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LAMENNAIS, DOCTRINES : LA CENSURE DE TOULOUSE


titre porte en épigraphe le texte Joa., iv, 22-23. « L’heure vient, et déjà elle est venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. » Lamennais est donc passé de la « religion d’autorité » à la " religion de l’esprit ». Le « petit livre » se donne comme « un sommaire rapide, et toutefois suffisant pour juger des principes et de leur enchaînement, (des idées) déjà développées dans l’Esquisse d’une philosophie. » Qui aura lu ce petit in-32 connaîtra suffisamment aussi, pour pouvoir en porter un jugement, la « philosophie de la religion » de notre penseur, nous l’utiliserons largement dans la troisième partie de cet article.

24. Du passé et de l’avenir du peuple, in-32, Paris, 1841. Cf. Duine, Bibliographie, n. 52. Voir l’analyse dans Boutard, t. iii, p. 276-281.

25. Amschaspands et Darvands, in-8°, Paris, 1843. Satire violente de la société, sous forme de conversations ou de monologues des génies du bien et des génies du mal, selon la religion des Perses. —. Il faut y joindre 26. Une voix de prison, in-32, Paris, 1846. « Poèmes en prose dont la plupart formaient la dernière partie des Amschaspands. » Duine, Bibliographie, n. 54.

27. Le Peuple constituant, 27 février 1848. Il juillet 1818. « Les articles de La Mennais n’ont pas été réunis en volume. Mais plusieurs d’entre eux ont été mis en brochure, » comme le Projet de Constitution de la République française, petit in-18 de 62 p., le Projet de Constitution du crédit social, in-18 de 30 p. (avec Aug. Barbet), Question du travail, in-18 de 31 p., De la famille et de la propriété, in-8, de 32 p. Cf. Quérard, p. 46 et Duine, n. 59-60.

28. La Réforme, sous la direction de Lamennais, du 1 er octobre au 30 décembre 1849. Les articles de Lamennais n’ont pas été réunis en volume. Duine, n. 64.

29. Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Traduction nouvelle, 2 vol. in-32, Paris, 1851. Duine, n. 65.

30. La Divine Comédie de Dante Alighieri. Précédée d’une Introduction sur la vie, les doctrines et les œuvres de Dante, 3 vol. in-8°, Paris, 1855. Œuvre posthume publiée selon le vœu de l’auteur par E. D. Forgues. Cf. Duine, n. 67. L’Introduction comprend 124 pages ; elle constitue » un tableau intégral de sa mentalité dernière », Duine, La Mennais, p. 297, « son testament intellectuel ». Boutard, t. iii, p. 439.

Lettres.

Voici les principaux recueils de la

correspondance de Lamennais : 1. CEuvres posthumes de F. Lamennais, publiées par E. D. F’orgues, Correspondance, 2 vol. in-8°, Paris, 1859. Duine, n. 69. — 2. Lettres inédiles de J.-M. et F. de La Mennais, adressées à Mgr Brûlé, de Rennes, ancien évêque de Vincennes (États-Unis), recueillies par M. Henri de Courcy et précédées d’une introduction par M. Eugène de la Gournerie, in-12, Nantes, 1862. — 3. Œuvres inédites de F. Lamennais publiées par A. Blaize, 2 vol. in-8°, Paris, 1866 ; t. i, Correspondance ; t. ii, Correspondance, Mélanges religieux et philosophiques. Cf. Duine, n. 71. — 4. Correspondance inédite entre Lamennais et le baron de Vitrolles, publiée, avec une introduction et des notes, par Eugène Forgues, in-8°, Paris, Charpentier, 1886. — 5. Confidences de La Mennais. Lettres inédiles de 1821 à 1848 (à Marion), publiées avec une introduction et des notes par Arthur du Bois de la Villerabel, in-12, Nantes, 1886. — 6. Auguste Laveille, Un Lamennais inconnu : Lettres inédites à Benoît d’Azy, in-12, Paris, 1898. — 7. Eugène Forgues, Lettres inédites de Lamennais à Montalembert, in-8°, Paris, 1898. — 8. Comte d’Haussonville, Le prêtre et l’ami : Lettres inédiles de Lamennais à la baronne Cottu (181 8-1 854), in-8°, Paris, 1910. — 9. Ad. Boussel, Lamennais et ses correspondants inconnus, in-12, Paris, 1912.

Sur la correspondance de Lamennais, consulter l’appendice du livre de M. Anat. Feugère, Lamennais avant l’Essai sur l’indifférence, p. 249-427. On y trouve d’abord une « bibliographie de la correspondance générale de Lamennais », puis une « table chronologique de la correspondance générale de Lamennais », qui n’ont qu’un tort, celui d’avoir été écrites en 1906.

III. Doctrines.

I. LA CENSURE DE TOULOUSE.

— L’introduction nécessaire à l’exposé des doctrines de Lamennais est une étude de la Censure de Toulouse. L’histoire en est racontée dans l’opuscule qui a pour titre : Censure de cinquante-six propositions extraites de divers écrits de M. de La Mennais et de ses disciples, par plusieurs évêques de France, et Lettre des mêmes évêques au souverain pontife Grégoire XVI ; le tout précédé d’une préface où l’on donne une notice historique de cette censure, et suivi de pièces justificatives, Toulouse, 1835. C’est Mgr d’Astros, archevêque de Toulouse, qui parle lui-même dans la Préface. Il raconte que, sachant que « M. l’évêque de *** (sans doute de Chartres, cf. Dudon, p. 167) avait, dans le temps, rédigé un projet de censure » des erreurs ménaisiennes, il l’avait prié de lui communiquer son travail ; « la lettre fut envoyée par inadvertance à un autre évêque, qui nous envoya ce qu’il avait écrit dans le même but. Nous ne laissâmes pas de renouveler notre première demande, et nous mîmes le travail des deux prélats entre les mains d’un théologien habile qui fut chargé de le compléter par un examen approfondi des principaux écrits de M. de La Mennais et de ses sectateurs », p. xxii. « Soixante et une propositions, furent notées des censures qu’elles paraissaient mériter, et le tout fut soumis à une congrégation de théologiens, qui, après un mûr examen, réduisit les propositions censurées à cinquante-neuf, » p. xxiii. Le P. Dudon p. 167, donne le nom de ces théologiens : MM. Vieusse Boyer et Carrière, sulpiciens. Le 28 avril 1832, le projet de censure, avec la lettre au pape, fut envoyé « à quatorze archevêques ou évêques les plus voisins, pour qu’ils voulussent bien les examiner à leur tour, et adopter le jugement qui en était porté, ou nous dire ce qu’ils croiraient mériter changement ». Les prélats consultés « proposèrent plusieurs observations auxquelles on fit droit… Les 59 propositions censurées furent réduites à 56. C’est dans cet état que la censure, ainsi que la lettre au souverain pontife, revêtues de la signature de deux archevêques et de onze évêques, partirent pour Borne le 15 juillet de la même année, » p. xxiii.— Deux jours après, Mgr d’Astros envoyait aux évêques de France copie de la censure et de la lettre au souverain pontife ; les évêques étaient priés de faire parvenir au saint-père ou leur adhésion à la censure, ou le jugement qu’ils en auraient porté. Le 28 juillet, le cardinal di Gregorio accusait réception de l’envoi de l’archevêque et annonçait que la lettre encyclique, que le pape se proposait de publier le 15 août, répondrait au vœu des évêques de France, en énonçant « les maximes qui sont propres à l’affaire en question, » p. xxm-iv. Mais l’encyclique Mirari condamnait surtout les doctrines de L’Avenir, tandis que la Censure visait principalement celles de l’Essai : après l’encyclique, la Censure, avait donc encore sa raison d’être ; aussi, dans sa lettre du 3 novembre 1832 au cardinal di Gregorio, .Mgr d’Astros demandait que le saint-père confirmât de son autorité apostolique la censure des évêques de France ; Borne se déroba à cette invitation, et l’archevêque de Toulouse n’insista pas. La Censure de Toulouse, n’ayant jamais été approuvée ni confirmée par le Saint-Siège, ne jouit donc pas de l’autorité qui s’attache aux documents émanés du pouvoir doctrinal suprême do l’Église ; néanmoins elle mérite d’être prise en considération, car sur soixante-treize archevêques el évêques qui étaient en France,