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    1. LAMENNAIS##


LAMENNAIS, ŒUVRES

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Telle aurait été en définitive la pensée de Lamennais, selon M. Duine, p. 232-233. Et c’est pourquoi sans doute, au moment même où allaient paraître les Affaires de Rome. Lamennais allait encore « régulièrement " à la messe et gardait l’abstinence. Lettre de Mlle de 1. lumière à l’abbé Jean, 3 octobre 1836, dans Roussel, Lamennais d’après des documents inédits, t. ii, p. 258. Ajoutons que l’Église ne rompit jamais complètement avec lui : » il ne fut jamais excommunié nommément, ni mis au rang des vitandi. » Duine, p. 265. A son avènement. Pie IX lui lit même dire par le P. Ventura qu’il le bénissait et l’attendait pour l’embrasser. Duine, p. 264-205.

Nous ne suivrons pas Lamennais dans la dernière période de sa vie, dans sa vie surtout politique, qui commence avec le succès inouï des Paroles d’un croyant (30 avril 1834), et s’achève, en cette matinée brumeuse du mercredi des Cendres de l’année 1851 ( 1 er mars), par ce non moins insolite enfouissement de son cadavre dans la fosse commune du Père-Lachaise, entre deux escadrons d’agents de police. Notons seulement pour mémoire qu’il prit la direction politique du journal Le Monde de février à juin 1837 ; qu’il passa un an à Sainte-Pélagie (4 janvier 1841 à 3 janvier 1842) pour sa critique du gouvernement dans le livre Le paus et le gouvernement (1840) ; qu’il fonda Le peuple constituant, dont le premier numéro parut le 27 février 1818 el le dernier le 1 1 juillet suivant : enfin qu’il dirigea aussi La Réforme du l fr octobre 1849 jusqu’à la fin de l’année. Aux élections du 23 avril 1848, exclu de la liste socialiste, il fut élu le dernier des 34 députés auxquels le département de la Seine avait droit. Cf. Duine, p. 282. Le 13 mai 1849, il fut inscrit sur la liste adoptée par le comité démocratique socialiste et nommé le treizième. Duine, p. 289. On sait quels furent ses derniers moments : sa porte gardée, de par sa volonté même, contre toute tentative de pression sur sa conscience ; la supplication, quatre fois repoussée, de sa nièce et légataire universelle, Mme de Kertânguy ; « Féli, veux-tu un prêtre ? Tu veux un prêtre, n’est-ce pas ? — Non ! — Je t’en supplie ! — Non, non, non ; qu’on me laisse en paix ! » Duine, p. 350-351 ; enfin cette sorte de ravissement à la pensée qu’il allait bientôt se reposer près de Dieu, qui lui fit dire à plusieurs reprises : « Ce sont maintenant les bonnes heures, ce sont les bons moments. » Cf. Roussel, t. ii, p. 332-382. Ainsi s’éteignil-il doucement le lundi 27 février ; neuf heures du matin. Il est mort plein de confiance en Dieu, écrivait Henri.Martin à Michelet. Son visage était admirable dans la mort, d’une majesté sévère et d’une certitude indicible, o Cité par Duine, p. 351-352.

II. Œuvres. — Nous les diviserons en trois groupes : Écrits ascétiques, Ouvrages de doctrine ou de controverse religieuse, philosophique et politique, et Lettres.

Écrits ascétiques.

1. Le Guide spirituel ou le

Miroir des âmes religieuses, traduit du latin du R. Louis de Rlois, in-] 2. Paris, 1809, cf. Duine, Essai de bibliographie île Félicité-Robert de Lamennais, p. 2, n. 7. — 2. Le guide du premier âge, Paris, 1828..’!. L’Imitation de Jésus-Christ, traduction nouvelle avec des réflexions à lu fin de chaque chapitre, in-32, Paris, 1828. « En 1820, il avait donné une préface et des réflexions pour la traduction faite par Genoude. En 182 1, il publia lui-même une traduction nouvelle. Dans l’édition de 1828, il abandonna les réflexions antérieures qui, pour la plupart, n’étaient pas de sa plume et il y en substitua de nouvelles, alin que la publication lui sa propriété indiscutable. » Duine, Bibliographie, n. 33. Cf. Études, 20 mars 1912, p. 745-09. Les Réflexions, qui étaient de Lamennais dans l’édition de 1820, el qui sont passées naturellement dans celle de 1828. sont

celles qui suivant les c. v, xiii, xvii, xviii, xix, xxi du

1. I ; vu. viii. xi, xii. du I. II : i, v. xxxiv, xliii, l, li, lui, i.iv. i.v, lviii du 1. III. Etudes, p. 753, n. 3. —

4. Bibliothèque des dames chrétiennes, à la librairie grecque-latine-allemande, puis Lesage, 20 vol. in-32, 1820-1821. Voir Quérard, Notice bibliographique des ouvrages de M. de La Mennais…, Paris, 1849, p. 62. —

5. On pourrait ajouter ici les Entretiens sur la vie spirituelle, publiés par Roussel, une première fois dans son Lumen/mis d’après des documents inédits, t. ii, puis dans Lamennais à la Chênaie, 1828-1833, Le père, l’apôtre, le moraliste, Paris, 1909. Ce sont des « notes, prises à la hâte, sous la dictée de Lamennais, par l’un de ses disciples, » M. Houet, au cours de la retraite prèchée au début de l’année scolaire 1832-1833. On peut ainsi se faire une idée de l’ascétique de Lamennais à cette époque décisive de sa vie. — 6. Enfin on peut ranger parmi les œuvres ascétiques Les Évangiles, traduction nouvelle avec des notes et des réflexions à la fin de chaque chapitre, in-12, Paris, 1846. Roussel a publié, dans les Appendices de son Lamennais à la Chênaie, des « morceaux choisis » extraits de ces réflexions, < des pages vraiment belles où l’on reconnaît non seulement le grand écrivain, mais, semble-t-il, le grand croyant lui-même, » p. 178. Mais, si par là on peut compter cet ouvrage parmi les œuvres ascétiques de son auteur, par ailleurs il mériterait bien plutôt de figurer à sa place chronologique parmi les œuvres politico-religieuses du démocrate chrétien. « C’est ! e bréviaire de la religion de l’avenir, » affirme.M. Duine. p. 241, dont les Paroles d’un croyant seraient le psautier, p. 242.

2° Ouvrages de doctrine ou de controverse religieuse, philosophique et politique. — 1. Réflexions sur l’état de l’Église en France pendant le XVIIIe siècle et sur sa situation actuelle, in-8°, Paris, 1808. Cf. Duine, Bibliographie, n. 6 et n. 28. L’opuscule se trouve en tèle des Premiers mélanges. Œuvres complètes, 1836-1837, t. vl, p. 1-115. L’ouvrage, quoique portant la date de 1808, ne parut qu’en juin 1809. L’abbé Jean avait eu plus de part qu’il ne voulait l’avouer dans cette œuvre ; il suffit, pour en être convaincu, de lire le curieux « papier » publié par M. Maréchal, La jeunesse de La Mennais. p. 204-208, qui a pour titre Torrent d’idées vagues qui se déborde sur le papier ce 13 novembre 1807, de 4 à 5 heures et demie, à l’occasion de l’article « Jacobites » de Bergier. Bien des idées, exploitées par Féli, lui ont été fournies par son frère : le ménaisianisinc doil plus qu’on ne pense à l’aîné des deux frères. L’ouvrage « comprend deux parties d’inégale étendue : dans la première, l’auteur décrit les développements de l’Église, ses épreuves et ses combats depuis sa première origine, mais surtout au xviue siècle ; dans la seconde, il propose contre les maladies qui la rongent les remèdes les plus efficaces. Cette seconde partie, beaucoup plus courte que la première, est cependant le véritable objet de la brochure, et celle qui la précède n’a pour but que de la faire plus aisément accepter. Maréchal, p. 221. Au moment de proposer ses remèdes aux maux dont soulïre l’Église de France, l’auteur se sent pris de scrupule : « Loin d’être exclusivement attaché à mes propres idées, écrit-il, je prie qu’on les considère uniquement comme des doutes que je propose el quc je soumets sans réserve au jugement de l’autorité, » p. 88. Celle précaution n’empêcha pas Mgr de Pressigny d’écrire à Jean-Marie : « Dieu vous a-t-il donné une mission pour faire la leçon à ceux qu’il a revêtus de son autorité pour enseigner les peuples ? Qui vous a donné le droit de déterminer le principe qu’ils devaient suivre ? » Boutard, t. i, p. 58. L’avertissement épiscopal visait probablement le passage où l’auteur critiquait les évoques qui avaient refusé à Napoléon leur démission : I.eurs craintes, dont nous n’examinons point ici le fondement, les entraînèrent peut-être au delà des bornes dans lesquelles les vrais