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    1. JUDAÏSME##


JUDAÏSME, littérature juive

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des Israélites du royaume perse par sou intermédiaire. Le premier lut probablement composé à l’époque des Séleucides : la portée historique en est difficile à déterminer à cause de l’état défectueux du texte actuel. Le second, dont la date est incertaine, est surtout important par ses renseignements sur les croyances et les pratiques religieuses des derniers siècles avant Jésus-Christ : il dépasse, au point de vue de la composition, toutes les autres narrations de l’Ancien Testament. Le troisième donne des renseignements sur l’origine de la tête des l’urim et contient sûrement une histoire vraie, mais élargie dans un but parénétique.

Il y a lieu d’ajouter à ces sources bibliques de l’histoire juive les papyrus araméens découverts au commencement du xx° siècle à Assouan et à Éléphantine dont les derniers surtout ont jeté une lumière inattendue sur le judaïsme égyptien au i er siècle. (H.Sayce. Aramaic papy ri discovered ai Assuan, Londres, 1906 ; J. Euting, Notice sur un papyrus égypto-araméen de la bibliothèque impériale île Strasbourg, Paris, 1903 ; E. Sachau, Drei aramûische Papyrusurkunden « < ; s Eléphantine, Berlin, 1908 ; M. J. Lagrange, Les nouveaux papyrus d’Eléphantine, dans Revue biblique, 1908, p, 325 sq.

Littérature apocryphe.

A partir du iie siècle

avant Jésus-Christ, on voit surgir du sein du judaïsme, à côté des livres inspirés qui devenaient de plus en plus rares, une autre littérature, aussi riche que variée. Ces nouveaux produits de l’esprit judaïque sont si nombreux et parfois si remarquables qu’ils représentent une seconde floraison de la littérature Israélite. Ils témoignent de la vie intellectuelle intense du judaïsme tardif.

Cette littérature se compose de groupes très différents parmi lesquels il faut nommer en premier lieu les apocryphes. Ce sont des livres qui ressemblent pour le fond et pour la forme aux écrits canoniques, et ont été pour cette raison assez souvent regardés comme divins. Leurs auteurs ont imité les écrits inspirés et, pour donner plus de crédit à leurs productions les ont mises sous le nom de personnages célèbres de l’antiquité Israélite. Toutes ces œuvres sont donc des pseudépigraphes. Elles se divisent en trois catégories :

1. Légendes.

a) La Petite Genèse ou Livre des .Jubilés est le spécimen le plus remarquable et le plus ancien de ce genre. Cet écrit est un élargissement fantastique de l’histoire de la Genèse et de la première partie de l’Exode. Il fut composé en Palestine probablement du temps de Jean Hyrcan (13Ô-104) ; il est même très vraisemblable qu’il contient des éléments prémacchabéens.

b) Le martyre d’Isate raconte la persécution du grand prophète par le roi Manassé. A cette légende qui date d’avant Jésus-Christ, une main chrétienne a ajouté une vision d’Isaïe, de sorte qu’on nomme souvent l’ensemble Ascension d’Isaïe.

c) La lettre d’Aristée, composée antérieurement à 63 avant Jésus-Christ, raconte l’origine miraculeuse de la version des Septante.

</) Le IIIe livre d’Esdras est la traduction grecque d’un extrait des livres des Chroniques ainsi que d’Esdras et de Néhémie, probablement faite à la fin du deuxième siècle avant Jésus-Christ. Il n’a donc pas le caractère légendaire des autres écrits de ce groupe ; Cependant lui aussi est élargi par un récit fabuleux sur les trois pages de Darius parmi lesquels se trouva Zorobabel.

r) Le If Ie livre (1rs Macchabées contient un roman sur Ptolémée IV : celui-ci, après avoir voulu pénétrer dans le sanctuaire du temple de Jérusalem et après avoir été un grand ennemi des Juifs, devient leur ami

dévoué.

Ces cinq livres ne son ! que des témoins épars d’une

activité littéraire très florissante. Les litres conservés de quelques autres légendes et les apocryphes analogues, composés par des chrétiens, qui ne sont que des imitations d’écrits juifs, prouvent suffisamment combien ce genre était en vogue. La légende s’empara surtout d’Adam, d’Abraham et de Moïse.

2. Apocalypses.

Comme les légendes avaient pris soin d’embellir le passé en complétant les livres historiques, les apocalypses s’appliquèrent à transfigurer l’avenir et à préciser les prophéties anciennes. Fuyant la misère des temps présents, les visionnaires se réfugiaient en esprit vers le bonheur de l’époque messianique, vers les mystères de l’autre monde. Ils placent leurs révélations dans la bouche de ceux des anciens patriarches et prophètes (Hénoch, Moïse etc., ) qui semblaient être les plus capables de les donner."

Malgré leurs éléments fantastiques et leurs nombreuses obscurités, ces productions sont très importantes pour la connaissance de la théologie juive, en particulier du messianisme et de l’eschatologie. « Elles comblent la lacune littéraire qui s’étend entre l’Ancien et le Nouveau Testament, et, par les espérances si hautement messianiques qui sont leur caractéristique commune, elles sont comme une sorte de prolongement et d’épilogue des prophètes canoniques, en même temps que le prologue de l’Évangile. » P. Batiffol, Dictionnaire de la Bible, 1. 1, col. 757.

a) Livre d’Hénoch. — C’est un conglomérat d’écrits de date et de contenu très différent, tous attribués au patriarche Hénoch. Ses parties les plus anciennes sont les chapitres i-xxxvi et i.xxii-cv ; la première date probablement du temps prémæchabéen et nous renseigne sur la chute des anges, le jugement final et le monde de l’au-delà ; la seconde appartient plutôt à l’époque asmonéenne et le contenu en est très disparate ; il y a un traité astronomique, c. lxxii-i.xxxii, deux aperçus sur l’histoire du monde et des Israélites au point de vue messianique : une vision sur le déluge, c. lxxxiii-lxxxiv, et une vision sur les animaux et les soixante-dix bergers, nommée livre des Songes, c. lxxxv-xc, des exhortations et des malédictions en vue du sort de l’autre monde, c. xci-cv. Dans ce dernier groupe. les chapitres xcinet xa, 12-17. forment une partie à part nommée apocalypse des dix semaines.

Au milieu se trouve le Livre des Paraboles, c. xxxvhlxxi ; son contenu messianique et eschatologique est tout autre que ctlui des chapitres qui l’englobent. L’origine en est très discutée : nous nous rallions à l’opinion de ceux qui l’attribuent au temps d’Hérode le Grand (37-4 avant notre ère). Puisque ni la mort du Messie sur la croix, ni sa résurrection ne sont mentionnées, il nous semble que rien ne permet de regarder les passages sur le Fils de l’homme et sur l’Élu comme des interpolations chrétiennes.

Le livre d’Hénoch est la plus importante de toutes les apocalypses, parce qu’il « a contribué à propager l’attente du Messie, à vulgariser les concepts du jugement, de la géhenne, du royaume du ciel… à la veille de la venue du Sauveur. » F. Nau dans le Dictionnaire apologétique, t. i, col. 165.

On L’appelle souvent le livre éthiopien d’Hénoch pour le distinguer du livre slave d’Hénoch, recension beaucoup plus récente qui date du I er siècle chrétien ; celle-ci est assez indépendante du livre primitif el surtout originale pour l’eschatologie.

b) Ascension de Moïse. C’est un discours adressé par Moïse à Josué sur les destins futurs du peuple élu. Le livre a été composé peu après la mort d’Hérode.

C) Livre des Testaments des douze Patriarches. — Cette apocalypse est un élargissement du testament de Jacob, Gen., xux. Chacun des douze fils est mis en scène, raconte sa vie et fait des prophéties sur l’avenir de sa tribu. Ce n’est pas, comme on le suppose sou_