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et qui existe à la Bibliothèque nationale sous le n. 420 du fonds grec, est, en réalité, du xive siècle. On a des mss. plus anciens et meilleurs du texte latin des canons, et une étude comparative des textes qu’ils présentent serait utile pour établir une leçon définitive des canons. Cf. A. Luchaire, Revue historique, t. xcviii, p. 4. Une courte pièce officielle, qui faisait partie du protocole du concile, et renseigne sur la composition du concile et le nombre des prélats de catégories diverses qui y assistèrent, a été reproduite, en totalité ou en abrégé, par nombre d’annalistes du temps. Cf. E. Winkelmann, Philipp von Schwaben und Otto IV von Braunschweig, Leipzig, 1878, t. ii, p. 513 ; A. Luchaire, Journal des savants, 1905, p. 559. D’après un ms. de la bibliothèque cantonale de Zurich, de la première moitié du xme siècle, A. Luchaire, Un document retrouvé, dans le Journal des savants, Paris, 1905, p. 557-568, a publié la liste (qui se trouvait dans le registre perdu des lettres d’Innocent III pendant la 18e année de son pontificat) des cardinaux, patriarches, archevêques et évêques présents au concile. Une édition améliorée de cette liste a été publiée par Werner, dans le Neues Archiv, 1906, t. xxxi, p. 584 sq.

— 3° Auteurs contemporains ou anciens. On les trouvera indiqués dans les notes des articles de la Revue historique dont il est parlé plus loin ; quelques-uns sont reproduits par Mansi, t. xxii, col. 1069-1078. Un des témoignages les plus précieux est celui du notaire sicilien Richard de San-Germano. qui assista au concile, Chronica, dans Monum. Geim. hist., Script., t. xviii, p. 337-338, surtout dans le texte plus complet édité par E. Gaudenzi, Ignoli monachi cisterciensis S. Mariæ de Ferraria chronica et Ryccardi de Sanclo Germano chronica priora, dans les Monumenti storici délia société napolelana di sloria palria, Naples, 1888, p. 89-94. L’auteur anonyme de la seconde partie de La chanson de la croisade, édit. et trad. par P. Meyer, Paris, 1875-1879, vers 31613731, t. 1, p. 141-164 (texte), t. ii, p. 171-199 (traduction), offre un des textes les plus longs dont l’éditeur, t. ii p. Lxvn-Lxxv, semble avoir démontré le caractère historique. Cf. encore A. Potthast, Regesta pontificum romanorum, Berlin, 1874, t. i, p. 437-439. — 4° Parmi les opuscules de saint Thomas d’Aquin, figurent In decrelalem I expositio ad diaconum Tridentinum, dans Opéra omnia, Parme, 1865, t. xvi, p. 300-306, et In decrelalem II expositio ad eumdem, p. 307-309. C’est une exposition théologique. Au point de vue historique, il est surprenant que, dans le premier opuscule, tandis que l’auteur connaît fort bien les vaudois ses contemporains, cf. p. 306, il semble ne pas soupçonner l’existence des cathares et ne voir, dans lec.Firmiter, que la condamnation des anciens manichéens et autres hérétiques.

II. Travaux. - — Parmi les anciens historiens, Raynaldi, Annal., an. 1213, n. 7-8, et 1215, 1-38 ; Noël Alexandre, Hist. eccl., édit. Roncaglia-Mansi, Venise, 1778, t. viii, p. 253-292. A partir du xixe siècle : F. Hurter, Histoire du pape Innocent III, trad. Saint-Chéron et Haiber, 2e édit., Bruxelles, 1839, t. ii, p. 498-501, 577-607 ; V. Tizzani,

I concilii Lateranesi, Rome, 1878 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1913, t. v b, p. 1316-1398 ; surtout les 6 volumes consacrés par A. Luchaire à Innocent III.

II est question du concile principalement dans Innocent III. La croisade des albigeois, Paris, 1905 ; Innocent III. La question d’Orient, 1907, et plus encore, cela va sans dire, dans Innocent III. Le concile de Latran et la réforme de l’Église, 1908. Les p. 1-89 de ce dernier volume ont paru d’abord dans la Revue historique, Paris, 1908, t. iixcv p. 225-263, t. xcviii, p. 1-21, avec des notes et des références qui n’ont point passé dans le volume. Voir, en outre, la bibliographie indiquée t. vii, col. 1980-1981. — Sur l’autorité de l’Église en matière temporelle, Lcssius publia, sous le pseudonyme de G. Singlctonus, Discussio decreti magni concilii Latcranensis et quarumdum ralionum annexarum de potestate Ecclesiæ in temporalibus, et incommoda diversæ sententiæ, Albini, 1613 ; il fut combattu par le catholique anglais R. Widringtonus, Discussio discussionis decreti magni concilii Latcranensis, Augsbourg, 1618. Voir encore IL Pissard, La guerre sainte en pays chrétien. Essai sur l’origine et le développement des théories canoniques,

Paris, 1912., , „

r. Vehni : t.

5. LATRAN (Ve CONCILE ŒCUMÉNIQUE

DU), du 3 mai 1512 au 16 mars 1517. — I. Histoire. II. Œcuménicité. III. Œuvre du concile.

I. Histoire.

PrJparati’Is.

Le 25 juillet 1511,

fut affichée aux portes de Saint-Pierre une bulle du

pape Jules II, datée du 18, portant convocation d’un concile général à Rome pour le 19 avril 1512. C’était une réponse à la convocation scliismatique (16 mai 1511) d’un concile général, qui devait s’ouvrir à Pise le 1 er septembre.

Ce dernier document était signé de neuf cardinaux. Le chef était l’ambitieux Carvajal, qui avait failli devenir pape et qui gardait l’espoir d’arriver au souverain pontificat. Des neuf, six étaient absents lors de la signature ; trois protestèrent qu’on avait abusé de leur nom et qu’ils ne prendraient aucune part à un concile antipapiste, un quatrième garda une attitude incertaine. Le prétexte mis en avant par les rebelles était que.Jules II, en dépit du décret Frequens du concile de Constance, qui exigeait la tenue d’un concile œcuménique tous les dix ans, et malgré le serment, piété dans le conclave d’où il était sorti pape, de le réunir au bout de deux ans, avait négligé de le faire et que rien n’autorisait à croire qu’il voulût jamais le célébrer. Posant en fait le droit des cardinaux de convoquer le concile si le pape se dérobait, et considérant, que les cardinaux qui étaient auprès de Jules II ne paraissaient pas, soit manque de liberté, soit négligence, devoir intervenir dans cette convocation, les signataires de cette pièce, qui se disaient légitimement absents de la curie romaine et sous-entendaient qu’ils avaient seuls la liberté indispensable pour la valeur de l’acte, déclaraient user de leur droit de procéder à la convocation du concile. Ils protestaient d’avance contre les censures dont ils seraient frappés, contre tout ce qui entraverait leur concile, et suppliaient le pape de consentir à la réunion du concile et d’y assister en personne ou de s’y l’aire représenter. Ils se réclamaient de l’autorité des sacratissimi moderni Romanorum imperator (Maximilien) et Francorum rex (Louis XII), soutiens constants de l’Église et résolus à lui procurer l’unique remède aux maux présents, à savoir le concile œcuménique, seul capable de fonder la vraie paix des chrétiens, d’organiser utilement la guerre contre les infidèles, d’extirper les hérésies, les erreurs, les schismes et les divisions, et surtout de réformer les mœurs de l’Église universelle dans son chef et dans ses membres. Le document dans Raynaldi, Annal., an. 1511, n. 5-6.

Par la bulle du 18 juillet, Jules II stigmatisait et cassait la convocation, faite, « il voulait le croire raisonnablement, sans la volonté et l’intention de l’empereur et du roi de France. » Rien ne lui avait été à cœur, afiirmait-il, comme la tenue d’un concile œcuménique, et cela pendant qu’il était cardinal et depuis son élévation au souverain pontificat ; il en avait parlé lors de son élection et quand les ambassadeurs des princes étaient venus lui rendre hommage. Le retard devait être mis sur le compte du « malheur des temps » et de la nécessité pour le pape de recouvrer d’abord les terres et les droits de l’Église romaine. Maintenant il convoquait un concile général, qui se réunirait après Pâques de l’année suivante, le 19 avril 1512, apud I.ateranum, ubi plurima concilia per anliquos Patres nostros habita /uerunt et Altissimus Pétri sedem collocari voluit (remarquer cette formule), afin d’éteindre les anciennes hérésies puissantes et le nouveau schisme, de promouvoir la réforme des mœurs des ecclésiastiques et des séculiers (il ne parle pas de la réforme de l’Église in capite et in membris), d’obvier au péril des guerres entre chrétiens et de préparer la croisade contre les infidèles qui infestaient déjà le royaume de Sicile. Raynaldi, an. 1511, n. 9-15.

Que Jules II eût songé sérieusement à un concile œcuménique nous pouvons l’cdmettre, non seulement parce qu’il l’affirme ici et qu’il le répétera à l’ouverture du concile, cf. Labbe, Concilia, t. xiv, col. 18, mais encore parce que les relations des ambassadeurs de