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LAMENNAIS, ŒUVRES


1829, t. ii, p. 83-84. — L’application du critère de la vraie religion est faite dans les t. ni et iv. La < question réduite à ce point est extrêmement facile à résoudre ; car, d’abord, pour les temps qui précédèrent Jésus-Christ, nous avons l’autorité du genre humain ou le témoignage unanime des peuples qui tous… avaient conservé au milieu même de l’idolâtrie les traditions primitives… Ce qui avait été cru toujours, partout et par tous, telle était donc avant Jésus-Christ la vraie religion ; et sa certitude reposait sur le témoignage de toutes les nations ou sur l’autorité du genre humain, sans contredit la plus grande autorité qui eût existé jusqu’alors… Depuis Jésus-Christ, quelle autorité oserait-on comparer à celle de l’Église catholique, héritière de toutes les traditions primordiales, … de toutes les vérités anciennement connues dont sa doctrine n’est que le développement, et qui, remontant ainsi à l’origine du monde, nous offre dans son autorité toutes les autres réunies ? » t. iii, p. 29-31. Démarquons, en passant, que Lamennais s’elforce vainement de hausser l’autorité de l’Église au-dessus de celle du genre humain. Il a prévu l’objection ; il y répond d’une manière embarrassée : « Et quelle autorité essaierait-on de lui opposer (à l’Église) ? Serait-ce l’autorité du genre humain attestant les vérités révélées originairement ? Mais l’Église enseigne toutes ces vérités, elle les a reçues de la tradition, et cette tradition lui appartient avec toutes ses preuves, avec l’autorité qui en est le fondement et qui est devenue une partie de la sienne, » p. 32-33 ; cf. t. ii, p. 380. En réalité ce dédoublement de la plus grande autorité, avant et depuis Jésus-Christ est artificiel, et Lamennais d’ailleurs n’en tient pas compte dans la suite de son argumentation ; pour lui « il n’y eut jamais qu’une religion dans le monde », p. 480 ; « le christianisme, ou la religion révélée originairement, a toujours été et sera toujours aussi universelle que la société, puisqu’elle renferme tous les devoirs de l’homme et par conséquent le principe de sa vie, » p. 481. Nous sommes dans l’équivoque : le christianisme, pour Lamennais, n’est pas ce que tout le monde désigne de ce nom, c’est la religion tout court, la religion naturelle, puisqu’il faut l’appeler par son nom, la religion dont il disait au t. i, après Bonald, l’auteur responsable de cette confusion : « Donc la religion, sans laquelle il ne saurait exister de société, est nécessaire comme la société : donc elle n’est pas une invention humaine, » p. 67 ; a la conséquence immédiate de ce qu’on vient de lire est que la religion est nécessairement vraie, puisqu’il est évidemment absurde de la supposer fausse, » p. 79. Tout ce qui est nécessaire à la société a dû toujours exister, est nécessairement vrai, ne saurait être une invention humaine ; or la religion est nécessaire à la société. Voilà en deux mots la pensée intime de Lamennais, après Bonald. Cf. Maréchal, p. 178. — Il semble, au point où nous en sommes, que l’objet de Y lissai est atteint : les trois suppositions des indilférents dogmatiques ont été réduites à néant, et nous connaissons maintenant la vraie religion, à savoir le christianisme, qui s’impose à la fois sur l’autorité du genre humain et sur celle de l’Église. Mais il faut entreprendre de démontrer encore que la religion est divine, parce qu’elle possède quatre caractères qui constituent « le signe certain et à jamais Ineffaçable de (sa) ((’leste origine, a Dieu est un, Infini, éternel, saint : et la religion, comme l’Église, est une, universelle, perpétuelle, sainte ou manifestement divine, » t. iv.p. 35. Enfin, vans doute pour répondre à ceux cpii l’avaient accusé de méconnaître la solidité des preuves classiques de la divinité du christianisme, cf. Défense, p. 8, p. 159-160, le t. iv s’achève par six chapitres consacrés â l’Écriture Sainte, aux prophéties, aux miracles, à Jésus christ et, i l’établissement du christianisme. Le t. v devait montrer.quc nulle secte séparée de l’Église

catholique ne peut s’attribuer aucun des caractères dont la réunion forme le plus haut degré d’autorité visible ; qu’ils se trouvent uniquement dans l’Église catholique, qu’elle les possède tous, et que l’Église catholique est par conséquent la seule société dépositaire des dogmes et des préceptes révélés, la seule qui professe la vraie religion, » p. 503.

5. Le volume qu’on désigne couramment sous le titre de Premiers mélanges parut en 1819 sous le litre Réflexions sur l’état de l’Église… (cf. col. 2482), suivies de Mélanges religieux et philosophiques. Duine, Bibliogr., n. 28. Ce volume contient, avec une troisième édition des Réflexions de 1808, des articles parus dans les journaux, et « quelques petits écrits du même genre, que la censure ne permit pas d’y insérer. On y a joint, sous le titre de Pensées diverses, de courtes réflexions sur différents sujets de religion et de philosophie. » Duine, La Mennais, L’homme et l’écrivain. Pages choisies. Paris et Lyon, 1912, p. 11. Signalons en particulier la brochure De l’Université impériale (1814), les Observations sur la promesse d’enseigner les quatre articles de la Déclaration de 1682 (1818), et quatre dissertatioi s sur l’éducation : Du droit du Gouvernement sur l’éducction (1817), De l’éducation du peuple (1818), De l’éducation considérée dans ses rapports avec la liberté (1818), Sur les attaques dirigées contre les Frères des écoles chrétiennes (1818).

6. Nouveaux mélanges, in-8°, Paris, 1820. « On appelle couramment ce recueil Seconds Mélanges. Il renferme des articles publiés en 1819 et les années suivantes dans Le Conservateur, dans Le Défenseur, dans Le Drapeau blanc, dans le Mémorial catholique ; et diverses préfaces qui avaient servi pour des collections pieuses ; enfin des pièces qui avaient paru en brochures, comme la Défense de la vénérable compagnie des pasteurs de Genève. Le volume se termine par des Pensées diverses. [Les mêmes, ajoute Quérard, p. 24, que celles du premier volume de Mélanges, de 1819]. » Duine, Bibliogr., n. 32. Signalons en particulier le long article Sur un ouvrage intitulé « Du Pape », par M. le comte de Maislre (1820), l’article Sur la poursuite judiciaire dirigée contre le Drapeau blanc » au sujet de l’Université, et les deux articles Du projet de loi sur le sacrilège (1825), Du projet de loi sur les congrégations religieuses de femmes (1825).

7. De la religion considérée dans ses rapports ovec l’ordre politique et civil. La première partie, les quatre premiers chapitres, parut en mai 1825 : puis, revue et corrigée, en juillet 1825. La deuxième partie parut en février 1826. Enfin l’édition complète, qualifiée 3’édition, in-8°, Paris, 1820. Cf. Duine, Bibliogr., n. 29. Le volume « unissait deux pièces disparates : un pamphlet et une thèse. Le pamphlet, c’était le tableau de la situation actuelle, tableau chargé a outrance el poussé au plus noir… La thèse qui vient après est belle et d’une vigoureuse allure : sans l’Église point de christianisme, sans le christianisme point de religion, sans la religion point de société. » Longhaye, Études. 5 juin 1900, p. 597-598. Nous avons dit que ce livre fut l’arme principale destinée à combattre le gallicanisme. Les c. vi et vii, Du souverain pontife, Des libertés gallicans, nous livrent sur ce point toute la pensée de Lamennais. Son but est surtout politique ; le fameux sorite qui résume le c. vi : sans pape point d’Eglise, sans Église point de christianisme, sans christianisme point de religion, et point de société, donc sans pape point de société, i de sorte que la vie des nations européennes a… sa source, son unique source, dans le pouvoir pontifical », p. 146, ne laisse aucun doute sur ce point. Le pape est destiné à remplacer la seule garantie que les États modernes aient encore trouvée contre l’abus de la force, le système de balance entre les États, balance chimérique, qu’on crut fixer par le