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LANCICIUS — LANFRANC


la théologie et l’Écriture Sainte à Vilna. Le reste de sa vie fut consacrée à l’administration des provinces de Pologne et de Lithuanie. Il mourut à Kowno, le 16 mars 1652, en grande réputation de sainteté. Ses nombreux opuscules sur la nature et la pratique des vertus, sur les devoirs des prêtres et la conduite des âmes, ont été recueillis et publiés par le P. Bollandus, Opuscula spiritualia, 2 vol. in-fol., Anvers 1650, et plusieurs fois réimprimés. La plupart ont été traduits en allemand, en anglais, en français, en tchèque, en hongrois. Us se recommandent par l’élévation de la pensée, la sûreté de la doctrine, l’accent d’une piété profonde.

Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. iv, col. 1446-1455 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 1216 sq.

P. Bernard.

    1. LANDON##


LANDON, pape, d’août 913 à mars 914. — Nous n’avons sur son pontificat d’autres renseignements que l’indication de sa durée : six mois et onze jours, selon Flodoard, P. L., t. cxxxv, col. 831, qu’il faut corriger d’après les indications de Jaffé. C’est le moment où le Saint-Siège est complètement sous la tutelle de Théodora, femme de Théophylacte. Voir plus haut Jean X, col. 616.

L. Duchesne, Liber pontificalis, t. ii, p. 239 ; Jaffé, Regesia, 1. 1, p. 448.

E. Amann.

    1. LANDSHEERE (Guillaumede)##


LANDSHEERE (Guillaumede), controversiste, né à Cassel en 1605, entré au noviciat des jésuites à Malines en 1619, enseigna la théologie morale et l’Écriture Sainte, et se consacra surtout à des travaux de controverse qui lui suscitèrent d’ardentes polémiques avec les écrivains protestants. Il mourut à Gand, en 1666. Outre ses controversix quædam…, Anvers, 1641, ses ouvrages de polémique en flamand, divers traités de spiritualité en latin, il a laissé sur le protestantisme un précieux volume : Origo et progressas novee rejormationis, in-8°, Anvers, 1664.

Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. IV, col. 1466-1470 ; Foppens, Bibliotheca belgica, p. 783.

P. Bernard.

    1. LANDULPHE COLONNA##


LANDULPHE COLONNA, chanoine de

Chartres, dont le nom est parfois défiguré en Pandulphus ou Radulphus, est entré dans l’histoire, parce qu’on croyait devoir placer son origine au pays chartrain, sous le nom de Raoul de Coloumelle, et, pour tout concilier, acccompagné d’un neveu qui se serait appelé Landulphe. En réalité, il s’agit d’un unique personnage nommé Landolfo, et qui appartenait à l’illustre famille italienne des Colonna. Il était chanoine de Chartres à la fin du xiii c siècle et détenait en même temps à Rome, par concession de Nicolas IV et de Boniface VIII, l’administration provisoire de l’église cardinalice des Saints-Sergius-et-Bacchus.

Son œuvre principale est un petit traité De translalione imperii, qui s’inspire d’une œuvre semblable publiée sous le nom de Toloméo de Lucques par Mario Krammer, Determinalio compendiosa, Hanovre et Leipzig, 1909, p. 66-75. Jusqu’ici on croyait le De translatione imperii composé en 1290 ; mais.sil’on accepte pour l’œuvre de Toloméo la date de 1309 proposée par Krammer, p. xxxvi, celle de Landulphe devrait être retardée en conséquence. L’auteur, en tout cas, adoptant le point de vue le plus strictement pontifical, y expose comment la papauté, après avoir hérité de l’Occident parla donation de Constantin, a successivement transféré l’Empire des Grecs aux Francs, puis de ceux-ci aux Germains. Texte dans Goldast, Monarclua, Francfort, 1668, t. ii, p. 88-95. Cet opuscule a, de ce chef, joué un grand rôle dans les controverses politico-théologiques qui se sont dévelop pées à partir du xive siècle. Marsile de Padoue jugea digne d’une réfutation le traité de celui qu’il appelle un « satrape romain ». Goldast, ibid., p. 148.

Il existe encore de Landulphe un Breviarium hisloriarum, chronique menée depuis le commencement du monde jusqu’en 1320, et un traité De pontiflcali officio, dédié à Jean XXII, où, sur les pas de saint Bernard, l’auteur dénonce les défauts du clergé de son temps et rappelle méthodiquement ses devoirs. Analysé dans R. Scholz, Unbekannte kirchenpolitische Streilschrijlen aus der Zeit Ludwigs des Bayera, Rome, 1911, t. i, p. 207-210, ce dernier ouvrage est publié partiellement au t. ii, Rome, 1914, p. 530539. Mais Landulphe s’abstient de parler du pape pour restreindre ses critiques et ses monitions aux prélats inférieurs.

Notice par F. Lajard, dans Histoire littéraire de la France, t. xxi, Paris, 1847, p. 151-155, sous le nom fautif de Raoul de Coloumelle ; rectifié par Ant. Thomas, Mélanges d’archéologie et d’histoire (publiés par l’École française de Rome), 1882, t. ii, p. 126-130 ; L. Delisle, Bibliothèque de l’École des Chartes, 1885, t. xlvi, p. 658-659 ; S. Riezler, Die literarischen Widersacher der Pàpste zur Zeit Ludwigs des Baiern, Leipzig, 1874, p. 171-179.

J. Rivière.

    1. LANFRANC##


LANFRANC, prieur du Bec, abbé de Saint-Étienne de Cæn, archevêque de Cantorbéry (1005 ? 1089). — I. Vie. IL Œuvres. III. Doctrine sur l’eucharistie.

I. Vie.

Pour écrire la vie de Lanfranc, on dispose d’une biographie rédigée une quarantaine d’années après la mort de l’archevêque par un moine du Bec, Milon Crispin. S’il est assez exactement renseigné sur le séjour de Lanfranc à l’abbaye du Bec et même sur l’épiscopat de son héros, dont les autres historiens ecclésiastiques de l’Angleterre donnent aussi l’histoire, l’auteur ne possède aucune connaissance des années qui précédèrent l’entrée de celui-ci dans la vie monastique. Ce n’est guère que par conjecture qu’on peut reconstituter la première période de l’existence de Lanfranc.

Enfance et jeunesse.

Il est né à Pavie, au début

du xie siècle, d’une famille noble. Les calculs de Mabillon qui fixent à 1005 l’année exacte de sa naissance sont sujets à caution. Sa ville natale avait pour lors de bonnes écoles d’humanistes et de droit ; Lanfranc les fréquenta et acquit dans cette dernière des connaissances juridiques assez étendues et qui plus tard lui seront lort utiles. Il n’est pas certain qu’il soit allé perfectionner à Bologne sa science du droit : ce qui est sûr, c’est qu’après un voyage de quelque durée il rentra à Pavie et exerça quelque temps les fonctions d’avocat. Vers les années 1035, il quitte son pays, et l’on a conjecturé, non sans raison, que ce fut à la suite de troubles politiques qui amenèrent le bannissement d’une partie de la noblesse. Lanfranc, pour vivre, dut se mettre à enseigner les belles-lettreset la dialectique ; il dut chercher une ville où ses réels talents de professeur pussent trouver à s’employer. C’est ainsi qu’il arriva en France et s’installa pour quelque temps à Avranches, où peut-être certaines amitiés l’avaient attiré. Il ne semble pas avoir trouvé dans cette ville tout le succès qu’il cherchait, et il se rendait à Rouen pour y tenter à nouveau la fortune quand, dans une circonstance où il put croire sa vie exposée, il fit vœu de se consacrer à Dieu dans un monastère. Et c’est ainsi qu’il entra à l’abbaye du Bec, fondée peu auparavant par Herluin. Ceci devait se passer vers 1042.

Le prieur du Bec.

Dans ce monastère, Lanfranc

ne trouva pas immédiatement le repos de l’âme qu’il était venu y chercher. Il semble bien que l’administration d’Herluin laissait subsister bien des abus.