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LA METTRIE — LAMILLETIÈRE


fange, car tu es incapable de jouir d’un bonheur plus relevé », mais ce n’est point un conseil ; c’e t l’énoncé d’une conséquence malheureuse de la nécessité à laquelle l’homme est soumis et il n’écrit nulle paît une phrase équivalente à celle-ci de Mandeville : « L ? vice est aussi nécessaire pour la prospérité d’un État que la faim pour l’entretien de la vie de l’homme. » Cité par Hettner, Literàlurqeschichle, 1. 1, p. 210. Il est plus exact de dire que La Mettrie condamne le repentir et le remords. Le remords lui paraît en effet la conséquence fréquente d’idées et de sentiments dont le philosophe ne s’embarrasse pas, autrement dit de la religion. Où il semble se justifier, il est sans raison, puisque « le méchant n’a pu agir autrement et il n’a qu’un résultat funeste : il trouble le seul bonheur dont le méchant est capable sans faire de bien à personne ». Ibid.

D’Holbach, Helvétius, Volney, reprendront bien des idées déjà exposées par La Mettrie, mais on ne peut dire jusqu’à quel point ils les lui doivent. La seule chose certaine est que ces idées intéressèrent vivement le XVIIIe siècle et que La Mettrie contribua à former son esprit.

Frédéric II, Éloge de la Mettrie, Œuvres complètes, 31 in-8°, Berlin, 1846-1857, édit. Preuss, t. vii, et dans La Mettrie, Œuvres philosophiques, ê’dit. de Berlin et d’Amsterdam, 177-1, t. i ; Levot, La Mettrie, dans Biographie bretonne. Vannes, 1852-1857, t. ii, p. 124-127 ; Lange, Geschichte des Materialismus, 2 in-8°, Solingen, 1866, et traduction française par H. Pommerol, Paris, 1877, part. IV, t. i, c. m ; Hettner, Literalurgeschichte des achtzehnlen Jahrhunderts : zweiter Theil, Geschichte der (ranzôsischen Literatur, Brunswick, 1881, p. 386 sq. ; Karl Rosenkranz, Diderot’s Leben und Wcrke, Leipzig, 1866, t. ii, p. 65 sq. ; Nérie Quéprat, La philosoi>hie matérialiste au XVIIIe siècle. Essai sur La Mettrie, sa vie et ses œuvres, Paris, 1873 ; Picavet, La Mettrie et la critique allemande, Paris, 1889 ; Vezeaux de Lavergne, Du caractère médical de l’œuvre de La Mettrie, Paris, 1907, et en général les historiens français et allemands de la philosophie au xviiie siècle.

C. Constantin.

    1. LAMI Jean##


LAMI Jean, savant italien, d’une activité littéraire très variée (1697-1770). — Il naquit à Santa-Croce, non loin de Florence, le 9 février 1697. Il étudia dans sa jeunesse les mathématiques, l’histoire, les littératures grecque et latine, le droit ; puis, après avoir exercé pendant quelque temps les fonctions de juge, il commença une série de voyages d’études. Avec son protecteur Jean-Luc Pallavicini, dont il était le bibliothécaire, il parcourut l’Allemagne. Il fit ensuite seul un séjour de plusieurs années en France, en Belgique et en Hollande, fouillant les bibliothèques, entrant en relations avec les savants, acquérant ainsi une science très étendue. De retour à Florence en 1732, il devint bibliothécaire du sénateur Riccardi et professeur d’histoire de l’Église, chaire qu’il occupa jusqu’à la fin de sa vie. Il mourut le 5 février 1770, laissant aux pauvres toute sa fortune. Ses nombreux travaux témoignent d’une science très étendue et d’un grand talent ; ses controverses laissent paraître une certaine dureté de caractère, un défaut de jugement et une grande violence : de ces reproches ses adversaires doivent supporter une bonne part de responsabilité.

En 1730, il publia à Venise un premier ouvrage contre Jean Clerc : De recta Patrum nicœnorum fuie, dont une nouvelle édition augmentée parut en 1770. Son œuvre principale a pour titre : De recta christianorum in en quod mysterium divinee Trinitatis atlinct sententia, 6 vol., Florence, 1736 : œuvre obscure et indigeste, où il cherche à montrer que ce que les philosophes païens, Platon notamment, enseignent sur Dieu, sur le Logos et sur la Trinité, vient de l’Ancien Testament. Ft pour prouver que ces vérités n’ont pas été empruntées par les auteurs du Nouveau Testament

à la philosophie païenne, il insiste sur l’ignorance des apôtres, complètement étrangers aux sciences humaines. Il développe cette idée dans : De eruditione apostolorum liber sinqidaris, Florence, 1738. Un chapitre surtout, De ruslicitate et imperitia sancti Joannis, fut trouvé exagéré et choquant. Il s’en suivit une controverse. Lami fut attaqué d’abord par un anonyme dans six lettres : I.ettere di Aromo Trasiomaco Calabrese ail’autore del Testamento politico sul l. de eruditione aposlolorum, Venise, 1741, lettres attribuées au jésuite .Jérôme Lagomarsini, de Gênes (cf. Sommervogel, Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, t. iv, p. 1364-1375 ; Caballero, Bibliothec. script. S. J., t. i, p. 169), puis par Alamannus Antonius Pecchioli, Tractatus peregrinarum recentiurnque quæslionum occasione accepta a singulari libro de eruditione aposlolorum et a commentario de recta christianorum in eo quod mysterium div. Trinitatis atlinct sententia, Venise, 1748. D’autres réfutations vinrent des jésuites Cordara et Zaccaria. Lami se défendit avec âpreté, dans Esame di alcune asserzioni del S. Anl. Alamanno, Florence, 1749, dans une revue, Novelle lelterarie (17401770, 30 numéros) et en 1766, par une nouvelle édition du De eruditione aposlolorum, où dans un xxiii c chapitre, De meorum calumniatorum rusticitate et imperitia, il donne des explications qui font disparaître certaines méprises, et où il relève d’une façon amère et avec une ironie mordante les erreurs et l’ignorance de ses adversaires. Quelques-uns de ces écrits de polémique furent mis à l’Index.

Autres ouvrages : de 1736 à 1769, il publia en 18 volumes, sous le titre : Deliciæ eruditorum seu velerum àvsxSÔTtùv opusculorum collectanea, des documents et travaux d’auteurs anciens trouvés dans les bibliothèques ; de 1742 à 1748, en 3 volumes, Memorabilia Italorum eruditione præstanlium quibus vertens sseeulum gloriatur ; en 1756, Aiti del marlirio di san Genesio romano, texte latin et traduction italienne, la même année, Catalogus codicum mss qui in bibliotheca riccardiana Florentin servantur, Livourne, 1756 ; en 1758, Sacrse Ecclesise florentines monumental vol. ; en 1766, Lezioni di Anlichita Toscane, 2 vol. ; une œuvre posthume, Chronologia virorum eruditione præstanlium a mundi orlu usque adsa’c. Christutnum AT/, 1770.

Lamii vila, autobiographie dans le t. xv des Deliciæ eruditorum ; Fontani, Elogio del D. Giov. Lami, Florence, 1789 ; Fabroni, Vitse Italorum doctrina exceïlentium, Pise, 1778-1804, t. xvi ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, 1859, t. xxix, col. 216-219 ; Michaud, Biographie universelle, 2e édit., t. xxiii, col. 92-94 ; Kirchenlexikon, t. vii, col. 1369-1372 ; Hurter, Komenclator, 3e édit., t. v, col. 145149.

L. Marchai..

LAMILLETIÈRE (Théopile Brachetde) (15961665), naquit à La Rochelle en 1596, fit ses études à l’Université de Heidelberg et devint avocat. Son zèle pour le protestantisme le fit députer en 1620 par le Consistoire de Paris à l’assemblée de La Rochelle et il contribua à faire déclarer la guerre au roi de France. Arrêté à Paris, en 1628, il fut conduit à Toulouse et condamné à la peine capitale qui fut commuée eu un emprisonnement de quatre ans. Affligé des divisions qui déchiraient les protestants, il tenta, mais sans succès, de les faire disparaître ; il travailla également à réunir les calvinistes et les catholiques et, dans ce but, il s’adressa à Richelieu. Le Consistoire de Charenton, en 1642, l’excommunia. Il abjura le calvinisme le 2 avril 1645 ; dès lors, il attaqua très vivement ses anciens coreligionnaires qui ne le ménagèrent point. Il mourut en 1665 « détesté des protestants et peu estimé des catholiques. » Féret, La Faculté de théologie de Paris, t. iii, p. 429.

La première partie de l’œuvre très considérable de