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LATRAN (I «  « CONCILE ŒCUMÉNIQUE DU]

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nonce de l’arrivée inquiétante d’Henri, et aucun des cardinaux n’avait consenti à accomplir cet acte du cérémonial des grandes fêtes quand l’empereur était à Home. De Bénévent, où il s’était rendu, Pascal avait excommunié Bourdin. De nouveau il fut excommunié par Gélase II, successeur de Pascal II, le 7 avril 1118 ; le 8 mars précédent, Henri V avait fait sacrer Bourdin et avait prétendu l’imposer comme pape, sous le nom de Grégoire VIII. En avril 1121, Calixte II, successeur de Gélase, avait assiégé l’antipape, « idole du roi des Teutons », dans Sutri, « le nid du diable », s’était emparé de la ville, avait pris Bourdin et annoncé triomphalement sa capture au clergé et aux fidèles de la France, par une bulle du 27 avril. P. L., t. clxiii, col. 12051206. L’antipape fut enfermé au monastère de la Trinité, à la Cava ; le concile de Latran jugea ses ordinations nulles et, dans une des deux salles d’audiences annexées à la chapelle Saint-Nicolas du palais du Latran, au-dessous d’une des fresques qui représentaient les divers épisodes de la querelle des investitures on lut ces deux vers :

Ecce Calixtus honor palriæ, decus impériale, Nequam Burdinum damnai pacemque reformai.

Les autres questions traitées au concile.

Les conciles

œcuméniques qui se tinrent en Occident se distinguent, en plusieurs points, des huit premiers conciles œcuméniques, tous réunis en Orient. Le trait le plus caractéristique c’est que, tandis que les conciles orientaux s’occupèrent surtout du dogme et secondairement de la discipline, les conciles occidentaux firent à la discipline, à la réforme des abus, au progrès extérieur de l’Église, une place très large et parfois prépondérante ; ce fut le cas des cinq conciles œcuméniques du Latran. Puis, en des siècles où l’Église est de façon si étroite associée à la vie des peuples, ces conciles édictent des décrets dont l’objet n’est pas directement religieux mais plutôt social. Le I er concile œcuménique du Latran, en outre, pourvoit aux intérêts de simples particuliers ou d’Églises locales en même temps qu’à ceux de l’Église universelle.

Un de ses canons les plus importants, le 5 e, a trait aux mariages entre consanguins, prohibés à maintes reprises par les papes, et, en dernier lieu, par Urbain II au concile de Troia (1093). Cf. Labbe, t. x, col. 493, 182.’. ; (Italien, causa XXXV, q. vi, c. 4.

f>. C.onjunctiones consan— Nous interdisons les allian guiueoriiin fU-ri prohibemus, ces entre consanguins, parée

quoniam eas et divin » ’, et qu’elles sont détendues par

s.i-i—.ilt prohibent leges. I.eges les lois divines et humaines,

eiiiin divins hoc agentes et Car les lois divines non seu r’. pu ex eis prodeunt non lement rejettent mais encore

solum ejiciunt sed maledic— appellent maudits ceux qui

tos appellant ; leges vero contractent ces mariages et

sa’culi infâmes taies vocant ceux qui en naissent ; les lois

et al) ha-reditale repellunt. humaines les appellent in Nos Itaque, Patres nostros fvmes et les excluent de l’hé seqnciiles, infamia eos nota— ritage. Nous donc, suivant

mus et infâmes eos esse cen— l’exemple de nos Pères, nous

semus. (.t. Denzinger-Iiann— les notons d’infamie et nous

Wart, n. 362. les regardons comme infâmes.

Nous n’avons pas a revenir sur les canons relatifs aux élections épiscopales (1, 10, 22), aux droits et devoirs des évoques (7, 9, 18), à la nomination de l’archiprôtre, du prévôt, du doyen, de l’archidiacre d’une {>.). aux interdictions qui frappent les moines ( ! 7, r.ii i.es cations 19 et 20, d’une authenticité dou Icttsc, du texte publié dans P. L., I. c.i.xni, col. 1364, portent que, selon l’exemple donné par saint Léon à l)i iscore, l’ordination des lévites et des prêtres aura lieu le jour de Laques, et pourra se l’aire le malin du

dimanche, le jeûne du samedi n’ayant pas été interrompu ^ Cf. la lettre pteudo-isidorlenne de saint Léon

le Grand, P. L., t. cxxx, col. 779. Nous ne reviendrons pas non plus sur l’affaire des évêques de la Corse, si ce n’est pour noter que Calixte 1 1 déclare qu’il voulut bien qu’elle fût reprise par une commission d’évêques, mais qu’il demeure entendu que nul ne peut juger le fait du pape : factum nostrum, de quo nulli mortalium judicare concessum est, fratrum noslrorum consilio et judicio commisimus finiendum. P. L., t. o.xiu, col. 1288. Des diverses affaires particulières qui retinrent l’attention du concile, une des plus notables fut le rétablissement de la métropole de Hambourg-Brème, laquelle eut sous sa dépendance les territoires Scandinaves du Nord. Si, dans le conflit entre les évêques et les moines, le concile prit parti pour les évêques, une exception se produisit en faveur du Mont Cassin : le pape confirma les privilèges accordés par ses prédécesseurs à cette église « fondée non par les hommes, mais par le Christ lui-même », à ce monastère célèbre par les miracles et le tombeau de saint Benoît, l’unique consolation des enfants de la sainte Église dans le malheur, asile de paix dans la prospérité, a l’affranchit de tout pouvoir supérieur et le mit sous la protection immédiate du Saint-Siège. Cf. Pierre Diacre, Chronicon Casinense, t. IV, n. 78, P. L., t. clxxiii, col. 903-904.

Parmi les questions d’ordre directement temporel réglées par le concile, deux concernent les Élats de l’Église. Le canon 8 condamna ceux qui envahiraient Bénévent. Cf. Falco de Bénévent, Chronic, P. L., t. clxxiii, col. 1188. Le canon 12 abolit la détestable habitude des Porticans d’envahir les biens de ceux d’entre eux qui mouraient sans héritiers ; les Porticans, Porticani, étaient les habitants de la cité léonine, voisins du. portique de Saint-Pierre, et non, quoiqu’on l’ait dit parfois, les habitants de Porto, Portuenses. Cf. N. Alexandre, Hist. eccl., t. vii, p. 301, et la bulle de Calixte II, du 10 juillet 1123, dans U. Robert, Bullaire, n. 410. Un canon, le 13 e, confirmant ce qui a été établi par les pontifes romains et les conciles antérieurs, par Calixte II lui-même au concile de Reims (1119), cf. E. Semichon, La paix et latrêue de Dieu, Paris, 1857, p. 183-18(3, châtie ceux qui s’obstineraient à rompre la trêve de Dieu. Le canon l(ï sépare de la communion des fidèles, comme t maudits, oppresseurs des pauvres et perturbateurs de la cité », ceux qui fabriqueraient ou débiteraient sciemment de la fausse monnaie. Par le canon 17 sont excommuniés ceux qui oseront prendre et dépouiller les pèlerins qui vont aux tombeaux des apôtres à Rome, ou à d’autres sanctuaires, et pareillement ceux qui imposeront aux marchands denouveaux impôts et droits de péage. La croisade, que le concile de Clermont-Fcrrand avait inaugurée avec tant d’éclal et qui hantera, pour des siècles, la pensée des papes, n’est pas négligée par le concile de Latran : à ceux qui ont pris des croix sur leurs vêtements en faisant vœu d’aller à Jérusalem ou en Espagne, et qui les ont quittées, le concile ordonne de les reprendre et de se mettre en route dans l’année qui suivra Laques ; à ceux qui partent pour Jérusalem ou fournissent un secours pour défendre la nation chrétienne < ! combattre la tyrannie des infidèles, il accorde la rémission de leurs péchés et la protection de saint Pierre et de l’Église romaine pour leurs maisons, leurs biens et leurs familles.

L’œuvre du concile fut éminemment pacificatrice. Concilio Romæ celebraio, pax inter regnum et sacerdotitun reformatur, lisons nous dans la Coniinuatia l’r.r monstratensis de. la chronique de Sigehert de Gembloux. P. /… L ci.x, col. 389. El le biographe de Calixte IL Pandofphe, dans L. Duchesne, L< Liber pontiftealis, L u. p. 323. dit : Fere juin deperditam mundo pacem restituit. La paix, rétablie entre i le royaume « t le sacerdoce », étendit partout ses bienfaits. Le décret sur la trêve de Dieu fut efficace ; lalco de