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LATRAN (Ve CONCILE ŒCUMÉNIQUE DU ;


concordat français et l’abrogation de la Pragmatique. On régla que nul ne pourrait prêcher sans avoir été agréé par l’autorité ecclésiastique et l’on signala des abus à supprimer. Une constitution réglementa les privilèges des religieux. Qu’un sermon n’ait pas été prononcé à la séance — ce serait la seule — ou qu’il se classe parmi les pièces quæ, casu amissa, reperiri non potuerunt, comme le fait observer le cardinal del Monte chargé de la publication officielle du concile, Labbe, col. 3, les Actes ne mentionnent pas de discours.

Le 27 février 1517, Léon X, ex certis rationabilibus et legitimis causis, Labbe, col. 320, renvoya du 2 au 16 mars la xiie session. Il songeait à clore le concile. La manière dont l’empereur demandait qu’on le poursuivît, la crainte d’une immixtion intempestive de sa part dans les affaires de l’ÉgliseJdécidèrent le pape à prendre ce parti, à rencontre des résistances qu’il trouva dans le consistoire et dans une congrégation des prélats, du 13 mars. La xiie session fut la dernière. Carvajal célébra la messe. Un discours sonore et assez mal venu fut prononcé par Maxime Corvino, évêque d’Isernia, à la gloire du concile. Une lettre de Jean-François Pic de la Mirandole sur la réforme des mœurs, adressée au pape et au concile, dut parvenir à Léon X vers le 16 mars ; elle n’a pas été insérée dans les Actes. Mais on y trouve la lettre fanfaronne et papelarde de l’empereur Maximilien, qui pose en mentor de la papauté, en foudre de guerre contre les Turcs, en chrétien fervent et prêt au martyre. Après une constitution contre l’envahissement des maisons des cardinaux pendant la vacance du Saint-Siège, il y eut une constitution sur les décimes imposés pendant trois ans pour la guerre turque et sur la clôture du concile. Car, disait Léon X, le concile a rempli ses missions, causis propter quas indictum fuerat juxta votum terminatis : l’empereur, le roi très chrétien et les autres rois et princes ont adhéré au concile et rejeté le conciliabule de Pise, d’où extinction du schisme, union dans l’Église ; les mœurs ont été réformées quantum expedire visum fuit ; diverses causes’intéressant la foi catholique sont terminées, les matières présentées aux trois commissions épuisées, sans compter que les évêques sont absents depuis un temps fort long de leurs diocèses prseter sacrorum conciliorum consuetudinem, cum eorum et ecclesiarum suarum incommodo. Seule regum et principum pax et animorum concordia restare videbatur. Le pape a travaillé, par ses lettres, par ses nonces, à établir cette paix, cette concorde, surtout à cause du péril turc ; il y a réussi, à telles enseignes ut fere inter omnes pax conclusa fuerit et, si quid superest propediem componendum, ipso Deo favente, speretur. Grands motifs de joie ! Reste à organiser la croisade nécessaire et à faire observer ce qui a été décrété dans le concile. Le pape potiori pro cautela approuve et renouvelle ses décrets, défend de les gloser ou interpréter sans une licence spéciale du Saint-Siège et prescrit leur inviolable exécution. Enfin il permet aux prélats de s’en retourner chez eux et leur accorde, et à leurs familiers, une indulgence plénière une fois pendant leur vie et à l’article de la mort. Labbe, col. 332-336.

II. Œcuménicité. — Jules II en réunissant, Léon X en reprenant et terminant le concile de 1512-1517, avaient entendu célébrer un concile œcuménique. Cf. Labbe, col. 30, 130, 332. Pendant toute la durée du concile, les Pères virent un concile œcuménique dans leur assemblée. Sans doute le nombre des évêques présents fut au-dessous de l’attente. A plus d’une reprise, le concile s’en plaignit. Paucis vel nullis eorum qui ad concilium exspectantur supervenientibus, disait, par exemple, l’orateur de la m 8 session. Labbe, col. 90. A la ive session, quelqu’un réclama contre les absents un décret de citation ; Jules II ne répondit rien, aimant

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

mieux patienter, lui dont la patience n’était pas le trait dominant. Labbe, col. 103. En l’absence de Jules II, à la v » session, le procureur fiscal requit et obtint du président la citation des absents devant les portes du concile et proposa de les frapper de censures et d’autres peines ; on décida qu’il y avait lieu à plus amples informations. Labbe, col. 121. Léon X multiplia les instances, tout en usant de délais en vue et dans l’espoir d’arrivées plus nombreuses. Labbe, col. 139, 140, 230, 258. Le résultat fut modeste. Il n’y eut jamais que de 100 à 150 Pères au concile, la plupart italiens. Le maître des cérémonies pontificales, Paris de Grassis, Diarium, dans Raynaldi, Annal., an. 1513, n. 85, compta, le 19 décembre 1513, à la vme session, 122 mitres, plus le pape et 24 ou 25 cardinaux. Ce fut là le chiffre maximum des présences. C’était peu. Il ne semble pas que, sur le moment, l’œcuménicité du concile en ait paru compromise.

Mais le concile fit des mécontents. L’abrogation de la Pragmatique, la condamnation du concile de Bâle et de la théorie conciliaire déplurent en France. Allemands et Anglais accueillirent mal les demandes d’argent pour la croisade. Dès lors, l’œcuménicité du concile du Latran eut d’ardents contradicteurs. On en appela du « conciliabule romain » au concile général.

Ces attaques impressionnèrent les défenseurs de l’autorité du pape. Bellarmin, De conciliis, t. II, c. iixv dans Controv., Paris, 1620, t. ii, col. 97, à l’objection que le Ve concile du Latran n’avait pas été œcuménique, se bornait à répondre : non fuisse générale vix dici potest, ce qui était une manière, mais adoucie, de l’affirmer œcuménique ; à propos du décret sur les conciles non supérieurs au pape, c. viii, col. 89, il disait : De concilio Laleranensi, quod expressissime rem definivit nonnulli dubilant an fuerit vere générale ; ideo usque ad hanc diem quæstio superest etiam inter catholicos. A. Duval, De suprema romani pontificis in Ecclesiam potestate, part. IV, q. vi, Paris, 1614, p. 549550, expose quatre opinions sur ce décret, dont la première écarte l’œcuménicité cum ei vix centum episcopi interfuerint (Bellarmin avait dit, col. 97 : fuerunt episcopi paucissimi, nam ad centum non pervenerunt) ; il ne taxe aucune d’elles d’hérésie, d’erreur ou de témérité, et se contente d’ajouter, q. xii, p. 63, que le concile juxta melioris notée doctores œcumenicum fuit. Cf. dans L. Bail, Summa conciliorum omnium, Paris, 1672, 1. 1, p.’616, les textes de Cajétan, Bannez et Suarez, sur la non-réception des censures du concile.

Si les plus fermes soutiens du pouvoir du pape en étaient là, on n’est pas surpris qu’un Bossuet rejette l’œcuménicité. Il ne le fait pas en propres termes, mais équivalemment. Dans la Defensio declarationis cleri gallicani, p. II, t. VI, c. xviii, il dit que, si l’on compare l’autorité des conciles de Constance et du Latran, vix quisquam negaverit Laleranensi synodo Conslanliensem, ut rerum gestarum gloria atque episcoporum magnorumque virorum numéro et claritudine, sic etiam auctoritate esse poliorem, et il relève les affirmations timides de Bellarmin sur la valeur du second de ces conciles. Il y revient, dans Y Appendix, t. I, c. viii : sed jam œcumenicum fuisse, ipso Bellarmino teste, non constat, où il tire encore argument de ce que dans l’édition romaine des Conc. gênerai. Ecclesise catholicæ, au commencement du t. iv quo cœlera concilia generalia recensentur, hoc Laterancnse concilium extra lineam ac reliquorum ordinem alio caractère sit posilum. Un coup d’œil sur cette table des matières permet de se rendre compte que le Ve concile du Latran y avait été oublié et que, pour ne pas réimprimer la page, on a tracé entre Florentinum et Tridentinum une ligne, que suivent les mots : Laleranen sub Julio II et Leone X en caractères plus fins, faute de place pour les gros caractères. Ellies du Pin a, pour se défaire de l’œcuménicité du

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