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LANGENSTEIN — LANGHI


pape » ? Après une enquête rigoureuse, il répond qu’autrefois les évoques possédaient ce droit, mais qu’ils l’avaient remis à leurs représentants, c’est-à-dire aux cardinaux, et, par ce fait même, les évêques réunis en concile général seraient encore autorisés à examiner la légitimité d’une élection douteuse. La II partie de VEpistola traite de la rclormalio Ecclesiæ in capite et in membris. Elle trouve dans la corruption générale du clergé la cause du schisme. L’Église ne pourrait revivre qu’après avoir été réformée par des conciles généraux et par des synodes provinciaux.

L’Epistola concilii pacis est donc d’une grande importance. Pour ce qui concerne la théorie conciliaire, elle renonce aux arguments tirés de l’ancien droit canonique et relatifs au pape hérétique. La suite nous montre que la voie tracée par Henri et par son compatriote Conrad de Gelnhausen fut suivie par l’ensemble des juristes, qui parvinrent enfin à rendre l’unité à l’Église. A Vienne, Henri sembla se désintéresser des questions du schisme..Mais de nombreuses lettres nous prouvent que malgré une résignation apparente il n’avait pas oublié ses préoccupations de Paris. En 1392, il rompit une lance contre les prophéties de l’ermite Télesphore qui annonçait l’arrivée de l’Antéchrist. Dans ses Invectiva contra monstrum Babijlonis (1393) il s’occupa encore une fois de trouver les moyens de mettre fin au schisme.. Il parle du concile et de la démission des deux papes, mais c’est seulement l’année suivante que son espoir renaît lorsqu’il est informé des nouveaux efforts faits par l’Université de Paris. Il encouragea ses anciens collègues, mais la théorie conciliaire n’était plus au premier rang de ses pensées. L’Epistola de. cathedra Pétri (1395) en est la preuve. Autrefois le concile aurait pu réussir, maintenant les chances sont bien minces. Il traite de tous les moyens, il n’en repousse aucun, pourvu que le succès soit garanti.

Auteur ascétique, Henri de Langenstein a écrit un Miroir de lame ou Soliloque qui vient d’êtie publié dans le Muséum Lessianum, Bruges, 1924.

La réputation d’Henri de Langenstein repose sur sa science profonde et sur l’activité désintéressée qu’il a mise au service de la religion. Acharné contre l’astrologie et contre toutes les superstitions de son temps, il est aussi l’adversaire décidé de tout mouvement qui pourrait mettre en péril la grandeur et l’unité de son Église. Avec Conrad de Gelnhausen, il est le premier représentant scientifique de la théorie conciliaire du xiv c siècle. Mais il n’y a pas lieu de le soupçonner d’hérésie. Sans doute on trouve dans son E pistolet pacis des phrases entières empruntées au Dialogue d’Occam ; mais la théorie conciliaire de celui-ci n’est pourtant pas la sienne. Henri justifie d’abord sa doctrine en s’appuyant sur d’anciens décrets et des gloses du xme siècle. Plus tard, voyant clairement l’insuffisance de cette argumentation, mais persuadé qu’un concile seul pourrait sauver l’Église, il a recours à des arguments nouveaux tirés de l’histoire et du dogme. Rien pourtant ne fait croire qu’il admît la supériorité du concile sur le pape, et son opinion concernant le droit des évoques à examiner une élection douteuse ne peut être regardée comme hérétique. Henri ne voulait pas porter atteinte à la constitution de l’Église ; c’était sou amour pour celle Église et pour la papauté qui le mena à sa théorie conciliaire. Le fait que vers la fin de sa vie il n’y attache plus la même importance, mais qu’il se contente de n’importe quel moyen capable « te rendre l’unité à l’Église, prouve la sincérité ne ses convictions. La théorie conciliaire de notie auteur est la conséquence nécessaire du schisme, auquel finalement elle mit liii, grâce a son esprit modéré qni ne frisait nullement l’hérésie. Les conciles du xe siècle ne

pourront donc jamais voir dans Henri de Langenstein l’ancêtre de leurs théories révolutionnaires.

Sources.

L’Epistola pacis existe en de nombreux

manuscrits, à Erfurt, Inspruck, Mayence, Prague, Vienne, Wolfenbiittel dont on verra le signalement dans Kneer, Die Entstelum der konziliarien Théorie, Rome 1923, p. 64 ; elle se trouveffégalement à Paris, Bibl. nat., cod. lat. 1462 (= Colb. 811), {. Hv-Sbv ; cod. lat. 1464 (= S. Vict. 2 7 7), t. 142e°-161r° ; ù Rouen, cod. O. 20. — Elle est publiée partiellement par Baluze, Vitæ paparum aven., t. 1, p. 12361237 (= n. 06 et 67), et par Du Boulay, Historia Univ. Paris., t. iv, p. 571-379 ; au complet dans le Programme de l’Académie de Helmstadt, 1778-1779.

L’Epistola concilii pacis se trouve en manuscrit à Breslau, Erfurt, Fulda, Cologne, Vienne, Wolfenbiittel, voir Kneer, ibid., p. 77 ; elle est publiée dans von der Hardt, Res magni concilii Conslanciensis, t. n a, p. 3-60 ; dans les Opéra J. Gersonii édités par Ellies du Pin, Anvers, 1766, t. ii, p. 809-840 ; Hartwig, Leben und Schri/ten II. v. L., donne des compléments, t. ii, p. 28 sq.

Le Contra Telesphoruni est publié dans Pez, Thésaurus anccdolorum noviss., 1721, t. n b, p. 505-564 ; sous le nom de lldiri de liesse ; sur les mss, voir L. Pastor, Geschichte < ! cr Papste t. i, 2’tdit., p. 129.

Pour V Invectiva, voir Pastor, ibid., p. 688 sq., et Kneer, op. cit., p. 127 sq. L’Epistola de catliedra Pétri est publiée par Kneer, p. 134-115.

Travaux.

O. Ilartwtg, Leben und Schri/ten H. v. L.,

Marbourg, 1858 ; J. Aschbach, Geschiclile der Wiener Université, Vienne, 1845, t. i, p. 366-402 ; F. J. Scheufîgen Beitriige zu der Geschichte des grossen Schismas, Fribourg, 1889, p. 35 sq. ; A. Kneer, Die Entslehung der konz. Théorie dans Rômische Quartalschrift, 1. Supplementsheft, Rome, 1803 ; Sommeiicldt, Zwei Scliismatraclatc, H. v. L., 1906 ; Denille, Cliartularium Univers. Parisiensis, t. m et Auctuarium chart., t. i, et introd., p. 42, n. 2 ; Wenk, Konrad von Gelnhausen und die Quellen der konz. Théorie, dans Hislorische Zeitschrift, t. lxxvi, 1896, p. 52 sq. ; F. Falk, Der mittelrheinische Freundeskreis des II. v. L., dans Hist. Jahrbuch, t. xv, 1894, p. 517-528 ; F. W. E. Roth, Zur Bibliograj>hie des llenr. llcrnbuche, dans Zentralblatt fur Biblioihekswesen, L ii, Beiblatt, Leipzig, 1888 et t. xi, 1894 ; Bliemetzrieder, Dus Generalkonzil, Paderborn, 1904, p. |45 sq. ; Noël Valois, La France et le grand schisme d’Occident, 4 vol., Paris, 1898.

J. Zkmb.

LANGEVIN Léonor-Antoine (1653-1707) naquit à Carentan, diocèse de Coutances, le 1 er janvier 1653, il fut docteur de Sorbonne le 30 septembre 1692 et mourut le 20 juillet 1707.

On a de lui un écrit que le Journal des savants, 6 février 1702, p. 85, déclare « plein d’une grande recherche et de beaucoup d’érudition ». Il a pour titre : L’infaillibilité de l’Eglise dans tous les articles de sa doctrine touchant la foi et les mœurs. Pour servir de réponse au livre’de M. Masius, docteur et professeur en théologie à Copenhague, intitulé : Défense de la religion luthérienne contre les docteurs de l’Église romaine, 2 vol. in-12, Paris, 1701. Contre les protestants, Langevin montre que l’Église n’a jamais changé dans son dogme et que la doctrine de Luther n’est qu’un assemblage de diverses hérésies condamnées par l’Église au cours des quatre premiers siècles. L’auteur compte 15 hérésies ainsi accumulées dans les œuvres de Luther.

Ilœfer, Nonv. biogr. gin, , t. xxix, col. 407-408 ; Quérard, La France littéraire, t. IV, p. 526 ; Moréri, Le grand Dictionnaire historique, edil. de Paris, 1759, t. yi b, p. 153 ; Mémoires de lrévoux, janvier 1702, p. 176-183 ; Journal des savants, février 1702, p. 79-85, et Ellies du Pin, Bibliothèque des ailleurs eeelésiastiques du XVIIe siècle, t. IV, p. 475-484,

J. Carrbyrb.

    1. LANGHI Flaminius##


LANGHI Flaminius, barnabile milanais, né en 1619, morl a Mont e-Bcccaria, près de Pavie, en 1709. Outre de nombreux ouvrages de genre littéraire, on a de lui les publications suivantes, toutes éditées à Milan : De eucharistia sacramento, 1686 ; Di/pcultates