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LEMOS — LENFANT


quarante-sept disputes tenues devant Clément VIII et devant Paul V ; ce recueil, longtemps manuscrit, fut publié, en 1702, sous ce titre : Acla omnia congregationum ac disputatiorium quæ coram SS. Clémente VIII et Paulo V sammis pontijicibus sunt celebratæ in causa et coniroversia Ma magna de auxiliis divinæ gratis, quas disputationes ego f. Thomas de Lemos eadem gratia adjutus suslinui contra plures ex Societate, Louvain, 1702. Après la clôture des disputes, Lemos, ayant refusé l’épiscopat, se retira au couvent de la Minerve, où il composa sa fameuse Panoplia gratiæ, fruit d’un immense labeur d’érudition et de spéculation, véritable somme de la théologie de la grâce, selon les ultimes conclusions jusques auxquelles Banez et Alvarez avaient poussé les principes thomistes. L’ouvrage resta longtemps inédit, à cause de l’interdiction portée par Paul V de publier quoi que ce soit sur la matière des disputes ; il ne parut qu’en 1676 : Panoplia gratise seu de raiionalis creaturæ in finem supernaturalem gratuita divina suavi potente ordinatione, ductu, mediis liberoque progressu, disserlaliones theologicse, Liège, (en réalité Béziers) 1676. Si parmi les théologiens thomistes eux-mêmes, plusieurs, et non des moindres, estiment que certaines conclusions de Lemos, comme d’Alvarez, sur la réprobation, sur le péché originel et ses effets, ne sont pas en pleine homogénéité avec la doctrine de S. Thomas, ils voient cependant toujours en l’œuvre de Lemos l’un des plus beaux monuments de leur école. Lorsque, après la publication de la Panoplia, S. Knippenberg, O. P., professeur et inquisiteur à Cologne, combattit, à plusieurs reprises, la doctrine de Lemos, comme favorisant les erreurs calviniste et janséniste, le maître général des Prêcheurs le P. Cloche, de qui d’ailleurs la ferveur thomiste était connue, intervint vivement pour défendre la mémoire glorieuse de Lemos. R. Coulon, Scriptores ordines preedicatorum, Paris, 1910, p. 550-552. On possède encore de Lemos de nombreux mémoires et écrits de circonstance, concernant les matières de la grâce, dont la plupart sont inédits ; on en trouvera la liste, particulièrement intéressante pour l’histoire des controverses, dans la notice d’Echard. Lemos mourut le 23 août 1629, laissant une grande réputation de sainteté, dont le chapitre général de Valence, en 1647, se fait l’écho.

On trouvera une précieuse biographie et bibliographie de Lemos publiée en tête des Acla congregationum ac disputatiorium, cités ci-dessus, Louvain, 1702, p. i-cxxvi ; l’auteur anonyme rapporte ses sources, en particulier le P. Denys Léon de Lecce, contemporain et ami de Lemos, le P. D. Marchese, Sacro Diario Domenicano, t. iv, Naples, 1679, le P. H. Serry surtout, dont VHistoria congregationum de Auxiliis, 2e édit., Anvers, 1709, renferme d’abondantes informations sur l’activité littéraire et doctrinale de Lemos. Voir aussi VHistoria congregationum parallèle du jésuite Livin Meyer, Bruxelles, 1715 ; Quétif-Echard, Scriptores ordinis pnedicatorum, t. ii, Paris, 1721, p. 461-464.

M.-D. Chenu.

    1. LENAIN DE TILLEMONT##


LENAIN DE TILLEMONT. Voir Tille

    1. LENFANT Jacques##


LENFANT Jacques, ministre protestant (16611728). — Il naquit à Bazoches, dans la Beauce, le 13 avril 1661, d’un ministre protestant ; il étudia la théologie à Saumur, puis à Genève ; après la révocation de l’Edit de Nantes, il quitta définitivement la France ; en 1684, on le trouve à Heidelberg, et, en 1688, il est pasteur de l’église française à Berlin. Il fut chapelain de la reine Sophie-Charlotte en 1690, et prédicateur du roi de Prusse. Le 2 mars 1724, il fut reçu à l’Académie des Sciences de Berlin. Il mourut le 7 août 1728.

Beaucoup des écrits de Jacques Lenfant intéressent la théologie scripturaire et positive. Parmi eux, i

faut citer : Considérations générales sur le livre de M. Brueys, intitulé : Examen des raisons qui ont donné lieu à la séparation des protestants, et, par occasion, sur ceux du même caractère, in-12, Rotterdam, 1684. L’auteur n’avait alors que 23 ans et l’ouvrage est peu solide. — Lettres choisies de saint Cyprien aux confesseurs et aux martyrs, avec des remarques historiques et morales, in-12, Amsterdam, 1688. — Innocence du catéchisme de Heidelberg, in-12, 1690. — De inquirenda veritale, 2 vol. in-12, Genève, 1691. C’est la traduction, assez peu fidèle, de l’ouvrage de Malebranche, De la recherche de la vérité, et Malebranche en écrivit à l’auteur dans les Nouvelles littéraires du 15 février 1716 (Journal des Savants, du 12 septembre 1712, p. 585-592). — Histoire de la papesse Jeanne, fidèlement tirée de la dissertation latine de M. Spannheim, in-12, Cologne, 1694, et 2 vol. in-12, La Haye, 1720 et 1728. Lenfant, contre Baronius, le P. Labbe, Launoy et Blondel, admet l’existence de la papesse au ixe siècle ; mais il semble avoir eu plus tard des doutes et il fut étranger aux éditions de 1720 et 1728 (Journal des Savants du 18 nov. 1720, p. 559563). — Histoire du concile de Constance, tirée principalement d’auteurs qui ont assisté au concile, enrichie de portraits, 2 vol. in-4°, Amsterdam, 1714 ; nouv. édit. augm., 2 vol. in-12, Amsterdam, 1727 et traduite en anglais, 2 vol. in-12, Londres, 1730. Dans ce travail, Lenfant parle longuement de Jean Hus et des prétendues cruautés des catholiques à l’égard de cet hérésiarque (Journal des Savants, du 30 avril et du 7 mai 1714, p. 273-281 et 294-301, et Journal de Trévoux de décembre 1714, p. 2039-2056) ; il parut une Apologie pour l’auteur de l’Histoire du concile de Constance contre le Journal de Trévoux, de décembre 1714, in-4°, Amsterdam, 1716. Cette Apologie se trouve dans la réédition de VHistoire du Concile. Cette Histoire souleva des polémiques et on trouve à la Bibliothèque Nationale, mss. français, n. 9 598, un gros manuscrit intitulé : Histoire des célèbres contestations agitées au concile de Constance entre Martin Porrée, dominicain, évêque d’Arras, el Jean Gerson, chancelier de i Université de Paris, au sujet de la doctrine de Jean Petit, docteur de Paris, contenue dans sa justification du duc de Bourgogne, pour servir de réfutation à ce que le protestant Jacques Lenfant a écrit à ce sujet, par le R. P. F. J. J. P., religieux dominicain du couvent d’Arras, à Rome, 1755 (ms. de xvi-597 pages). — Le Xouveau Testament de Notre-Seigneur, traduit en français sur l’original grec, avec des notes littérales pour éclaircir le texte, 2 vol. in-4°, Amsterdam, 1718. Une préface indique les connaissances nécessaires pour comprendre les Livres saints et s’applique à montrer la vérité et la divinité de ces livres. On a accusé Lenfant d’avoir enseigné le socianîsme dans cette traduction ; Lenfant soutient l’authenticité des quatorze Épîtres de saint Paul et des sept Épîtres catholiques (Journal des Savants des 2 et 16 décembre 1720, p. 577-587, 601-607).

— Poggiana ou La vie, le caractère, les sentences et les bons mots de Pogge florentin, avec son histoire de la République de Florence et un supplément de diverses pièces importantes, 2 vol. in-12, Amsterdam. 1720 (Journal des Savants du 29 juillet 1720. p. 454-458). Il parut à Venise des Observations critiques sous le nom de J.-B. Recanati. noble vénitien, sous le titre : Osservazioni criliche ed apologetiche sopra il libro intitolato : Poggiana…, in-12. Venise, 1721 : ce travail est dédié au cardinal Bentivoglio (Journal de Trévoux de décembre 1723, p. 2277-2280). — Préservatif contre la réunion avec le siège de Rome ou Apologie de notre séparation d’avec le siège contre le livre de Mlle de Ti***(eaumont). dame prosélyte de l’Église romaine, et contre les autres controversistes. anciens et modernes, 4 vol. in-12, Amsterdam, 1723. ou 5 vol. in-12, 1723 ;