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judaïsme, institutions


Titus pour réduire l’insurrection. Venant du Nord, ils envahirent la Galilée et la conquirent en quelques mois. Josèphe lui-même fut fait prisonnier.

A la suite de ce premier échec, une guerre civile très sanglante éclata à Jérusalem. Les plus fanatiques des zélotes, conduits par Jean de Giscala vouèrent à la mort les principaux chefs, entre autre le grand prêtre, et des milliers de suspects. En même temps, ils se livrèrent aux plus infâmes débauches. Les hommes d’ordre se défendirent à l’aide des Iduméens qu’ils appelèrent au secours et du meneur juif Simon bar Giora avec sa bande.

Les Romains, profitant de la discorde des Juifs, s’emparèrent de plus en plus du pays et en 68 déjà ils commencèrent les préparatifs du siège de Jérusalem. La mort de Néron (9 juin 68) et la proclamation de Vespasien comme empereur, retardèrent les opérations d’un an. Titus les reprit dans l’été de 69. Entre temps à Jérusalem, les partis, qui, par suite d’une scission des zélotes, étaient au nombre de trois, se déchiraient de la façon la plus atroce. Titus leur laissa le temps de s’affaiblir par leurs luttes fratricides. Ce n’est que quelques jours avant la Pàque de 70, qu’il commença le siège. L’attaque des légions romaines mit enfin un terme à la discorde à l’intérieur de la ville et tous se réunirent pour la résistance la plus acharnée. Cependant les trois enceintes tombèrent vite l’une après l’autre. Malgré cette situation désespérée, malgré la famine qui sévissait, les assiégés, qui s’attendaient à une intervention du ciel, refusèrent de se rendre. Finalement, le 6 avril 70, le temple lui-même qui avait formé le dernier rempart, incendié par un soldat, s’écroula, écrasant sous ses ruines des milliers de réfugiés.

4. Les dernières insurrections sous Trajan et Hadrien (115-117, 132-135). — La destruction de Jérusalem marque la fin de l’État juif. Cependant le judaïsme gardait assez de force pour se soulever contre ses oppresseurs. Déjà sous Trajan, entre 115 et 117, de grandes révoltes de Juifs avaient eu lieu à différents endroits de l’empire, surtout en Egypte, en Cyrénaïque, dans l’île de Chypre et en Mésopotamie ; les victimes se comptèrent par centaines de mille, tant païens que juifs ; mais en Palestine même, l’insurrection ne fut pas aussi étendue ni aussi véhémente.

Par contre, sous Hadrien, une vraie guerre y éclata que le P. Lagrange nomme très justement la guerre messianique, op. cit., p. 309 ; car ce n’est pas seulement à la défense de la circoncision et à la fondation d’une colonie romaine à Jérusalem qu’il faut attribuer l’émeute, mais encore à la surexcitation des espérances messianiques, provoquée par les malheurs du temps. L’agitation commença en 132, au départ de l’empereur de la côte asiatique, et s’étendit vite dans tout le pays. Jérusalem fut prise et l’indépendance proclamée. Le chef de l’insurrection fut un certain Simon que les sources rabbiniques nomment Bar-Kozéba, les auteurs chrétiens Bar-Kokéba. Ce dernier nom provient du fait qu’on le regarda comme Messie et qu’on lui appliqua la prophétie de Balaam, Num., xxiv, 17, sur l’étoile (kokab). Même le plus célèbre rabbin du temps, Rabbi Akiba, le salua comme Messie.

Hadrien envoya un de ses meilleurs généraux, Julius Severus, pour réprimer la révolte. Il ne réussit qu’au bout de trois ans ; d’après Dion Cassius, il lui fallut conquérir cinquante forteresses et détruire beaucoup de villes ; plus d’un demi million de Juifs périrent et un plus grand nombre furent vendus comme esclaves. Bar-Kokéba fut tué lors de la prise de la dernière forteresse qui résista. Jérusalem fut alors transformée en ville païenne et interdite aux Juifs. Sur l’emplacement du temple, on construisit un sanctuaire en l’honneur de Jupiter Capitolin.

La nation juive était définitivement déracinée du sol palestinien. Le judaïsme biblique avait cessé d’exister

Éludes qui comprennent les trois périodes.

J. Vandervorst,

Israël et l’Ancien Orient, Bruxelles, 1915 ; J. Derenbourg, Essai sur l’histoire et la géographie de la Palestine, d’après les Thalmuds et les autres sources rabbiniques, I™ partie : Histoire de la Palestine depuis Cyrus jusqu’à Adrien, Paris, 1867 ; Ledrain, Histoire d’Israël, 2 vol., Paris, 18791882 ; E. Renan, Histoire du peuple d’Israël, t. iv et v, Paris, 1893 ; Fr. X. Kugler, S. J., Von Moses bis Paulus, Forschungen -ur Geschichte Isræls nach biblischen und profangeschichilichen insbesondere neuen keilinschriftlichen Quellen, Munster-en-W., 1922 ; Fiebig, Judentum, I re partie : Vom babulonischen Exil bis Hadrian, dans le Dictionnaire de F. M. Schiele et L. Zscharnack, Die Religion in Geschichte und Gegenwart, Tubingue, 1912, t. iii, col. 805-815 ; J.Well hausen, Isrælilische und jùdische Gescliichle, 7e édit., Berlin, 1914 ; H. Meinhold, Geschichte des judischenVolkes von seinen Anfdngen bis gegen 600 nach Christus, Leipzig, 1916 ; C, F. Lehmann-Haupt, Der jùdische Kirchenstaat in persischer, griechischr und rômischer Zeit, Tubingue, 1911 C. H. Cornil !, Geschichte des Volkes Israël, Chicago, 1838 E. Meyer, Die Entstehung des Judentums, Halle, 1896.

Monographies sur la restauration après l’exil.

J. Tou

zard, Les Juifs au temps de la période persane, dans Revue biblique, 1915, p. 59-133 ; A. Van Hobnacker, Nouvelles éludes sur la restauration juive après l’exil de Babylone, Louvain, 1896 ; du même, La succession chronologique Néhémie-Esdras, dans Revue biblique, 1923, p. 481-494 1924, p. 33-64 ; Notes sur l’histoire de la restauration juive après l’exil de Babylone, dans Revue biblique, 1901, p. 5-26, 175-199 ; J. Nikel, Die Wiederherstellung des jiidischen Gemeinwesens nach dem babylonischen Exil, Fribourg-en-B. , 1900.

3° Monographies sur l’histoire juive à partir des guerres macchabéennes jusqu’au soulèvement de Bar-Kokéba. — L’ouvrage classique est celui de E. Schiirer, Geschichte…, 1901, t. i ; Felten, Neutestamentliche Zeitgeschichte, 1910, t. i, p. 19-285 ; E. Meyer, Ursprung und Anfànge des Christentums, t. n : Die Entwickelung des Judentums und Jésus von Nœzaret, Stuttgart et Berlin, 1921 ; A. Schlatter, Geschichte Isræls von Alexander dem Grossen bis Hadrian, 2e édit., Stuttgart, 1906 ; Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ d’après le Nouveau Testament, l’historien Flavius Josèphe et les Talmuds, Paris, 1885, 5e édit., 1892 ; de Saulcy, Histoires des Macchabées ou princes de la dynastie asmonéenne, Paris, 1880 ; Bost, L’époque des Macchabées, histoire du peuple juif depuis le retour de l’exil jusqu’à la destruction de Jérusalem, Strasbourg, 1862 ; de Saulcy, Histoire d’Hérode, roi des Juifs, Paris, 1867 ; A. Réville, Les Ilérodes et le rêve hérodien, dans Revue de l’histoire des religions, 1893, t. xxviii, p. 283-301 ; 1894, t. xxix, p. 1-24 ; de Saulcy, Les derniers jours de Jérusalem, Paris, 1866 ; Clermont-Ganneau, Barcochébas à Movoyev/-, ;, dans Revue biblique, 1920, p. 540-555.


III. Institutions. —

L’histoire postexilienne du peuple juif se distingue de son histoire préexilienne surtout à deux points de vue : d’abord les Israélites ne sont plus autonomes, mais, à l’exception de l’époque asmonéenne, ils dépendent, sans espoir de pouvoir changer la situation, des empires qui dominent successivement l’Asie antérieure. Dès lors tous leurs intérêts se détournent de la politique et se concentrent sur la situation intérieure principalement sur la vie religieuse. Il en résulte que les institutions ecclésiastiques apparaissent au premier plan. Elles deviennent à ce point prédominantes que leurs principaux représentants sont en même temps les chefs politiques de la nation.

Il va de soi que dans ces conditions le sacerdoce, l’institution religieuse par excellence, joue le premier rôle dans toute l’histoire du judaïsme. Mais les préoccupations religieuses étaient si grandes après l’exil, que le sacerdoce seul ne suffisait pas à les satisfaire. Peu à peu une seconde institution se forma, celle des scribes : les ministres du culte furent secondés par les docteurs de la Loi.