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JOSEPH PIIILAGRIOS — JOSEPHISME

1544

les persécutions subies par Anthime d’Athènes sont également de Joseph Philagrès, qui était le procureur (Sixoàoç) du prélat. On a encore quatre petits discours de lui dans le codex 28, ꝟ. 202-232, du monastère d’Agias, dans l’île d’Andros.

Voir la description de YAngelicus 30 dans Muccio et Pio Franchi, Index codicum grsecorum bibliothecæ tingeliew, l~orence-Kome, 1896, p. 64-76.

f L. Petit.

    1. JOSÉ PHI S ME##


JOSÉ PHI S ME. — On désigne sous ce nom le système politico-religieux essayé par l’empereur d’Allemagne Joseph II (1765-1790). Le joséphisme n’est à tout prendre qu’une des formes de ce qu’on est convenu d’appeler le gallicanisme politique. Voir t. vi, col. 1124 sq. Il ne diffère du gallicanisme des parlementaires français que par une minutieuse application à faire passer dans le domaine de la pratique des idées que les légistes gallicans étudiaient surtout en théorie. Le joséphisme est donc plutôt intéressant pour l’historien que pour le théologien. Il suffira d’en étudier ici très brièvement : LLesorigines.il. Les idées. III. Les applications. IV. Le conflit que la mise en pratique du système amena avec Rome.

I. Origines. — Les origines du joséphisme sont assez complexes. Il faut, en premier lieu, l’envisager comme une conséquence indirecte de la paix d’Augsbourg, en vertu de laquelle les princes déterminaient la foi de leurs sujets. S’autorisant des droits qu’on leur attribuait, ces mêmes princes s’adjugèrent, par voie de conséquence lointaine, le pouvoir de régler le fonctionnement des confessions qui existaient dans l’étendue de leurs États. Lesphilosophes, d’autre part, les avaient engagés à innover. Jean-Jacques Rousseau, dans son Contrat social, n’avait-il pas exposé la thèse que, tous les organismes religieux faisant partie intégrante de l’État, celui-ci avait le droit de légiférer à leur propos ? Voltaire n’avait-il pas aussi proclamé l’utilité sociale du curé ?

Cependant, si le joséphisme est né des doctrines philosophiques prônées au xvme siècle en Europe, il plonge plus profondément ses racines dans les doctrines professées par le janséniste Van Espen (voir ce nom) et par Nicolas de Hontheim, célèbre sous le nom de Fébronius(voir t. v, col. 2115), qui tendaient à limiter le pouvoir pontifical au profit des évêques et de l’Étal.

A la vérité, l’empereur Joseph II n’eût peut-être pas institué le système de gouvernement politicoreligieux auquel il doit sa triste célébrité, s’il n’avait obéi aux suggestions de trois personnages : le baron de Heinke, Kaunitz, Cobenzl, tous férus d’idées rationalistes. Ces trois conseillers seront les véritables créateurs du joséphisme. Joseph II n’aura qu’à appliquer ce que leurs cerveaux auront imaginé.

II. Idées piuncipai.es. — Joseph II, qui passe à juste titre pour un persécuteur de l’Église, poursuivait pourtant un noble but. Il se proposait la réforme des abus incontestables et incontestés qui sévissaient parmi le clergé. Il voulait l’épuration de la doctrine et des pratiques de piété. Mais ce bel idéal se trouva gâté par des théories dangereuses. L’État, d’après lui et ses conseillers, a seul la charge de procurer le bien moral et matériel des sujets. L’Église n’est qu’un des nombreux fadeurs qui l’aideront dans l’accomplissement de sa tâche. Par suite, si le prince juge que les institutions ou les prescriptions ecclésiastiques s’opposent au bon fonctionnement de l’État, il les peut supprimer ou modifier ; si les biens d’Église lui sont nécessaires, il eu disposera au gré des intérêts nationaux. Le prêtre, suivant Joseph II, exerce moins une toi ic i ion sacrée qu’un ministère social, c’est avant tout un éducateur populaire. Il entretient, par surcroît, les bonnes mœurs qui concourent efficacement à la pros périté d’un pays. Pour que les services qu’il rend soient plus profitables, l’État le disciplinera à sa façon et lui imposera des règlements de vie spéciaux, adaptés au rôle qu’il devra jouer dans la société.

Pas n’est besoin de consulter le Saint-Siège dans la réalisation des réformes projetées. Le gouvernement doit sauvegarder ses propres droits. Il a mission de restreindre l’intervention de Rome en matière spirituelle. Le pouvoir pontifical professe des théories surannées, voire pernicieuses, celle, par exemple, de la supériorité du spirituel sur le temporel. De plus, il draine hors du royaume l’or des fidèles et des clercs. L’obéissance qu’il réclame des évêques et des ordres monastiques constitue un danger pour l’État et annihile parfois son autorité. La volonté du prince doit être souveraine, même en matière ecclésiastique. C’est ainsi que l’État peut supprimer, de son propre chef, des couvents, créer des paroisses, remanier les circonscriptions des diocèses, nommer curés et évêques.

III. Applications.

Conformément à ce programme, qu’il développe dans sa correspondance ou que l’on trouve exposé dans les mémoires et les lettres que lui adressent ses conseillers, Joseph II agit avec un remarquable esprit de suite pour constituer une Église autrichienne, délivrée de la plupart des liens qui la rattachaient à Rome.

Les séminaires généraux.

Il érigea des séminaires

généraux à Vienne, à Pest, à Pavie, à Fribourg et à Louvain, et quelques maisons à Graz, à Olmutz, à Prague, à Inspruck, à Luxembourg. Les réguliers aussi bien que les séculiers étaient obligés de les fréquenter. Ils y recevaient un enseignement élaboré par le bénédictin Rautenstrauch, à l’instigation de l’État. Les idées, émises dans les manuels de droit canonique par Riegger, Eybel, Péhem, étaient exposées aux jeunes clercs. Elles tendaient à exagérer les droits de l’État au détriment de ceux de l’Église. Eybel avait porté les prétentions de l’État jusqu’au paroxysme, en attribuant au prince la compétence en matières matrimoniales.

Rautenstrauch introduisit des réformes plus sensées dans les études théologiques. Il mit en vogue la patristique et la théologie pastorale. Par contre, il afficha un dédain méprisant pour la scolastique et répandit, à mots couverts, le fébronianisme. Quant à l’enseignement de l’histoire, il se faisait à l’aide de manuels

« d’inspiration protestante. » 

A leur sortie des séminaires généraux, les jeunes clercs ne pouvaient séjourner que six mois dans les séminaires épiscopaux ; après quoi, ils recevaient les saints ordres.

Les séminaires généraux n’eurent pas longue vie. A Louvain, Joseph II ne parvint pas à en établir un. Quant à ceux qui furent érigés dans le reste de l’Empire, Léopold II (1790-1792) se vit contraint de les supprimer.

Les dispenses matrimoniales.

Le 4 septembre

1781, une loi interdit à tout autrichien de solliciter, soit de Rome soit de la nonciature, les dispenses matrimoniales nécessaires en cas d’empêchements canoniques. 11 fallait s’adresser uniquement à l’ordinaire du lieu, qui possédait le pouvoir de dispenser originairement.

« Sa Majesté, prétendait Kaunitz le

21 décembre, connaît les anciens droits des évêques ; en voulant les leur restituer, elle sert la cause de la religion. » Il ajoutait que les mesures impériales étaient

« purement disciplinaires et que, par conséquent,

elles étaient du ressort de la souveraineté temporelle. » Billet du nonce Garampi à Kaunitz cité par J. Gendry dans Uci’iic des questions historiques, t. i„v, 1894, p. 402. I.e 28 niai" ; 1782, Cobenzl écrivait : « Le mariage étant un objet prin lipalement civil et accessoirement ( !)