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LATRAN (I «  « CONCILE ŒCUMÉNIQUE DU]

2651 LATRAN (IIIe CONC. ŒCUM. DU) — LATRAN (IVe CONC. ŒCUM. DU)

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veauté bienfaisante est celle des canons 3, 8, 17, qui précisent et constituent de toutes pièces le droit de dévolution ou de transfert à l’autorité supérieure de la collation d’un bénéfice quand l’autorité inférieure ne l’a pas fait comme elle devait. Voir t. iv, col. 676. A noter le c. 10, qui reprend et fortifie le c. 7 du concile de Melfl (1089), dans Mansi, t. xx, col.J723.

10. Monachi non pretio On ne doit pas admettre à

recipiantur in monasterio… prix d’argent un moine dans

Si quis autem exactus pro un monastère…Si quelqu’un

sua receptione aliquid dede— pour être admis a donné

rit, ad sacros ordines non quelque chose exigée de lui,

ascendat. Is autem qui acce— qu’il ne monte pas aux or perit officii sui privatione dres sacrés ! Quant à celui qui

mulctetur. Denzinger-Bann— l’a admis, qu’il soit puni par

wart, n. 400 la privation de son office !

En matière directement temporelle, le concile a des canons importants sur les écoles (18), les tournois (20), la trêve de Dieu (21-22), les lépreux (23), l’usure (25).

Le IIIe concile œcuménique du Latran augmenta, dans une période difficile, le prestige du pouvoir pontifical ; toutefois, malgré l’éclat qui en rejaillit sur sa personne, Alexandre III dut bientôt abandonner Rome, qui était décidément en passe de devenir inhabitable pour les papes.

I. Sources.

1° Les lettres d’Alexandre III, P. L., t. ce. Trois seulement nomment le concile : ce sont les lettres de convocation indiquées plus haut. On peut rattacher vraisemblablement au concile les lettres écrites pendant qu’il se tenait et un certain nombre des privilèges accordés peu après. La chose est certaine pour la lettre à maître Gérard la Pucelle, col. 1200. — 2° Les canons du concile. La Continuatio Aquicinctina de Sigebert de Gembloux, P. L., t. clx, col. 314, dit que ces canons pênes multos habentur. Robert de ïorigny, P. L., t. clx, col. 530, dit qu’on les possédait dans son monastère. Roger de Hoveden, dans Monum. Germ. hist., Script., t. xxvii, p. 144, les a insérés dans sa Chronique ; son texte, collationné avec celui des mss. de la Vaticane, a été reproduit dans l’édition semi-officielle des Concil. gênerai. Ecclesiæ catholicæ, Rome, 1628, t. iv, p. 27-33, d’où il a passé dans tous les recueils des conciles, notamment dans Mansi, t. xxii.col. 213-217. Matthieu de Paris, Chronic. maj., dans Mansi, col. 233-234, a connu et résumé un texte où les canons paraissent dans un ordre différent. Un troisième texte, dans Mansi, t. xxii, col. 455-458, d’après Y Hist. roman, pontif. de l’anonyme de Zwettl. Clément III, dans sa lettre à l’archevêque de Bourges, du 11 juillet 1118, P. L., t. cciv, col. 1379, se réfère à un canon qui est absent des textes connus et appartient donc, semble-t-il, à un quatrième texte. Innocent III, à son tour, dans la bulle de convocation du IVe concile œcuménique du Latran, P. L., t. ccxvi, col. 825, semble se référer à une rédaction du c. 4 différente de celle que nous connaissons. Et il faut en dire autant des canons 11 et 61 du IVe concile du Latran qui se réclament du IIIe concile (c. 18, 14). Mansi a publié, col. 213, deux préambules différents aux canons, et, col. 213-217, 239-340, 458-468, des listes différentes des Pères du concile. Barthélémy Laurens, surnommé Poin, a édité, en 1551, un vaste Appendix au IIP concile du Latran, comprenant, en 49 livres, environ 600 décrétales des papes ; parce que le ms. où il les trouva donnait ces pièces comme une pars 77 », après les canons du concile, cet Appendix a trouvé place indûment dans les collections des conciles. Dans Mansi, col. 219-453. — 3° Auteurs contemporains ou anciens. Au premier rang, deux écrivains qui assistèrent au concile : Guillaume, archevêque de Tyr, 771sf. rerum transmarin., t. XXI, c. xxvi, 7’. L., t. cci, col. 841-812, et Walter Map, De nugis curialium, dist. I, c. xxxi, dans Monum. Germ. hist., .S’en’/)L, t. xxvii, p. 66-67. Guillaume de Tyr avait consigné les statuts du concile et les noms des Pères dans un écrit déposé par lui in archivo sanctæ Tyrensis ecclesiæ, qu’il y a malheureusement peu d’espoir de retrouver. Une lettre de Georges, métropolitain de Corfou, délégué pour représenter les grecs, mais empêché d’y venir, indique, du point de vue grec, le rôle de l’abbé Nectaire qui le remplaça au concile, Mansi, col. 237-238. Voir les textes de Matthieu de Paris, Roger de Hoveden, Helmold, Albert de Stade, ibid., col. 233-236. Parmi les autres sources, le soi-disant Benoît de Peterborough, Gesla Henrici II et Ricnrdi 7 regum, dans Afonum. Germ. hist.. Script.,

t. xxvii, p. 98-99. Pierre le Chantre, Verbum abbreviatum, c. L, P. L., t. cev, col. 158, cite un mot suspect d’évêques présents au concile. Voir encore Jaffé, Regesta pontif. romanorum, 2e édit., t. ii, p. 340-341.

IL Travaux. — Parmi les anciens historiens, Baronius, Annal., an. 1178, n. 8-16, et 1179, n. 1-14 ; Pagi, Critica, an. 1179, n. 1-14 ; Noël Alexandre, Hisf. eccl., édit. Roncaglia-Mansi, Venise, 1778, t. vii, p. 347-358. Parmi les récents, H. Reuter, Geschichte Papst Alexander’s III und der Kirche seiner Zeit, 2e édit., Leipzig, 1864, t. m ; V. Tizzani, 7 concilii Laleranesi, Rome, 1878 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1913, t. v b, p. 1086-1112. Voir, en outre, la bibliographie indiquée t. i, col. 717. Sur la croisade intérieure promulguée par le concile, H.Pissard, La guerre sainte en pays chrétien, Paris, 1912.

F. Vernet.

4. LATRAN (IVe CONCILE ŒCUMÉNIQUE

DU), en novembre 1215. — I. Histoire. II. Liste des canons. III. Œuvre du concile.

I. Histoire.

Les Annales Gemmeticenses, dans Monum. Germ. hist., Scriptores, t. xxvt, p. 511, disent, à l’année 1215 : Innocentius papa III Romæ concilium celebravit quantum nunquam fuerat antea celebratum. La convocation avait été faite dès le 19 avril 1213. Elle était adressée aux évêques de la catholicité entière. Elle portait qu’ils devaient être à Rome deux ans et demi après, le 1 er novembre 1215. Dans le registre du pape, la première lettre de convocation a pour destinataire l’archevêque, les évêques, abbés et prieurs de la province de Vienne. P. L., t. ccxvi, col. 823-825. Suit une longue liste d’autres destinataires. Elle fut envoyée telle quelle, ou avec des modifications en rapport avec la situation de ceux qui la reçurent, aux patriarches, archevêques, évêques, abbés et prieurs occidentaux et orientaux : parmi ces derniers il y eut le catholicos, les archevêques, évêques et abbés d’Arménie, ainsi que le chapitre (latin) de Constantinople, mais non le patriarche, car il y avait pour lors contestation entre deux prétendants. En outre, le pape invita les chefs d’ordres religieux et militaires : Cîteaux, Prémontré, l’Hôpital, le Temple, et les princes séculiers : empereur (latin) de Constantinople, rois de France, d’Aragon, de Navarre, de Castille, de Léon, de Portugal, de Chypre, de Norvège, etc. Les patriarches d’Alexandrie et de Jérusalem étaient honorés l’un et l’autre d’une lettre particulière, pleine de bienveillance. Ce dernier, légat du Saint-Siège en Terre sainte, était pressé de venir au concile, s’il le pouvait absque gravi dispendio Terne sanctæ, P. L., t. ccxvi, col. 831 ; en même temps il était chargé de faire remettre au Soudan de Damas et de Babylone des lettres qui lui demandaient de rendre Jérusalem et tout « l’héritage du Christ ». Voir la lettre au Soudan, col. 831832, et un texte plus complet publié par A. Luchaire, dans le Journal des savants, Paris, 1905, p. 568.

Innocent III prescrivait qu’on ne manquât pas au rendez-vous. Un ou deux suffragants seulement pouvaient rester par province, pour l’expédition des affaires courantes ; eux et tous ceux qui seraient retenus, par un empêchement canonique, loin du concile s’y feraient représenter par des délégués. Seraient pareillement représentés les chapitres des cathédrales et des collégiales. Que nul, disait le pape, n’allègue de fausses excuses, sous peine d’encourir le châtiment canonique ! Qu’on ne mette pas en avant dissensionum obstacula vel ilinerum impedimenta qutB, Domino fariente signum in bonum, ex magna jam parte cessare cœperunt, car les grands maux qui menacent appellent les grands remèdes, et « celui-là ne navigue jamais qui attend toujours que la mer ne soulève plus ses flots », col. 825. L’archevêque de Lund (Suède), légal du Saint-Siège, voulut se dérober : Innocent lui marqua sa surprise, le menaça de son indignation et lui enjoignit de prendre part â une » œuvre si nécessaire » à laquelle « concouraient, de toutes parts et