154 JOSEPHÏSME
JOSUÉ, LE LIVRE
1548
Pie VI, sa vie, son pontificat, Paris, 1907, 2 vol. ; L. Delplace, L’histoire <>< Joseph II ei d> lu révolution brabançonne. Bruges, 1890 ; A. Verhægen, L< cardinal de Franekenberg, archevêque de Matines, 1891 ; Dahlmann-Waitz, Quellen-Kmid, , 1, r deutsehen Gesehiehte, Leipzig, 1912, a. 1065O-10659. „..
G. MOLLAT,
JOSÉPHISTES ou JOSÉPINS, secte hérétique
du Moyen Age. - La célèbre decrétale Ad abolendam
portée au concile de Vérone, en 1184, par le
pape I.ucius III contre les sectes hérétiques, principalement
manichéennes et vaudoiscs, qui pullulaient
à la tin du xii a siècle dans le sud de la France, le sud
de l’Allemagne, le nord et le centre d’Italie signale
entre autre hétérodoxes dangereux des josépiiis (ou
joséphisles) qui prennent place entre les passagiens et
les arnaldistes. Imprimis ergo calharos et patarinos
et eos qui se humUialos pauperes de Lugduno falso
nomine mentiuntur, passaginos, josepinos, arnaldislas
perpeluo decernimus analhemati subjacere. Décret Greg.
IX, t. V, tit. vii, c. 9. — Ces sectaires ne sont pas faciles
à identifier. La place même qu’ils occupent dans rénumération
de Lucius III ne suffit pas à les déterminer.
Les passagiens, autant qu’on peut le conjecturer,
sont des chrétiens judaïsants ; les arnaldistes, ou
partisans d’Arnauld de Brescia, se rattachent aux
sectes anti-ecclésiastiques, plutôt qu’au néo-manichéisme.
Ce voisinage ne nous renseigne guère. L’inquisiteur
Rainier (Sacconi), ancien hérétique converti,
mort en 1258, caractérise les josépins en quelques mots
dans son traité Contra wuldenses (appelé aussi Summa
de catharis et leonistis et pauperibus de Lugduno),
qu’on trouvera dans la Maxima bibliotheca Palrum,
t. xxv : Item josephistæ (josepini) contrahunt matrimonium
spirituale et præter coitum omnes delectationes
exercent. Loc. cit., p. 272. Cela semblerait indiquer
que lesdits hérétiques participent aux erreurs cathares
ou manichéennes. Il paraît bien en effet que Rainier
leur prête le rejet du mariage (pour autant qu’il est
consommé) et leur attribue par ailleurs une doctrine
antinomislc, autorisant toutes les voluptés, même les
plus illicites, en dehors de l’acte conjugal. C’est au
moins ce qu’ont compris quelques hérésiologues, en
particulier l’abbé Pluquet dans le Dictionnaire des
hérésies. Il n’y a pas d’invraisemblance à prêter cette
idée a l’inquisiteur, qui n’y devait pas regarder de
très près. Il rapproche en effet par un item les joséphistes
en question des palerini qui dicunt inferiores
partes corporis a diabolo fadas et ideo flagitiose utuntur
eis, et des abenonilæ qui uxores ducunl, sednon utuntur
eis propter cunlinentiam. Mais, à supposer que ce soit
bien la pensée de Rainier, cette détermination des
joséphins correspond-elle à la réalité ? Rainier avait-il
sur les sectaires en question des renseignements
exacts ? Ce n’est pas bien sur, car les joséphistes
viennent ici en singulière compagnie avec les cataphrygiens
(c’est-à-dire les montanistes), ce qui a déjà
de quoi surprendre, les massiliens (qui sont certainement
les semi-pélagiens du Ve siècle), les priscillianisles
et les < irconceltions ( !). Visiblement l’inquisiteur
a voulu corser sa liste d’aberrations dogmatiques.
Son témoignage relatif aux joséphistes est bien maigre,
il n’est Même pas rassurant.
Les critiques modernes ont été plus exigeants ; à la recherche cftm Joseph qu’ils pussent donner comme éponyme aux sectaires visés par Lucius III, il ont fini par découvrir parmi les ascendants lointains du catharisnie médiéval un personnage remplissant les conditions désirées. Parmi les premiers fondateurs du panlicicmisme dans l’Arménie du vue siècle, figure un certain Joseph, qui se faisait appeler Kpaphrodite, el dont PhOthlS ei l’hypothétique Pierre de Sicile parlerai abondamment, (’.'est lui qui, au moment de la conquête di l’Arménie par les Arabes, aurait transporté à Antioche de Pisidie et les doctrines et la première communauté pauliciennes. Son souvenir a pu persévérer dans la secte, et quand celle-ci passa, pour des raisons que l’on étudiera ailleurs, d’Asie-Mineure en Thrace, puis en Bulgarie, et de là en Europe occidentale, on comprend que, dans certains cercles au moins, se soit conservé la mémoire de Joseph-Épaphrodite, qu’un culte plus ou moins discret lui ait été rendu, que certains partisans se soient prévalus de ses enseignements, et aient pris ou reçu le nom de Joséphites. Mais tout ceci reste dans le domaine de la conjecture et il est bien extraordinaire que le nom de Joseph-Épaphrodite, ce chef paulicien, si connu de Photius, ne se rencontre jamais dans les textes occidentaux.
Photius, Contra manichœos, t. I, c. xx, P. G., t. en, col. 57-58 ; Pierre de Sicile, Historia manichœorum, c. xxx sq., P. G., t. civ.col. 1286 sq. ; Rainier, Contra waldenses, dans Biblioth. max.Patrum, t. xxv, p. 262 ; Pluquet, 75f."d’onnaire des hérésies, édit. Migne, Paris, 1843 ; C. H. Hahn, Gesehiehte der Ketzer im Mittelalter, Stuttgart, 1845, t. i, p. 5051 ; Dôllinger, Beitràge zur Sektenf/eschichte des Mittelalters, Munich, 1890, t. i, p. 6 et 7 ; H. C. Lea, A history o/ the Inquisition in the Middle Ages, Londres, 1883, 1. 1, p. 88.
E. Amann.
JOSUÉ.- —
I. Le livre de Josué. —
II. Valeur
historique (col. 1557). —
III. Doctrines religieuses
(col. 1565). —
IV. La personne et l’œuvre de Josué
(col. 1570).
I. Le livre de Josué. —
1° Le nom. —
Le livre qui dans le canon juif des Écritures et dans le texte massorétique porte le titre de Yehôsûa’a été désigné par les traducteurs grecs du nom de’Iyjejoùç auquel on trouve quelquefois ajoutés les mots ulôç Naur] ; dans la Bible syriaque il est intitulé Livre de Josué fils de Noun, avec addition parfois de : disciple de Moïse ; dans la Vulgate il est appelé : Liber Josue.
Dans la Bible hébraïque il forme le premier livre de la seconde classe du canon juif, les Prophètes. La plupart des critiques modernes en font la sixième partie de l’Hexateuque qui comprend ainsi les six premiers livres de l’Ancien Testament. Quoi qu’il en soit de cette opinion, et malgré les nombreux points de contact, faciles à relever, entre les livres qui le précèdent et celui de Josué, ce dernier n’en constitue pas moins un ouvrage indépendant, classé par la tradition juive, dont nous avons déjà un écho dans le traducteur grec de l’Ecclésiastique, dans une catégorie toute différente. Une autre preuve de cette indépendance nous est encore fournie par le fait que la communauté samaritaine, lorsqu’elle se sépara des autorités religieuses de Jérusalem, n’emporta que le Pentateuque. Il existe bien chez les Samaritains un livre de Josué en arabe, « mais cet ouvrage, qui renferme des adjonctions fantaisistes et qui paraît dater du Moyen Age, n’a jamais été considéré comme sacré, ni révéré comme faisant autorité. Quant à un prétendu livre samaritain de Josué découvert et publié en 1908, il a été démontré que c’est une œuvre moderne, basée sur le texte massorétique, mais utilisant en outre le Josué arabe susmentionné, ainsi qu’une chronique samaritaine (en arabe) de date récente. » Lucien Gautier, Introduction à l’Ancien Testament, 2e édit., Lausanne, 1914, p. 217, note 1.
2° Contenu et division, —
Le titre du livre indique non l’auteur, mais le personnage principal dont il est question. Il ne s’agit pas toutefois d’une biographie complète de Josué, mais plutôt de l’histoire du peuple d’Israël sous la conduite de ce chef depuis la mort de Moïse jusqu’aux premiers temps qui suivirent la mort de Josué lui-même. C’est donc la suite de l’histoire des Hébreux racontée dans le Pentateuque et son complément indispensable. Le législateur d’Israël avait en