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judaïsme, littérature juive


davantage encore pour ce qui est de la Diaspora. .Mais, tandis que les auteurs de ces compositions canoniques restent fidèles aux doctrines de l’Ancien Testament, chez d’autres la pensée grecque ne laisse pas de prendre le dessus sur l’inspiration proprement juive. C’est déjà le cas pour l’auteur du IVe livre des Macchabées, mais plus encore pour Aristobule et Philon.

Aristobule est un philosophe péripatéticien qui a composé, paraît-il, pour Ptolémée VI (181-146) un commentaire midraschique de la Thora, en vue de prouver que les penseurs et les poètes de la Grèce se sont inspirés de Moïse. L’œuvre d’Aristobule ne s’est conservée qu’en fragments, dans Clément d’Alexandrie et dans Eusèbe, et la fixation de son acmé ne va pas non plus sans de graves difficultés.

Philon, sensiblement contemporain de Jésus-Christ, est le plus grand écrivain, et le plus’grand savant du judaïsme hellénique. Il a tenté de faire la synthèse de la religion mosaïque avec la philosophie grecque. Son œuvre, son action, son influence seront étudiées en détail à l’art. Philon. Signalons seulement ici les œuvres principales où se manifestent ses idées théologiques et philosophiques :

a) Quæstiones et solutiones in Genesim et in Exodum, courte explication en forme de catéchisme des deux premiers livres de la Thora.

b) Legum allegoriæ ou Commentaire allégorique des saintes lois, qui s’occupe, en seize écrits différents, des principales questions relatives à la Genèse.

c) L’exposition systématique des lois de Moïse, en sept traités.

d) Écrits spéciaux : sur Moïse, sur les Juifs, sur la Providence, etc. L’œuvre de Philon n’est pas seulement remarquable par l’élévation des idées mais encore par la composition et le stjle.

5. Écrits apologétiques.

Par leur religion monothéiste, les Juifs formaient dans le monde grécoromain un élément hétérogène qui se heurtait partout au paganisme. Pour cette raison, la majeure partie de la littérature judéo-hellénique accuse une tendance apologétique. Mais puisque les auteurs païens les attaquaient souvent dans leurs livres, que plusieurs même composaient dans ce but des écrits spéciaux, les Juifs se préoccupèrent de réfuter directement les accusations de leurs adversaires. De ces écrits deux seulement nous sont connus : un fragment de l’apologie de Philon sur les Juifs et le livre de Josèphe contre Apion.

6. Écrits de propagande sous forme païenne.

Il faut encore nommer une dernière classe de produits littéraires des Juifs helléniques, la plus curieuse de toutes.

Ce sont des compositions juives mises en circulation comme provenant d’auteurs païens. Elles leur servaient à faire avec plus d’autorité de la propagande juive sous le masque païen. Les principaux de ces pseudépigraphes sont les passages juifs des livres sibyllins sur le messianisme. Voir plus haut.

Sous le nom du Perse Hystaspe, les écrivains chrétiens, Justin, Clément d’Alexandrie, Lactance, connaissaient un écrit juif qui annonçait la venue du fils de Dieu et son règne sur terre.

Nous connaissons aussi une poésie gnomique de deux cent trente hexamètres, attribuée au poète gnomique Phocylide qui a vécu au vie siècle avant J.-C. à Milet.et une collection de sentences, semblable aux Proverbes, attribuée au poète attique Ménandre († 290 avant J.-C).

Dans les œuvres d’Eusèbe et de Clément d’Alexandrie, nous trouvons encore des vers, attribués aux grands poètes grecs comme Sophocle, Homère, Orphée, qui sont censés faire l’éloge des Juifs et de leurs institutions. Ces falsifications remontent en partie à Hécatée d’Abdère, Juif contemporain d’Alexandre le Grand, qui composa une œuvre sur Abraham. Dans la

même catégorie, il faut placer la lettre d’Aristée sur l’origine des Septante.

I. Textes.

Sources païennes.

Elles sont réunies

dans Th. Reinach, Textes d’auteurs grecs et romains relatifs au judaïsme, Paris, 1895.

Apocrij plies.

Les textes originaux, pour autant qu’ils

sont conservés, et les plus anciennes versions sont dispersées en de nombreuses publications ; on les trouvera rassemblées en traduction allemande dans E. Kautzsch, Die Apokryphen und Pseudepigraphen des Allen Testamentes, 2 vol., Tubingue, 1900, et encore mieux, en traduction anglaise, dans II. Charles, The Apocrypha and Pseudepigraplia of ihe OUI Testament, 2 vol., Oxford, 1913.

Littérature rabbinique.

1. Mischna siue tolius Hebreeorum

juris… syslema cum clarissimorum Rabbinorum Maimonidis et Bartenoracommentariis integris., .. latinitate donavit ac notis illuslravit Guil. Surenhusius, vol. in-fol., Amsterdam, 1698-1703 ; édition du texte vocalisé avec traduction allemande de J.-M..lost, Berlin, 1832-34, 6 vol.

— 2. Tosephhi : M. S. Zuckermandel, Tase/ta nach den Er/urter mut Wiener Handschriften mit Parallelstellenuml Varianten, Pasewalk, 1880 ; Lev. Friedlander, La Tosephta, livraison Seraïm, livraison Naschim, Presbourg, 1889 et 1890. — 3. Talmud palestinien, édition de Cracovie, 1609 ; M. Schwab, Le Talmud de Jérusalem traduit pour la première fois, Paris, 1878-1889, t. n-xi ; le premier volume, paru en 1871 sous un autre titre, a été réédité en 1890 sous le titre, Le Talmud de Jér., t. i. — 1. Talmud babylonien, La meilleure édition en est celle de Wilna, 1880-1886 en 25 vol. Il n’est pas encore traduit en entier ; trois traités entre autres sont traduits dans Cgolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, Venise, 1755-1765, t. xix et xxv. — 5. Midraschim : Mechil’a. .kriliscli bearbeilet von J.-H. Weiss, Vienne 1865 ; Sifra, Barajtha zum Leviticus, herausgegeben von J. H. Weiss, Vienne, 1865 ; Sifra… kerausgeqclen von M. Friedmann, Vienne, 1864. Une traduction latine de ces trois Midrasch se trouve dans Ugolini, op. cit., t. xiv et xv. — 6. I argum : Targum Onkelos, herausgegeben und erlâuterl von A. Ber-Jiner, t. i-ii, Berlin, 188-1 ; le Targum de Jonathan pour les prophètes est publié par P. de Lagarde, Prophétie Chaldaice, Leipzig, 1872.

Écrivains juifs.

La seule édition critique des œuvres

de Flavius Josèphe est celle de Niese : blavii Josci>hi opéra, 6 vol., Berlin, 1887-1894 ; R. Arnaukl d’Andilly a publié une traduction française, Paris, 1667-1668, qui fut rééditée par Buchon, Paris, 1894 ; une nouvelle traduction a été entreprise sous la direction de Théod. Reinach : Oùivres complètes de Flavius Josèphe, t. i, Antiquités Judaïques, livres I-IV, traduction de Julien Weill, Paris, 1 ! 00. — La publication principale des ouvrages de Philon est toujours celle de Thom. Mangey, Philonis Judœi opéra, 2 vol., Londres, 1742. Plus critique mais encore inachevée est celle de Léopold Cohn et P. Wendland, Philonis Alexandrin/ Opéra quæ supersunt, Berlin, 1896 sq., t. vi, en 1915. — Pour les autres auteurs judéo-hellénistes, voir les références dans W. von Christ, O. Stahlin et W. Schmid, Geschichte der griechischen Lilteratur, 6e édit., t. n a, Munich, 192<>, p. 535-662 (Die hellenisiisch-jùdische Liieratur).

IL Travaux. — 1° Pour l’ensemble de la littérature juive l’ouvrage capital est E. Schiirer, Geschichte des jiidischen Volkes im Zeitaller Jesu Christi, 3e édit., Leipzig, 1. 1, 1901, p. 31-161 : § 3, Quellen ; t. iii, 1898, p. 135-542 : § 32-34, Die palestinensisch-jiidische Liieratur, die hellenistisch-jiidischc Lit., Philo ; voir aussi J. l-’elten, Neulestamentliche Zeitgeschichte, Ratisbonne, 1910, t.i, p. 3-18 : Einleitung ; p. 524620 : Die jiidische Liieratur ; W. Bousset, Die Religion des Judentums im neuleslamenllichen Zeitalter, 2e édit., Berlin, 1906, p. 6-53 : Die Quellen.

2° Sur tes apocryphes, on trouvera l’essentiel dans E. Kautzsch, op. cit. ; H. Charles, op. cit. ; W. Bousset, Die jiidische Apocalyplik, Berlin, 1903 ; P. Volz, Jiidische Eschatologie ion Daniel bis Akiba, Tubingue, 1903, p. 4-54 : i’ebersicht iïber die eschalologische Litleratur von Daniel bis Akiba ; M. J. Lagrange, Le Messianisme chez les Juifs, Paris, 1909, p. 37-50 : généralités sur les apocalypses ; P. Batiffol, Apocalypses apocryphes, dans Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 757-767 ; Sibyllins (Oracles) : ibid., t., col. 1689-1694 ; Delaunay, Moines et Sibylles dans l’antiquité judéo-grecque, Paris, 1874.

3° Sur la littérature rabbinique consulter avant tout H. Strack, Einleitung in den Talmud und Midrasch, 5e édit., Munich, 1921 ; ensuite Zunz, Die gollesdiensUichen Vortràge