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LATRAN (I «  « CONCILE ŒCUMÉNIQUE DU]

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Renaissance. Jules II, Paris, 1898, p. 323-325. Tant d’avances ne furent pas faites à ce « barbare » en pure perte. A la me session du concile, le 3 décembre, après le sermon d’usage, prononcé par Alexis, évêque de Melfi, parut à l’ambon Fedra Inghirami, bibliothécaire de Jules II et secrétaire du synode œcuménique ; il donna lecture d’une lettre par laquelle l’empereur adhérait au concile et condamnait le conciliabule arrangé par la France à Tours, l’année précédente, et révoquait ce qu’il avait pu faire, si qua a nobis emanaverunt, en faveur du conciliabule de Pise. Labbe, col. 80-81. Matthieu Lang, en habits civils, se leva ensuite pour amplifier sur la palinodie de son auguste maître. L’elïet fut immense. « C’était, dit.1. Klaczko, p. 325, la victoire la plus éclatante que la papauté eût remportée depuis les temps d’Innocent III. » La formule est excessive ; c’était, du moins, une réussite triomphale. Une fois de plus Jules II déclara nuls les actes du conciliabule de Pise-Milan-Lyon. Ce n’est pas tout : il mit la I’rance en interdit.

La ive session (10 décembre) ouvrit la campagne contre la Pragmatique sanction de Bourges ; ses partisans lurent cités devant le concile. L’orateur du jour, Christophe Marullo, de Venise, notaire apostolique, traita de ofjicio principis, quo suam recte ciuitatem componat, regat, instituât, Labbe, col. 103. Ce fut un panégyrique sans mesure de Jules II : tu enim pastor, tu medicus, tu yubernator, lu cultor, tu denique aller Deus in terris, col. 109. Phrase oratoire, d’inspiration biblique, qu’il ne laudrait pas prendre à la lettre, mais qui tout de même montre jusqu’où s’élevait l’enthousiasme !


Jules n’assista pas à la ve session (16 février 1513). La maladie, qui le minait dès longtemps et qu’il ne surmontait que par un prodige d’énergie, finit par être la plus forte. La session se tint au jour indiqué. L’orateur fut Jean-Marie del Monte, archevêque de Siponto. On lut deux bulles. La première renouvelait et confirmait la bulle contre la simonie dans l’élection des papes. Dans l’autre, le pape, espérant de la clémence divine le retour à la santé, fixait au 11 avril la session prochaine ; il comptait y reprendre et terminer la question du schisme. L’espoir de Jules II ne se réalisa point. Il mourut dans la nuit du 20 au 21 lévrier 1513.

Le concile de Lalran sous Léon X.

Léon X lui

succédait le 11 mars. Le 10 avril, il prorogeait la vi c session du concile au 27 avril, le 11 avril devant être le jour de sa prise de possession solennelle du Latran ; le nouveau pape disait qu’il avait désiré le concile œcuménique etiam lune in minoribus constitua et que, pape, il voulait le conduire usque ad illius debitum fmem et complementum. Labbe, col. 130, cf. 139.

A la vie session (27 avril), Simon Begni, évêque de Modruscha (Croatie), parla du danger turc et de la réforme de l’Église. Léon X affirma son dessein de prolonger le concile usque ad per/ectionem causarurn propter quus indictum extitit. Labbe, col. 139.

Le 14 mai eut lieu, dans Yaula concilii du Latran, une réunion composée de 3 cardinaux et de 87 patriarches, archevêques et évêques ; sequendo ordineni et modum aliorum conciliorum et vu la difficulté, pour traiter chaque affaire, de grouper tous les prélats du concile, elle élut vingt-quatre prélats qui, avec les cardinaux, prépareraient, « levant le pape, ce qu’il y aurait à proposer dans les sessions conciliaires. Labbe, col. 141. Le 3 juin, ces prélats se constituèrent on trois commissions, chargées l’une du rétablissement de la paix et de la destruction du schisme, la deuxième de la réforme de 1 curie, la troisième de la Pragmatique et des choses de la foi.

I.a vu session, d’abord fixée au 23 mai puis au 17 juin, n’avança guère la besogne. 1’.ail haLar del Rio,

protonotaire apostolique, fit un discours qui ne brille point par la simplicité et où, pour ne rien dire du reste, il mentionnait une prophétie musulmane d’après laquelle, secundum astrorum perilos, leur secte devait bientôt finir. Labbe, col. 169. Le secrétaire lut une cédule de rétractation des cardinaux Carvajal et Sanseverino ; quelques jours après, ils étaient accueillis miséricordieusement par Léon X en consistoire privé et, rétablis dans leur dignité cardinalice, ils purent ligurer au concile à leur rang. Peu à peu les autres schismatiques imitèrent leur exemple. En terminant la viie session, Léon annonça que la suivante était renvoyée au 16 novembre. Il s’expliqua sur ce délai dans un langage dont le ton irénique tranche sur les véhémences de Jules II. L’intervalle ne fut pas perdu : les commissions, stimulées par le pape, achevèrent leurs travaux.

Du 16 novembre la vin session avait été prorogée au 16 puis au 19 décembre. Elle fut très importante. Louis XII, non sans peine, consentit enfin à y donner, par ses ambassadeurs, son adhésion au concile et à renier le conciliabule de Pise ; il demandait un délai pour présenter ses vues relativement à la Pragmatique. Un décret condamna les erreurs de la fausse philosophie. Une constitution traita du rétablissement de la paix parmi les chrétiens, de la croisade et du retour des Tchèques à l’Église. Une ordonnance sur la réforme de la curie clôtura la session. L’orateur avait été Jean-Baptiste Gargha, de Sienne, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, qui prêcha, ainsi qu’il convenait à son caractère, sur « l’armée du Christ », dont le pape était le général en chef : « c’est la méditation des Deux Étendards presque en propres termes », dit dom Leclercq, Histoire des conciles, Paris, 1917, t. vin a, p. 415, note. Labbe, col. 197-202.

La ixe session fut retardée jusqu’au 5 mai 1514, par suite d’un désaccord, entre les cardinaux et les évêques, qui avait entravé l’œuvre des commissions. Antoine Pucci, clerc de la chambre apostolique, y prononça un discours vigoureux sur la réforme. Mieux encore, il y eut la promulgation d’une bulle très nette, quoique insuffisamment compréhensive, contre les abus des laïques, des clercs, de la curie.

La vieille querelle des évêques et des réguliers déchaînée en tempête fut pour beaucoup dans le renvoi de la xe session, du 1 er décembre au 23 mars, puis au 4 mai 1515. Une constitution restreignit les privilèges des religieux. Une deuxième approuva les monts-de-piété. Une autre concerna l’imprimerie. La Pragmatique sanction figura à l’ordre du jour. Ses adhérents furent cités de nouveau devant le concile : ils devaient comparaître avant le 1 er octobre, faute de quoi l’on procéderait contre eux. Etienne, archevêque de Patras, avait prononcé le sermon sur l’urgence de la réforme qui s’accomplirait, par l’autorité décisive de Léon, non ab re decimus, pro Christi regno nostro lemporc, si volutris, in toto orbe lerrarum innovando, assumptus quandoquidem, non frustra in ultimo dccalogi positus, Léo decimus vocatus fueris. Labbe, col. 262.

La xi c session était fixée au 14 décembre suivant. Elle ne devait avoir lieu qu’un an plus tard, le 19 décembre 1516. Dans une séance préparatoire du 15, les Pères avaient approuvé le concordat conclu entre Léon X et François I er et l’abrogation de la Pragmatique, ainsi qu’une cédule relative à la prédication. Une cédule sur les privilèges des religieux avait paru devoir Être modifiée. Une sorte de projet de syndical

« Us évêques pour la défense de leurs droits et de

Unis Intérêts, surtout contre les réguliers, fut repoussé par Léon X. La XI’session revint définitivement sur les points décidés le 15. Le grand fait de la session et, on peut le dire, du concile entier, fut l’approbation du