Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/568

Cette page n’a pas encore été corrigée
2545
2546
LA MILLETIÈRE — LA MOTHE LE VAYER


l’antiquité, et vérifiée par l’explication de toutes les parties de la sainte messe, in-4°, Paris, 1646. — La paix de l’Église, fondée sur la vérité de la foi catholique pour la transsubstantiation, où toutes les réponses et les objections du sieur Aubcrlin en son livre de l’eucharistie sont réfutées, in-4°, Paris, 1646. — L’extinction du schisme ou le retour des protestants à l’Église, in-8°, Paris, 1650. — La victoire de la vérité pour la paix de l’Église, au roi de la Grande-Bretagne, pour le convier d’embrasser la foi catholique, in-4°, Paris, 1651. — Le flambeau de la vraie Église, pour la faire voir à ceux qui en sont dehors, in-8°, Paris, 1653. — Le flambeau de la vraie foi pour la faire connaître à ceux qui l’ont délaissée, in-S°, Paris, 1653. — Lettre à M. de Couvrelles, sur la conversion de Mme la comtesse de la Suze à la foi catholique, in-8°, Paris, 1653. — La présence corporelle de Jésus-Christ au ciel et en la terre en même temps, démontrée par l’Écriture sainte, pour informer de sa vérité les ministres de la religion prétendue réformée, in-8°, Paris, 1654. — La raison certaine de terminer les différends de religion entre les catholiques et les protestants, in-4°, Paris, 1657. — Explication catholique de la vérité du Saint-Sacrement de l’eucharistie et du sacrifice de la sainte messe, aux ministres de la religion prétendue réformée qui sont dans Paris, in-8°, Paris, 1661.

Michaud, Biographie universelle, t. xxiii, p. 94-95 ; Hœl’er, Nouvelle biographie générale, t. xxjx, col. 222-223 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, édit. de Paris, 1759, art. Muletière, t. vii, p. 550 ; Haag, La France protestante, art. Brachet (Théophile, sieur de La Millelière), t. iii, col. 60-67 ; Féret, La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, époque moderne, t. iii, p. 422-429 ; Alb. de Meyer, Les premières controverses jansénistes en France (.1640-1649), in-8° Louvain, 1917, p. 285-290 ; G. Hermant, Mémoires, in-8°, Paris, 1905, p. 285-288.

J. Garreyre.

LA MOTHE LE VAYER (François de), écrivain français, l’un des représentants de l’esprit libertin en France au xviie siècle (1588-1672).

Fils d’un substitut du procureur général auprès du Parlement de Paris, François de la Mothe, né en 1588, reprit en 1625 la charge paternelle, mais la quitta bientôt pour s’adonner aux lettres. Il s’est formé, comme ses contemporains, à l’école des anciens, mais de plus il s’est nourri de Montaigne et de Charron, car il a vécu dans l’intimité de Mlle de Gournay qui lui légua en mourant sa bibliothèque. Il a voyagé aussi : il a accompagné, en Italie, l’ambassadeur Bellièvre, et, en Espagne, Boutru que Richelieu a chargé d’une mission auprès d’Olivarès. Ce qui le frappe partout, c’est la diversité des opinions et des coutumes. Dès 1636, il publie un Discours sur la contrariété d’humeur qui se trouve entre certaines nations et singulièrement la française et l’espagnole, traduit de l’italien de Fabricio Campolini, in-8°, Paris (traduction et auteur supposés) et en 1638, des Considérations sur l’éloquence française, in-12, Paris, où il soutient la supériorité des anciens sur les modernes. Ces livres, tous deux dédiés à Richelieu qui le protège, le font nommer en 1639 de l’Académie naissante. En 1640 il dédie encore « à Mgr l’éminentissime cardinal duc de Richelieu » un traité intitulé : De l’instruclion de M. le dauphin, in-8°, Paris, et Richelieu, mourant, le désigne pour être le précepteur du dauphin. Anne d’Autriche lui préfère à ce moment Hardouin de Péréfixe, mais en 1637, elle nomme le Vayer conseiller d’État et lui confie la première instruction de son plus jeune fils Philippe, duc d’Anjou, plus tard duc d’Orléans ; en 1652, elle le chargera même d’achever l’éducation du roi, auprès duquel il ne résignera ses fonctions qu’en 1660.

Il composa à cette occasion des traités intitulés : Géographie, Rhétorique, Morale, Économique, Politique,

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

Logique, Physique du prince, que l’on ne saurait évidemment comparer aux écrits de Bossuet et de Fénelon pour les princes leurs élèves. Lacroix : Quid de instituendo principe senseril Le Vayer, Paris. 1890. Veuf, il perdit en 1664 son fils unique, l’abbé le Vayer, et pour se consoler, dit-on, épousa à soixante-dix-huit ans Mlle de La Haye, fille de l’ambassadeur de France à Constantinople.

Laid, bizarre, mais d’allure discrète, et d’une érudition incontestée, il avait grande réputation à la cour et auprès du public lettré. Lettres de Balzac, de Gui Patin ; Historiettes de Tallemant des Réaux. Naudé l’appelle le Plut arque, le Séiuque français. Ses contemporains le comptent parmi les Libertins, soit pour ses théories religieuses et morales, soit même, un moment, si l’on en croit Bayle, Dictionnaire critique, art. Vayer, pour la liberté de ses mœurs. Mais tandis que la pensée de Bayle, qui le suit de près (1647-1705), annonce le xviiie siècle, le Vayer se rattache au xvi e. Il en a l’abondance et la prolixité. Les deux premières éditions de ses Œuvres données par son fils, Paris, 1653 et 1656, comprennent déjà 2 in-folio ; une troisième, par le même, en 1662, en comprend 3. Une nouvelle édition donnée à Paris, en 1669, sur des documents fournis par un neveu de le Vayer, de Boutigny, comptera 15 in-12. L’édition la plus complète, celle de Dresde, 1766, sera de 7 in-8° en 14 tomes. Pour la disposition du discours, comme pour la pensée, La Mothe le Vayer continue Montaigne et Charron, mais plutôt Charron qu’il estime d’ailleurs très haut. Voir Perrens, Les libertins en France au XVIIe siècle ; Paris, s. d. (1896), p. 129-132 ; Brunetière, Huit leçons sur les origines de l’esprit encyclopédique, première leçon, dans Études sur le XTÏIIe siècle, Paris, 1911 ; Lange, Histoire du matérialisme, trad. Pommerol, t. i, 1877, p. 301 ; Vigouroux, Les Livres saints et la critique rationaliste, t. ii, p. 197-198. Ainsi son livre, De la vertu des païens, in-4°, 1642, dédié à Richelieu comme les précédents et qui eut quelque peine à se répandre avant de faire scandale, tend, de même que le Traité de la Sagesse, à séparer la morale de la religion et à montrer que la religion n’est pas nécessaire à la morale ni même au salut. Il conclut en effet d’une I re partie générale qu’ « il y a toujours paru des hommes vertueux qui vécurent moralement bien », et d’une IIe où il examine la vie de plusieurs gentils que « les plus criminels ont parfois des qualités si louables qu’il y aurait de l’injustice à leur en.dénier la récompense » c’est-à-dire, le salut. C’est pour réfuter cet ouvrage qu’Arnauld écrivit son livre : De la nécessité de la foi en Jésus-Christ. Écrit en 1641 mais non publié alors, ce livre se trouve au t. x de l’édition de Lausanne, p. 39-380. Il ne nomme ni le Vayer ni son ouvrage, mais de toute évidence il s’agit d’eux.

Dans ses ouvrages postérieurs, le Vayer prétend enseigner la sceptique chrétienne, le scepticisme, c’est-à-dire, l’impossibilité pour la raison d’atteindre la vérité par ses propres moyens que démontrent d’ailleurs l’égale vraisemblance du pour et du contre en toutes choses et la prodigieuse opposition des jugements et des mœurs dans les différents pays et aux différentes époques, mais ce scepticisme est chrétien, c’est-à-dire conforme à l’esprit de l’Évangile qui condamne l’orgueil de l’esprit, et ordonne à la religion, parce mie la raison ne pouvant rien affirmer, l’homme se trouve amené à la foi. On a compare cette doctrine à celle de Pascal, Hettner, Lileraturgeschichte, t.n, p. 9, et Perrens, op. cit., p. 131, mais la ressemblance n’est qu’apparente et superficielle : Pascal et La Mothe le Vayer diffèrent à la fois par l’esprit et par leur conception du rôle de la raison et de l’âme humaine dans l’acquisition de la foi.

Les principaux ouvrages où La Mothe le Vayer

VIII. — 81