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JOSEPH DU SAINT-ESPRIT

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9 JOSEPH DU SAINT-ESPRIT, canne dé chaussé portugais, i h< ologù a m stique (1609-1674). — Il naquit le 26 décembre 1609àBraga, en Portugal, de paxents nobles ; le 30 mai K132, à vingt-trois ans, il prit l’habit et prononça ses vœux au couvent de Lisbonne. Son ardeur pour la pratique de la vertu et pour l’étude était infatigable ; il s’appliqua de préférence à l’étude de la théologie mystique ; grac à ses études et à la sainteté de sa vie, il lui fut donné d’en pénétrer les secrets, comme ses ouvrages en font foi. Doué d’un admirable discernement des esprits, il conduisit à une haute sainteté les nombreuses personnes qui recouraient à ses conseils. Prédicateur éminent, il recueillit les plus chaleureux applaudissements et il eut la joie de ramener beaucoup d’âmes à Dieu. Malgré tous ses talents et ses succès, il était d’une humilité rare et il aimait passionnément la solitude. Il fallut un précepte formel d’obéissance pour le iorcer à accepter la charge de prieur à Cascæs et plus tard à Braga et à Bahia. Mais le roi, désirant l’élever à la dignité épiscopale, ne réussit pas à vaincre sa résistance. Le 21 novembre 1051, il fonda à Braga, sa ville natale, le couvent de Notre-Dame du Mont-Carmcl, dont il fut le premier vicaire et le premier prieur ; puis il entreprit et acheva la fondation de Bahia. Plein de mérites, le saint religieux mourut au couvent de Saint-Hcrménegilde, à Madrid, le 27 janvier 1674, âgé de soixante-cinq ans. Il laissa après lui un grand exemple de sagesse et de vertu.

Il a écrit : 1° Cadena mystica carmelilana de los auctores carmelilas descalzos, por quien se ha renovado en nuestro siglo la doctrina de la theologia mystica… Adornada con la doctrina del Doclor Angelico… Formada en metodo de las colaciones espirituales dcl carmelo heremilico… Madrid, 1078, in fol., xxv, 396 p. L’auteur se propose de donner un exposé clair et succinct de ce que les auteurs mystiques carmes déchaussés ont enseigné sur diverses questions mystiques. 11 y adopte la forme des conférences spirituelles qui se tiennent, dans les saints déserts de l’ordre, tous les quinze jours et aux fêtes principales de l’année. La première conférence comprend 40 propositions ; chaque proposition est divisée en plusieurs réponses, où est exposée la doctrine des divers auteurs carmes déchaussés ; la proposition se termine par une conclusion, où l’auteur expose son propre sentiment. L’œuvre est demeurée incomplète ; en effet, dans le prologue l’auteur promet de donner plusieurs conférences ; cependant la Cadena mystica n’en donne que la première « où l’on traite de ce qu’est la théologie mystique, quels sont ses termes, son nom, sa rature, ses propriétés, les dispositions et les actes qui la précèdent, raccompagnent et la suivent, t Notons une particularité qui donne’à cet ouvrage une importance exceptionnelle : au commencement du livre, Joseph donne une liste des auteurs carmes déchaussés, dont il invoque l’autorité <t cite les ouvrages ; or beaucoup de ces ouvrages sont restés inédits, plusieurs même son perdus, peut-être sans retour.

2° Lnucleatio Mystica Théologies S. Dionysii Arcopagitæ, episcqpi et martyris, per quiestiones et resolutiones scholastico myslicas, iam in librum, guem inscripsit de Mystica Theologia, guam in diuersas alias sententias illam concernentes, ex reliquis ejusdem s. I unions superstitibus libris sednlo depromptas, atquc in duas parles dil’isa, Cologne, 1684, in loi. (’.cl ouvrage csl désigné sous le nom de Theologia mystica par

Joseph de Sainte-Thérèse, Martial de Saint-Jean-Baptiste, Cosme de Villiers et Barthélémy de Saint-An ^-. Jl <st écrit en latin ; l’attestation de Joseph de Sa in i( —’l l en se est foi me Ile : « il envoya en Allemagne un livre lai iii, Theologia mystica, afin que le I’. Paul de 1 OUS les Saints le publiât. » Aussi le P. Paul ne dit

pas qu’il l’a traduit du portugais ou de l’espagnol en latin : « Il m’a semblé bon d’ajouter à la fin de ce deuxième tome l’autre (volume du P. Joseph du Saint-Esprit ) ayant pour titre Lnucleatio Mysticæ Theologise S. Dionysii Areopagitie, tombé sous mes mains par une singulière disposition de la Providence ; je m’y décide alin de satisfaire le lecteur avide d’une connaissance plus parfaite de ces divines et sublimas matières, et de crainte que, par la mort de l’auteur, cet insigne travail, comme il arrive souvent, ne se perde. » L’Enucleatio fut donc placée à la tin du tome n des œuvres du vénérable Thomas de Jésus, p. 455-002 ; elle comprend deux parties : la l re est un savant et magnifique commentaire sur la Théologie mystique du ps udo-Denis ; la 2e est une suite de commentaires sur les documents mystiques se trouvant épars dans les autres écrits du même Denis ; l’auteur, ayant cité le document de Denis, y joint un commentaire emprunté à quelque écrivain mystique, surtout à saint Thomas d’Aquin, puis il renvoie à tel endroit de ses propres ouvrages où il traite de la même matière. L’ouvrage se termine par un appendice de doutes et de réponses mystiques, où l’auteur, après un aperçu général de la vie chrétienne et de la vie religieuse, en particulier de la vie carmclitaine, traite des trois voies : purgative, illuminative et unitive. Lne traduction française de ce livre paraîtra prochainement

3° Primera parle del camino espiritual de orucion y contemplacion. Donde se trala de lo que deve hazer et que quisiere tener oracion : desde et principio de, su conversion hasta llegar a la fin de la perfeccion, reparlido en 1res tratados, inédit, se trouve à la Bibliothèque nationale de Madrid, ms. 6533, in-4°, 293 p. Ce manuscrit est sans nom d’auteur ; mais au verso du lolio précédant le titre de l’ouvrage, une main étrangère écrivit (écritur<. de la fin du XVIIe siècle) en espagnol :

« L’auteur de ce livre est le très révérend P. Joseph

du Saint-Esprit, portugais, qui écrivit aussi la Cadena mislica Carmelilana, publiée à Madrid, en 1678 ; ce ms. n’a jamais été imprimé. » Puis en bas du titre on lit, de la même écriture que la note précédente :

« Écrit par le très révérend P. Joseph du Saint-Esprit,

carme déchaussé portugais. » Ce livre ascético-mystique i st fort remarquable ; il compte trois parties ou traités : 1. de 1 oraison et de ses parties ; 2. des trois voies : purgative, illuminative et unitive ; 3. subdivisé en 2 parties, « ) de la contemplation, de ses degrés et de ses espèces : b) du mode de contemplation le plus parlait et le pius propre au progrès de chacun.

4° Cuestiones mysticas. De ce que Joseph du Saint-Esprit dit lui-même dans sa Cadena mystica, prop. 32, resp. 4, p. 280, et de l’avis placé à la fin de la Cadena mystica proprement dite, p. 373, par celui qui procura l’édition de cette œuvre posthume, on est en droit de conclure que l’auteur se proposail de classer les Cuestiones myslicas à la fin de la Cadena mystica, qu’il les a composées de fait, mais n’a pu y mettre la dernière main ; ainsi elles restèrent impropres à la publication, a l’exception des deux exposées à. la fin de la Cadena mi/xlic(i.>.3T3-396. En voici la traduction : « l re prop. : Doit-on approuver le propos séraphique de faire toujours ce qu’il y a de plus parlait et de plus conforme à la volonté de Dieu, ou serait-il plus sûr de ne pas le faire >l de ne pas désirer le faire ? — 2e prop. :

Convient-il d’ajouter le vœu au propos séraphique ? En quelle Forme, avec quelles conditions et en quels sujets doit on l’approuver ou le réprouver ? » L’avis de Joseph du Saint Esprit peut se résumer comme suit : le vo u séraphique, i rès louable en soi. peut être permis, pourvu qu’il se lasse avec l’autorisation expresse du supérieur et d un confesseur docte et prudent, et que la personne soit bien avancée dans le chemin de la perfection et ne soil aucunement sujette aux scrupules.