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2637 LATRAN (I er CONCILE ŒCUM. DU) — LATRAN (Ile CONC. ŒCUM. DU) 2638

Bénévent, qui le signale entre les autres décrets du concile, ajoute, Chronic, P. L., t. clxxiii, col. 1188 : Audivimus autem, et quod rêvera est comperimus, taie lantumque pacis firmamentum infra romanam urbem, temporibus prædicli apostolici, quod nemo civium vel atienigena arma, sicut consueverat, (erre ausus est. Cf. (H ton de Freising, Chronicon, t. VII, dans Monum. Germ. hist., Scriptores, t. xx, p. 250. Le I er concile œcuménique du Latran marque une des dates les plus radieuses de ce xiie siècle, qui ne fut pas exempt de faiblesses et de crimes, mais qui n’en est pas moins l’un des beaux siècles de l’histoire de la civilisation et de l’Église.

1. Sources.

1° Les lettres de Calixte II et adressées à Calixte II, P. L., t. ci.xiu, et U. Robert, Bullairc du pape Calixte II (1119-1124). Essai de restitution, Paris, 1891, t. u. — 2° Les canons du concile. Il n’y a rien sur le concile dans le recueil de.1. Merlin, t. ii, Paris, 152-1, ni dans la première collection de P. Crabbe, t. ii, Cologne, 1538 ; S. Binius, Concilia, Cologne, 1606, t. ni b, p. 1317, dit simplement : Ac ta concilii non exlant. Baronius, le premier, Annal, eccl., Borne, 1606, t. xii, p. 95, publia les canons d’après un ms. de la Vaticane contenant la collection canonique d’Anselme de Lucques. La collection des conciles publiée par ordre de Paul V, et dont la prélace est due au jésuite J. Sirmond, Concil. gênerai. Ecclesiæ catholicx, Borne, 1612, t. IV, et, dans l’édition de 1628, t.iv, p. 16-17, en donna un texte un peu différent, qui est devenu l’édition vulgate. Dans Labbe, Concilia, Paris, 1671, t. x, col. 896-900. Trois autres textes, qui offrent des variantes, ont été publiés, par Baluze, dans P. de Marca, De concordantia sacerdolii et imperii, 2e édit., Paris, 1669, t. ii, p. 436-437 ; Mansi, Concil., t. xi, col. 301-304 ; Pertz, Monum. Germ. hist., Leqes, t. u />, p. 182-183, texte reproduit dans P. L., t. cxxiii, col. 1361-1364 ; traduction U. Robert, Histoire du pape Calixte II, p. 164-168, d’où elle a passé dans Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. v a, p. 631-636. Le texte de la vulgate semble le meilleur. — 3° Auteurs contemporains. Ceux qui insistèrent au concile : Suger, Vila Ludouici Grossi, P.C., t. clxxxvi, col. 1316-1317 ; le Génois Caffaro, Annales, dans Mansi, ConcU., t. xxi, col. 296-297 ; probablement Landolplic le Jeune, Liber historiarum Mediolanensis urbis, c. xxxvi-xxxvii, P. L., t. CLXxiii, col. 1517-1518. Les autres : Falco de Bénévent, Chronicon, P. L., t. clxxiii, col. 1188 ; Pierre Diacre, Chronicon Casinense, I. IV, n. 78, P. L., t. clxxiii, col. 903-904, etc. Voir encore Jaffé, Regesta pontificum romanorum, 2e édit., Leipzig, 1885, t. i, p. 809810.

IL Travaux. — Parmi les anciens historiens, Baronius, Annal, eccl., an. 1122, n. 1-2 ; Pagi, Critica Baronii, an. 1122, n. 1 ; 1123, 1-5 ; Noël Alexandre, Hist. eccl., édit. Boncaglia-Mansi, Venise, 1787, t. vii, p. 299-302. Parmi les récents, V. Tizzani, I concilii Lateranesi, Borne, 1878 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1912, t. v a, p. 630644 ; U. Robert, Histoire du pape Calixte II, Paris, 1891, p. 162-177. En outre, la bibliographie donnée t. ii, col. 1345.

F. Vernet.

2. LATRAN (IIe CONCILE ŒCUMÉNIQUE

DU), en avril 1139. — I. Histoire. II. Liste des canons. III. Œuvre du concile.

I. Histoire. — L’histoire du dixième concile œcuménique, deuxième du Latran, est mal connue. Baronius, Annal, eccl, an 1139, n. 4, déclarait avoir eu beaucoup de peine à réunir des renseignements sur la grande assemblée. On n’a guère ajouté à ses trouvailles. Le. registre, considérable pourtant, d’Innocent II apporte peu d’indications sur le concile. D’aucun des prélats qui furent présents nous n’avons un récit même sommaire. A peu près tout ce que nous en

« avons est dû à des écrivains qui vécurent hors de

Rome. Par bonheur, les canons qui furent promulgués au concile ont été conservés ; ils révèlent l’essentiel de son œuvre.

Le Chronicon Mattriniacense, l. III (écrit après 1 152), P. L., t. clxxx, col. 167, dit que, après la fin de la lutte contre Anaclet II, Innocent II universalis Ec.clesiee principale concilium Romse aggregat, ut in 4pso imminentes Ecclesix nécessitâtes decenler ordinet cl

disponat. Les besoins de l’Église, c’étaient la réforme des mœurs et la condamnation de doctrines subversives. C’était aussi, et en premier lieu dans l’esprit du pape, la destruction de tout ce qui pouvait rester du schisme ; il tenait à frapper un coup retentissant dont la cause schismatique ne pût se relever.

Sur la date de l’ouverture du concile les textes se contredisent. Falco de Bénévent, Chronicon (vers 1140), P. L., t. clxxiii, col. 1249, donne le 8 avril 1139. Les. Annales Herbipolenses (de la seconde moitié du xiie siècle), dans Monum. Germ. liist., Scriptores, t. xvi, p. 2, disent : mediante quadragesima, ce qui correspond au dimanche Lœtare, 2 avril. De même Ordéric Vital, Hist. eccl., part. III, t. III, c. xx, P. L., t. iiclxxxvi col. 974 ; Otton de Freising, Chronic, t. VII, dans Monum. Germ. hist., Script., t. xx, p. 261 ; le Chronicon Urspergense, dans Mansi, Concil., t. xxi, col. 536. Les Annales Gotwicenses, dans Monum. Germ. hist., Script., t. ix, p. 602, disent : feria II, III non. aprilis, donc le 3 avril. Cette date s’accorde avec la précédente si l’on admet, à la suite de Pagi, Critica Baronii, un. 1139, n. 4, que, selon la coutume des conciles œcuméniques, le concile commença véritablement le lundi, le dimanche ayant été consacré aux cérémonies et prières préparatoires. Quant au feria II, III id. aprilis, du Chronicon Gastense, dans A. Rauch, Rerum auslriacarum scriptores, Vienne, 1793, t. i, p. 18, il faut y voir sans doute une erreur du chroniqueur ou d’un copiste, qui a substitué les ides aux noues. En tout cas, le concile était ouvert au moins le 1 avril : ce jour-là Pierre, abbé du monastère de Saint-André et de Saint-Grégoire, au Cœlius, y fit présenter une plainte. Cf. Mansi, t. xxi, col. 541.

Les Pères du concile furent en grand nombre. Le Chronicon Mauriniucense dit : facto incomparabili omnium prselatorum cunventu ; Falco de Bénévent : archiepiscopi, episcopi et abbates innumeri convencrunt : Orderic Vital : miillitudini prælatorum. Le cardinal Boson, biographe d’Innocent II, dans J. M. Watterich, Pontifïcum romanorum vitse, Leipzig, 1862, t. ii p. 178, dit semblablement : Convocalis de omnibus parlibus mundi patriarchis, archiepiscopis, episcopis et ediis eccles’arum pradatis, grande concilium celebrcwit. L’abbé Pierre nous apprend qu’il y eut, avec les cardinaux, les patriarches d’Antioche, d’Aquilée et de Grado, des évêques et des abbés in magno numéro. Otton de Freising indique un chiffre : synodus maxima circa mille episcoporum (sous-entendu : et abbalam). Le Chronicon Urspergense : ut quidam dicunt, fere milleepiscoporum. Les Annales Mellicenses, dans Monum. Germ. hist., Script., t. ix, p. 503 : Quingenlorum et decem plus episcoporum et abbalum conventus. Les Annales Gotwicenses : plus quam sexcenli episcopi. Vu la tendance naturelle à grossir les chiffres quand il s’agit d’assemblées considérables, il y a des chances pour que ces dernières évaluations soient les plus proches de la vérité et que 500 à 600 évêques ou abbés aient siégé au concile.

Le Chronicon.Mauriniucense rapporte que le pape ouvrit le concile par une allocution enflammée. Il est improbable que le discours que lui prête cette Chronique, rédigée loin de Rome et à distance de l’événement, soit, tel quel, celui d’Innocent II ; nous avons là plutôt un discours a la Tite-Live, où le chroniqueur attribue an pape un morceau de haute éloquence de sa façon. Mais, j défai : des paroles précises du pape, nous avons ses actes. Brusquement, sans plaidoirie pour ou contre, sans examen nouveau, Innocent condamna l’antipape mort depuis plus d’un an et ses partisans Le reste vraisem ilablement ne traîna guère. Si l’on pouvait se fiei au texte et à la ponctuation de l’acte de l’abbé du monastère de Saint-André, tel que nous l’avons dans Mansi. le concile aurait duré jusqu’à i dimanche des Rameaux Pi avril. Mais ce texte a au