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judaïsme, littérature juive


suivis du texte sacré. Ils concernent le texte de la Thora aussi bien que celui des autres livres de sorte que les éléments haggadiques y sont mêlés aux éléments halachites. Dans les plus anciens Midraschim c’est-à-dire dans ceux qui remontent pour le fond au 11e siècle de notre ère, savoir Mechilta (sur l’Exode), Siphra (sur le Lévitique) et Siphré (sur les Nombres et le Deutéronome), les derniers prédominent. Les autres (Habboth, Pesikta, etc.) appartiennent aux siècles postérieurs et sont plus riches en matériaux haggadiques.

Le premier et le plus important desMidrasch est le livre apocryphe des Jubilés (voir ci-dessus).

b) Targums. — Us furent primitivement des traductions araméennes du texte hébreu, nécessitées par l’ignorance de la langue hébraïque. Toutefois la plupart d’entre eux ne sont pas des traductions littérales, mais bien des paraphrases midraschiques.

Les plus anciens sont le Targum d’Onkelos pour le Pentateuque, et celui de Jonathan pour les prophètes ; le fond primitif de ces versions remonte au I er siècle de l'ère chrétienne ; leur rédaction définitive appartient au ive siècle. Leur conception du texte biblique correspond plusieurs fois d’une façon étonnante à celle du Nouveau Testament, preuve qu’ils remontent pour le fond à l'époque apostolique.Ces deux Targums, surtout le premier, sont des versions assez exactes, tandis que tous les autres, en particulier ceux des Hagiographes sont des paraphrases très fantastiques. Ils sont beaucoup plus récents que ceux d’Onkelos et de Jonathan.

1° Littérature hellénique, ni canonique, ni apocryphe. — La plupart des œuvres juives mentionnées jusqu’ici appartiennent au judaïsme palestinien ou au moins hébreu. Depuis que, par suite de l’expédition d’Alexandre le Grand. l’Orient se trouva sous l’influence de l’hellénisme et que les Juifs se dispersèrent en Egypte, en Syrie et même en Europe, le judaïsme eut aussi une littérature hellénique. Nous en avons déjà rencontré deux spécimens parmi les livres inspirés : la Sagesse et le IIe livre des Macchabées et quatre parmi les apocryphes : le IIIe et IVe livre des Macchabées, le IIIe livre d’Esdras, la prière de Manassé. Ils sont loin d'être les seuls. Le travail littéraire de l’hellénisme juif est particulièrement riche et ramifié. Il tourne en premier lieu autour de la Bible, mais il s’est également emparé d’autres sujets.

1. Versions grecques des livres saints.

a) Les Septante. — La première œuvre de ce genre qui est en même temps la plus majestueuse et la plus importante est la traduction grecque, nommée version des Septante ; elle fut faite à Alexandrie entre 250 et 150 avant Jésus-Christ. C’est le premier exemple de traduction que connaisse l’histoire. Elle a fourni aux membres helléniques du judaïsme la base de leur culture religieuse et intellectuelle. Non seulement elle est devenue la Bible des Juifs de la Diaspora, niais c’est in cille version que l’Ancien Testament fut lu par l’Eglise pendant les premiers siècles.

Cette version est par surcroît une source importante pour la connaissance des idées religieuses à cette période du judaïsme. La manière dont bien des passages ont été traduits reflète les conceptions théologiques de cette époque.

b) Les versions d’Aquila et de Théodotion -- La Bible des Septante, d’abord si estimée des Juifs et employée par eux comme, moyen de propagande, fui depuis la destruction de Jérusalem et la dispersion du peuple de plus en plus détestée, à tel point qu’on la remplaça au ii c siècle de notre ère par trois nouvelles versions, celles d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion. La seconde n’appartient pas au judaïsme parce que son auteur fut ébionite et peut-être pour la même raison faut-i] exclure aussi la troisième.

C’est surtout la traduction d’Aquila qui supplanta celle des Septante. Elle est d’un littéralisme exagéré. Celle de Théodotion n’est en somme que le texte des Septante corrigé.

2. Œuvres historiques. — Le judaïsme hellénique a eu un grand intérêt pour l’histoire de sa nation. C’est pourquoi l’historiographie y fut très cultivée.

Par Alexandre Polyhistor (entre 50 et 40 avant J.-C.) nous connaissons pour les deux derniers siècles avant Jésus-Christ des fragments de cinq ouvrages sur les patriarches, Moïse et les rois israélites. Leurs auteurs (Démétrius, Eupolémos, Artapanus, Aristée, Cléodémus) répétaient et surtout embellissaient par des traits légendaires les récits bibliques.

Par le deuxième livre des Macchabées nous sommes renseignés sur une autre œuvre historique, celle de Jason de Cyrènc (vers 150 avant J.-C.) qui se composait de cinq volumes et contenait l’histoire contemporaine des guerres macchabéennes.

Le plus grand historien juif, un des plus grands de toute l’antiquité, est Flavius Josèphe, né en 37-38 après Jésus-Christ et mort peu après 100. De pharisien outrancier, grand ennemi des Romains, il devint le favori des empereurs et le partisan de l’hellénisme. Logé au palais impérial à Rome, il écrivit ses ouvrages sans lesquels l’histoire juive du siècle avant et du siècle après Jésus-Christ ne nous serait guère connue. Us sont au nombre de quatre.

a) Sur la guerre de Judée qui contient l’histoire juive à partir d’Antiochus Épiphane jusqu'à la destruction de Jérusalem, mais surtout celle de l’insurrection des années 60-73.

b) Les antiquités judaïques qui racontent l’histoire du peuple élu du commencement jusqu'à l’année C6.

c) L’autobiographie qui est surtout une apologie de l’attitude de l’auteur, pendant la guerre judaïque.

</) Contre Apion qui est une apologie du peuple juif.

Josèphe a écrit pour la gloire de sa nation et de sa personne, mais il ne voulait blesser en rien les Romains de sorte qu’il a embelli bien des faits et omis d’autres très importants ; il ne parle jamais du messianisme. Dans la première partie des Antiquités, il est souvent sous l’influence des conceptions rabbiniques, dans la seconde il a usé très arbitrairement de ses sources.

Au philosophe l’hilon on doit également deux ouvrages historiques, l’un sur la législation mosaïque qui est presque complètement conservé, l’autre sur les persécuteurs des Juifs de son temps dont seuls quelques fragments nous restent.

3. Œuvres poétiques. — Les Juifs helléniques ne se contentaient pas de raconter l’histoire de leur peuple en prose : il le firent aussi en vers. Par Alexandre Polyhistor et Eusèbe, Prseparatio evangelica, îx. 20, '2'- !. 24, 37, nous connaissons des fragments d’une épopée d’un certain Philon (à peu près du iie siècle avant J.-C.) sur Jérusalem, et de Théodotus (de la même époque) sur Siehem. Par les mêmes auteurs, cf. Prseparatio evangelica. îx, 28, 20, nous avons connaissance des œuvres dramatiques d’un poète Ézéchiel. Us nous ont conservé de copieux extraits d’un drame sur l’Exode. Clément d’Alexandrie. Strom.. I, xxiii, 155, le nomme le poète des tragédies juives. C’est ainsi que le judaïsme hellénique a créé des genres de poésies qui manquent complètement dans la littérature hébraïque.

I. Œuvres philosophiques, - Dans les compositions littéraires qui viennent d'être recensées, l’esprit grec n’a guère inspiré que la forme ; dans les œuvres philosophiques, qu’il nous reste à sij4nale1.il Inspire jusqu'à un certain point les idées. S’inflltranl plus ou moins profondément dans le peuple juif, la culture grecque met les intellectuels en contact avec les idées des grands philosophes de l’Ilellade. Déjà V Ecclésiaste en témoigne pour ce qui est de la Palestine, la Sagesse