Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

1599

    1. JUDAÏSME##


JUDAÏSME, histoire politique

IGOn

sa guerre avec les Romains. Par la bataille de Magnésia, il perdit l’Asie -Mineure jusqu’au Taurus et il lui fallut payer pendant douze ans un impôt très lourd. A cause de cette dette, il voulut s’emparer des trésors des temples païens et fut tué à une telle entreprise en Elymaïde. Son fils Séleucus Philopator, fut d’abord comme son père très favorable aux Juifs : il leur payait même les frais du culte. Cependant la dette que son père lui avait laissée le rendit avide des trésors du sanctuaire de Jérusalem. Pour les obtenir, il envoya son chancelier Héliodore ; mais celui-ci fut miraculeusement empêché de pénétrer dans le temple, II Macch., m. De retour à Antioche, Héliodore tua son suzerain, envoya son fils Démet rius comme otage à Rome et s’empara du trône. Le frère de Séleucus, Antiochus, accourut et chassa l’usurpateur. A cause du succès qu’il eut dès son apparition il s’appela Épiphanc. C’est Antiochus IV Epiphanc qui devait, par ses imprudences et par ses vexations, causer le soulèvement macchabéen.

2. Les guerres macchabéennes (175-135). — Depuis l’expédition d’Alexandre le Grand, il y avait en Judée un groupe d’hellénophiles qui étaient devenus de plus en plus nombreux. Ils se recrutaient parmi les nobles et les riches, en premier lieu parmi l’aristocratie sacerdotale. A l’avènement d’Antiochus, ce parti se crut assez fort pour accélérer avec l’aide du gouvernement antiochien l’hellénisation de la nation. Soutenu par lui, Jason, frère du grand prêtre Onias, offrit une forte somme à Antiochus pour obtenir le poste du souverain pontificat et l’autorisation de construire un gymnase grec à Jérusalem. Le roi ne céda que trop volontiers aux désirs de Jason. Onias fut donc destitué et le nouveau grand prêtre transforma la vie de la capitale à la grecque. Bientôt des jeux olympiques avaient lieu dans la palestre, auxquels des Juifs prenaient part tout nus, honteux seulement de porter en leur chair le signe d’alliance et auxquels les prêtres mêmes assistaient avec un tel zèle qu’ils en oubliaient leur service au temple. Trois ans après, Ménélas, membre de la puissante et riche famille des Tobiades, offrit à Antiochus pour le souverain pontificat une somme encore plus grande que Jason et supplanta celui-ci. Arrivé au pouvoir, Ménélas osa faire tuer Onias et faire main basse sur les vases précieux du temple ; en outre son frère qui le remplaça pendant son absence, commit des exactions à Jérusalem pour se procurer l’argent promis à Antiochus. Sur ces entrefaites, le bruit s’étant répandu qu’Antiochus était mort au cours d’une expédition en Egypte, les Hiérosolymites se soulevèrent contre Ménélas et Jason revint pour reprendre le poste perdu. Cependant Antiochus rentrait victorieusement d’Egypte ; il profita de son passage par la Terre sainte pour châtier la ville rebelle (17(1). Il mit à mort beaucoup d’habitants, pilla le temple et emporta surtout tous les objets de valeur du Saint des Saints.

Deux ans plus tard, à l’occasion d’une seconde expédition en Egypte, le roi se montra encore plus cruel envers les Juifs. Vaincu par les Romains, il voulut s’en dédommager sur les Juifs : Jérusalem connut à nouveau de terribles massacres et les morts furent remplacés par des étrangers. Pour empêcher toute résistance, les murs de la ville furent détruits et sur le mont Sion une forte acropole fut construite dans laquelle campa dorénavant une garnison syriaque. Allant plus loin, Antiochus défendit sous peine de mort l’exercice de la religion juive, en particulier l’observation du sabbat et la circoncision, et prescrivit des sacrifices en l’honneur des divinités païennes. Le 15 kislev (décembre » 168 eut lieu i I abomination de la désolation, » dont parle Daniel. XI, ’M : sur l’autel des holocaustes, un sacrifice fut offert à Zens Olympique. Le second livre des Macchabées raconte l’héroïsme

avec lequel les Juifs s’opposèrent à cette violation de leurs droits les plus sacrés : avec beaucoup d’autres, le nonagénaire Ëléazare, les sept frères Macchabées moururent martyrs.

De passive la résistance allait bientôt devenir active et une des luttes les plus héroïques de l’histoire religieuse s’engagea. Elle commença dans la petite ville de Modeïn. Un fonctionnaire syrien ayant ordonné un sacrifice païen, le prêtre Mathathias s’y refusa et lorsqu’un Juif apostat voulut sacrifier, il le tua ainsi que le fonctionnaire royal. Il s’enfuit alors avec ses cinq fils dans les montagnes. D’autres se réfugièrent dans le désert. Ces derniers furent découverts et attaqués un jour de sabbat. Pour ne pas violer la loi divine ils se laissèrent massacrer avec toutes leurs familles.

Mathathias réunit autour de lui tous les hommes qui étaient prêts à défendre leur religion, surtout un cercle de zélés, nommés hasidim = pieux. Ils parcoururent le pays, détruisant les autels païens et mettant à mort les Juifs infidèles.

Mathathias mourut bientôt (167-G6), Son fils aîné. Judas, se mit à la tête des insurgés. A cause de ses succès foudroyants on le surnomma Macchabée = Martel. Il remporta immédiatement deux brillantes victoires ; Antiochus envoya une très grande armée : Judas, dont les troupes s’étaient bien accrues, l’attaqua près d’Emmaiis et la battit complètement (16564). L’année suivante, une armée encore plus forte envahit la Terre sainte, elle fut également mise en déroute. Après ce succès. Judas put s’emparer de Jérusalem à l’exception de l’acropole ; il purifia le temple et érigea un nouvel autel des holocaustes. Le 15 kislev 165, le même jour où trois ans auparavant le premier sacrifice païen avait souillé le sanctuaire, celui-ci fut solennellement rendu au culte de Jahvé.

Judas entreprit ensuite plusieurs expéditions dans les pays voisins qui s’étaient montrés hostiles aux Juifs. Pour mieux protéger les coreligionnaires qui y demeuraient, surtout ceux de la Galilée et de la Transjordane, il les transplanta en Judée.

Les opérations contre les Juifs n’avaient pas été dirigées par Antiochus en personne, mais principalement par le régent Lysias. Le roi lui-même avait entrepris une campagne dans les paysjaude la de l’Euphrate : pendant le retour, il mourut dans une ville perse (164-63). Judas assiège lit alors la garnison de l’acropole. Celle-ci ainsi que le parti helléniste de Jérusalem demanda du secours à Antioche. Lysias qui était devenu le tuteur du jeune roi, Antiochus V Eupator, se mit à la tête d’une armée qui remporta cette fois une importante victoire sur les insurgés et mit le siège devant Jérusalem. Mais, à cause des troubles survenus en Syrie. Lysias dut retourner à Antioche. Avant son départ, il accorda aux Juifs le libre exercice de leur religion et fil encore tuer le grand prêtre Ménélas qui avait été la cause de tous ces troubles.

Le but de l’insurrection niacchabéenne était donc atteint. Cependant la paix ne se réalisa pas. Elle fut empêchée par le parti hellénophile de Jérusalem qui voulait s’emparer de nouveau du pouvoir que détenait Judas.

Entre temps, à Antioche, un changement de règne avait lieu. Démélrius revint de Rome et fit exécuter Antiochus Y et Lysias. Le Juif Alcinius de la famille aaronite pria le nouveau souverain de lui accorder le poste vacant de grand prêtre et demanda sa protection pour les hellénistes. Nommé pontife, il sévit aussitôt, avec le secours de troupes syriennes, contre les Juifs pieux, de sorte que Judas dut recommencer la lutte. Encouragé par deux victoires, remportées sur l’armée que le roi avait envoyée pour soutenir Alcinius. il résolut d’obtenir l’indépendance de