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L ATOME — LATOMUS


séjour en 1530. Attiré à Paris, par les humanistes de l’époque surtout par Guillaume Budé, il est nommé en 1534 professeur d’éloquence latine au collège royal de France, où il restera jusqu’en 1542, date à laquelle le nouvel électeur de Trêves, Louis de Hagen l’attira à Coblence, avec le titre de conseiller.

Jusque-là Barthélémy Latomus s’était occupé à peu près exclusivement d’humanités. Sur sa production littéraire qui fut assez abondante, voir les auteurs cités clans la bibliographie. Toutefois il faut signaler la lettre qu’en 1540 il avait écrit à Jean Sturm, alors recteur du gymnase de Strasbourg, sur les dissensions de l’Allemagne et la nécessité de maintenir la paix pour lutter contre les Turcs. La lettre de Latomus et la répense de Sturm sont publiéesdans : Epistolæ duorum ctmicorum Bartholomœi Latomi et Joannis Sturmii de dissidio periculoque Germanise et per quos slat quominus concordiæ ratio inter partes ineatur, Strasbourg, 1540 et 1566. A partir de son installation à Coblence, Latomus va être mêlé beaucoup plus intimement aux querelles religieuses de l’époque. A ce moment l’archevêque de Cologne, Hermann von "Wied, résolu à introduire la Réforme dans son diocèse, avait appelé Bucer pour la prêcher. Le réformateur connaissait Latomus depuis plusieurs années et le croyait gagné, comme tant d’autres humanistes, à la nouvelle doctrine ; il espérait par lui pouvoir détacher aussi de l’Église l’électeur de Trêves. C’était une lourde erreur. Latomus blâma ouvertement les tentatives faites à Cologne ; d’où discussion entre Bucer et le conseiller de l’électeur, dont les principaux monument furent imprimés. En 1544 Bucer faisait publier à Strasbourg une lettre de Latomus et sa propre réponse : Scripta duo adversaria D. B. Latomi LL. Docloris et Martini Buceri theologi de dispensationc Eucliarisliæ, invocatione divorum, ccelibalu clcricorum, Ecclesise et episcoporum communione, aulhoritale, potestatc, criminalionibus arrogantiæ, schismalis et sacrileyii, quee sunt intentâtes Statibus qui vocantur Protestantes. La lettre de Latomus ne comporte que les pages 9-30 ; l’ensemble du volume, qui compte 263 pages est occupé par le texte de Bucer. L’humaniste catholique ne pouvait en rester là ; il répliqua par un livre assez considérable : B. Latomi adversus M. Bucccrum de controversiis quibusdam ad religionem pertinentibus altéra plenaque dejensio, Cologne, 1545, petit in-4° de 144 feuillets non chiffrés. Une réplique de Bucer amène une riposte nouvelle : Réfutât io calumniosarum inseclationum M. Bucceri, quibus nouissimis libellis œditis in B. Lalomum extra ordinem inveclus est, ipso Lalomo aulhore, Cologne, 1546, petit in-4°, 26 feuillets non chiffrés. En ces mêmes années Latomus accompagnait son archevêque aux diètes de Spire et de Worms ; en 1546 il est au colloque de Batisbonne, dont il résume les débats dans ses lîandlungen des Colloquiums zu Regenspurg ; en 1557 on le trouve encore au colloque de Worms, où il publie contre les calvinistes : Spaltung der Auspurchischen Confession durch die newen und slreitigen Theologen mit kurt : er IV iderlegung der unbeslendigen Lehre dirzelben. Cet écrit ayant été violemment attaqué par P. Dathenus, ministre calviniste, passé de Flandre en Allemagne, Latomus riposte par une Responsio B. Latomi ad impudentissima coiwitia et calumnias Pétri Dathœni scripta Frankfordiæ in convenlu Csesaris et Principum electorum Imperii, mense martio, antio 1558, in-4°, 11 feuillets non chiffrés ; Dathenus réplique une première fois. Latomus lui assène : Ad furiosas P. Datheni criminationes et absurdas eiusdem de Verbo Dei et Scriptura sententias… altéra responsio, Cologne, 1560, in-8°, 88 feuillets non chiffrés. Mais le calviniste revient à la charge et fait imprimer ses deux réponses ensemble à Francfort en 1560 : Ad B. Latomi rheloris calum nias, quibus Augustanæ confessionis theologos anno 1557 Wormaliæ colloquio collectos gravai ac traducit Pétri Datheni responsio prima et secunda. La polémique à ce moment tourna malheureusement aux personnalités. Autre polémique sur le même ton l’an 1553 avec un pasteur de Gceppingen Dedocta simplicilate prima ? Ecclesiæ et de usu calicis in Synaxi et de cucharislico sacrificio, adversus petulanleni insultalionem Jacobi Andrew, pastoris Guppingensis B. Latomi responsio, Cologne, 1559, in-4°, 35 feuillets non chiffrés. Latomus mourut à Coblence le 3 janvier 1570.

Valère André, Bibliolhcca Belgica, Louvain, 1643, p. 106 ; E. du Pin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, t. xvi ; J.-F, Foppens, Bibl. Belgica, Bruxelles, 1739, t. i, p. 126 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, t. ii, Louvain, 1763, p. 110-124 ; L. Roersch, Barthélémy Latomus, le premier professeur d’éloquence latine au Collège royal de France, dans Bulletin de l’Académie royale de Belgique, IIIe série, t. xiv, p. 132-176 ; du même la notice de la Biographie nationale publiée par l’Académie royale de Belgique, t. xi, Bruxelles, 1890-1891, col. 425434.

E. Amann.

    1. LATOMUS Jacques##


LATOMUS Jacques, théologien de Louvain (1475-1514) de son vrai nom Masson. — Né à Cambron près rl’Ath vers 1475, il fit ses études à l’Université de Paris où il prit le grade de maître ès-arts ; appelé à Louvain pour diriger un des collèges, il entra au conseil de l’université de cette ville, comme membre de la Faculté des arts en 151 0. Docteur en théologie en 1519, il devient professeur ordinaire de théologie en 1537, recteur de l’université en 1537 ; Il était aussi adjoint au tribunal de l’Inquisition ; il mourut en 1544.

Venu assez tard à la théologie, Jacques Latomus y entrait au moment où commençait à Louvain la controverse avec Luther. Il prit à ces joutes théologiques une part extrêmement active, ses polémiques, son action comme inquisiteur lui attirèrent l’animosité des luthériens. Ceux-ci, après l’avoir attaqué de son vivant firent courir plus tard le bruit qu’il était mort en désespéré, s’accusant de n’avoir pas voulu voir la pure lumière de l’Évangile et d’avoir empêché les autres d’y accéder. Il faut ajouter qu’en confondant Érasme avec les novateurs, Latomus trouva le moyen de s’attirer en même temps les colères des humanistes. Les œuvres diverses de cet auteur parues pour la plupart à Anvers ont été. rassemblées par son neveu appelé lui aussi Jacques Latomus : Jacobi Latomi… opéra quæ præcipue adversus horum temporum hæreses eruditissime ac singulari fudicio conscripsit… quibus accesscrunt ejusdan auctoris alia opuscula minquam hac tenus l’ipis excusa, Louvain, 1550, in-f°. Sans nous attacher à suivre l’ordre de ce recueil, nous allons énumérer ces ouvrages dans leur ordre d’apparition.

1° De Irium linguarum et sludii theilogici ralione dialogus, Anvers, 1519, in-4°, 39 p., en deux livres. Ce sont deux entretiens entre un rhéteur, un scolastique et un indifférent puis entre le premier et le troisième de ces personages sur la question de savoir si la connaissance approfondie des trois langues (latin, grec, hébreu) est nécessaire au théologien. Érasme n’y est pas nommé, mais ce sont les tendances de son école qui y sont visées et dénoncées comme dangereuses. Le théologien a-t-il tant besoin d’écrire un latin correct, de savoir l’hébreu et le grec ? La tradition ecclésiastique ne lui est-elle pas, pour l’étude de l’Écriture, d’une autre importance que la philologie’.' Érasme répondit par une Apologia refellens suspiciones quorundam diclilanlium dialogum D. J. Latomi de tribus linguis et ralione sludii theologici conscriplum fuisse adversus ipsum, où il montrait que l’application de la grammaire aux textes sacrés ne saurait porter dommage à la vraie théologie, Latomus riposta par

— 2° Apologia pro dialogis, où il traite des versions et