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JOSEPH DU SAINT-ESPRIT


Joseph du Saint-Esprit et l’accuse d*avoir causé l’emprisonnement de 1’. Emmanuel. Un simple coup d’œil sur les circonstances particulièrement difficiles de ce temps montrera le mal fondé de cette accusation. La guerre de Succession avait troublé profondément toute l’Espagne, et l’arbitraire de Philippe V rendait impossible l’apaisement des esprits. De plus le roi en voulait aux carmes déchaussés depuis qu’il avait consulté le général, Paul de la Conception, sur une affaire de la plus haute importance et en avait reçu une réponse qui ne cadrait pas avec ses vues politiques ; pour s’en venger il fit saisir l’innocent P. Paul à Bilbao.lui fit subir bien des mauvais traitements et le tint emprisonné dans un cachot de l’Alhambra à Grenade ; après quatre ans de tortures, le saint religieux y mourut, le 2 décembre 1734. Dieu glorifia l’illustre martyr par de nombreux miracles. Ces tristes événements étaient donc bien récents ; aussi, du jour où le roi tyrannique apprendrait qu’un carme déchaussé était l’auteur d’El attende, Joseph du Saint-Esprit pouvait s’attendre au pire tant pour lui-même que pour toute la congrégation. Le général fit donc preuve de sagesse et de prudence en éloignant le P. Emmanuel ; d’une part, il détourna de la congrégation l’orage qui déjà s’annonçait et, d’autre part, il sauv ; > d’une mort certaine le P. Emmanuel lui-même en le mettant à l’abri de toute poursuite ; enfin, c’est indépendamment de sa volonté que le départ du P. Emmanuel s’ébruita et donna occasion à son emprisonnement. Le vénérable vieillard, épuisé déjà par de nombreuses charges et d’incessants travaux, succomba aux émotions des derniers événements ; le quaranta-deuxième jour de son généralat et le troisième après l’emprisonnement du P. Emmanuel, il fut frappé d’apoplexie ; muni des derniers sacrements, il mourut paisiblement au couvent de Madrid, vers le soir du 2 juin 1736, dans sa soixante-neuvième année. On l’enterra avec grande pompe au cimetière du même couvent de Saint-Herménegilde.

Ajoutons quelques mots sur la date de la mort de Joseph du Saint-Esprit. Bien-des auteurs modernes le disent mort en 1739, p. e., Huiler, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 1027 ; Benoît de Sainte-Croix (Zimmerman), C. D., The Ascent of Mount Carmel by David Lewis, prologue, édit. 1900, p. 20 ; Poulain, S. J., Des grâces d’oraison, p. 649, 7e et 8e édit., 1909 ; La vie spirituelle, oct. 1922, t. vii, n. 1, p. 162, note 2. Ces auteurs se trompent ; Joseph du Saint-Esprit est mort en 1736 ; contentons-nous ici des affirmations formelles de quelques auteurs, dont on pourrait multiplier le nombre ; Anastase de Sainte-Thérèse, C. D., à la fin du t. vu de la Reforma de los Descalzos deN.S. dcl Carmen, Madrid, 1739 ; Manuel de S. José, C. D., t. viii, p. 832, l ro col., de l’ouvrage précité Reforma de los Descalzos, ras. inédit conservé au couvent îles carmes déchaussés de Burgos ; Thomas de S. Raphaël, C. D., Bibliothecæ carmelitanæ P. Martialis paria correctio, n. 268 et Memoriasde los Descalzos de Andalucia Baja, t. ii, p. 66, deux ouvrages inédits, conservés à l’Université de Séville, ras. 333-121 et ms. 332-2’.) ; l’auteur anonyme de la Biografia de Don Manuel Freire île Silva 6 sea F. Manuel de san José, p. 167, Madrid, 1X11 ; e1 Déclamation limerai en las exequias celé bradas en nuestro convento de carmelitas Descalzos de Son Lucar en Barrameda >or A’. R, P. (.enend Joseph del Espiritu Santo, predicada por et J’. Marlindesan Vincente, Cadix, 1736.

II. Écrits.

1° Sermons réunis en trois volumes m.ss. in-4°, conservés, au dire du P. André de l’Incarnation, aux archives du saint désert del Cnervo (cf. Memorias hisloriales, t. iv, ms. 12 254 de la Biblio thèque nationale de Madrid). Le P. Martial de Saint-Jean-Baptiste, achevant sa Bibliotheca carmeliiana avant 1730, ne connut qu’un seul volume de sermons :

Un volume de sermons très remarquables par la science des Saintes Ecritures etpar la doctrine des SS. Pères. ► (Cf. p. 268, n. 87.)

2° Cursus theologise mystico-scholasticve in sex tomos dii’isus in quo scholastica mcthodi explanantur dubia mystica, juxla miram stdidamque doctrinam Angelici Prmceptoris Divi Thomse sucra ; theologi : v prineipis. Depuis que le définitoire général lui avait enjoint d’écrire un ouvrage de ce genre, Joseph du Saint-Esprit consacra tous ses loisirs à la composition de cette œuvre magistrale. Au Umps où André de l’Incarnation écrivait ses Memorias hisloriales, tous les mss. du Cursus étaient conservés aux archives du saint désert del Cuervo. Malgré toutes mes recherches en Espagne, je n’ai pu en retrouver qu’un seul, celui qui traite du 1 er prédicable mystique, c’est-à dire la l re partie du t. n ; il se trouve à la Bibliothèque nationale de Madrid, ms. 12 716 ; c’est un volume de 612 p. in-fol., très bien consené, écrit par dès copistes expérimentés ; chaque folio porte la griffe de Joseph du Saint-Esprit. Le Cursus, tort déjà de six volumes in-fol., est resté néanmoins inachevé ; le dernier exposé, celui du 5e prédicable ou de l’accident mystique, y manque. En prenant la plume, Joseph du Saint-Esprit ne s’était pas proposé d’écrire une œuvre aussi considérable. En effet, dans la l’° édition du t. i, Séville, 1720, proleg., vi, § 1, n. 41, p. 15 (éd. 1921, t. i, p. 11, note 63), il se propose de traiter dans le t. u les cinq prédicables ; mais dans le prologue du t. ii, Séville, 1721, p. 1, il déclare ne traiter en ce volume que les deux premiers prédicables, laissant les trois autres pour le t. ni. Ensuite, dans le prologue du t. iii, Séville. 1730, il ne parle plus que de la l re partie du 3e prédicable et il donne les raisons de ce changement. Enfin, dans la 4e édition du 1. 1, Séville, 1730, prol. VI, § 1, n.41, p. 15 (éd. 1924, p. 11), il croit pouvoir achever toute l’œuvre en cinq volumes. Au lieu de cinq, il y en a six ; et si la mort ne l’avait point surpris, il y en aurait sept, peut-êtremême huit. Ainsi donc, au fur et à mesure qu’il écrivait, l’auteur s’est vu obligé d’élargir sa conception.

1. Editions.

Le 1. 1, a été édité quatre lois : Séville, 1720 ; Naples, 1721, celle édition donne généralement une meilleure traduction latine des textes espagnols empruntés aux œuvres de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse, et elle ajoute ordinairement une traduction italienne des strophes espagnoles de saint Jean de la Croix ; 3 e° édit., Venise, je n’ai pu retrouver la date de « elle édition ; 4° édit., Séville, 1730, cette 4 U édition est la plus fidèle ; l’auteur lui-même nous en avertit en ajoutant au litre : Fer suum aulhorem recognita, el a ferme innumeris mendis, quibus spondialium negligentia scalebat, absoluta. Le t. n a été divisé en deux parties, imprimées séparément à Séville. en 1721, 2e édition, Naples, 1721. Les t. m et iv parurent à Séville en 1730 ; le t. V à Madrid en 1731 et le t. vi également à Madrid en 1740 ; ce dernier volume est donc posthume ; celui qui l’édita a ajouté ce qui suit (p. 626) : Ilucusque autlior : seâ abhinc dolor. Nam aulhorem operis in litteraria provincia acclamatissimum, velut si/dus nooum, quo arçana nu/sii< : i i théologies affatim pâte fiant, a sapientibus habilum, Busiride saivior ipsa nobis rapuit libitina ferox…. Faxit Deus, ut ad operis consummalionem alius exuryat a Spiritu Sancto. I Inc édition critique est en cours : Editio nova ml antiquas editiones et fontes, collatts aucioritalibus, a P. / ;. Anasiasio a S. Paulo, in collegio philosophico ejusdem ordinis cortracensi historiée et scienliarum prmlectore, accuratissime exacta ; le t. i vient de paraître a Bruges, 1921.

2. Idée générale. a) Titre. — Cursus theologise muslico-SCholaslicæ, (le cours de théologie est désigne sous le nom de mystico-scolaslique ; mystique à cause de la matière traitée, c’est-à dire la théologie mystique ;