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LATRAN (I er CONCILE ŒCUMÉNIQUE DU ;


amplius episcoporum. Le Chronicon Fossse Novse, dans Watterich, Ponlificum romanorum vitse, t. ii, p. 153, parle de « presque cinq cents évêques ». Le biographe pontifical Pandolphe, dans L. Duchesne, Le Liber pontificalis, t. ii, p. 323, dit : nongentorum nonaginta seplem episcoporum sive abbatum. Pagi, Critica Baronii, an 1123, n. 5, pense que ce dernier chiffre a été altéré, ne remarquant pas qu’il ne contredit pas nécessairement celui de Suger, car le concile pouvait compter un peu plus de trois cents évêques et de 600 abbés. Caffaro, dont le témoignage est, comme celui de Suger, d’une exceptionnelle valeur, note que l’archevêque de Ravenne fit connaître, devant 300 archevêques, évêques et abbés, la sentence d’une commission, et que le pape l’approuva, et déclara qu’il la confirmerait le lendemain pleno concilio. Ces 300 personnages formaient une. assemblée partielle ; les membres du « plein concile » devaient être sensiblement plus nombreux.

Quant à la durée du concile, on a souvent l’ait appel, pour la déterminer, à Landolphe le Jeune, Liber historiarum Mediolanensis urbis, c. xxxvi-xxxviii, P. L., t. clxxiii, col. 1517-1518. Il raconte que l’archevêque de Milan, Olric, était à Rome cum papa Calixtus synodum Romæ celebravil ; que l’archevêque de Ravenne lui disputa l’honneur de siéger à la droite du pape, contre l’antique privilège de l’église de Milan ; qu’Olric ne vint ni au Latran ni au concile le lundi, jour de l’ouverture ; qu’il n’y eut pas de session le mardi, mais que, le mercredi, pendant la séance, Olric siégea immédiatement à la droite du pape ; que lui-, Landolphe, dépossédé de son église et de ses biens, coram D. papa Calixto ejusque curia consedenle in Lateranensi palatio eausam meam notavi et, ut eam explicarem in synodo, synodum intravi qu’il attendait alleram diem convenientem meæ causas meeeque querelse, quand il vit et apprit à l’improviste que le pape, pour consacrer un autel — peut-être l’autel de la chapelle Saint-Nicolas du palais du Latran, que Calixte fit construire pour perpétuer le souvenir du concordat de Worms — mit fin au concile le mercredi même, nec ultra ab eo synodum celebrari audivi nec vidi, dit-il en terminant. Le concile œcuménique avait été convoqué pour le 3e dimanche du carême. Si Landolphe le vise et si nous pouvons nous fier à lui, le concile de 1123 eut donc deux sessions : le lundi 19 et le mercredi 21 mars.

Or à cela il y a des obstacles. U. Robert, Histoire du pape Calixte II, Paris, 1891, p. 175, voit « une impossibilité presque absolue » à ce que le concile n’ait eu que deux sessions. « Les questions qui y furent traitées, sans parler de celles que nous ne connaissons pas : les discussions qui eurent lieu à propos de Migné, de l’abbé de Saint-Macaire, du Mont-Cassin, la canonisation de saint Conrad d’Altford, évêque de Constance, l’affaire des évêques corses, etc., sont d’une nature et d’une importance telles qu’elles ne peuvent pas avoir été traitées en deux séances. » Cet argument à lui seul ne serait pas valable. Aucun des trois conciles œcuméniques du Latran, réunis après celui de 1123, n’eut plus de trois sessions ; trois sessions suffirent au IVe pour une tâche autrement compliquée que celle du concile de 1123. C’est que les questions étaient étudiées et réglées, ou peu s’en faut, d’avance ; l’œuvre des sessions solennelles n’était guère que de confirmer les décisions des assemblées préparatoires. Mais nous savons, par ailleurs, que le concile ne fut pas clôturé le 21 mars. Une des affaires les plus ardues qu’il traita fut celle des évêques corses, bien connue par Caffaro, présent au concile, et par la bulle aux évêques corses, du 6 avril 1123, P. L., t. clxiii, col. 1287-1290 ; U. Robert, Bullaire, n. 389, t. ii, p. 177-180. Il s’agissait de savoir si on laisserait à l’évêque de Pise le privilège de consacrer ces évêques ou si le pape reprendrait le droit de procéder à leur sacre. La chose fut débattue sans abou tir pluribus diebus, dit Caffaro ; ce que voyant, Calixte, « devant tous les archevêques, évêques, abbés, et toute la multitude du clergé et du peuple, » dit la bulle, donc dans une session générale, fit lire la série des documents pontificaux relatifs à l’affaire et voulut qu’elle fût soumise à l’examen d’une commission d’archevêques et d’évêques, laquelle se réunit dans une salle du palais du Latran. Au nom de la commision, l’archevêque de Ravenne exposa la solution adoptée, devant 300 archevêques, évêques et abbés, sans doute en dehors d’une session solennelle car le pape, nous apprend Cafîaro, ayant approuvé la décision, dit : Mane, pleno concilio, cum omnibus vobis confirmabo. En effet, in nouissimo concilii die, coram universa synodo, dit la bulle, Calixte fit promulguer et confirma la sentence de la commission, accueillie avec un assentiment unanime : le privilège de l’évêque de Pise était aboli post multam et diulinam deliberalionem. Tout cela n’a pu s’accomplir du 19 au 21 mars. Ce n’est pas tout. Une bulle, du 28 mars, à l’évêque, au clergé et aux fidèles du diocèse de Constance, notifie la canonisation de Conrad, évêque de Constance († 976) faite in generali quod celebramus concilio, P. L., t. clxiii, col. 1274 ; U. Robert, Bullaire, n. 358. Donc le concile a duré au moins jusqu’au 28 mars.

Dès lors de deux choses l’une : ou le récit de Landolphe s’applique à un concile particulier, non au concile œcuménique du Latran, ou il n’est pas entièrement exact. Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. v a, p. 642, imagine que Landolphe a en vue un concile romain de 1121. C’est impossible, puisque Landolphe ajoute à ses indications sur le concile : nec ultra ab eo synodum celebrari audivi nec vidi. Ce langage serait inexplicable s’il se rapportait à un concile antérieur au concile œcuménique. Jaffé, Regesla pontificum romanorum, 2e édit., t. i, p. 809, pense que Landolphe parle d’un concile particulier tenu à la fin de 1123 ou en 1124. Mais, sans compter que l’existence de ce concile romain, de fin 1123 pu de 1124, est fort problématique en raison du silence des textes et du peu de temps qui le séparerait du concile général, l’expression de Landolphe : cum papa Calixtus synodum Romæ celebravit, paraît convenir non à un concile du Latran, mais au concile tout court, à celui qui était connu comme le concile du Latran, au concile œcuménique. D’autre part, ainsi que dans le texte de Landolphe, le concile œcuménique s’acheva un mercredi et l’archevêque de Ravenne y fut un personnage de premier plan. A quoi l’on peut ajouter que la mention par Landolphe de la consécration d’un autel qui couronna l’œuvre du concile cadre avec ce que nous savons de l’érection, dans le palais du Latran, de la chapelle Saint-Nicolas, destinée à être le mémorial du concordat de Worms. Cf. U. Robert, Histoire du pape Calixte II, p. 154-157. Il n’est donc pas improbable que le texte de Landolphe se réfère au concile œcuménique. Si l’on devait l’admettre, ce qu’il présente de défectueux s’expliquerait ou par une omission d’un copiste ou par la défaillance de la mémoire de l’auteur qui, écrivant une dizaine d’années après l’événement,

— le Liber historiarum Mediolanensis urbis s’arrête en 1133, — aurait confondu le mercredi, surlendemain de l’ouverture du concile, avec celui de la semaine suivante.

Quoiqu’il en soit, Hefele, p. 641, a faussement conclu de la date de la lettre aux évêques de la Corse que le concile dura jusqu’au 6 avril. « Il dut y avoir, selon la remarque d’U. Robert, Histoire, p. 175, quelque intervalle entre le jour où Calixte rendit sa sentence et celui où la bulle fut rédigée, transcrite, puis souscrite par le pape et les trente-quatre cardinaux. > Il y a mieux pour fixer avant la date de la bulle la fin du concile. La bulle porte expressément : in præterito quod nuper