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LAODICÉE (CONCILE DE


premiers il suffira de leur faire anathématiser leurs erreurs, puis ils recevront l’onction du saint-chrême et seront admis à la communion : xP 1 °9évtocç T <P âyîw Xplau-ocTi. oûtw xoivwvsïv tc* jvuaTYjpico tm àyîoj. Pour les montanistes au contraire, à quelque degré de la secte qu’ils appartiennent, ils devront être baptisés. Cette différence de traitement surprend au premier abord ; elle se justifierait par la bizarrerie de certaines formules baptismales que l’on prêtait, à tort ou à raison, à ces derniers hérétiques. On comparera ces canons avec les c. 8 et 19 de Nicée visant d’une part les cathares (novatiens| et d’autre part les paulianistes. Un seul canon, le 2e, est relatif à la pénitence ; il prescrit d’accorder la réconciliation à toutes les catégories de pécheurs, après un temps de pénitence proportionné à la gravité des fautes commises. Nous sommes très loin des sévérités du concile d’Elvire et des exclusions définitives portées par celui-oi contre certaines espèces de fautes. Ce canon de Laodicée est passé dans le Corpus Juris, causa XXVI, q. vii, c. 4. Le sacrement d’eucharistie n’est touché qu’au c. 14 : celui-ci défend d’envoyer en temps pascal les saintes espèces en guise d’eulogies aux autres Églises, [ir zà âyioL eîç Xôyov EuXoyiwv xarà tv)v éopT/jv toù roxax<x elç éxépaç mxpoixîaç Siomé^TCeaOai.. Relativement au mariage, le c. 1 spécifie qu’il n’y a pas lieu d’écarter de la communion ceux qui ont contracté régulièrement un second mariage ; on imposera seulement aux conjoints une épreuve de quelque temps, pendant laquelle ils vaqueront à la prière et au jeûne. Visiblement il s’attache encore quelque défaveur aux secondes noces. Les mariages mixtes sont interdits, ou du moins fortement déconseillés par les c. 10 et 31 ; de cette sévérité à l’endroit des dissidents témoignent aussi lesc. 32, 34 ; 37-39.

C’est au milieu de ces dernières prescriptions relatives aux dissidents que se glisse le c. 35 relatif au culte des anges. Il s’élève en termes vigoureux contre cette pratique : « Les chrétiens ne doivent pas abandonner l’Église de Dieu, s’en détourner, invoquer les anges et faire des synaxes{en leur honneur) àyyéXouç 6wy.tzC, siv xai aovâ^eiç 7roteîv. Tout cela est interdit. Si quelqu’un donc est trouvé se livrant à cette idolâtrie larvée, tocÔtY) tîj XEXpoji.u.sv’fl slâcùXoX « Tpe£a, qu’il soit anathème, parce qu’il a abandonné Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu et qu’il est passé à l’idolâtrie. » Théodoret, dans les passages signalés plus haut, fait remarquer que, de son temps encore, le culte des anges était très répandu parmi les chrétiens de Phrygie et que l’on trouvait à plusieurs endroits des églises dédiées à saint Michel. Il n’est pas interdit de penser que des idées plus en moins superstitieuses, voire hétérodoxes, fleurissaient à l’abri de ce culte ; c’est contre elles que le canon serait dirigé.

Les c. 59 et 60 soulèvent une question plus délicate encore. Le premier défend de lire dans l’église d’autres écrits que les livres canoniques de l’Ancien et du Nouveau Testament, et afin de couper court à toute discussion le dernier texte donne justement le canon biblique. Pour l’Ancien Testament la liste est celle du canon palestinien, sinon pour l’ordre et le nom des livres au moins pour le nombre ; c’est dire qu’il y manque Judith, Tobie, l’Ecclésiastique et les Macchabées, mais, chose remarquable, Baruch est cité avec Jérémie, et àJa suite des Lamentations on signale des èma-foXat, qui correspondent certainement à la lettre de Jérémie Bar., vi. L’ordre’Ispsfiiaç xai Bapoû^, Qpîvol xai. èrufffoXaî est donc celui des Septante. On a l’impression d’une liste obtenue en retranchant de celle des Septante les livres cités plus haut : il est donc vraisemblable qus les parties deutérocanoniques d’Esther et de Daniel ne sont pas délibérément exclues. Pour ce qui est du Nouveau Testament, il y manque l’Apo calypse ; l’ordre des livres est celui-ci : Évangiles, Actes, Épîtres catholiques, Épîtres paulines y compris l’Épître aux Hébreux, placée entre II Thess. et I. Tim.

Nous n’avons pas à insister sur l’importance de ce texte en ce qui concerne l’histoire du canon biblique. Il ne présente d’ailleurs rien de surprenant et ne fait que s’ajouter à d’autres témoignages de la même époque et des mêmes contrées relatifs à l’exclusion des deutérocanoniques. Voir Canon des Livres saints, t. ii, col. 1576 sq. Ajoutons pourtant que l’appartenance de ce canon à la collection primitive n’est pas absolument hors de conteste. La question a été soulevée pour la première fois avec quelque ampleur par L E. Spittler, au xviiie siècle, qui a été suivi au xixe par Herbst et Fuchs, et plus récemment par T. Zahn. Suivant ces auteurs, la liste des Livres saints n’appartient pas à la rédaction primitive des canons en question, lesquels s’arrêtaient au c. 53. La preuve en est que la plus ancienne tradition ignore ce catalogue des livres bibliques. T. Zahn a donné à cette argumentation toute sa force. Il a fait remarquer que les plus anciens témoins du texte, grecs, syriaques, latins, ignorent le c. 60 ; que d’autre part la liaison entre le c. 59 et le c. 60, dans les témoins où il existe, est des plus variables ; on a l’impression qu’il s’agit d’une pièce ajoutée après coup, peut-être d’une glose marginale qui s’est glissée postérieurement dans le texte. Ceux qui ont défendu l’authenticité du c. 60, au xviii c siècle Van Espen et Schrôckh, au xixe, Hefele, ont cherché à expliquer l’absence de ce canon dans les témoins anciens. Ils ont fait remarquer, non sans raison, qu’on comprend assez bien pourquoi les éditions des canons de Laodicée faites en Occident (celles de Denys le Petit, de Martin de Braga, la collection isidorienne) n’ont pas ce catalogue des Livres saints ; à cette date l’Occident s’en tenait définitivement à un canon biblique plus large que celui de Laodicée. Il leur est plus difficile d’expliquer l’omission (et dans leur hypothèse la suppression) du catalogue biblique dans la collection grecque de Jean le Scolastique. Celk-ci, rédigée en 560, fait place aux canons apostoliques, parmi lesquels le n. 85 contient un catalogue biblique au moins aussi différent que celui de Laodicée de la liste officiellement admise dans l’Église grecque. Les défenseurs de l’authenticité ignoraient enfin l’absence du c. 60 dans le plus ancien ms. syriaque des canons de Laodicée qui est de la première moitié du vie siècle. La présence du c. 60 dans un très grand nombre de mss postérieurs (grecs, latins et orientaux) ne saurait être invoquée contre le témoignage des plus anciens représentants du texte. — - Il nous semble à nous aussi que l’authenticité du c. 60 est loin d’être démontrée. Mais il reste, ce que Zahn ne conteste pas, que ce catalogue des écrits bibliques représente une liste ancienne qui a toutes chances de nous renseigner sur le canon biblique admis vers la i

du ive siècle, dans

bon nombre d’Églises orientales.

Texte dans Beveridge, i]-jvôSixov siue I’andeclie canonum, Oxtord, 1672, t. i, col. 453-481 ; et dans les grandes collections conciliaires, voir Mansi, Concil., t. ii, col. 564-574 ; texte critique dans Pitra, Juris ecclesiastici Gnvcorum hisloriti et moiuimenta, Rome, 1862, t. i, p. 495-504 ; édition manuelle de F. Lauchert, Die Kanones der wichtig ton altkirchlichen Concilien, Fribourg-en-B., 1896. — Sur les traductions syriaques voir R. Duval, La littérature syriaque, p. 171 sq. ; sur les versions éthiopiennes, Funk, Die ai>osl>liehen Constitutionen, Rottenbourg, 1891, p. Ld 10.

Sur la date du soi-disant concile : Baronius, Armâtes, ad. an. ; 5 ( J.">, n. 1-10, Pagi, Critica, ad an. 31 1, n. 25 ; P. de Marca, Dissertatio de veteribus eollectionibus canonum, dans A. Gallandi, De velustis canonum eollectionibus, Venise, 1788 ; Van Espen, Commenter, in canones et décréta juris, Cologne, 1754, p. 156 sq. ; Doni f.eillier, Histoire générale des