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LAPI — LA ROCHEFOUCAULD


vive d’un augustin calabrais, le P. Accetta. Ennemi de toute controverse, Lapi ne répondit pas, et s’abstint désormais de lire ses productions à l’Académie. Ordonné prêtre peu après, il se tourna vers les études ecclésiastiques, et s’adonna à l’enseignement de la philosophie morale au séminaire de Florence, jusqu’à sa mort, 20 octobre 1754. Il a laissé quelques ouvrages de théologie, où l’on retrouve son penchant pour la poésie : Theologia scholastica versibus elegiacis expressa, Florence, 1728 ; Institutioni cristiane, Florence, 1748 ; Compendio délia doltrina christiana, Florence, 1749 ; Inni sacri tradolti in versis loscanis, Florence, 1753.

Hœfer, Nouvelle biographie générale, 1859, t. xxix, col. 525 ; Michaud, Biographie universelle, 2e édit., t. xxiii, p. 228.

L. Marchai..

LAPORTE (Etienne de) (1688-1748) naquit en 1688 à Vieillevigne, diocèse de Nantes, et fut membre de la communau’é de Saint-Clément. A cause de son opposition à la bulle Unigenitus, il fut obligé de quitter le diocèse. En 1727, après le concile d’Embrun qui déposa Soanen, évêque de Senez, il fut choisi par celui-ci comme son vicaire général. Comme tel, Laporte publia plusieurs mandements contre les constitutionnaires, contre Yse de Saléon et de La Motte, qui avaient été désignés par le concile d’Embrun pour gouverner le diocèse de Senez, pendant l’exil de Soanen à la Chaise-Dieu. Il fut obligé de quitter Senez et se retira auprès de l’évêque de Montpellier ; bientôt il fut arrêté et emprisonné en 1731. Mis en liberté après la mort du cardinal de Fleury en 1743, il revint dans son diocèse de Nantes où il mourut en avril 1748.

Laporte a composé quelques mandements dont le but était de défendre l’évêque de Senez et de légitimer sa conduite. On peut citer le Mandement du 16 octobre 1727 portant défense au sieur de Saléon, soidisant vicaire général du diocèse de Senez, de faire aucune fonction dans le diocèse en cette qualité, sous peine d’excommunication, et aux curés, prêtres et fidèles du diocèse de reconnaître une autre juridiction que celle de M. l’évêque de Senez ou des vicaires généraux établis par lui ; il déclarait nulles toutes les absolutions données par des prêtres qui ne seraient pas approuvés par lui-même. Une Instruction pastorale du 1 er novembre 1727 avait pour but d’établir l’injustice et la nullité de la sentence prononcée par les évêques assemblés à Embrun, et Laporte indiquait la conduite que les fidèles devaient suivre dans les conjonctures présentes. Le Mandement et V Instruction pastorale furent condamnés par un bref de Benoît XIII, 16 avril 1728, avec les Instructions de M. de Senez, « comme téméraires, injurieuses au concile d’Embrun et au Saint-Siège, remplies d’un esprit schismatïque et hérétiques. » Laporte envoya à M. de Saléon deux monitions, 19 janvier et 19 avril 1728, par lesquelles il le menaçait d’excommunication, mais Laporte s’arrêta aux menaces, tandis que Saléon excommunia Laporte. Celui-ci publia un nouveau Mandement pour casser et annuler tous les actes de juridiction de M. de Saléon et pour défendre au sieur de La Motte, nouvel intrus, de s’ingérer dans le gouvernement du diocèse de Senez ; il écrivit plusieurs Lettres à la Sœur ***, religieuse à Castellane, pour encourager les visitandines à rester fidèles à M. de Senez, contre les décisions du concile d’Embrun. De son exil, l’évêque de Senez écrivait aussi souvent à ces mêmes religieuses. Enfin Laporte publia un Plan d’étude au sujet des contestations importantes qui agitent aujourd’hui l’Église universelle, c’est une planche gravée qui résume le livre intitulé : Catéchisme historique et dogmatique, et qui fut dressée à l’usage des religieuses de Castellane.

Nouvelles ecclésiastiques du 10 janvier 1728, p. 5-6, du 12 février 1728, p. 24 et du 15 juillet 1728, p. 153 ; du 20 février 1729, p. 13-14, du 4 avril 1729, p. 57, et du 20 septembre 1729, p. 155-156 ; du 15 octobre 1748, p. 165167.

J. Carreyre.

LA POYPE DE VERTRIEU (Jean-Claude de). — Prélat français né en 1655 et mort le 3 février 1732. Issu d’une ancienne famille du Poitou, il fut nommé évêque de Poitiers en 1702, passant de Lyon, ou il était vicaire général de M. de Saint-Georges, dans son diocèse d’origine qu’il gouverna trente années durant. Le caidinal Pie, rappelant quelques-unes des créations de ce digne prédécesseur, le qualifie < le plus saint et le plus zélé des évêques dont le xviii c siècle ait transmis la mémoire à son Église ». Avec d’autres prélats, il signa une lettre écrite au Régent pour l’engager à demander au pape des explications sur la bulle Unigenitus, 1716.. Il est l’auteur d’un ouvrage estimé, auquel collabora le P. J. Salton, jésuite, et qui parut sous ce titte : Compendiosæ instiluliones lheologicæ, m-8, Poitiers, 1708, 2 vol. ; 1753, 6 vol. ; 1772, 4 vol. in-12 ; 1778, 6 vol. ; Venise, in fol., 1731. Les questions y sont traitées avec beaucoup de précision et de méthode.

Dreux du Radier, Histoire littéraire du Poitou ; Journal des savants (supplément), janvier 1709 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xxix, col. 563 ; Card. Pie, Œuvres épiscopales, Paris ; Huiter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 1113.

A. Thouvenin.

LA ROCHEFOUCAULD (François de), cardinal, une des plus belles figures de l’épiscopat français aux xvie et xvir siècles (1558-1615). — Il naquit à Paris le 8 décembre 1558 de Charles de La Rochefoucauld, comte de Randan, et de Fulvie Pic, issue des princes de La Mirandole. Ayant perdu son père à l’âge de quatre ans, il fut élevé par les soins de son oncle, Jean de La Rochefoucauld, abbé de Marmoutier, qui lui fit faire ses études, humanités, philosophie et théologie, chez les jésuites, au collège de Clermont. Ses études terminées, il partit visiter Rome et l’Italie A un clerc d’une si illustre famille, les honneurs et les bénéfices ne devaient pas manquer : il était heureusement bien doué et avait toutes les qualités requises pour remplir dignement les fonctions qui allaient lui être confiées.

A quinze ans, il était abbé de Tournus ; quelque temps après, il succédait à son oncle dans la charge de maître de la chapelle du roi. Henri III le nomma évêque de Clermont en 1585 : il n’avait alors que vingt-six ans. Ayant pris possession de son siège. le 3 février 1586, il se mit aussitôt à la besogne, travaillant à la conversion des hérétiques, combattant les doctrines nouvelles et s’eftorçant de développer la vie reiigieuse dans son diocèse. Sous son épiscopat, est fondée à Mauriac une société de pénitents sub tilulo Virginis Annunlialæ, 24 juin 1589, société confirmée par Urbain VIII en 1624. En 1599, il préside à Bellom à la fondation d’un monastère de capucins, dont il consacre l’église le 29 octobre 1606 ; deux autres maisons de capucins sont fondées, l’une en 1606, à Thiers, l’autre en 1608, à Issoire.

Il sut, sans manquer à sa dignité et à ses devoirs d’évêque, gagner la faveur des rois : apiès avoir résisté à Henri de Navarre protestant, il se soumit à Henri IV après sa conversion. Reconnaissant ses qualités, le nouveau roi le nomma commandeur de l’ordre du Saint-Esprit et obtint pour lui de Paul V le chapeau de cardinal. 10 septembre 1607. Henri IV voulut pouvoir utiliser plus facilement les talents du cardinal et recevoir ses conseils : il obtint dans ce but que l’évêque de Senlis, Antoine Rose, auquel en compensation fut donnée l’abbaye de Saint-Mesmin, échangeât