 419 toute l’Aquitaine maritime de la Loire aux Pyrénées et Toulouse est leur capitale. Arles reste le siège de la préfecture romaine des Gaules et le quartier général d’Aèce. En 426, l’évêché d’Arles a été dévolu à saint Honorât, le fondateur de Lérins, et après lui à son disciple saint Hilaire, 429-449, dont le prestige est grand, le zèle plus grand encore, et qui, avec le concours des autorités romaines, fait sentir sa sollicitude envahissante à tout ce qui reste en Gaule de pays romain. Sur l’expression Romania, qui apparaît dès lors, voyez £’P ! sL, clxviii, 17, 18, et cf. une note de P. Monceaux, dans le Bulletin des Antiquaires de France, 1920, p. 152-157.

En 443 ou 444, étant à Auxerre chez l’évêque saint Germain, Hilaire accueille des gens de Besançon qui se plaignent de leur évêqueCélidonius. Hilaire instruit aussitôt l’affaire en concile et met Célidonius en demeure de résigner l’épiscopat. Célidonius se rend à Rome avec ses témoins. Hilaire l’y suit, et, se présente au pape Léon. Celui-ci lui signifie que la cause sera examinée au concile romain, fin de 444 ou début de 445.

Hilaire s’y rend, en effet, et, mis en cause lui-même, il semble avoir perdu tout sang-froid et s’être laissé aller à reprocher au pape la domination qu’il prétendait exercer sur les Eglises de Gaule. Il dévoilait, dira saint Léon, .laffé, n. 407, les secrets de son cœur, en des paroles que nul laïque n’aurait pu prononcer, nul évêqtie entendre. Le pape, en effet, prête à l’évêque d’Arles l’arrière-pensée de se soustraire à l’autorité du Siège apostolique, d’assujettir tous les évêques gallo-romains à la sienne, de s’attribuer leur ordination, d’accaparer les pouvoirs des métropolitains, de retenir les causes qui de droit sont à Rome. Ibid. Célidonius réhabilité, Hilaire avait à répondre de ses abus de pouvoir devant le concile romain : il préféra se dérober a cet examen ; il prit la fuite et revint à Arles. La lot t rc Dioinm cultum de saint Léon aux évêques de Viennoise, . Jaffé, n. 407. est l’acte par lequel le pape se prononce sur l’affaire.

Dieu, dit saint Léon, qui a fait prêcher la religion aux nations par les apôtres, a distribué cet office aux apôtres de telle.sorte qu’il l’a confie a saint l’ierre en premier, pour que, de saint Pierre comme de la tête, ses dons divins pussent se répandre dans tout le corps. et que l’on comprît que celui-là n’a point de part à l’économie divine qui Ose se séparer de la solidité de l’ierre Lfl présompt ion est impie de quiconque tente de brisi r la poUtttU de ici te pierre sacrée, pour satisfaire son ambition, au mépris des exemples des anciens.

Vous voudrez bien considérer que le Sli ge apostolique,

eu égard à la révérence qui lui est due. a été consulté par les évéques de voire province d’innombrables

fois, sous forme soit de consultations, soit d’appels. On voulait, de part et d’autre préserver l’unité de l’esprit et le lien de la paix : la sollicitude de Rome ne cherchait pas son intérêt, mais celui du Christ, appliquée qu’elle était à respecter la dignité des Églises et des évêques : Sollicitudo noslra…dignilalem divinitus datam nec Ecclesiis nec Ecclesiarum sacerdolibus abrogabat. Importante déclaration, où se définit le régime des relations des évêques gallo-romains et de Rome.

La pape Léon notifie donc que Célidonius s’est justifié et a été rétabli sur son siège. Autre cause, celle de l’évêque Projectus, qui, étant malade, a eu la surprise de voir Hilaire lui donner prématurément un successeur. Projectus n’étant pas un sufiragant d’Arles, l’intervention d’Hilaire est deux fois un abus. Rome maintient donc Projectus en possession, et rappelle que le métropolitain de la province a seul mission d’ordonner un évêque dans sa province. Il faut que l’évêque soit élu par ceux qu’il gouvernera : Qui præfuturus est omnibus, ab omnibus eligatur. Les conciles doivent être strictement provinciaux : défense à Hilaire de convoquer des conciles plus larges, défense d’intervenir dans des conciles qui ne seraient pas de sa province. Le pape termine sa lettre aux évêques de Viennoise en les exhortant à observer ce qu’il vient de leur prescrire par l’inspiration de Dieu et du bienheureux apôtre Pierre, et à considérer que ces prescriptions sont pour l’avantage non pas tant du Siège apostolique que des évêques : le pape entend défendre les évêques gallo-romains contre les entreprises de domination de l’évêque d’Arles et empêcher que leurs privilèges soient confisqués par lui. Le pape est pour le maintien du régime établi, pour l’ordre contre l’arbitraire : il n’y a pas à chercher de machiavélisme dans une politique d’ordre et de tradition que nous retrouverons partout la même.

La lettre Divinse cultum, qui ne porte pas de date, fut expédiée aux évêques gallo-romains avec une constitution de Valentinien III, du 8 juillet 445, adressée par l’empereur à Aèce. Valentinien III est à cette date à Rome. Inler S. Léon. Epiât., xi. L’empereur rappelle les abus commis par l’évêque d’Arles, Hilaire, abus qu’il ne connaît que par une rclatio du pape Léon. Ces abus de pouvoir, offensants pour « la majesté de l’empire et pour le respect dû au Siège apostolique », ont été instruits à Rome par le pape et une sentence a été prononcée contre Hilaire. Cette sentence n’avait pas besoin de la sanction impériale pour être reçue danà les Gaules : Quid enim tanti pontifteis auctoritati in Ecclesiis non liccret ? L’empereur a tenu cependant à appuyer la sentence du pape, afin d’empêcher 1 iilaire ou tout autre d’aller contre les décisions de l’évêque de Rome. Défense aux évêques, tant des Gaules que des autres provinces, d’innover contre la coutume ancienne sans le consentement du pape de la Ville éternelle. Leur loi et la loi de tous doit être ce que prescrit l’autorité du Siège apostolique. Tout évèquc qui, cité à comparaître au tribunal de l’évêque romain, ne se sera pas présenté, y sera contraint par le gouverneur de la province ; tout gouverneur qui aura manqué devoir sera frappé d’une amende de dix livres d’or. Valentinien énonce que le primatus du Siège apostolique est fondé sur le merttum de saint l’ierre. qui rst princeps episropalis coron x, et fondé sur la dignité de la ville de Rome : ce primatus a été confirmé par « l’autorité du sacré synode >, Aucune entreprise n’est

recevable contre l’autorité de ce siège. La paix des

Églises ne sera assurée que si l’univers reconnaît son chef : Tune demiim l’.cchsiorum par ubique srrvabitur. si rcrlnrrm SUIMI nqnosent unirrrsilns.

Cette constitution de ah ut inien 1Il porte l’empreinte de l’esprit de la cour de RaVCUie, OÙ l’on