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JOSEPH DE PARIS — JOSEPH DU SAINT-ESPRIT


tenant l’exercice appelé Les dix jours, avec préface de A. Dufourcq, professeur à l’Université de Bordeaux, Toulouse, 1913. Les monastères du Calvaire possèdent en manuscrit de nombreuses Exhortations et des copies de lettres du P. Joseph ; la bibliothèque Mazarine de Paris conserve également trois volumes d’exhortations, un recueil d’Epistres aux calvairiennes, à des religieux capucins, à sa mère et à divers. On en trouve également dans les divers fonds d’archives, de Rome en particulier.

Fagniez, Le P. Joseph et Richelieu, 1577-1638, 2 in-8°, Paris, 1894 ; Dedouvres, De P. Josephi Turciados libris quinque (thèse de doctorat à la faculté des lettres de Paris), Angers, 1894 ; Le P. Joseph polémiste, ses premiers écrits, thèse, Paris, 1895 ; Un précurseur de la B. Marguerite-Marie, le P. Joseph et le Sacré Cœur, Angers, 1899 ; Études critiques sur les œuvres spirituelles du P. Joseph, dans Études franciscaines de 1903. Nombreux articles sur le P. Joseph, sa vie et ses écrits, dans la Revue des Facultés catholiques de l’Ouest, de 1892 à 1920, et dans les Études franciscaines, 1921-1923.

P. Edouard d’Alençon.

    1. JOSEPH DU SAÏNT-ESPRIT##


8. JOSEPH DU SAÏNT-ESPRIT, carme

déchaussé espagnol, théologien mystique (1667-1736). I. Vie. II. Écrits.

I. Vie. — Joseph du Saint-Esprit naquit, en- 1667, dans l’archidiocèse de Séville, à Huelva, actuellement chef-lieu de la province de Huelva. Ses parents, Pierre Matheo Velarde et Anne Gomez, lui communiquèrent ainsi qu’à leurs autres enfants leur grande piété ; ils eurent la joie de voir trois de leurs fils embrasser la réforme de sainte Thérèse. Notre Joseph du Saint-Esprit n’avait que seize ans quand il prit l’habit de carme déchaussé au collège de l’Ange Gardien à Séville ; il fit profession à Cordoue le 14 novembre 1683. Ayant fait d’excellentes études de philosophie et de théologie sous la conduite de l’éminent Ferdinand de Saint-Antoine, il fut chargé pendant neuf ans des cours de philosophie et de théologie aux collèges d’Ecija et de Séville. Puis successivement il devint secrétaire provincial de la province de Saint-Jean-Baptiste ou de l’Andalousie inférieure, prieur au collège d’Ecija (1709-1712), trois fois recteur du collège de Séville, provincial (16 mai 1712-1715), trois fois définiteur général d’Espagne (du 5-16 mai 1712 ; 1718 ; 1724). Un événement inaccoutumé eut lieu au chapitre général de Pastrana.en 1724 ; dès le premier scrutin. Joseph du Saint-Esprit obtint la majorité des voix ; Sébastien de la Conception, général sortant et président du chapitre, ne publia pas l’élection, mais exigea un second tour ; de nouveau la majorité choisit Joseph du Saint-Esprit ; cette fois encore le président ne publia pas l’élection et demanda une troisième mise aux voix ; mais Paul de la Conception y obtint la majorité et fut élu général, tandis que Joseph du Saint-Esprit devint quatrième définiteur général. La nullité de l’élection de Paul de la Conception était connue de Joseph ; humble comme il était, loin de faire valoir ses propres droits à cette charge, il conseilla le recours au Saint-Siège pour obtenir la légalisation de l’élection vicieuse qui avait eu lieu ; ce qui fut fait. Faute de documents historiques, la conduite de Sébastien de la Conception nous est un mystère ; il n’était nullement hostile à Joseph ; cependant nous le voyons, de fait, et jusqu’à deux reprises différentes, opposé à son élection au généralat. Quelle raison avait-il pour justifier cette singulière façon de faire ? Quelqu’un a osé dire : c’était à cause de l’origine andalouse de Joseph du Saint-Esprit, car sainte Thérèse n’aimait guère les Andalous et s’est opposée à toute élévation d’un Anda lou à la charge de général. L’autorité de cet auteur anonyme de la Bioyrafia de Don Manuel Freire de Silou 6 sea F. Manuel de san José Carmelita Descalzo est trop suspecte pour qu’on puisse ajouter foi à cette

déclaration ; d’abord, parce qu’il se montre hostile à Joseph du Saint-Esprit et profite de toutes les circonstances pour l’attaquer ; ensuite, quoique la castillane sainte Thérèse ne prisât pas beaucoup les Andalous, cependant en aucun endroit de ses écrits on ne trouve ce que cet auteur anonyme lui fait dire. Enfin, au chapitre général tenu à Pastrana, le 21 avril 1736, Joseph du Saint-Esprit fut élu général de la congrégation d’Espagne. Déjà il occupait cette charge depuis quarante-deux jours, quand un événement singulier fut cause de sa mort inattendue. Voici l’exposé des faits. Emmanuel Freire de Silva, issu d’une des plus nobles familles de Portugal, homme de caractère et de talent, et, pendant la guerre de Succession d’Espagne, chaud adhérent du parti autrichien, s’était mis à la tête d’une armée marchant contre l’Espagne. En 1713, la paix étant signée à Utrecht, il embrassa la réforme de sainte Thérèse dans la province de Navarre et reçut le nom d’Emmanuel de Saint-Joseph. Orateur célèbre, il se fit remarquer d’abord à Madrid, ensuite, en 1734, à Lisbonne où ses supérieurs l’avaient envoyé pour traiter des affaires très importantes. De retour à Madrid, il se mêla de politique et fit éditer clandestinement un journal hebdomadaire du genre satirique, connu sous le nom de El duenda (le feu follet) crilico de la Corle. Cette satire s’en prenait au roi, Philippe V, à la reine et aux membres du gouvernement ; véritable modèle du genre, elle eut un succès inouï dans toutes les classes de la société, tant en Espagne qu’à l’étranger. Le gouvernement mit tout en œuvre pour découvrir l’audacieux auteur ; après avoir je té en prison bien des gens qu’il soupçonnait, il finit par mettre à prix la tête de l’écrivain. Néanmoins El duende paraissait régulièrement pendant plus de six mois, et, comme un véritable « fantôme », s’introduisait jusque dans les pièces les mieux gardées du palais royal : la reine trouvait la feuille dans sa serviette de table, le ministre-Don Joseph Patino dans ses vêtements et le cardinal Gaspar de Molina, président de Castille et ministre d’État, sur son bureau. Cependant, vers la fin du mois de mai 1736, le bruit se répandit à Madrid que l’auteur d’El duende venait d’être arrêté à Talavera de la Reina. Que s’était-il donc passé ? Joseph du Saint-Esprit, devenu général, fut mis au courant des manœuvres politiques du P. Emmanuel ; devinant les grands malheurs qui frapperaient toute sa congrégation au cas où l’auteur serait connu, il résolut de dissiper l’orage qui s’annonçait et de mettre en lieu sûr le P. Emmanuel ; il lui enjoignit donc de quitter au plus tôt Madrid et de se rendre en Portugal par Talavera de la Reina. Malheureusement le bruit de ce départ se répandit immédiatement en ville : ce qui augmenta les soupçons du gouvernement royal. Le cardinal Gaspar de Molina manda le général, qui était son confesseur, au palais royal pour lui faire part de ses soupçons touchant le P. Emmanuel. S’il faut en croire l’auteur anonyme de la Biografia de Don Manuel Freire de Silim 6 sea F. Emmanuel de san José, p. 165-166, Joseph du Saint-Esprit aurait tout dévoilé. Le P. Emmanuel, qui ne se doutait de rien, fut donc pris à Talavera de la Reina, emmené à Madrid, incarcéré au couvent des carmes déchaussés, le 30 mai 1736, et gardé nuit et jour par de nombreux soldats. Le tribunal ne réussit pas à tirer au clair cette affaire, le rusé Emmanuel faisant échouer tous les efforts des juges. Enfin, dans la nuit du 16 au 17 mars 1737, le prisonnier s’échappa d’une façon si adroite qu’on n’a pas même pu découvrir comment il s’y était pris, les portes étant restées fermées ; il déjoua toutes les poursuites des soldats et gagna le Portugal ; il vécut quelque temps à Lisbonne, puis se rendit à Florence, d’où les grands d’Espagne le rappelèrent à Madrid. Cette fois encore l’auteur anonyme de la Bioyrafia de Don Manuel s’en prend à