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JOSEPH DE METHONE — JOSEPH DE PARIS


l’emploi d’une langue simple et populaire, théologien avisé, l’un des derniers représentants et non des moindres de la controverse théologique, à la chute de l’empire byzantin.

Voir K. Krumbacher, Geschichte der byzantinisehen Literatur, Munich, 1897, p. 118-119.’f L. Petit.

    1. JOSEPH DE IVIORLAIX##


6. JOSEPH DE IVIORLAIX, frère mineur capucin († 1661). — 1. Yves Noiiel appartenait à l’une des plus anciennes familles du diocèse de Tréguier, celle des seigneurs de Kerven. Baptisé le 2 avril 1606, Yves grandit dans une maison fort religieuse sous la conduite d’une mère vertueuse, qui devenue libre entrera chez les Calvairiennes. Le 12 mai 1622, suivant l’exemple de son frère aîné, il recevait l’habit au noviciat des capucins à Angers. Une fois prêtre, le P. Joseph brûlait du désir de se consacrer au ministère apostolique ; toutefois la faiblesse de sa complexion fut cause du retard que ses supérieurs apportèrent à contenter son zèle. En 1684 il prêchait son premier carême au monastère du Calvaire de Morlaix, où sa mère était religieuse. Sa réputation comme prédicateur était vite faite et si bien établie, qu’au mois de décembre 1640, sur les instances du duc de Bouillon, nouveau converti, la S. C. de la Propagande nommait le P. Joseph préfet de la mission de Sedan. Cette ville était alors un des boulevards du protestantisme dans l’est de la France et le fameux Pierre du Moulin y commandait en maître. Sans aborder la controverse directe, le préfet de la mission assistait assidûment aux prêches et les réfutait ensuite du haut de la chaire. Voyant diminuer son prestige et se dessiner un mouvement de conversions, du Moulin annonça trois conférences, dans lesquelles il promettait de démontrer la fausseté des enseignements donnés par les capucins. L’assemblée fut nombreuse, mais le résultat assez médiocre, le ministre s’en prenant plus à la personne des missionnaires qu’à leur doctrine ; cependant, pour maintenir sa réputation au dehors de la ville, du Moulin jugea bon de publier les Trois sermons faits en présence des pères capucins qui les ont honorez de leur présence, Genève, 1641. Il attendit peu la réplique du P. Joseph, qui fit paraître la Lettre du Sieur Crescentian de Mont-Ouvert adressée par forme de relation au sieur Meslayer, jadis ministre de Lusignan et maintenant professeur de la fou catholique… Avec la réfutation de trois presches du sieur du Moulin, tirée des sermons du P. Joseph de Morlaix, capucin. Beims, 1641. Par esprit de vengeance, du Moulin lança alors son injurieux libelle intitulé Le Capucin. Traité auquel est descrile et examinée l’origine des capucins, leurs vaux, reigles et disciplines, Genève, 1641. Ce traité ne tarda pas à être condamné par le Saint-Office, le Conseil d’État et le Parlement de Bordeaux. On dit que le missionnaire lui opposa un écrit de cinq ou six feuilles, mais on n’en trouve pas de traces. Le ministre fit encore imprimer un prétendu Examen du livre intitulé : Lettre du sieur Crescentian de Mont-Ouvert, et promettant la réfutation des trois semons de du Moulin, Sedan, 1641. Grossièrement pris à partie, le P. Joseph, qui ne voulait pas suivre son adversaire dans une polémique où la doctrine n’entrait pour rien, laissa cet opuscule sans réponse ; pas plus que les autres il n’empêchait la mission de porter ses fruits. Cependant le P. Joseph était parti de Sedan en 1642 ou 1643. Le 13 avril de cette année, il prêchait à Paris, chez les minimes, devant une assistance choisie, le panégyrique de saint François de Paule, et il donnait l’avent à Saint-Paul dans l’église des jésuites. En 1646 il était choisi pour prêcher l’octave du Saint-Sacrement à la cathédrale d’Angers. II en profita pour combattre les fausses doctrines qui se propageaient alors, grâce au livre de La fréquente communion. L’évêque d’Angers était

alors Claude de Bueil, fortement imbu des idées jansénistes et, comme tel, assez hostile aux réguliers, dont le prédicateur ne manquait pas de défendre les privilèges. Bref, avant la fin de l’octave, le P. Joseph était interdit par l’évêque. Cette affaire fit alors grand bruit, mais ne causa aucun dommage à la réputation du capucin, qui était appelé à l’honneur, fort recherché, de prêcher devant la cour. Il fournit aussi trois carêmes à Notre-Dame avec tant de succès que l’on dit qu’il reçut le titre de chanoine honoraire. Le P. de Morlaix remplit aussi les premières charges dans sa province de Bretagne et le 25 août 1661 il rendait son âme à Dieu, au petit couvent de l’Hermitage à Nantes. Le 7 octobre suivant, le P. Joseph de Dreux, son confrère, prononçait son Oraison funèbre ou Panégyrique dans l’église des calvairiennes au Marais.

Outre les opuscules mentionnés, on a du P. Joseph une Oraison funèbre sur la mort de Mgr François de Lorraine, prince de.’oinville, prononcée en l’église de Saint-Pierre de Reims, Beims, 1640, et une Harangue funèbre prononcée en l’église de Saint-Sauveur de Rennes, aux obsèques de Messire Gabriel Freslon, conseiller du roi et président au mortier dans le parlement de Bretagne, Bennes, 1652. La Bibliothèque Mazarine conserve une copie du temps de, deux sermons du P. Joseph, un pour la fête de la Trinité, l’autre sur le texte : Laudate Deum secundum multitudinem magniludinis ejus (ms. 1056 et 1057). Il existe aussi deux lettres imprimées du P. Joseph relatives à l’interdiction d’Angers, l’une à Monsieur N. sur laquelle on a commencé d’animer les esprits, l’autre au P. François de Tréguier, provincial, in-4°, s. 1. n. d., mais de 1646.

2. Les bibliographes de l’ordre ont confondu ce Joseph de Morlaix, mort en 1661, avec une autre religieux de même nom, qui vivait à la fin du xviie siècle et au commencement du suivant. Ce second Joseph se consacra aux missions tant en langue bretonne que française, et nous avons de lui : Dialogue et entretien d’un solitaire et d’une âme damnée sur les vérités effrayantes de l’éternité malheureuse et de ses tourments, Dinan, 1703 ; Nouveaux règlements pour les missions et avis très importants pour les prédicateurs, confesseurs et pénitents dans l’administration des sacrements de pénitence et d’eucharistie, Morlaix, 1706 ; Méthode d’oraison très sûre, agréable et facile pour toute sorte de personnes et de conditions, Dinan, 1712. On lui attribue aussi un Directoire chrétien et une Préparation à la mort, que nous ne connaissons pas autrement.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ord. min. capuccinorum, Venise, 1747 ; Hurel, Les orateurs sacrés d la cour de Louis XIV, Paris, 1872 ; René de Nantes, Un capucin breton au XVIIe siècle, dans Études franciscaines, 1912.

P. Edouard d’Alençon.

    1. JOSEPH DE PARIS##


7. JOSEPH DE PARIS, capucin (1577-1638), souvent, mais improprement, appelé JOSEPH DU TREMBLAY, surnommé l’Eminence grise, était fils de Jean Le Clerc du Tremblay, conseiller du roi et premier président des requêtes, et de Marie de La Fayette.

Né à Paris le 4 novembre 1577, il reçut au baptême le nom de François, qui était celui du duc d’Anjou, son parrain. Jeune encore, il perdit son père, mais sous la sage conduite de sa mère, il fit de solides études, qu’il acheva à l’université et termina par un voyage en Italie. A vingt ans, le baron de Mafiliers, c’est le nom qu’il portait, était un gentilhomme accompli : il avait fait ses essais à la guerre et dans la diplomatie, quand, suivant une vocation ancienne, il renonça au monde, où tout conspirait à le retenir, et alla frapper à la porte du noviciat des frères mineurs capucins à Orléans. Mme du Tremblay mit tout en œuvre pour reprendre son fils, mais c’est elle qui fut vaincue dans