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LANGLOIS

LANGUES LITURGIQUES

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tin n’a jamais enseigné leurs erreurs ». La seconde, qu’ils avaient fait au contraire tout ce qu’auraient pu faire des esprits artificieux résolus d’appuver le jansénisme, sans dire toutefois ouvertement qu’on avait eu tort de condamner Jansénius, et qu’on ne devait pas le regarder comme un auteur qui s’est éloigné des principes et de la doctrine de saint Augustin ». L’auteur du libelle allait plus loin encore en prétendant que les bénédictins n’avaient réimprimé saint Augustin que « pour donner une seconde édition d’Arnauld, qu’on dirait que Jansénius lui-même avait présidé à l’édition et indiqué les endroits où il fallait fairedes observations et ceux où il n’en fallait pas faire ».

Quel était l’auteur de ce libelle ? Les bénédictins pensèrent aussitôt qu’il fallait le chercher parmi les jésuites. On soupçonna le P. Daniel, le P. Bouhours, le P. Germon. La preuve semble faite que le responsable était le P. J.-B. Langlois. D. Ruinait en tout cas rapporte dans son journal, publié parle P. Ingold, que, le 3 mai 1699, un jeune jésuite se présenta à Saint-Germain-des-Prés, dire « qu’il s’appelait Emeric Langlois, et qu’il était surpris de voir à la fin d’une lettre contre Vabbé allemand diffamer sa famille, qu’il ne pouvait être l’auteur de cette lettre, étant tout jeune, et que, si l’on pouvait en soupçonner quelqu’un, ce serait un autre P. Langlois, jésuite, qui demeurait aussi au collège ». Le P. Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. ii, col. 1484-1-486, attribue lui aussi la lettre de Vabbé allemand au P. Langlois.

Cette lettre fut le point de départ d’un certain nombre de répliques qui se croisèrent dans tout le cours de l’année 1699 ; on en trouvera l’énumération dans Sommervogel, loc. cit. Le P. Langlois est certainement responsable de deux de ces libelles : d’abord du Mémoire d’un docteur en théologie adressé à Messeigneurs les prélats de France sur la Réponse d’un théologien des PP. bénédictins à la lettre de iabbé allemand, in-12, 128 p., où l’auteur reprenait toutes les accusations de Vabbé allemand et s’efforçait de montrer que le théologien des bénédictins (le P. B. Lamy), ne les avait pas réfutées ; responsable encore d’un autre factum intitulé : La conduite qu’ont tenue les P. bénédictins depuis qu’on a attaqué leur édition de saint Augustin, in-12, 79 p. (et aussi in-12, 144 p.), qui refaisait, à sa manière, toute l’histoire de la controverse. Sur ces entrefaites, dom de Sainte-Marthe s’était lancé dans la controverse et avait attaqué vivement Petau. On lui répliqua, du côté des jtsuites, par des Yindiciæ Petavii, demeurées inédites et que le P. Sommervogel « attribuerait volontiers au P. Langlois ».

Nous n’avons pas à exposer ici les différentes phases de cette regrettable querelle. Louis XIV, pour ce qui le concernait, y mit fin en défendant, très expressément en novembre 1699, qu’on parlât ou écrivit encore sur cette contestation et en ordonnant « de supprimer de bonne foi tous les écrits qui ont été faits de part et d’autre a cette occasion ». Les supérieurs des deux ordres religieux transmirent ce commandement à leu : s ressortissants ; mais l’on trouvera encore des traces d’amertume dans la préface générale écrite par Mabillon aux œuvres de saint Augustin, cf. P. L., t. xxxii, p. 17-1 H. Rome, de son côte, par un décrit du Sninl-Offlce en date du 2 juin L7C0, condamnait plusieurs des libelles dirigés contre les bénédictins et en première ligne la Lettre île l’abbé allemand ; et à la fin de cette même année le pape Clément M, dans un bref très étogieux a dom Koislard, supérieur généra] de la Congrégation de Saint Maur. félicitait les bénédictins

du Bêle qu’ils niellaient a donner les écrits des saints

pères eu des éditions plus exactes et pins correctes

que celles que l’on possédait. L’affaire en resta là

pour l’instant si la controverse reprit en 1707, le

P. J.l’.. Langlois « ’j lut plus mêlé.

L’histoire de la controverse est donnée au long par A.-M.-P. Ingold, Histoire de l’édition bénédictine de saint Augustin, Paris, 1903. Ingold a sertout utilisé : Le journal inédit de dom Ruinarl, qu’il publie p. 154 sq., et les deux rédactions de dom Thuillier, Histoire de la nouvelle édition de saint Augustin donnée par les PP. bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, qui a paru séparément en 1730, in-4° de 6-34 p., et aussi, sous une forme assez différente dans la Bibliothèque germanique ou histoire littéraire de l’Allemagne, de la Suisse et des Pays du Sord, 1735, t. xxxui, p. 187-222 ; 1736, t. xxxiv, p. 13-50 ; 1736, t. xxxv, p. 67101. Voir aussi R. Kukula, Die Mauriner Ausgabe des Augustinus. Ein Beitrag ZUT Gesehiehle der IAteratur urul der Kirche im Zeilalter Ludwigs XIV, dans les Sitzungsbcrichle der K. Akademie der Wissenschaft : u Vl’ien, t. r.xxi, fasc. 5 ; t. cxxii, fasc. 8 ; t. cxxvii, fasc. 5 ; Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. iv, col. 1484-1486.

E. A.MANN.

    1. LANGUES LITURGIQUES##


LANGUES LITURGIQUES.— I. Langues

liturgiques en général. IL Attitude de l’Église à ce sujet.

I. Langues liturgiques en général.

Nous désignons ainsi les diverses langues employées officiellement dans la liturgie catholique, celles dans lesquelles sont écrits les livres liturgiques, bréviaires, sacramentaires ou rituels, missels ou pontificaux, celles dans lesquelles sont célébrés les offices liturgiques. Nous ne parlerons donc pas des prières privées ni des chants non liturgiques ; nous ne nous occuperons pas des liturgies non catholiques, dans lesquelles, au moins pour l’époque moderne, la sécession de Rome s’est presque toujours marquée par l’emploi de la langue vulgaire.

1° Comment se sont-elles formées/ 1 — Il est certain que la liturgie de l’Église s’est d’abord célébrée dans la langue populaire, en araméen, en grec, en latin, selon les pays. Il en fut ainsi tant que les formules liturgiques furent laissées, pour une part notable, à l’improvisation du célébrant, ou à l’initiative démissionnaires organisateurs d’Églises nouvelles. Mais dès que ces formules furent fixées dans des textes de

oi invariables, la discipline se modifia naturellement

sans qu’une décision de l’autorité ait dû intervenir. 1.es missionnaires emportaient avec eux, en même temps que la foi catholique, les livres liturgiques auxquels ils étaient habitués ; ils se conformaient à ces livres pour la célébration des offices. Il arriva ainsi, par la force des choses, qu’une langue liturgique se créait distincte de celle que parlait le peuple.

On peut constater ce fait principalement dans les contrées évangélisées par des apôtres envoyés par Rome ; plus que les autres, ils étaient rattachés à un centre d’unité et marquaient leur étroite union avec l’Église romaine en gardant la manière romaine de prier. Quand le moine Augustin est envoyé par &ain1 Grégoire le Grand pour évangéliser l’Angleterre, il emporte avec lui les livres liturgiques qui devaient lui servir. Sans doute le pape l’autorise ensuite à y faire toutes les modifications qu’il croira uliles, d’après les usages dont il a été témoin en traversant la Gaule ; mais il n’est pas l’ail la moindre allusion a un changement possible de langue. Saint Grégoire, L/)ist., XI, ep. lxiv, P. L., t. lxxvii, col. 1186-1187. 11 en est de même quand le moine Winfrid (Baniface) quitte l’Irlande pour évangéliser l’Allemagne. C’est

uniquement le latin qu’il emploie et l’ail employer

dans la liturgie ; et sa correspondance en fournit une preuve indubitable : un prêtre, peu familiarisé avec

le latin et obligé pourtant de s’en servir, baptisait in nominc pairia, et /iliu. et spirilu taneta ; le pape Zacharie déclare que, le baptême est valide et que saint Boniface avait eu tort de le l’aire réitérer. Zacha rie, Episi., vii, P. L., t. i.xxmx. col. 929.

Aussi le latin l’util la langue liturgique de loir les pas s é angélisés par des missionnaires venus de Rome.