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LAMY BERNARD — LAMY FRANÇOIS


tiens sur les sciences en général, dans lesquels, outre la méthode d’étudier, on apprend comme on doit se servir des sciences pour se /aire l’esprit juste et le cœur droit et pour se rendre utile à l’Église ; on u donne des avis importants à ceux qui vivent dans des maisons ecclésiastiques, in-12, Grenoble, 1683 ; Lyon, 1684 ; Bruxelles, 1684. L’ouvrage comprend sept entretiens et il est dédié à l’évêque de Grenoble. Une seconde édition, augmentée d’un tiers, parut à Lyon en 1694 et une troisième, encore augmentée, parut à Lyon en 1706, avec quatre nouveaux entretiens où domine la note morale. Rousseau a fait l’éloge de cet écrit dans ses Confessions, t. VI, où il dit « qu’il l’a lu et relu cent fois ». Voir Journal des savants, du 4 décembre 1684, p. 219, du 3 janvier 1695, p. 55-57, du supplément du dernier de juillet 1707, p. 331-333.

Plus tard, à la demande du P. de Sainte-Marthe, supérieur général de l’Oratoire, le P. Lamy se tourne vers les sciences ecclésiastiques et tout d’abord vers l’étude de l’Écriture Sainte. En 1687, il avait publié à Grenoble un ouvrage important, qui fut souvent réimprimé avec de nombreuses additions, en France, et à l’étranger. C’est YApparalus ad Bibliam Sacram, in-fol., Grenoble, 1687. Ce n’était d’abord qu’un ensemble de cartes et de tableaux indiquant les principaux faits racontés dans la Bible. Une nouvelle édition, publiée en 1689, eut un très grand succès et le P. Lamy décida d’ajouter les preuves de ses assertions. Ce fut Y Apparatus biblicus seu Manuductio ad Sacram Scripluram, tum clarius, lum jacilius intelligendam ; nova editio ornata et locupletata omnibus quæ in Apparatu biblico desiderari possunt, in-8°, Lyon, 1 696. Journal des savants du 4 juin 1696, p. 253-257. C’est l’écrit le plus soigné du P. Lamy ; il fut édité en 1708 à Iéna et à Mayence ; en 1709, à Amsterdam et, en 1724, très augmenté à Lyon. L’abbé de Bellegarde l’avait traduit en français, in-8°, Paris, 1697, Journal des Savants, du 27 "mai 1697, p. 229-230, à l’insu du P. Lamy, qui désavoua cette traduction fort imparfaite et encouragea celle de l’abbé Boyer, in-4°, Lyon, 1699. La traduction publiée en 1709 à Lyon est la plus complète ; elle fut revue et augmentée par le P. Lamy lui-même et elle parut sous le titre : Introduction ù l’Écriture Sainte où ion traite tout ce qui concerne les Juifs, leur origine, toute la suite de leur histoire selon l’ordre des temps, la forme de leur république, leurs lois, leurs coutumes, leurs années, la Terre sainte, Jérusalem, leur Temple, le Tabernacle, les fêtes, les sacrifices, leurs poids, leurs mesures, leurs monnaies, les fausses divinités, les animaux, les plantes, les pierreries, les maladies dont il est parle dans i Écriture, avec l’histoire du texte original, des versions, des polijglottes et des paraphrases, enrichie de plusieurs figures… Nouv. édit. rev. et augm., in-4°, Lyon, 1709. Cette introduction fut placée en tête du Grand dictionnaire de la Bible, imprimé à Lyon, in-fol., 1724. E. du Pin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du XVJl » siècle, t. v, p. 347-355. L’ouvrage suivant est d’inspiration plus théologique : Démonstration de la vérité et de la sainteté de la morale chrétienne, in-12, Paris, 1688. Cette première édition, dédiée à Harlay, archevêque de Paris, ne comprend que deux entretiens ou dialogues oi’i l’auteur montre : 1° que. Dieu seul rient rendre L’homme heureux ; 2° que celui-là seul peut être heureux ici-bas qui veut Bincèrement connaître la volonté de Dieu et l’accomplir. Dans la suite, l’ouvrage fut considérablement augmente et forma 5 vol. in-12, Rouen et Paris, 1709-1711, sous le litre : Démonstration ou preuves évidentes de lu vérité et de la sainteté de lu morale chrétienne, ouvrage qui comprend

en cinq entretiens, toute, lu morale.. Dans cet écrit,

le P. Lamy combal les sceptiques de tous les temps, les diverses formes du rationalisme et les sectes philo sophiques : stoïciens, épicuriens, Spinoza, Montaigne, Hobbes.

Nous n’avons pas à insister ici sur un ouvrage du P. Lamy, publié en 1689, et qui est surtout d’ordre scripturaire : Ilarmonia sive concordia quator Evangelistarum in qua vera séries actuum et sermonum D. J. N. C. instituitur, in-12, Paris. Plusieurs opinions exégétiques, qui parurent singulières à cette époque, notamment la thèse que la dernière Cène de Jésus ne fut pas un repas pascal et celle qui est relative à l’identification des trois Marie (la Madeleine, la sœur de Lazare, la pécheresse) amenèrent de très vives polémiques et suscitèrent de part et d’autre de nombreux écrits plus intéressants pour l’histoire de l’exégèse que pour celle de la théologie. — Se rapporte aussi à l’exégèse le grand ouvrage : De tabernaculo feederis, de sancta civilale Jérusalem et de lemplo ejus, in-fol., Paris, 1721, avec de très belles planches.

Le P. Lamy laissa deux manuscrits considérables : une histoire de la théologie scolastique sous ce titre : Historica disquisilio de theologorum opinionibus, où il traitait sévèrement les scolastiques, car ses aventures d’Angers l’avait rendu fort peu sympathique à ce qu’il appelle « leur jargon ; » et un traité De Jesu Christo Homine-Deo.

Miehaud, Biographie universelle, t. xxiii, p. 91-92 ; Hœfer, Noiw. biogr. générale, t. xxix, col. 294-298 ; Quérard, La France littéraire, t. iv, p. 498-499 ; Chaudon et Delandine, Diction, hisl. crit. et bibliogr., t. ix, p. 485-487 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, édit. de Paris, 1759, t. vi /-, p. 106-108 ; Ellies du Pin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du XVII’siècle, t. v, p. 346-354 ; P. Desmolets, en tête du De Tabernaculo fœderis, a écrit une Vita Bernardi Lamij, Congregationis Oratorii presbyteri ; Jean Leclerc, Bibliothèque universelle et historique, année 1687, t. vii, p. 201-226 et 1689, p. 554-560, et Bibliothèque choisie. année 1701, t. XI, p. 394-101 ; Nicéron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, t. vi, p. 96-120 ; B. 1 taureau, Histoire littéraire du Maine, t. ii, p. 117-165 ; Mémoires domestiques pour servir à l’histoire de l’Oratoire, de Louis Batterel, publiés par A. P. RI. Ingold et E. Bonnardet, t. iv, p. 365-408 ; Perraud, L’Oratoire de France, p. 280 sq. ; Dumont, L’Oratoire et le cartésianisme ; Journal de tout ce qui s’est passé à l’Université d’Angers, 1879.

J. Carreyre.

    1. LAMY François##


2. LAMY François, bénédictin (1636-1711). — I. Vie.

François Lamy (ou Lami) naquit en 1636, au château de Montireau, dans le Perche (aujourd’hui dans le canton de La Loupe, arrondissement de Nogent-le-Rotrou). Il était fils de Charles Lamy, baron de Montireau, et d’Elisabeth ou Isabelle de Graffard qui, devenue veuve, épousa en secondes noces Jean d’Angennes, seigneur de Fontaines-Riant. L’enfant, gravement malade fut guéri par l’intercession de saint François d’Assise, son patron, et, eu exécution d’un vœu fait par le père, on lui fit porter pendant deux ans l’habit franciscain. Confié à des maîtres habiles, il fît à Paris de sérieuses études littéraires ; entré comme soldat au service du roi, il fit campagne sous le duc de Richelieu, donna des preuves de son intrépidité dans des occasions périlleuses. A la suite d’un duel, où la Règle de saint Benoît dont il portait un exemplaire sur lui l’avait préservé d’une blessure, il prit l’habit chez les bénédictins en 1658 et prononça ses vieux le 20 juin 1659. Durant son noviciat, il avait eu à subir des luttes intérieures contre son attrait pour son premier état, et, même sous l’habit religieux il garda toujours quelques instincts de son ancienne profession. Il l’ut chargé d’enseigner la philosophie, puis la théologie dans son ordre ; il fit un séjour a L’abbaye Saint-t-’aron de Meaux où il connut intimement Bossue !  ; en KiS7 il étail nommé prieur de Hebais. Deux ans plus tard, sur un ordre du roi motive par l’attachement de dora Lamy aux idées cartésiennes, il fut destitué de ce poste et déclaré inéligible a totile