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JUDAÏSME, HISTOIRE POLITIQUE


son peuple comme garantie de la liberté religieuse. 11 s’adressa même aux Romains et conclut une alliance avec eux. Mais, avant que ceux-ci pussent lui venir en aide, une nouvelle armée plus puissante était dirigée contre les Juifs. Devant la supériorité des forces ennemies, huit cents homm’es seulement restèrent fidèles à Judas qui succomba dans une bataille désespérée (161).

Jonathan prit la place de son frère : mais en attendant il ne pouvait pas oser de grandes entreprises. Peu à peu cependant sa situation se fortifia et dans les luttes qui éclatèrent bientôt après (153) en Syrie entre Démétrius I er et un prétendant, nommé Balas, les deux rivaux renchérirent de promesses pour s’assurer Jonathan comme allié. Celui-ci prit parti pour Balas qui lui offrit la dignité de grand prêtre et lui envoya la pourpre et un diadème d’or. Dorénavant les deux dignités de prince et de grand prêtre étaient liées à la maison des Macchabées. Dans la suite Jonathan sut encore davantage exploiter la faiblesse de l'État syrien au profit de son pays. Lorsque, en 145, Démétrius II réussit à monter sur le trône de son père, il obtint de lui de grandes franchises en matière d’impôt et agrandit le territoire juif de trois districts samaritains.

Dans les troubles, causés bientôt après par le général Tryphon qui s’empara de la couronne pour le fils de Balas, Jonathan consolida encore davantage son pouvoir et élargit son domaine à tel point qu’il devint suspect à l’usurpateur qui le fit saisir par ruse et massacrer (143-142).

Simon, le dernier survivant des fils de Mathathias, acheva l'œuvre de ses frères ; il rendit le peuple juif complètement libre en conquérant l’acropole de Jérusalem et en obtenant l’exonération totale de tout impôt à payer aux rois de Syrie.

Le peuple, pour se montrer reconnaissant, lui donna dans une grande assemblée le titre héréditaire de prince et grand prêtre. Simon inaugura ainsi une nouvelle dynastie que les historiens, à cause d’un des ancêtres de Mathathias, nomment la dynastie des Asmonéens. Une ère de tranquillité commença sous Simon. Malheureusement le premier des Asmonéens dut comme tous ses frères mourir de mort violente ; en 135, il fut assassiné par son gendre avec deux de ses fils.

3. La dynastie asmonéenne (135-63). — Le seul fils survivant de Simon, Jean Hyrcan (135-104), obtint le pouvoir. La politique extérieure de son long règne ne fut d’abord pas heureuse. Antiochus VII subjugua la Palestine et Jean devint son vassal. A sa mort, Jean redevint indépendant et profitant de la faiblesse des successeurs d' Antiochus, il déploya une grande activité guerrière surtout contre les Samaritains : il détruisit les villes de Sichem et de Samarie ainsi que le temple de Garizim ; il étendit son territoire à l’Est et au Sud.

L'événement le plus important de la politique intérieure fut la rupture de Jean Hyrcan avec le parti des pieux (hasidim) qui s'était cristallisé dans la secte des pharisiens. Pour eux, l’observation de la Loi était l’essentiel ; tout le reste, surtout la politique, chose accessoire. Dès lors que Jean Hyrcan agissait comme prince mondain et guerrier et négligeait ses devoirs de grand prêtre, ils se séparèrent de lui après avoir soutenu jusqu’ici les Macchabées. C’est pourquoi Jean Hyrcan se rapprocha du parti opposé, celui des sadducéens, qui se préoccupait surtout du pouvoir extérieur de l'État, même au détriment de la religion.

Après la mort de Jean Hyrcan, un de ses fils, Aristobule (104-103), après s'être débarrassé de ses frères, prit pour la première fois le titre de roi des Juifs. 11 conquit la Galilée et donna ainsi à son royaume l'éten due de celui de David. Après un an, il mourut. Sa veuve épousa l’aîné de ses beaux-frères, Alexandre Jannée (103-76), qui devint ainsi roi.

Ce personnage est le plus triste représentant de la dynastie asmonéenne. Les vingt-six années de son règne sont remplies de guerres, de conquêtes à Texte rieur et de faits et gestes honteux à l’intérieur. Au Sud, il soumit les Iduméens ; au Nord, il pénétra jusqu’au lac Méron ; à l’Ouest, il conquit toutes les villes, non encore soumises, à l’exception d’Ascalon, et à l’Est presque toute la Transjordane. Malgré ces succès, Alexandre fut détesté par ses sujets à cause de son immoralité. Insulté, pendant qu’il pontifiait à la fête des Tabernacles, il fit massacrer six mille hommes. Bientôt après, les pharisiens soulevèrent le peuple contre lui et pendant six ans la guerre civile sévit. Les pharisiens appelèrent finalement le roi syrien, Démétrius III. à leur secours. Alexandre Jannée fut battu près de Sichem. Bien des Juifs cependant, craignant le joug syrien, se mirent finalement de son côté, de sorte qu’il reprit le dessus et entra en triomphe à Jérusalem, où il fit crucifier huit cents pharisiens.

Il mourut à l’Age de quarante-huit ans, épuisé par ses débauches. Avant d’expirer, il donna à sa veuve Alexandra le conseil de se réconcilier avec les pharisiens.

Alexandra suivit ce conseil et pendant tout son règne (76-67) les pharisiens tinrent les rênes du gouvernement. La tradition rabbinique célèbre pour ce motif le règne d’Alexandra comme l'âge d’or. Les plia risiens pourtant abusèrent de leur pouvoir et se vengèrent de leurs anciens adversaires, surtout des sadducéens.

A la mort d’Alexandra, le cadet de ses fils, l'énergique Aristobule, s’empara du trône à l’aide des sadducéens et força son frère aîné, le faible Hyrcan, à y renoncer. Cependant Antipater, qu’Alexandre Jannée avait institué comme gouverneur de l’Idumée, excita Hyrcan contre Aristobule et gagna à sa cause le roi arabe Arétas chez lequel le détrôné se réfugia. Arétas entra en guerre avec Aristobule qui dut se retirer à l’acropole de Jérusalem.

A cette époque, Pompée traversait victorieusement l’Asie ; en 65, il envoya son général Scaurus en Syrie. Les deux prétendants au trône lui envoyèrent des ambassades. Scaurus se décida pour Aristobule, de sorte qu’Arétas et Hyrcan levèrent le siège de l’acropole. En 63, Pompée arriva personnellement à Damas. Il ne se décida d’abord ni pour l’un ni pour l’autre. Mais, par suite de la tenue suspecte d’Aristobule qui était allé le trouver, il s’approcha de Jérusalem. Les partisans d’Hyrcan lui ouvrirent les portes, tandis que ceux d’Aristobule se retiraient dans le temple où ils se défendirent pendant trois mois. Finalement Pompée Surmonta la résistance et pénétra dans le sanctuaire pendant que les prêtres sacrifiaient ; il les fit massacrer ainsi que douze mille personnes.

Tous les territoires conquis par les derniers Asmonéens furent délivrés, la Judée fut soumise à l’impôt et incorporée à la nouvelle province de Syrie. Hyrcan fut institué grand prêtre, Aristobule avec ses fils emmené à Rome pour prendre part au cortège triomphal de Pompée.

Période romaine.

1. Hyrcan II (63-40), Antigone (40-37), Hérode le Grand (37-4). — Pendant les premières années du pontificat d’Hyrcan II,

Alexandre, un des fils d’Aristobule qui s'était évadé lors du voyage à Rome, et plus tard son père luimême essayèrent de reprendre le pouvoir. Pour empêcher de pareilles tentatives d’insurrection, le proconsul de Syrie, Gabinius, démembra la Judée en cinq districts. Son successeur Licinius Crassus pilla le temple.

Dans la guerre civile qui éclata entre Pompée H